Brevet d’apprentissage d’une fille de modes à Amatonte
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Variétés historiques et littéraires, Tome VIIIBrevet d’apprentissage d’une fille de modes à Amatonte.1769Brevet d’apprentissage d’une fille de modesà Amatonte.1769.Fut presente Anne la Babille,Veuve de Nicaise Couvreur,Dans son vivant juré-porteur,Demeurante dans cette ville,1Près la rue du Grand-Hurleur ,La quelle dame comparentePour l’avantage et le profitD’Agnès Pompon, dont elle est tante,Fille agée, ainsi qu’elle a dit,De quatorze ans moins trois semaines,Et dont les mœurs toutes chrestiennesAssurent la fidelité,La place par pure bonté,Pour l’espace de six annéesComplètes et bien employées,À commencer dès aujourd’huy,Chez la bonne mère Tapi,Maitresse et marchande de modeDe cette ville de Paris,2Demeurante rue CommodeÀ l’enseigne de la Souris.D’autre part, la dame Tapi,Étant aussi presente ici,Prent et garde pour apprentisse,Et promet du mieux qu’elle puisseÀ la susdite Agnès PomponMontrer son metier de lingèreEt tout ce dont elle s’ingèreDans sa noble profession,Sans user jamais de mystère ;De plus, elle promet aussi,En faveur de cet acte-ci,Lui donner tout le necessaire,Le lit, le feu et la lumière ;S’oblige de l’entretenirDe jupe et de robe galante,Le tout fait d’etoffe avenanteÀ l’état qu’elle va tenir ;S’engage de plus à fournirÀ la susdite demoiselleBonnets montés, fine dentelle,Enfin tout ce qui peut servirÀ toute fille de boutiqueQui veut avoir de la pratique ;Il est même au long arrêtéQue la dite mère ...

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Variétés historiques et littéraires, Tome VIII Brevet d’apprentissage d’une fille de modes à Amatonte. 1769
Brevet d’apprentissage d’une fille de modes à Amatonte. 1769.
Fut presente Anne la Babille, Veuve de Nicaise Couvreur, Dans son vivant juré-porteur, Demeurante dans cette ville, 1 Près la rue du Grand-Hurleur , La quelle dame comparente Pour l’avantage et le profit D’Agnès Pompon, dont elle est tante, Fille agée, ainsi qu’elle a dit, De quatorze ans moins trois semaines, Et dont les mœurs toutes chrestiennes Assurent la fidelité, La place par pure bonté, Pour l’espace de six années Complètes et bien employées, À commencer dès aujourd’huy, Chez la bonne mère Tapi, Maitresse et marchande de mode De cette ville de Paris, 2 Demeurante rue Commode À l’enseigne de la Souris.
D’autre part, la dame Tapi, Étant aussi presente ici, Prent et garde pour apprentisse, Et promet du mieux qu’elle puisse À la susdite Agnès Pompon Montrer son metier de lingère Et tout ce dont elle s’ingère Dans sa noble profession, Sans user jamais de mystère ; De plus, elle promet aussi, En faveur de cet acte-ci, Lui donner tout le necessaire, Le lit, le feu et la lumière ; S’oblige de l’entretenir De jupe et de robe galante, Le tout fait d’etoffe avenante À l’état qu’elle va tenir ; S’engage de plus à fournir À la susdite demoiselle Bonnets montés, fine dentelle, Enfin tout ce qui peut servir À toute fille de boutique Qui veut avoir de la pratique ; Il est même au long arrêté Que la dite mère maitresse, En bonne et complaisante hotesse, Dans tout temps, hiver comme été, Se chargera du blanchissage De tout menu linge d’usage Tant apparent que plus caché,
Même du bandeau de Cythère, Chaque fois qu’il pourroit echoir Que ladite en auroit affaire Pour besoin qu’on doit icy taire, Mais qu’il étoit bon de prevoir.
À ceci fut enfin presente La demoiselle Agnès Pompon, Demeurante même maison Chez ladite dame sa tante, Laquelle tient le tout pour bon, Consent à l’exécution Et promet de son mieux apprendre Ce que sa maitresse Tapi Voudra lui donner à comprendre, Ne se faisant aucun souci, Pour achalander la boutique Et faire venir la pratique, D’assurer le premier venu Que c’est parce qu’il est connu Qu’on lui vent pour somme modique Ce qu’il paie trois fois trop cher ; De faire semblant d’ajouter Un pouce en sus de la mesure, Tandis que par secrette allure Elle en aura su retrancher Cinq bons doigts à son avantage ; Même, de plus, elle s’engage, Sans cependant blesser l’honneur, De se conformer à l’usage, Ce qui lui tient jà fort au cœur, 3 Qu’en livrant toile de Guiber Pour un prix de beaucoup trop cher, En habile et fine marchande Elle la vendra pour Hollande ; Bien entendu que tout ceci Se fera selon l’ordonnance, La main dessus la conscience.
