Le dialogue moliéresque, contribution à l étude de la stylistique dramatique de Molière - article ; n°1 ; vol.16, pg 203-217
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1964 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 203-217
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 92
Langue Français

Extrait

Madame Robert Garapon
Le dialogue moliéresque, contribution à l'étude de la stylistique
dramatique de Molière
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1964, N°16. pp. 203-217.
Citer ce document / Cite this document :
Garapon Robert. Le dialogue moliéresque, contribution à l'étude de la stylistique dramatique de Molière. In: Cahiers de
l'Association internationale des études francaises, 1964, N°16. pp. 203-217.
doi : 10.3406/caief.1964.2471
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1964_num_16_1_2471DIALOGUE MOLIÉRESQUE LE
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
DE LA STYLISTIQUE DRAMATIQUE
DE MOLIÈRE
Communication de Robert GARAPON
(Caen)
au XVe Congrès de V Association, le 27 juillet 1963..
D'une façon assez surprenante, l'œuvre de Molière a sus
cité beaucoup plus d'études historiques et d'interprétations
générales que de recherches attentives portant sur le texte
même des comédies., On s'est préoccupé de la biographie
de Molière et de ses ascendants, des circonstances -. qui en
tourent la création de chacune de ses grandes pièces, mais,
sur l'étoffe même, si je puis dire, de la comédie moliéresque,
on a peu travaillé et peu écrit. Ce serait à peine un paradoxe
d'avancer que, si le texte de notre grand , comique est 'bien
connu, il a très peu été examiné en détail. Pour signaler au
moins l'étendue d'une telle lacune, je me propose d'apporter
ici une modeste contribution à l'étude de la stylistique dra
matique de Molière.
Il, faudrait bien des veilles pour, faire aboutir une étude
d'ensemble qui se situerait à la frontière de la stylistique, de
la dramaturgie et de la critique littéraire, et qui imposerait
un vaste effort de dépouillement et de réflexion. Contentons- ■
,
:
ROBERT GARAPON 2О4
nous donc d'esquisser, ne serait-ce que pour exciter l'émula
tion de moliéristes plus heureux, une analyse du dialogue
moliéresque en partant d'une double constatation : d'une
part, Molière a vu clairement que le dialogue devait être
avant tout vivant et animé ; et pourtant, la comparaison avec
ses prédécesseurs immédiats ; et : ses successeurs ; fait appar
aître une tendance à l'abondance verbale et un, goût pour la
symétrie qui lui sont propres. Ces remarques jetteront
peut-être quelque ; lumière sur les > caractères * profonds du
dialogue moliéresque et, plus généralement, sur l'art de
Molière.
Sans nul doute, Molière a aimé les tirades sonores ; mais
il a aussi merveilleusement senti tout ce qu'un dialogue animé
pouvait apporter de gaieté à une comédie, et on le perçoit à
bien des indices. En premier lieu, j'ai déjà signalé qu'on ne
trouvait pas ; un . seul ' personnage de fanfaron dans toute
l'œuvre de Molière (i) : de toute évidence, il ne se souciait
pas de s'embarrasser de ce personnage bavard, voire inta
rissable, dont les tirades fracassantes mais trop longues ri
squaient d'empâter et de : ralentir- notablement le dialogue. ,
II est vrai qu'il avait d'abord admis le Pédant dans ses coméd
ies ; mais, après le Mariage forcé, il exclut de ses pièces ce,
type encombrant, aux propos interminables. Parfois, pris par
le temps, contraint . de . travailler en grande • presse, il met
encore de longs discours dans la bouche de certains docteurs :
ainsi ; au • IIIe acte de V Amour: médecin ou - au « I Ie * acte ?. de
Monsieur, de Pourceaugnac. Pour autant, . on- ne saurait con
fondre, sous le rapport de la stylistique dramatique, les rôles -
de Vadius, de Trissotin ou de Diafoirus père et fils avec les
rôles de pédants auxquels Molière a renoncé : c'est par une
stichomythie — et quelle stichomythie ! — que Vadius et '
Trissotin s'affrontent, au 1 1 Ie acte des Femmes savantes; et
c'est en un •<■ dialogue très animé que *■ Messieurs • Diafoirus
font assaut de cuistrerie dans le Malade imaginaire (2) ; ici
