Ronsard correcteur de ses alexandrins dans les Hymnes de 1555-1556. Le problème de la césure et de l enjambement - article ; n°1 ; vol.22, pg 83-98
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Ronsard correcteur de ses alexandrins dans les Hymnes de 1555-1556. Le problème de la césure et de l'enjambement - article ; n°1 ; vol.22, pg 83-98

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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1970 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 83-98
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 45
Langue Français

Extrait

Professeur Louis TERREAUX
Ronsard correcteur de ses alexandrins dans les "Hymnes" de
1555-1556. Le problème de la césure et de l'enjambement
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1970, N°22. pp. 83-98.
Citer ce document / Cite this document :
TERREAUX Louis. Ronsard correcteur de ses alexandrins dans les "Hymnes" de 1555-1556. Le problème de la césure et de
l'enjambement. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1970, N°22. pp. 83-98.
doi : 10.3406/caief.1970.952
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1970_num_22_1_952RONSARD
CORRECTEUR DE SES ALEXANDRINS
DANS LES « HYMNES » DE 1555-1556.
LE PROBLÈME DE LA CÉSURE
ET DE L'ENJAMBEMENT
Communication de M. Louis TERREAUX
{Poitiers)
au XXIe Congrès de l'Association, le 23 juilllet 1969.
Ronsard s'est exprimé dans les mètres les plus divers.
Mais il a donné ses lettres de noblesse à l'alexandrin. Com
ment en voyait-il la structure ?
A première vue, il le manie avec une grande liberté. On
Га répété maintes fois. Ce n'est pas faux. Toutefois cette
liberté n'aurait-elle pas des limites ? Pour le savoir, nous
examinerons les variantes des Hymnes de 1555 et de 1556. La
plupart sont en vers de douze syllabes. Seuls VHymne de la
philosophie, la Prière à la Fortune et Y Hercule Chrestien sont
en décasyllabes. Il y a donc là deux recueils à peu près homog
ènes sur le plan métrique.
Le décasyllabe, avec sa césure fixe, pourrait donner lieu,
en gros, aux mêmes remarques que l'alexandrin. Seulement,
pour le vers de dix, Ronsard avait derrière lui une tradition.
Il savait à quoi s'en tenir. Pour le vers de douze, non. Depuis
le xve siècle, on l'avait pratiquement oublié. Et le poète, c'est LOUIS TERREAUX 84
probable, n'a jamais lu ni le Roman ď Alexandre, ni le Pèle
rinage de Charlemagne (1).
Ce n'est pas non plus les quelques alexandrins rimes par
Lemaire de Belges dans la Concorde des deux langages ou les
traductions de pièces grecques en dodécasyllabes, de Lazare
de Baïf ou de Bochetel, qui pouvaient fonder une tradition,
pas même les vers de douze syllabes qu'on rencontre dans la
Clêopâtre de Jodelle (2). En somme, Ronsard « partait de
zéro ». Écrire en alexandrins revenait réellement pour lui à
créer un mètre.
#
# #
Dans notre optique, nous laisserons de côté les problèmes
tels que celui du e faisant position après voyelle et devant
consonne, en fin de mot. Ainsi dans ce vers :
Des neiges, des frimatz, et des pluyes de l'air
(26, 417), (3)
devenu en 1578 :
Des neiges, des frimats, et le vague de l'air.
Nous n'évoquerons pas non plus les hiatus, les graphies
du type eV pour elle, « archaïsmes » qu'on rencontre dans
n'importe quel mètre et que Ronsard a souvent corrigés.
Nous n'étudierons que deux aspects du rythme de l'alexan
drin : la césure et l'enjambement.
Disons tout de suite qu'il ne s'agira nullement ici de la
rythmométrie de Ronsard au sens où l'entendent des techni
ciens comme G. Lote, R. de Souza, Spire ou Grammont.
Nous resterons sur un plan plus élémentaire. Au reste, qu'on
étudie les mètres expérimentalement ou non, on ne saurait
éviter toute subjectivité. Il est prudent de le souligner dès
le départ.
(1) Voir notre thèse, Ronsard correcteur, p. 250-251 et 264-267,
(2)K. Toof by, Histoire de l'alexandrin français, in Etudes romanes
dédiées à Andréas Blinkenberg, Kopenhague, Mungkgaard, 1963.
(3) Le premier chiffre désigne la page du t. VIII de l'édition Laumo-
nier, le second, le vers. RONSARD CORRECTEUR DE SES ALEXANDRINS DANS LES « HYMNES » 85
La césure.
La structure de l'alexandrin idéal de type classique a comme
élément de base, avec la clausule, la césure à la sixième syl
