Portraits féminins dans les pastorales dramatiques de Nicolas de Montreux - article ; n°1 ; vol.39, pg 33-47
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1987 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 33-47
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 38
Langue Français

Extrait

Marie-France Hilgar
Portraits féminins dans les pastorales dramatiques de Nicolas
de Montreux
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1987, N°39. pp. 33-47.
Citer ce document / Cite this document :
Hilgar Marie-France. Portraits féminins dans les pastorales dramatiques de Nicolas de Montreux. In: Cahiers de l'Association
internationale des études francaises, 1987, N°39. pp. 33-47.
doi : 10.3406/caief.1987.2422
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1987_num_39_1_2422PORTRAITS FEMININS
DANS LES PASTORALES DRAMATIQUES
DE NICOLAS DE MONTREUX
Communication de Mme Marie-France HILGAR
(University of Nevada)
au XXXVIIIe Congrès de l'Association, le 22 juillet 1986
La pastorale touche à tous les grands genres — à la poésie
lyrique, au conte, au roman. Il est temps d'aborder le genre
qui prendra son plein essor au début du xvne siècle : celui
de la pastorale dramatique. Malgré la Pastorale de Jean
Grévin en 1559, la Comédie des Ombres de Nicolas Filleul
en 1566, la Pastorale amoureuse de Belleforest en 1569,
Nicolas de Montreux, avec ses trois pastourelles, ou fables
bocagères, ou pastorales, se place, selon Jules Marsan,
« parmi les créateurs de la pastorale dramatique » (1). Des
Granges affirme que « Nicolas de Montreux fut l'introduc
teur du genre sur le théâtre français » (2) et Gustave Reynier
renchérit : « Nicolas de Montreux en a été l'un des premiers
initiateurs » (3). Il fut le premier imitateur de YAminta et
son principal vulgarisateur.
L'œuvre de notre auteur a joui, à son époque, d'une répu
tation honorable. Parmi ses contemporains, nous pourrions
(1) Jules Marsan, La Pastorale dramatique en France, Paris, 1905
(Slatkine Reprint, 1969), p. 167.
(2) Charles Marc des Granges, Histoire illustrée de la littérature française,
Paris, Hatier, 1933.
(3) Gustave Reynier, Le roman sentimental avant l'Astrée, Paris, Armand
Colin, 1908, p. 196. 34 MARIE-FRANCE HILGAR
citer Pierre Bouillon de Barenton, Sébastien Hardy, les
poètes Jacques de Champ-Repus, François des Rues et
Nicolas Chrétien des Croix, pour montrer l'estime dans
laquelle était tenue l'œuvre d'Olenyx du Mont-Sacré, ana
gramme et pseudonyme de Nicolas de Montreux. Tous
louent sa fécondité, et commentent le fait que plusieurs
œuvres de son invention étaient fort prisées et recherchées
en France.
Rares sont les critiques modernes qui se sont penchés
sérieusement sur l'œuvre de Nicolas de Montreux. Hauréau
lui a réservé vingt-deux pages dans son Histoire littéraire
du Maine (4) (1870-1876), puis Jules Mathorez (5) en 1912
lui a consacré un article de trente-cinq pages. Leur opinion
est peu favorable. Hauréau estime que les romans pastoraux
de Nicolas de Montreux sont bien ce que nous connaissons
de plus fade et de plus insipide. Il appuie son commentaire
sur celui du Père Nicéron qui avait écrit : « Quoique ces
bergeries aient été recherchées de leur temps, on n'en fait
plus aucun cas maintenant ; en effet le style en est languis
sant et la lecture en est ennuyeuse à la mort » (6). Quant
à Mathorez, il dit d'Olenyx du Mont-Sacré : « II s'est essayé
dans tous les genres, mais il n'a réussi dans aucun. Ses
œuvres sont plates et ennuyeuses. Il a sacrifié au goût de
son époque et n'a rien produit de durable... Toutefois...
les annalistes du théâtre français devront se rappeler qu'il
fut auteur dramatique et qui plus est un auteur dont les
œuvres furent représentées » (7).
En effet, la grande majorité des pièces de Montreux ont
connu les feux de la rampe, alors que Garnier, considéré
comme le meilleur auteur dramatique de l'époque, n'a sans
doute vu que deux de ses pièces représentées, Hippoîyte et
(4) Hauréau, Histoire littéraire du Maine, Paris, Dumoulin, 1870-1876,
VI, p. 72.
(5) Jules Mathorez, « Le Poète Olenyx du Mont-Sacré, bibliothécaire du
