La femme abandonnée
45 pages
Français

La femme abandonnée

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Description

1832. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome II. Deuxième volume de l'édition Furne 1842. Bien qu'écrite deux avant Le père Goriot, cette nouvelle met en scène Mme de Beauséant, qui, abandonnée par son amant dans Le père Goriot, s'est retirée dans son château de Normandie. La retraite de Mme de Beauséant va être troublée par la venue d'un jeune homme dont c'est le premier amour. Une des plus poétiques et dramatiques nouvelles de Balzac. Extrait : Il tâcha de raconter avec plus de sentiment que d’esprit les souffrances auxquelles l’avait condamné son exil nécessaire. Il peignit l’état d’un jeune homme dont les feux brûlaient sans aliment, en faisant penser qu’il était digne d’être aimé tendrement, et néanmoins n’avait jamais connu les délices d’un amour inspiré par une femme jeune, belle, pleine de goût, de délicatesse. Il expliqua son manque de convenance sans vouloir le justifier. Il flatta madame de Beauséant en lui prouvant qu’elle réalisait pour lui le type de la maîtresse incessamment mais vainement appelée par la plupart des jeunes gens. Puis, en parlant de ses promenades matinales autour de Courcelles, et des idées vagabondes qui le saisissaient à l’aspect du pavillon où il s’était enfin introduit, il excita cette indéfinissable indulgence que la femme trouve dans son cœur pour les folies qu’elle inspire.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 165
EAN13 9782824709796
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LA F EMME
ABAN D ON N ÉE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LA F EMME
ABAN D ON N ÉE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0979-6
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LA F EMME ABAN D ON N ÉE
A MAD AME LA DUCH ESSE D’ ABRAN T ÈS,
Son affe ctionné ser viteur ,
HONORÉ DE BALZA C.
Paris, août 1835.
 1822,   commencement du printemps, les mé de cins de
Paris env o yèr ent en Basse-Nor mandie un jeune homme qui r ele-E vait alor s d’une maladie inflammatoir e causé e p ar quelque e
xcès d’étude , ou de vie p eut-êtr e . Sa convalescence e xig e ait un r ep os
complet, une nour ritur e douce , un air fr oid et l’absence totale de sensations
e xtrêmes. Les grasses camp agnes du Bessin et l’ e xistence pâle de la pr
ovince p ar ur ent donc pr opices à son rétablissement.
Il vint à Bay eux, jolie ville situé e à deux lieues de la mer , chez une
de ses cousines, qui l’accueillit av e c cee cordialité p articulièr e aux g ens
habitués à viv r e dans la r etraite , et p our lesquels l’ar rivé e d’un p ar ent ou
d’un ami de vient un b onheur .
A quelques usag es près, toutes les p etites villes se r essemblent. Or ,
après plusieur s soiré es p assé es chez sa cousine madame de Sainte-Se vèr e ,
ou chez les p er sonnes qui comp osaient sa comp agnie , ce jeune Parisien,
1La femme abandonné e Chapitr e
nommé monsieur le bar on Gaston de Nueil, eut bientôt connu les g ens que
cee so ciété e x clusiv e r eg ardaient comme étant toute la ville . Gaston de
Nueil vit en eux le p er sonnel immuable que les obser vateur s r etr ouv ent
dans les nombr euses capitales de ces anciens États qui for maient la France
d’autr efois.
C’était d’ab ord la famille dont la noblesse , inconnue à cinquante
lieues plus loin, p asse , dans le dép artement, p our incontestable et de
la plus haute antiquité . Cee espè ce de famille royale au p etit pie d
effleur e p ar ses alliances, sans que p er sonne s’ en doute , les Cré qui, les
Montmor enci, touche aux Lusignan, et s’accr o che aux Soubise . Le chef
de cee race illustr e est toujour s un chasseur déter miné . Homme sans
manièr es, il accable tout le monde de sa sup ériorité nominale  ; tolèr e le
