Romanciers d'hier et d'avant-hier

J. (Jules) Barbey D'Aurevilly

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• Publié par: les_archives_du_savoir
• Nombre de lectures: 63
• Langue: Français
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Extrait

ROMANCIERS
D'HIER ET D'AVANT-HIEREMILE COLIN — IMPUIHERIE DE LAQNYJ. BARBEY D'AUREVILLY
77
ROMANCIERS
D'HIER ET D'AVANT-HIER
ALPHONSE LEMERRE, ÉDITEUR
23-31, PASSAGE CHOISEUL, 23-3I
M D CCCCI V^^BR
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588344 ,
63(1)STENDHAL ET BALZAC
Depuis longtemps la librairie méconnaît les plus
nobles conditions de son existence. Intermédiaire
entre ceux qui écrivent et ceux qui lisent, mais avant
tout marchande comme son époque, elle ne tient
compte que des profits à faire et elle ne se préoccupe
plus du côté élevé de sa fonction etde l'influence très
légitime qu'elle pourrait exercer sur l'esprit de son
temps et sur son expression, la littérature Écouler
des livres mauvais parce que le goût dépravé du pu-
blic les demande, travailler, par là, en sous-œuvre, à
la corruption de la pensée, sans autre souci deque
tirer monnaie de son commerce, voilà tout pour ces
—marchands d'opium en ballots, qui ont à peu
—1. De l'Amour. Contes drolatiques {Pays, 13 juillet 1353).
12 ROMANCIERS d'iIIER ET d'aVANT-UIER
—d'exceptions près remplacé les grands libraires
d'autrefois. Autrefois, en effet, il avait desy
qui regardaient leur fonction comme une magistra-
ture. Mais, pour ne pas parler de ces hommes trop
rares dont nous avons le souvenir et dont nous n'a-
vons plus la race, les Estienne, les Aide Manuce, les
Elzévir, etc., il en eut, au-dessous de ceux-là, beau-y
coup d'autres, qui avaient au moins Vart de leur indus-
trie, et pour qui Tunique et suprême question n'était
gagner,pas de vendre et de n'importe à quel prix !
Et, voyez ! justement parce qu'ils n'étaient pas si
l'intérêtétroitement attachés à le plus grossier de
parce qu'ils n'étaientleur négoce, pas si marchands
raccourci de la lettre, ils faisaientau pied naturelle-
grandes affaires un commercement de plus dans où
la chose mise en circulationl'appréciation de exige
presque l'intelligence du critique, qui voit les deux
bouts de chaîne : le mérite d'un livrela et son effet
probable sur le public. Oui ! précisément parce qu'ils
ne jouaient pas en aveugles obstinés celle stupideà et
éternelle martingale des mêmes noms des mêmeset
œuvres, aimés de la foule, etqu'on use,, sous lenombre
des éditions, comme on crève les meilleurs chevaux
de poste sous les aiguillons et sous le fouet, ils ga-
—gnaient davantage, disons le mol, puisque c'est
—gagner qui est l'important ! et ils finissaient par
trouver que c'était bien jouer, même au point de vue
du comptoir, que d'avoir de 1 iniliulive, que d'oser