(1) La fantaisie verbale et le comique dans le théâtre français, p. 264.
(2) Le "Malade imaginaire, II, 6, fin. DIALOGUE MOLIÉKESQUE 'LE 205
comme là, on est très-loin des interminables galimatias des
docteurs chers à la comédie burlesque.,
Parallèlement, on doit observer que Molière fait un effort
très sensible, au fur et à mesure qu'il avance dans sa carrière,
pour, réduire* les tirades volumineuses qui empêchent la
marche du dialogue. Je me suis amusé à recenser les tirades
de plus de vingt vers ou lignes que l'on rencontre dans tout
le théâtre de : Molière, et j'en ai ; dénombré, sauf erreur ou <
omission :
— 72 dans les dix pièces représentées de 1655 (l'Etourdi)
à 1663 (l'Impromptu de Versailles), soit 30 actes au total ;
— 67 dans les ; treize pièces .(Tartuffe • compris) dont la
première représentation se situe entre 1664 et 1668 (42 actes) ;
— 36 dans les huit : dernières pièces • données = au - public ;
entre 1669 et 1673, de Pourceaugnac au Malade (27 actes au
total) (3).
Ces simples chiffres ont leur éloquence : si Ton compare
les huit dernières pièces de Molière aux . dix premières, on
constate que le nombre des tirades de plus de vingt vers (ou
lignes) y est réduit de moitié (36 contre 72). .
Le recensement des monologues est encore plus instructif :
il montre nettement la volonté de faire la part sans cesse plus
grande au dialogue, en diminuant corrélativement le nombre-
des vers prononcés par un personnage seul en scène. Selon
la division tripartite qui vient d'être utilisée, on compte :
— 33 - monologues de 1655 à 1663 (4) ;
— 14 entre 1664' et 1668 * ;
— . seulement entre 1669 et 1673; 4
Veut-on une comparaison frappante ? V École des Femmes
offre • douze monologues, . occupant 190 * vers, . soit plus , du
dixième ■ du texte, et tous prononcés par Arnolphe, , tandis
(3) Je compte Psyché pour deux actes — ce qui est un peu plus que ce ■
qu'en a écrit Molière — et je néglige, dans le calcul ci-dessus, tous » les
intermèdes, lesquels apparaissent surtout dans les pièces de la fin de la
carrière.
(4) Ces monologues terminent souvent une scène, un personnage res
tant seul sur le théâtre pour prononcer des paroles qui ne sont entendues
d'aucun autre. , 20б ROBERT GARAPON
que Les Femmes savantes en présentent un seul, qui ne com
prend pas plus de 4 vers (5) !
Laissons maintenant ces statistiques, et soulignons plutôt
l'ingéniosité dont fait preuve Molière pour rompre une tirade
et l'éparpiller, si je puis dire, en une suite de répliques diffé
rentes. Il obtient souvent ce résultat en jetant à la traverse
une répétition propre à disloquer ce qui aurait pu être une
longue phrase ; ainsi dans le Mariage forcé :
Pancrace. — Voulez-vous me parler italien ?
Sganarelle. — Non. — Espagnol ? — Non.
Pancrace. — Allemand ?
Sganarelle. — Non. — Anglais ? — Non.
Pancrace. — Latin ?
Sganarelle. — Non. — Grec ? — Non.
Pancrace. — Hébreu ?
Sganarelle. — Non. — Syriaque ? — Non.
Pancrace. — Turc ?
Sganarelle. — Non. — Arabe ? — Non, non, français.
Pancrace. — Ah ! français !
Sganarelle. — Fort bien. — Passez donc de l'autre côté, car cette oreille-ci
est destinée pour les langues scientifiques et étrangères, et l'autre
est pour la maternelle (6).
Ou encore dans la célèbre algarade que Monsieur Purgon
fait au malade imaginaire :
(s) Les Femmes savantes, II, 1. Encore cet exemple est-il des plus dou
teux, puisque les quatre vers en question sont prononcés par Ariste
« quittant Clitandre et lui parlant encore », comme l'indique la rubrique.
Mais, comme Ariste est alors seul sur le théêtre, il y a monologue au sens
étroit du terme.
(6) Le Mariage forcé, se. 4. LE DIALOGUE MOLIERESQUE 2O7
M. Purgon. — Et je veux qu'avant qu'il soit quatre jours, vous
deveniez dans un état incurable.
M.' Argan. Purgon: — Ah, — miséricorde Que vous tombiez ! dans la bradypepsie. — Monsieur Purgon.
M. Purgon. — De la bradypepsie dans la dyspepsie.
Argan. —
M. — De la dyspepsie dans l'apepsie.
Argan. — Monsieur Purgon. .
M. Purgon. — De l'apepsie dans la lienterie.
Argan. —
M. — De la lienterie dans la dyssenterie.
Argan. — Monsieur Purgon.
M. Purgon. — De la d

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