En outre, elle promet aussi D’executer avec souplesse Ce que lui dira sa maitresse, Pourvu que la religion Ne contredise sa leçon, Et que la probité l’ordonne, Non celte austère probité Dont se pare l’antiquité, Car celle-là n’est plus la bonne ; Mais la probité du comptoir, Celle que l’interêt façonne, Que le marchand fait tant valoir Pour tromper avec plus d’adresse Les dupes de sa politesse.
Enfin, la docile Pompon, Pour faire en toute occasion L’avantage de sa maitresse, Se propose de consentir À satisfaire le desir Des voluptueuses pratiques Qui soutiennent tant de boutiques 4 Qui brillent de cette façon .
Au surplus, si, par aventure, La jeune apprentisse Pompon, Pour suivre une fringante allure, Ou chose de cette nature, Fait son paquet dans son chausson Et se retire à la sourdine Avant que les six ans prescrits Fussent tout à fait accomplis, Dans ce cas que l’on imagine,
La susdite veuve Couvreur Donne sa parole d’honneur De faire chercher la coquine Depuis Paris jusqu’à la Chine, Enfin de fureter partout Jusqu’à ce qu’elle vienne à bout De retrouver la libertine, Afin de la rendre aussitôt À sa bonne et chère maitresse, Non sans la punir comme il faut De ce petit tour de jeunesse, Pour ensuite plus sagement Achever son apprentissage.
Tel est l’acte auquel bonnement Chaque comparente s’engage, Même sur la foi du serment, Quoi qu’en ce cas très peu d’usage. Vous noterez que le present S’est fait sans debourser d’argent, Car, chose rare, les parties, Sur les choses s’etant unies, Ont promis les executer Sans y mettre et sans en ôter, Voulant les remplir telles quelles, S’obligeant chacune à veiller À l’execution d’icelles Sans y jamais rien deroger.
Fait et passé dans une chambre De la venerable Tapi, Le dimanche avant midi, Le dernier du mois de decembre De l’an mil sept cent soixante huit. En bas, lesdites comparentes Ont toutes signé les presentes Avec le notaire Expedit, Excepté la dame Babille, Laquelle, quant on la requit De mettre son nom par escrit, A dit que sa main inhabile N’en fit jamais la fonction, Mais que sa langue, plus docile, En pareille occasion Étoit un supplément utile Et lui servoit de caution, Prononçant mille fois son nom, Babille, Babille, Babille, etc.
1. Ou plutôt duGrand-Huleu. Les lingères et les filles de modes étoient depuis longtemps nombreuses dans ce quartier. Leur industrie y servoit de couvert à un autre métier que leurs voisines duHuleuaussi, mais sans prendre la peine de le faisoient cacher. Labelle lingère desDeux-AngesBassompierre nous a conté l’étrange dont aventure avoit sa boutique sur lePetit-Pont, mais la maison où elle logeoit, chez sa tante, et où elle donnoit ses rendez-vous, étoit par ici, au coin de la rue Bourg-l’Abbé. (Mém. de e Bassompierresérie, t. 16, p. 364.), coll. Petitot, 2
2. Il n’a jamais existé à Paris de rue de ce nom.
3. Toile blanche de lin assez commune qui se fabrique à Louviers. On l’appelle ainsi à cause d’un nommé Guibert, qui en fabriqua le premier.
4. Les demoiselles patentées se plaignoient du tort qui leur étoit fait par cette concurrence déloyale. Il parut à ce sujet, la première année de la Révolution, une brochure formulant tes plaintes de l’une des plus fameuses matrones, « Florentine de Launay, cessionnaire de Rose Gourdan, propriétaire du Grand-Balcon, sis rue Croix-des-
Petits-Champs-Saint-Honoré. » Voici quel en est le titre :Requête présentée à M. Silvain Bailly, maire de Paris, par Florentine de Launay, contre les marchandes de modes, couturières et lingères, et autres grisettes commerçantes sur le pavé de Paris. À la suite se trouventles noms et demeures des grisettes.
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