labe, qui est un temps fort, très net. Avant Malherbe, et
même dans l'œuvre de Ronsard, ce temps est parfois tell
ement affaibli qu'il n'est pas perceptible du tout.
Malherbe exigera que la césure soit soutenue régulièr
ement par une coupe syntaxique. Ce qui implique une cer
taine autonomie des deux hémistiches. Tout le problème est
de savoir où sont les limites de cette autonomie.
De ce point de vue, les repentirs de Ronsard sont intéres
sants. Ils annoncent les interdits de Malherbe qui devien
dront ceux des classiques.
Quand il critique Desportes, Malherbe s'est exprimé en
formules vagues, du type « mauvaise césure ». Mais il avait
en tête, à coup sûr, des principes définis. Reprenant le tra
vail de Souriau (4), un savant américain, Humiston, s'est
efforcé de les classer et de les analyser. Son travail est pré
cieux (5).
Il nous a permis de faire des rapprochements significatifs
entre l'attitude de Ronsard réviseur et celle du correcteur
de Desportes. Le classement qui va suivre correspond à
peu près à chacun des griefs de Malherbe, précisé par Hu
miston (6). Il préfigure aussi les règles que donnent les théo
riciens du vers classique, quand ils traitent de la césure.
Voici donc les cas où Ronsard corrige l'alexandrin pour en
marquer clairement la coupe sixième :
1. * Substantif séparé de son épithètepar la césure.
Car ils ne sont qu'Espris divins, parfaictz et purs
-> Esprits intelligens, plus que les nostres (1578)
(119/69).
(4) V évolution des vers français au XVIIe siècle, Paris, Hachette, 1893.
(5) A comparative study of the metrical technique of Ronsard and Malh
erbe, by С. С. Humiston. University of California. Publications in Mo
dern Philology, vol. 24, n° 1, p. 1-180, 1941.
(6) Les rubriques reprises à Humiston sont marquées de l'astérisque.
Nous évitons ainsi de répéter à chaque fois les analogies entre la doctrine
de Ronsard et celle de Malherbe. Quand nous citons Malherbe, nous r
eprenons purement et simplement les exemples cités par Humiston. 86 LOUIS TERREAUX
Les trois épithètes du second hémistiche ne formaient pas
un tout opposé au premier hémistiche, comme dans cet
exemple que la versification «classique» admet parfaitement :
Comme haulte Déesse éternelle, et perfaicte.
Là, en effet, éternelle et perfaicte sont en position « détachée »
(7), comme, dans la correction ci-dessus, le syntagme plus que
les nostres purs.
Autres variantes :
Trouver un grand lyon affamé, furieux
-> un grand lion au regard furieux (1578)
(197, 418).
Affamé n'est pas sur le même plan que furieux. Le deuxième
hémistiche était donc mal marqué.
Je pensois ranimer de la terre la face
D'une autre bien plus juste et plus divine race
-> . . . D'une plus innocente, et plus divine race (1584)
(60, 259-260).
Autre est lié étroitement à race : les deux termes encadraient
deux épithètes. Où était la césure ?
2. — * Le groupe celui qui.
Malherbe critiquera la « très mauvaise » césure de ce vers
de Desportes :
Faisant recacher ceux qui déjà paroissoient.
Ronsard avant lui considère que le démonstratif antécédent
du relatif n'a pas d'autonomie :
Puis les rebaille à ceux qui de nature peuvent
En eux les recevoir, . . .
-> Puis les rebaille aux yeux qui de nature . • . (1567)
(121, 123-124).
(7) Ainsi Ronsard maintient de chaque côté de la césure le substantif
et l'adjectif qui s'y rapporte, quand cet adjectif peut « se détacher » du
substantif :
[Ceulxl Qui veullent quereler à gens plus vaillans qu'eulx,
Et mesmement à vous plains de forte puissance
-♦Mesmes à vous Jumeaux . . . (1578)
(326, 748-749)- RONSARD CORRECTEUR DE SES ALEXANDRINS DANS LES « HYMNES » 87
Comme Га souligné Humiston (op. cit.y p. 8-10), Malherbe
admet couramment qu'un relatif soit séparé de son antécédent
par la césure, quand celui-ci est un substantif. Ronsard aussi.
3. * Cas de V attribut par le verbe être.
Ronsard évoque le « bon heur » c'est-à-dire le signe de bon
augure qui s'est manifesté à la naissance du futur Henri III.
Il écrit :
Ceux ausquels Jupiter envoyé ce bon heur
Quand ils naissent, seront grans roys, roys pleins d'honneur.
(24, 373-374).
Le poète se corrige dès 1560 pour supprimer

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