Le mot interdit
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Description

La prise de conscience que dans certains pays comme la Corée du Nord, le mot liberté se conjugue au conditionnel.Choix de la Licence Creative Commons "Paternité, pas de modification" car nous souhaitons que notre texte reste tel que nous l'avons écrit. 753 mots

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Publié le 01 février 2016
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Licence : En savoir +
Paternité, pas de modification
Langue Français

Extrait

Le
mot
interdit
Je profitais des dernières minutes de mon vol assis sur un fauteuil moelleux, pensif, je faisais défiler les rares photos qu'on m'avait autorisé à prendre là-bas. Certes, comme je m’y attendais, on ne m’avait pas laissé parler librement avec des habitants; certes je m’étais trouvé sous le contrôle constant des deux guides qui étaient affectés à notre groupe mais ceux-ci n’avaient pas l’air malheureux et semblaient plutôt bien nourris. «Parler de famine en Corée, vraiment les journalistes exagèrent!», pensai-je, encore sous le charme des merveilleux paysages naturels que ce voyage m’avait permis de découvrir.1
Ce n'est qu'après une heure de trajet que je parvins enfin au seuil de ma porte. Je mis la clé dans la serrure et l'ouvris: une grosse vague d'air sentant le renfermé, séquelle de trois semaines de voyage, m’emplit alors le nez et m'envahit les poumons. Une fois dans ma chambre, ma valise posée sur mon lit et la fenêtre ouverte, je me mis à en sortir mes vêtements pour les ranger dans mon armoire. En prenant ma veste favorite en velours marron, je vis un petit rouleau de papier fermé par un ruban rouge rouler sous mon lit, il avait dû tomber d'une des poches.
Je le récupérai et décidai de l'ouvrir. Déplié, il n'était pas plus grand que ma main. À l'intérieur, était griffonné d’ une écriture en pattes de mouches, un message qui m'intrigua immédiatement. D'où pouvait bien venir ce papier et surtout qui avait bien pu me l'écrire?
Des questions plein la tête, je commençai la lecture.«Monsieur Hopper, je vous fais parvenir ce message car je souhaiterais vous ouvrir les yeux sur la dure réalité de la vie en Corée du Nord. Tout ce que vous avez vu ou plutôt ce que l'on vous a laissé voir n'était que mensonge. Notre cher maréchal Kim Jong-un ne veut montrer que les bons côtés de notre pays, sa prospérité, sa beauté. Mais en réalité, ma famille, restée à la campagne, souffre terriblement de la faim et du manque d'argent».J'interrompis alors ma lecture, me rappelant ces magnifiques paysages, qui, apparemment n'étaient qu'un leurre. Comment avais-je pu me tromper à ce point!
Je me rappelai, tout à coup, le jour où, alors que nous arrivions avec mon groupe près du site du Mont Kumgang, on avait demandé à une personne de quitter les lieux. L'homme avait dû, sans répliquer, quitter le site. Je m'étais alors demandé pourquoi, puis repris par le tourbillon des visites de sites naturels tous plus impressionnants les uns que les autres, j’avais oublié.
Edifié, je repris ma lecture.
«Tous les gens que vous avez rencontrés, tous les sites que vous avez visités, ont été minutieusement sélectionnés par le gouvernement, pour mettre en valeur le plus possible notre pays»intrigué par un bâtiment vétuste au coin de. Je pensai alors à cette journée, où, la rue, je m’ étais séparé du groupe pour le prendre en photo.
2
Soudain, une main m'avait attrapé par l'épaule et on m’avait déclaré avec autorité:«-Ne vous séparez pas du groupe s'il vous plaît. C'est pour votre sécurité.»Sécurité, tu parles! Je me rendais compte maintenant que ce n'était en aucun cas pour ma sécurité, mais seulement pour m'empêcher de faire quelque chose qui échappait à leur contrôle.La gorge serrée, je décidai de poursuivre ma lecture.«J’ai pris d’énormes risques en vous faisant parvenir ce message, car vous le savez sûrement, nous n’avons aucun accès à internet, mais surtout aucun moyen de communiquer avec l’étranger, sous peine de mort. J’espère que ce message vous fera réagir. Faites changer les choses, je vous en supplie, le monde doit savoir toute la vérité sur ce pays d’illusions.»
Abasourdi par ce que je venais de lire, je reposai le papier et m’allongeai sur mon sofa. Je pensai à toutes ces injustices et à quel point la vie était dure. Moi qui n'étais qu’un simple photographe à la recherche de paysages sortant de l’ordinaire, je me sentais si impuissant.J’entendis, le cri strident d’un enfant, qui me fit sursauter. Je me réveillai alors dans le fauteuil de l’avion qui me ramenait à Paris et compris que tout cela n’était qu’un mauvais rêve. Chamboulé mais soulagé, je décidai de prendre mes écouteurs pour me changer les idées. Je mis la main dans la poche de ma veste favorite pour les attraper et c’est avec stupeur que j’en sortis un petit rouleau de papier fermé par un ruban rouge…
Fin
3
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