Le célibataire au salon funéraire
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In memoriam

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Publié le 05 juillet 2012
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Langue Français

Extrait

Le célibataire au salon funéraire.
Comme prémisse, ce n’est pas le célibataire qui peuple la bière. Loin de là! Car, chronique, il
n’y aurait. Non, celle qui habite le coffre pour l’éternité est une vague belle-mère, que je n’ai
pas connue, d’un ami d’enfance que j’ai connu, que vaguement. (La houle du texte commence
déjà à me donner le tournis).
Déjà, je réalise à la deuxième marche que ce ne sera pas de tout repos. Bien que je connaisse
le nom de famille de mon ami, il en est tout autrement du nom de sa belle-
mère.
Rendu à la cinquième marche, autre constat.
Je suis à l’entrée d’un complexe funéraire. C’est le mot exact. Complexe?
Cinq salles d’exposition. Toutes occupées! Et le hasard faisant bien les
choses. Les cinq dépouilles sont toutes des femmes. Tout un rallye en
perspective.
Par chance, je ne traînais pas de couronne avec moi, j’avais mon idiote de
carte qui prouverait ma présence en ces lieux.
Arrivé, dans le hall d’entrée, le souffle court, amalgame des marches et de ma fumée
secondaire, j’entrevois un tableau à écran plasma qui annonce les nominées.
On y retrouve Mesdames :
Latendresse
Lacharité
Phaneuf (7+2 ça faits neuf) Pouvait pas m’en empêcher !
Morin-Sauvageau
Nguyen
Sensément, je pouvais éliminer la branche asiatique. Il restait donc quatre potentialités.
Regards à gauche, regards à droite. Les cavernes mortuaires étaient disposées dans une sorte
de demi-cercle. Le brouhaha des conversations feutrées semblait se compétitionner. Le
remugle des fleurs vous torture les narines. Une sorte d’odeur de compost entre l’urine de
ouistiti et pétales fanés. Je n’ai jamais compris pourquoi les fleurs exposées dans un salon
funéraire sentent si mauvais. Sans doute pour ne pas porter ombrage à la dépouille.
Je pénètre dans la première salle à ma gauche. Un grand échalas, habillé comme un pingouin
s’avance vers moi. Main tendu et figure de circonstance, il me glisse à l’oreille : Ça nous à
pris par surprise. (Et moi donc)
Mes yeux fusillent les sentinelles à la droite du cercueil dans le vain espoir de voir mon ami.
Néant total! On dirait les frères Dalton. Ayant le plus grand spécimen devant moi.
Afin de couper court à toute tentative de palabres inutiles, je m’agenouille devant Ma Dalton.
Mon éducation m’oblige à faire une prière. Les mots du : Notre Père, chevauchent le Salut
Marie qui s’amalgame avec des extraits du Je crois en Dieu. Pour finir, j’exhale un Ite missa
est !
Retour à la case départ.
Nouvelle idée? La salle de repos. Par conviction, je sais que l’on retrouve là, la masse des
visiteurs. Ceux dont ils sont assurés que leur visite fut remarquée et considèrent qu’il est plus
instructif de se rappeler au mort devant un bon café.
Bingo ! Je vois Michel, mon ami, sortir d’une pièce à la porte capitonnée.
Il vient vers moi, me regarde et me serre la main en me demandant.
— Quelqu’un de mort dans ta famille?
Une brise de silence me torpille les viscères. Je réponds la gorge sèche. Non et toi?
Il rétorque le plus sérieusement du monde.
— Moi? Je viens tout juste d’incinérer, hier, ma belle-mère, la seconde femme de mon père.
Je sors à peine du bureau, ou j’ai signé les derniers papiers. Mais dis donc qu’est ce que tu fais
ici?
— Eh bien! Moi, je suis venu rendre un dernier hommage à une ancienne collègue de travail.
Madame Nguyen.
— Au fait, tu as déjeuné?
— Non
Mademoiselle, deux omelettes, s'il vous plaît.
Le célibataire.
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