Le fonds Apollinaire à la Bibliothèque nationale : de nouvelles pistes de recherche autour de Calligrammes - article ; n°1 ; vol.47, pg 349-370
23 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le fonds Apollinaire à la Bibliothèque nationale : de nouvelles pistes de recherche autour de Calligrammes - article ; n°1 ; vol.47, pg 349-370

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
23 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1995 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 349-370
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Florence De Lussy
Le fonds Apollinaire à la Bibliothèque nationale : de nouvelles
pistes de recherche autour de Calligrammes
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1995, N°47. pp. 349-370.
Citer ce document / Cite this document :
De Lussy Florence. Le fonds Apollinaire à la Bibliothèque nationale : de nouvelles pistes de recherche autour de Calligrammes.
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1995, N°47. pp. 349-370.
doi : 10.3406/caief.1995.1882
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1995_num_47_1_1882LE FONDS APOLLINAIRE
A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
DE NOUVELLES PISTES DE
RECHERCHE AUTOUR DE CALLIGRAMMES
Communication de Mme Florence DE LUSSY
(Bibliothèque nationale de France)
au XLVIe Congrès de l'Association, le 21 juillet 1994
La Bibliothèque nationale de France — telle est son
nom maintenant — peut s'enorgueillir de posséder un
Fonds Apollinaire digne de rivaliser avec celui, beaucoup
plus ancien et ô combien prestigieux, de la Bibliothèque
littéraire Jacques Doucet. Nous connaissons bien, depuis
la publication par François Chapon de l'ouvrage qu'il
a consacré à Jacques Doucet en 1984, les processus
d'enrichissement de cette bibliothèque et le fonds r
emarquable qui fut acquis, dès les débuts, sous l'action
décisive du libraire Camille Bloch, lequel «révéla au
mécène toute une génération nouvelle qu'ignorait ou
voulait ignorer le Condottiere» (1). La B.N.F., quant à
elle, fit entrer en 1967 dans ses collections les lettres
originales de Tendre comme le souvenir (2). L'année
(1) François Chapon, Mystère et splendeurs de Jacques Doucet, Lattes,
1984, p. 223.
(2) N.air. 16279. 350 FLORENCE DE LUSSY
suivante, en 1968, le legs de Jacqueline Apollinaire (qui
se partageait entre les deux institutions, Doucet et nous)
faisait entrer un ensemble de papiers assez décevants
quant à l'œuvre elle-même mais riche tout de même sur
le plan documentaire. A partir de l'année 1986, nous
avons pu mettre en place une véritable politique d'achats
qui imposa rapidement l'image d'une volonté de favori
ser l'expansion du Fonds naissant. Entrèrent donc dans
nos collections la préface à L'Œuvre poétique de Charles
Baudelaire, le manuscrit, en partie autographe, du Poète
assassiné (provenant des collections d'André Breton),
le manuscrit de L'Enchanteur pourrissant, les diverses
versions de Couleurs du temps ; cette même année 1988,
nous achetâmes les manuscrits de sept poèmes d'Alcools ;
puis la chance nous favorisa, disons plutôt que nous
avions fait en sorte d'attirer sur nous la bonne fortune :
dans son grand âge, Monsieur Bernard Poissonnier,
ami de Jacqueline Apollinaire, prit la décision de grati
fier la Bibliothèque Nationale de la totalité de sa col
lection, à savoir une mallette bourrée en vrac de man
uscrits d'Apollinaire... L'événement — considérable
— fut abondamment commenté dans la presse. Entra
la même année 1989 un très beau manuscrit (acheté lui
aussi par la voie de la préemption), intitulé L'Année
républicaine, contenant le premier jet de trois des plus
beaux poèmes à' Alcools. En 1992, lors d'une grande
vente Drouot où se vendaient douze carnets d'Apolli
naire, nous pûmes acquérir six de ceux-ci, parmi les
plus riches d'informations inédites. L'année suivante,
ce fut le très fameux Cahier dit «de Stavelot» qui rejoi
gnit le Fonds. Cette année même, il y a quelques s
emaines seulement, nous eûmes la joie de pouvoir acheter
le dossier de presse constitué par Apollinaire lui-même
(et fort soigneusement) de L'Hérésiarque, Alcools, l'En
fer... et le Manifeste de V Antitradition futuriste. Les
soixante-deux lettres inédites accompagnant ce dossier APOLLINAIRE A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 351
lui confèrent une valeur qu'il serait vain de souligner.
