Les Danseuses de Delphes - article ; n°1 ; vol.127, pg 26-40
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1983 - Volume 127 - Numéro 1 - Pages 26-40
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Claude Vatin
Les Danseuses de Delphes
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 127e année, N. 1, 1983. pp. 26-
40.
Citer ce document / Cite this document :
Vatin Claude. Les Danseuses de Delphes. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
127e année, N. 1, 1983. pp. 26-40.
doi : 10.3406/crai.1983.14014
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1983_num_127_1_14014COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 26
COMMUNICATION
LES DANSEUSES DE DELPHES,
PAR M. CLAUDE VATIN
Le monument dit des Danseuses est une des pièces les plus célèbres
du Musée de Delphes ; il s'agit, en fait, d'une colonne en forme de
tige d'acanthe surmontée de trois caryatides portant un trépied.
Le trépied a disparu, mais le groupe des trois jeunes filles qui le
soutenaient nous est parvenu en assez bon état.
La sculpture et les fragments de colonne ont été trouvées dans
la région nord du sanctuaire d'Apollon entre 1892 et 1895. Les
théories qu'on formula à leur sujet sont restées en vigueur jusqu'en
1960 ; en voici la substance1 :
Ce monument n'a pas été décrit par Pausanias, qui ne l'a sans
doute pas vu ; il a, en effet, été détruit par le tremblement de terre
de 373, comme le prouvent les données de la fouille, tous les fra
gments ayant été recueillis dans un remblai constitué après le séisme.
L'œuvre sculptée, nécessairement antérieure à 373, serait due à un
artiste ionien de la fin du ve ou du début du ive siècle.
Cette doctrine fut ruinée en 1960 par la publication du volume
de J. Pouilloux et G. Roux, « Énigmes à Delphes »2.
Les auteurs ont d'abord critiqué la théorie du séisme destructeur :
reprenant les carnets de fouille, ils ont montré que les fragments
avaient été retrouvés dispersés dans un assez large secteur et
n'avaient pas été enfouis en 373.
Puis, dans une démarche constructive, ils ont découvert et ident
ifié les fragments, restés méconnus jusqu'alors, du socle de la
colonne. Sur une des faces verticales de ce socle, ils ont repéré une
inscription très mutilée portant le nom du peuple athénien au génit
if. Enfin ils ont entrepris de démontrer que cette dalle inscrite
prenait place sur une base située au nord de l'autel et qu'on appelait
base Pan du nom de l'entrepreneur Pancratès dont le nom abrégé est
gravé sur les blocs. Sur ce massif de poros auraient été superposées :
a) une assise de calcaire gris, actuellement en place ;
b) une seconde assise dont rien n'a été conservé ou identifié ;
c) une dalle de calcaire blanc portant les mortaises pour la fixation
de la colonne et conservant les traces d'une dédicace.
1. La bibliographie, depuis Th. Homolle, BCH 17 (1893) est donnée dans
J. Pouilloux-G. Roux, Énigmes à Delphes, Paris, 1963, p. 133, note 5.
2. O. c, ch. v, p. 123-149, et pi. XXIII-XXVIII. LES DANSEUSES DE DELPHES 27
Cette remarquable analyse archéologique aboutissait à des conclu
sions qui paraissaient assurées : la colonne d'acanthe, ses caryatides
et son trépied se dressaient au nord-est du temple sur une base
encore en place, dont le soubassement de poros était l'œuvre d'un
entrepreneur connu pour avoir travaillé à Delphes dans les
années 340 ; le fragment de dédicace où figurait le nom des Athé
niens était gravé dans un style qu'on pouvait dater de la seconde
moitié du ive siècle. Comment pouvait-on ne pas en conclure que le
monument était un ex-voto athénien dédié dans les années proches
de la bataille de Chéronée ? Il parut alors évident à tous que les
Caryatides étaient l'œuvre d'un sculpteur athénien de la fin du
ive siècle.
Je ne songeais nullement à mettre en cause ces conclusions, qui
me paraissaient amplement justifiées, lorsque le hasard d'un bon
éclairage me fit découvrir des traces de lettres sur la face verticale
est de la dalle de calcaire gris qui couronne actuellement la base
Pan. Un examen approfondi me donna la conviction qu'il fallait
réviser entièrement nos conceptions.
