Laisson le lit et le sommeil Ceste journee : Pour nous l’Aurore au front vermeil Est desja née. Or que le ciel est le plus gay En ce gracieux mois de May Aimon, mignonne ; Contenton nostre ardent desir En ce monde n’a du plaisir Qui ne s’en donne.
Vien, belle, vien te pourmener Dans ce bocage, Entens les oiseaus jargonner De leur ramage. Mais escoute comme sur tous Le Rossignol est le plus dous, Sans qu’il se lasse. Oublion tout dueil, tout ennuy Pour nous resjouyr comme luy : Le temps se passe.
Ce vieillard contraire aus amans Des aisles porte, Et en fuyant nos meilleurs ans Bien loing emporte. Quand ridée un jour tu seras, Melancholique, tu diras J’estoy peu sage, Qui n’usoy point de la beauté Que si tost le temps a osté De mon visage.
Laisson ce regret et ce pleur À la vieillesse ; Jeunes il faut cueillir la fleur De la jeunesse. Or que le ciel est le plus gay En ce gracieus mois de May, Aimon, mignonne ; Contenton nostre ardent desir : En ce monde n’a de plaisir Qui ne s’en donne.