Dans cette opération d'envergure visant à constituer à
la B.N.F. un grand Fonds Apollinaire, la Réserve des
livres rares et précieux ne fut pas en reste. Des pièces
de toute première importance ont pu être achetées, telles
les premières épreuves d'Alcools, ou les deuxièmes
épreuves, abondamment enrichies d'ajouts autographes,
des Méditations esthétiques.
De constitution relativement récente, ce Fonds Apoll
inaire constitue une mine pour la recherche, non point
tant par l'accumulation de pièces rares et précieuses
telles que les apprécient les collectionneurs et biblio
philes, que par les cohérences et les rassemblements
que le classement de toutes ces richesses a permis de
faire ressortir. L'une des grandes difficultés auxquelles
se heurtent les chercheurs apollinariens réside dans l'
éclatement des archives, dispersées, souvent même dislo
quées, pour le plus grand bien des intérêts commerciaux
de certains, mais au plus grand dam de ceux qui sou
haitent servir la mémoire du poète et de son œuvre. Il
fallut constater, pendant des décennies, la disparition
de manuscrits clés, puis leur nouvelle émergence, mais
fragmentaire, égrenée au long d'une succession de ventes
aux enchères publiques. Avec la masse de documents
entrés, et récemment inventoriés, dans nos collections,
il me semble que nous pouvons entrevoir un renouveau
des études apollinariennes, tant sur le plan de la genèse
des œuvres que sur celui de la biographie.
Pour tenter de démontrer le bien-fondé de mon pro
pos j'ai choisi de présenter trois documents entrés ces
dernières années dans ce Fonds Apollinaire. L'examen
de la copie effectuée par Madeleine Pages des poèmes
qu'elle avait en sa possession ainsi que les premières
épreuves de Calligrammes (donation Poissonnier) me
permettront d'apporter quelques lumières neuves sur la
genèse du recueil. L'agenda militaire 1915-1916, où se 352 FLORENCE DE LUSSY
trouve relatés jour après jour la blessure d'Apollinaire,
son rapatriment et la reprise «cahin-caha» de son acti
vité «normale» d'écrivain vivant de sa plume, nous fera
passer de l'autre côté du rideau et nous permettra de
mieux comprendre l'homme qu'il était devenu et la vie
qui fut la sienne jusqu'à sa mort prématurée.
I. — La genèse du recueil de Calligrammes
A. La copie par Madeleine Pages
Cette liasse de 69 feuillets couverts d'une grande écri
ture de femme caractéristique de l'époque n'avait rien
qui attirât le regard. Un examen un peu attentif eut tôt
fait, cependant, d'en révéler l'exceptionnelle valeur pour
le chercheur. Nous distinguerons la copie elle-même, et
la révision qu'en fit Apollinaire.
En copiant les poèmes qui étaient joints aux lettres
qu'elle avait reçues, depuis avril 1915, de son militaire-
poète, Madeleine Pages n'avait fait que se soumettre
aux instructions d'Apollinaire. Depuis septembre 1915,
ce dernier écrit de plus en plus fréquemment et de plus
en plus longuement à celle qui est devenue sa fiancée ;
et la veine poétique qui s'était déversée tumultueusement
dans les lettres à Lou, prend maintenant pour thème,
et pour cible, la jeune Oranaise.
Ces poèmes ont une valeur certaine. Apollinaire le
sait si bien que dès le 6 octobre, il demande, gracieuse
ment et impérieusement à la fois, à Madeleine d'en
tenir la comptabilité, de les recopier et de les lui en
voyer: «A partir d'aujourd'hui je t'enverrai des poèmes
que je te prierai de me recopier quand il y en aura assez
et de me les renvoyer pour que je les donne à une
revue » (3).
(3) Cf. Tendre comme le souvenir (en abrégé : TS), p. 183. A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 353 APOLLINAIRE
Madeleine obtempéra. Sa façon de copier ne satisfait
cependant pas son correspondant qui, ne cachant nul
lement ses préoccupations éditoriales, lui fait des r
ecommandations à cet égard, le 23 octobre suivant: «Tu
sais, amour, que les choses destinées à l'imprimerie ne
doivent s'écrire que sur un côté de feuillet. J'avais négligé
de t'en prévenir. Pardonne-moi» (4).
Bientôt, il lui demandera de ne plus faire d'envoi : il
n'a pas le te

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents