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Description
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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 26 |
EAN13 | 9782824712383 |
Licence : | Libre de droits |
Langue | Français |
Extrait
RA YMON D A UZIAS- T U REN N E
LE ROI DU K LON DI K E
BI BEBO O KRA YMON D A UZIAS- T U REN N E
LE ROI DU K LON DI K E
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1238-3
BI BEBO OK
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Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
A élis
sont p as morts ; seulement, p our nous punir
d’av oir p erdu la foi, ils ont quié la ter r e , et la triste planète s’ enL va, se r efr oidissant toujour s, de p ar l’éter nité . P lus
miséricordieuses, les dé esses, leur s filles ou leur s sœur s, r e viennent quelquefois
p ar mi nous : ainsi, la sœur d’ Ap ollon aime encor e à courir nos forêts,
aux heur es où s’ endor ment les villes et les p euples. Lor sque l’aub e
survient avant la disp er sion de ses ny mphes, si v ous êtes né sous un signe
fav orable , v ous p ouv ez en r encontr er une . V ous ne l’ oublier ez plus.
T out à l’heur e , soix ante-dix liv r es de pr ession faisaient cabr er l’ elevated
sur ses rails d’acier p our v ous emmener vite , plus vite à la Bour se ; plus
vite encor e , les statistiques, les é quations, tous les chiffr es du monde p
artaient, s’ env olaient, r e v enaient dans v otr e cer v e au prêt à la bataille . En
bas, dans les r ues noir es qui s’ébranlaient sous le p assag e de v otr e lo
comotiv e , en haut, dans les wag ons à côté de v ous, sur les bancs, chacun
si près, si loin de ses v oisins, on se r uait à la curé e , à la bataille du p ain
1Le r oi du Klondik e Chapitr e I
quotidien. . . Une p orte s’ ouv r e , une b onne o deur de matin v ous frapp e au
visag e , balaie , emp orte les soucis qui env o yaient tr op de sang à la tête et
p as assez au cœur . Re dr essez-v ous, ouv r ez les y eux tout grands, r eg ardez
bien, car c’ est elle qui daigne app araîtr e , elle , D aphné ou Sy rinx, sous un
déguisement mo der ne .
Frank Smith, administrateur des T é légraphes unis de la Bour se , était
dans son bur e au, ce matin-là , comme tous les matins, ne song e ant à rien
de mythologique . A ux tr ois coups à sa p orte , il avait rép ondu
machinalement : « Faites entr er », puis s’était r eplong é dans ses calculs.
— Bonjour , monsieur ! dit-elle , en même temps que sonnaient neuf
coups à la p endule .
Si légèr e était sa démar che que Frank Smith ne s’était p as ap er çu de
sa présence . A vant de se tour ner de côté , il jeta un coup d’ œil sur son
ag enda, et en tête du pr ogramme de la jour né e , il lut av e c ennui :
Neuf heures a/m : Miss d’Auray. – Une place !
et puis au-dessous :
Envoi de Bloch. – Dieu le bénisse !
Alor s, il le va les y eux, eut un sur saut d’étonnement et, se dr essant à
demi :
— V oulez-v ous pr endr e la p eine de v ous asse oir , mademoiselle ?
Elle eut une gracieuse inclination du buste et se p osa doucement sur
le b ord d’un fauteuil, p endant qu’il la r eg ardait de nouv e au malgré ses
soix ante ans et sa sag esse . Une aur or e subite , av e c un p arfum de
printemps, illuminait maintenant la piè ce , et dans la cer v elle de Smith, où
dansaient tout à l’heur e les millions, il n’y avait plus qu’une seule p
ensé e : « Great Sco ! qu’ elle est b elle ! »
— M. Blo ch m’a fait esp ér er qu’ en m’adr essant à v ous, monsieur , je
tr ouv erais p eut-êtr e ce que je cher che . . .
Sa v oix clair e d’ enfant tr emblait un p eu, comme ses lè v r es.
