La manière de composer les ballets de cour d après les premiers théoriciens français - article ; n°1 ; vol.9, pg 183-197
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La manière de composer les ballets de cour d'après les premiers théoriciens français - article ; n°1 ; vol.9, pg 183-197

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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1957 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 183-197
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

Professeur Marcel Paquot
La manière de composer les ballets de cour d'après les
premiers théoriciens français
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1957, N°9. pp. 183-197.
Citer ce document / Cite this document :
Paquot Marcel. La manière de composer les ballets de cour d'après les premiers théoriciens français. In: Cahiers de
l'Association internationale des études francaises, 1957, N°9. pp. 183-197.
doi : 10.3406/caief.1957.2107
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1957_num_9_1_2107LA MANIÈRE
DE COMPOSER LES BALLETS DE COUR
D'APRÈS
LES PREMIERS THÉORICIENS FRANÇAIS
Communication (Professeur à de l'Université Marcel de PAQUOT Liège)
au VIIIe Congrès de l'Association, le 4 septembre 1956
Alors qu'il administrait la Bibliothèque de l'Arsenal, Paul
Lacroix fit paraître un copieux recueil de ballets de cour (1) et
ramena l'attention sur ce genre de spectacle.
«N'est-il pas singulier», observait-il dans sa Notice intro-
ductive, « que les seuls auteurs qui aient écrit sur les ballets
soient deux abbés et un père jésuite ? » La remarque avait moins
de justesse que de piquant. Michel de Marolles, l'un des ecclé
siastiques visés, terminait en 1657 le Neufviesme Discours comp
létant ses Mémoires par ce propos plus nuancé : « Voilà ce que
j'avois à dire du Balet, dont je croy qu'on n'a point écrit jusqu'à
présent ».
A vrai dire, ce digne abbé ni son confrère Michel de Pure, qui
en 1668 publia une Idée des Spectacles anciens et nouveaux, ni
le père Claude-François Menestrier, dont le code Des Ballets
anciens et modernes selon les règles du theatre est de 1682,
n'avaient eu souci de se chercher des devanciers, surtout en France.
Il en existait cependant, et plus d'un, parmi les rédacteurs
de libretti, sans compter ce De Saint Hubert, baladin au service
d'Henri de Savoie, dont le curieux petit ouvrage sur La manière
de composer et faire réussir les ballets, imprimé en 1641, n'est
aujourd'hui connu que par l'exemplaire conservé à la Mazarine.
1. Ballets et Mascarades de Cour de Henri III à Louis XIV
(1581-1652), 6 vol., Genève-Turin, Gay et fils, 1868-1870. 184 MARCEL PAQUOT
Mieux informés que les législateurs évoqués par Lacroix, qui
dissertent à une époque tardive où le ballet de cour est en voie
d'être annexé par le théâtre, les auteurs de livrets, qu'ils fussent
ou non les inventeurs des divertissements chorégraphiques, formul
èrent maintes vues intéressantes que je voudrais exposer.
** *
Le premier ballet de cour dont nous possédions « le livre »,
comme on disait alors, est le Balet comique de la Royne, fakt
(le 15 octobre 1581) aux поре es de Monsieur le Duc de Joyeuse
et de Madamoyselle de Vaudemont sa sœur. Baltasar de Beau-
joyeulx, qui le composa, fut aussi le premier théoricien du genre.
Cet habile et galant homme, venu du Piémont vers 1555, passait,
nous dit Brantôme, pour « le meilleur violon de la chrestienté »
La reine Catherine de Médicis l'appréciait au point que, du Bal-
dassarino da Belgiojoso originel, au patronyme un peu sonore,
elle fit un valet de chambre de la maison royale, puis un écuyer
français.
Le livre qu'il rédigea, ou fit rédiger, car on n'y relève guère
d'italianismes, compte plus de quatre-vingts pages enrichies de
gravures et de notations d'airs. Il parut seulement l'année qui
suivit le spectacle (2). C'est dire les soins dont l'auteur entoura
cette publication. A juste titre, son ballet étant le premier qui
comportât une action dramatique.
L'épître liminaire dédie l'œuvre à Henri III pour avoir « servi
à la conservation, restauration et grandeur » de la couronne de
France par maints faits héroïques, tout en ayant su «tempérer
ceste martiale inclination de plaisirs honnestes, de passetemps
exquis, de recreation esmerveillable en sa variété, inimitable en
sa beauté, incomparable en sa délicieuse nouveauté ». Le gliss
ement du pluriel au singulier dans ce passage est une adresse dont
l'intention ne flattait pas seulement le monarque.
2. A Paris, par Adrian le Roy, Robert Ballard et Mamert Pâtis
son, Imprimeurs du Roy, 1682. MARCEL PAQUOT 185
En lui offrant son livre, Beaujoyeulx soulignait un dessein poli
tique. La France sortait d'une crise provoquée par les luttes rel
igieuses. Protestants et ligueurs, villes et seigneurs mus d'un même
besoin d'indépendance, s'étaient soulevés contre le roi. Aussi, Sa
Majesté Très Chrétienne voulut-elle saisir l'occasion d'un grand
mariage célébré à la cour pour « faire cognoistre à tous les Roys
voisins, et à tous les peuples plus lointains, quelle est sa grandeur,
quelle est son obéissance, quelle est de son royaume la fertilité
et l'abondance non seulement en vaillans hommes, mais en grands
et délicats esprits; et qu'après tant de troubles elle pouvoit s'es-
gayer entre ses sujets avec plus de splendeur et magnificence que
ne sçauroyent faire les autres monarques avec une longue paix
et tranquillité ».
De telles intentions furent plus d'une fois manifestées au
XVIIe siècle. Dans ses Mémoires, Louis XIV remarquait : « Cette
société de plaisirs, qui donne aux personnes de la Cour une hon
nête familiarité avec nous, les touche et les charme plus qu'on
ne peut dire. Les peuples, d'un autre côté, se plaisent au spec
tacle, où au fond on a toujours pour but de leur plaire; et tous
nos sujets, en général, sont ravis de voir que nous aimons ce
qu'ils aiment, ou à quoi ils réussissent le mieux. Par là nous tenons
leur esprit et leur cœur, quelquefois plus fortement peut-être
que par les récompenses et les bienfaits; et à l'égard des étran
gers, dans un état qu'ils voient florissant d'ailleurs et bien réglé,
ce qui se consume en ces dépenses qui peuvent passer pour superf
lues, fait sur eux une impression très avantageuse de magnifi
cence, de puissance, de richesse et de grandeur ». Et Samuel Chap-
puzeau traduit fidèlement la pensée du monarque dans ce passage
de son Théâtre françois (1674) : « Un seul des Spectacles que
le Roy donne à la Cour, et dont il permet aussi la veiie à ses
peuples, soit dans la pompe qui les accompagne, soit dans la
richesse du lieu où ils sont représentez... fait voir aux Etrangers
ce qu'un Roy de France peut faire dans son Royaume, après avoir
veu avec plus d'étonnement ce qu'il peut faire au dehors ».
La préparation du Bolet comique réclamait, dit joliment le
livre, « une si grande affluence de bonnes humeurs, une si gail
larde disposition de bonnes volontez et de gentils entendemens »
que ce concours de beaucoup de personnes pour amuser le roi 186 MARCEL PAQUOT
fournirait, lui aussi, « vraye et infaillible marque de bon et solide
establissement » du royaume.
Le sujet de l'ouvrage était significatif. Les dangers courus par
la France et sa guérison, favorisée par la sagesse de la reine-mère,
« ceste Pallas », se trouvaient figurés « sous la fabuleuse narra
tion de l'enchanteresse Circé », si bien que Beaujoyeulx, marquant
la portée de son invention, pouvait écrire à Henri III : «En
somme ce sera vostre histoire poétique, ou bien si l'on veut,
comique (3) ... Vous serez trouvé avec Jupiter entre la plus part
des Dieux et Déesses, j'entens des assistances divines, extermi
nant l'enchantement du vice ».
A cet exemple, les ballets de cour prendront volontiers comme
thème une fable permettant l'allusion politique; en quelque sorte,
ils feront partie du cérémonial en usage à la cour de France pour
solenniser divers événements heureux : naissances, visites et unions
princières, réceptions d'ambassades, conclusions d'alliances, vic
toires et signatures de traités (4).
On se doute que Beaujoyeulx trouvait, dans la publication de
ce qu'il nomme avec une modestie feinte « son petit dessein »,
la satisfaction personnelle d'en perpétuer le souvenir. « Toutes ces
triomphantes allégresses », dit-il, « retourneroyent en leur obscurité
et mescongoissance premiere, ... si elles n'estoyent par le discours
et l'escriture consignees à la mémoi

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