duc de Mercœur (1561-1610) », Bulletin du Bibliophile et du Bibliothécaire,
1912.
(6) Ibid., p. 183.
(7) Mathorez, p. 35. FÉMININS CHEZ NICOLAS DE MONTREUX 35 PORTRAITS
Marc Antoine. Athlète, de notre auteur, fut jouée, on le sait,
en 1584 et 1585, La Diane en 1593, et Arimène ou le Berger
désespéré en 1596. Le thème général est celui de toutes les
pastorales que nous connaissons : des bergers et des ber
gères sont contrariés dans leurs amours, des magiciens
ou magiciennes dénouent ou compliquent des situations
embrouillées. « La femme est au centre de la pastorale. La
pastorale est une contemplation voluptueuse de la beauté
féminine au milieu de la nature » (8).
On a reproché aux pastorales dramatiques en général, et
à celles d'Olényx du Mont-Sacré en particulier, de pré
senter des personnages tout d'une pièce, sans nuances, qui
remplissent le rôle qu'on leur a donné avec une conviction
admirable : « Réaliser son type, tout est là. Rien d'imprévu ;
pas une hésitation ; une docilité à toute épreuve » (9). Il
nous semble au contraire que notre auteur a fait un effort
louable pour différencier des personnages qui, par leurs
occupations, évoluent dans un espace quasi clos, et surtout
pour établir des nuances dans les caractères de ses person
nages féminins.
A côté des jeunes héroïnes, plus ou moins sages, toutes
qualifiées de « bergères », ou de « nymphes », dans la dis
tribution de chaque pièce, se trouvent les vieilles femmes
mélancoliques plutôt qu'amères qui en général donnent des
conseils tout à fait raisonnables et s'intéressent véritabl
ement au bonheur des jeunes gens autour d'elles.
Parmi les héroïnes qui, au nom de leur honneur et de
leur vertu, refusent de donner prise aux traits de Cupidon,
nous distinguons la bergère Julie dans la pièce intitulée
La Diane, et la nymphe Orythie ainsi que la bergère Alphise
dans Arimène. Julie est aimée du berger Nymphis et du
chevalier Hector, Orythie du seul pasteur Aldire, et Alphise
d 'Arimène, pasteur, de Floridor, chevalier, et du magicien
(8) Henri Bénac, « Humanité de la pastorale », Lettres d'Humanité,
(1946), p. 234-57.
(9) Marsan, p. 204-206. 36 MARIE-FRANCE HILGAR
Circiment. Il est vrai que toutes ces jeunes bergères, au
physique, se ressemblent, et il nous serait bien impossible
de les différencier par leur aspect extérieur, car l'auteur
peint la Beauté féminine ainsi qu'il la comprend. Le port
rait suivant, qui est celui d'Alphise, décrit aussi bien Julie
et Diane, Athlète et Clorice :
Oh belle fille, ô que les dieux ont fait
En te formant un ouvrage parfait.
Belle de corps et d'esprit tout ensemble
A la Pallas divine tu ressembles.
Beaux tes cheveux, liés mignonnement
Qui sont pareils aux épis du froment...
Beau ton beau front, large on le voit...
Beaux tes sourcils qui semblent à l'ebène...
Belle ta joue de mainte rouge fleur
Maint chastes lys étalent leur couleur...
Belle ta bouche où logent [...]
Cent mille œillets [...],
Beau ton beau sein où l'on voit s'élever
Deux beaux rochers [...]
Qui en blancheur passent le blanc albâtre,
Belle ta main [...] .
Ainsi es-tu en ce monde admirable.
(Arimène, Acte I, Scène IV).
C'est donc sur leurs goûts, leurs idées et leurs occupations
que nous pourrons fonder une distinction. De moutons,
établissons le fait dès maintenant, il n'en est pas souvent
question, et ils pourraient fort bien être peints sur une toile
de fond. Julie est une jeune fille rangée, calme le plus
souvent, excepté quand elle est excédée par les longues
suppliques de ses deux soupirants ; elle est la seule, parmi
les héroïnes de Montreux, à apprécier et à chanter la terre
cultivée par l'homme :
II sait comment il peut bien de stérile
Par son labeur la faire être fertile.
Il sait il la faut engraisser
Bêcher, semer, et parfois terrasser (Acte II).
Envers les deux hommes qui l'aiment, Julie est froide et
insensible. Son honneur, qui lui suffit pour « parfaite FÉMININS CHEZ NICOLAS DE MONTREUX 37 PORTRAITS
allégresse », est incompatible avec l'amour d'un homme.
Arbuste, la vieille femme de la pièce, se trouve quelque
p

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