— J’ai, en effet, r e çu un mot de lui, mademoiselle . Il me p arle de ce que
v ous désir ez. Il est très fort p our . . .
Frank s’ar rêta net, mais les anné es n’avaient pu calmer la fougue qui
l’avait fait ar riv er au sommet de la p y ramide so ciale . Entr e haut et bas, il
env o ya Blo ch à une damnation quasi éter nelle . Cap on qui, sans le
consulter , empr untait la b ouche d’un ami p our dir e : « Non ! » à la plus jolie fille
2Le r oi du Klondik e Chapitr e I
du monde , dans ce Ne w- Y ork où le mar ché encombré ne leur offr e même
p as une b ouché e de p ain honnête !
Elle r eprit très r oug e :
— Je v oudrais g agner ma vie , monsieur . . . Je suis b onne télégraphiste .
Il y a longtemps que je cour s de bur e au en bur e au. . . que je cher che . . . et
je cr o yais enfin. . .
Elle aussi s’ar rêta : ses grands y eux violets s’assombrir ent, un v oile
humide les r e couv rit, et puis leur s p aupièr es s’abaissèr ent, muees. Frank
Smith r eg arda la fenêtr e , la p endule éle ctrique et enfin son interlo
cutrice . Il vit un visag e où l’amertume , la mortelle lassitude d’une jeune
vie criaient si fort qu’il rép ondit pr esque malgré lui :
— Je ne v eux p as v ous fair e de p eine , mademoiselle , mais v ous êtes des
millier s à demander . . . des millier s, entendez-v ous ? . . . et il y a bien p eu de
places à donner . Cep endant je ne v ous laisserai p as p artir sans vérifier
v otr e habileté . V ous p araissez sûr e de v ous : v oulez-v ous jouer du duplex
de vant moi ?
Elle r ele va viv ement la tête , ôta de suite ses g ants tr oués :
— Certes, monsieur ! À quel app ar eil faut-il me mer e ?
Son empr essement fit une certaine impr ession sur l’administrateur .
Il lui désigna le manipulateur dont usait ordinair ement son se crétair e , et
commença aussitôt :
— Y êtes-v ous ? . . . D emandez Joseph Wilson, à Chicag o . Pré v enez-le
que mon bur e au va lui communiquer une statistique confidentielle des
blés de la République Ar g entine . . .
— Bien, monsieur . . . Il est prêt.
Frank se mit à dicter : lentement, d’ab ord, puis, sur un r ythme
accéléré ; enfin, av e c la vitesse d’un graphophone dont le régulateur s’ est
dé clenché . A élis d’ A uray le suivait toujour s, mais Chicag o cliqueta
furieusement au ré cepteur :
— Holà ! quelle mouche v ous pique ce matin ? A v ez-v ous le diable au
b out des doigts ? . . . Allez piano , pianissimo . La Bour se n’ est p as encor e
ouv erte !
L’administrateur se r env er sa en ar rièr e , riant à g or g e déplo yé e :
— Brav o ! oh ! là là ! Je v ous fais mes compliments, mademoiselle . V ous
3Le r oi du Klondik e Chapitr e I
êtes d’une jolie for ce p our e xp é dier la p ensé e humaine . . . Et p our la r e
cev oir ? V ous sav ez que c’ est plus difficile .
— Je puis essay er le ré cepteur .
— Parfait !. . . Aendez un p eu.
Lui-même , il app ela Wilson :
— C’ est v ous, Jo e ?
— Oui, mon vieux. Comment allez-v ous ?
— Pas mal. Et v ous ? Bien, je supp ose . V oulez-v ous me fair e
télégraphier n’imp orte quoi p ar le plus rapide de v os cler cs ? J’ essaie un débutant,
et je cr ois que v ous aur ez de la p eine à l’ embr ouiller .
— Allons donc ! est-ce que v ous sav ez fair e chanter les v olts, v ous
autr es, à Ne w- Y ork !. . . Je vais v ous liv r er à mon numér o 1. Gar e à v ous !
— All ri