Un premier texte couvre toute la largeur des deux blocs jointifs
qui constituent la face est de la dalle. La gravure est peu profonde
et n'apparaît qu'à lumière très frisante. La première ligne, gravée
à 0,025 du bord supérieur a été endommagée par les blessures et
les réparations antiques de l'arête ; la cinquième et dernière ligne
est interrompue en son milieu par un tenon de bardage que le graveur
a évité ; le ravalement ultérieur du de a mutilé une
des lettres. Le texte commence à 0,075 du bord gauche, à l'exception
de la troisième ligne, sans doute à la suite d'une omission du lapicide.
Les lettres sont hautes de 0,05 et, sauf exception, l'entraxe est de
0,05. La forme des lettres est caractéristique de la première moitié
du ive siècle (fig. 1 et 2).
ç As[X]cp<o[v]
'A0[7j]va[t]ca[v]
Te^; àrco AaxsSaifxovtcov 5Atc6X[Xcovi]
'AOyjvatoi xal <TU[ZfAaxouvTe[ç]
[à]vs0s[v] tov vac TpwtoSa xa[l] t<xç xôpaç.
Sous ce premier texte figure une signature d'artiste, interrompue,
elle aussi, par le tenon de bardage. Les lettres sont hautes de 0,06, AE' ËCI
NA
TOA
AXOYNT; PYOIA AOHLb±A_l O I KA I
,- j ; WrMTB KO PA
f ,
ry-\ \1
Fio. 1. — Dalle de calcaire gris, face est, dédicace et signature d'artiste. Relevé Claude Vatin. Fig. 2. - Dalle de calcaire gris, face est, partie centrale ; photo d'estampage Réveillac CNRS Aix.
r COMPTES RENDUS DE l' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 30
EOY E
AAAVx^TO
APOAAKEAA
AO-NA
ON
et signature Fig. 3. d'artiste — Socle sur de la face colonne supérieure. d'acanthe, Relevé dédicace Cl. Vatin.
Fig. 4. — Socle de la colonne, face supérieure
photo d'estampage RéveiUac CNRS Aix. LES DANSEUSES DE DELPHES 31
Fig. 5. — Socle de la colonne, face supérieure, détail ;
photo d'estampage Réveillac CNRS Aix.
les entraxes sont de 0,075 environ. La signature commence à 0,27
du bord gauche de la dalle.
vac
Cette signature a été recouverte par une inscription plus récente
et moins bien gravée. Lettres hautes de 0,11 ; entraxes très irré
guliers. Le texte commence à 0,17 du bord gauche.
vac
] T7)V
La lecture de ces textes, si passionnante qu'elle fût en elle-même,
pouvait laisser subsister un doute ; pour être sûr que cette dédicace
et cette signature appartenaient à la colonne d'acanthe, il fallait
retourner au socle de calcaire blanc et voir s'il apportait une confi
rmation ou si, au contraire, il s'avérait que nous avions en réalité
deux monuments distincts que Pouilloux et Roux auraient à tort
confondus en un seul. Je comrrençai donc à explorer la surface du
lit d'attente du socle, et je découvris sur le côté gauche les vestiges 32 COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
d'une dédicace en lettres de 0,05 de haut, et, au-dessous, un fra
gment de la signature du sculpteur (H. 0,085). (Fig. 3, 4, 5.)
]tovt[
J'étais désormais assuré que les auteurs des « Énigmes » ne
s'étaient pas fourvoyés dans leur reconstitution de la colonne
d'acanthe : sur la face est de la base Pan et sur la face supérieure du
socle de la colonne le même texte avait été gravé, le même sculpteur
avait apposé sa signature. Encore fallait-il comprendre la dédicace
énigmatique de la face antérieure du socle dont J. Pouilloux avait
renoncé à proposer une restitution3.
J'observai d'abord que les traces de trois lettres de la seconde
ligne, sur la cassure, avaient échappé à l'attention de l'éditeur ;
pour un texte aussi fragmentaire, elles représentaient un gain pré
cieux, on pouvait désormais présenter ainsi cette dédicace :
]S0Y)[...1O
]tCT(x[..J7rot[...5
Mais je n'aurais pas beaucoup avancé dans l'intelligence du texte
si je n'avais pas découvert que l'état le plus ancien de cette dédicace
était encore partiellement visible sur trois lignes, décalées de 0,17
vers le bas et de 0,08 vers la gauche. Le motif de ce déplacement de
la dédicace vers le haut m'apparut claireme

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