sous-préfet, comme il souffr e l’impôt  ; n’admet aucune des puissances
nouv elles cré é es p ar le dix-neuvième siè cle , et fait obser v er , comme une
monstr uosité p olitique , que le pr emier ministr e n’ est p as g entilhomme .
Sa femme a le ton tranchant, p arle haut, a eu des adorateur s, mais fait
régulièr ement ses pâques  ; elle élè v e mal ses filles, et p ense qu’ elles ser ont
toujour s assez riches de leur nom. La femme et le mari n’ ont d’ailleur s
aucune idé e du lux e actuel  : ils g ardent les liv ré es de théâtr e , tiennent
aux anciennes for mes p our l’ar g enterie , les meubles, les v oitur es, comme
p our les mœur s et le lang ag e . Ce vieux faste s’allie d’ailleur s assez bien
av e c l’é conomie des pr o vinces. Enfin c’ est les g entilshommes d’autr efois,
moins les lo ds et v entes, moins la meute et les habits g alonnés  ; tous pleins
d’honneur entr e eux, tous dé v oués à des princes qu’ils ne v oient qu’à
distance . Cee maison historique incognito conser v e l’ originalité d’une
antique tapisserie de haute-lice . D ans la famille végète infailliblement un
oncle ou un frèr e , lieutenant-g énéral, cordon r oug e , homme de cour , qui
est allé en Hano v r e av e c le maré chal de Richelieu, et que v ous r etr ouv ez
là comme le feuillet ég aré d’un vieux p amphlet du temps de Louis X V .
A cee famille fossile s’ opp ose une famille plus riche , mais de
noblesse moins ancienne . Le mari et la femme v ont p asser deux mois d’hiv er
à Paris, ils en rapp ortent le ton fugitif et les p assions éphémèr es. Madame
est élég ante , mais un p eu guindé e et toujour s en r etard av e c les mo des.
Cep endant elle se mo que de l’ignorance affe cté e p ar ses v oisins  ; son
arg enterie est mo der ne  ; elle a des gr o oms, des nègr es, un valet de chambr e .
2La femme abandonné e Chapitr e
Son fils aîné a tilbur y , ne fait rien, il a un majorat  ; le cadet est auditeur au
conseil d’état. Le pèr e , très au fait des intrigues du ministèr e , raconte des
ane cdotes sur Louis X V I I I et sur madame du Cayla  ; il place dans le cinq
pour cent , é vite la conv ersation sur les cidr es, mais tomb e encor e p arfois
dans la manie de r e ctifier le chiffr e des fortunes dép artementales  ; il est
membr e du conseil g énéral, se fait habiller à Paris, et p orte la cr oix de
la Légion-d’Honneur . Enfin ce g entilhomme a compris la r estauration, et
bat monnaie à la Chambr e  ; mais son r o yalisme est moins pur que celui de
la famille av e c laquelle il rivalise . Il r e çoit la Gazee et les Débats . L’autr e
famille ne lit que la otidienne .
Monseigneur l’é vê que , ancien vicair e-g énéral, floe entr e ces deux
puissances qui lui r endent les honneur s dus à la r eligion, mais en lui
faisant sentir p arfois la morale que le b on La Fontaine a mise à la fin de l’ Âne
chargé de reliques . Le b onhomme est r oturier .
Puis viennent les astr es se condair es, les g entilshommes qui jouissent
de dix ou douze mille liv r es de r ente , et qui ont été capitaines de vaisse au,
ou capitaines de cavalerie , ou rien du tout. A che val p ar les chemins, ils
tiennent le milieu entr e le curé p ortant les sacr ements et le contrôleur
des contributions en tour né e . Pr esque tous ont été dans les p ag es ou dans
les mousquetair es, et achè v ent p aisiblement leur s jour s dans une
faisancevaloir , plus o ccup és d’une coup e de b ois ou de leur cidr e que de la
monarchie . Cep endant ils p arlent de la charte et des libéraux entr e deux rubbers
de wisth ou p endant une p artie de trictrac, après av oir calculé des dots
et ar rang é des mariag es en rapp ort av e c les g éné alogies qu’ils sav ent p ar
cœur . Leur s femmes font les fièr es et pr ennent les air s de la cour dans
leur s cabriolets d’ osier , elles cr oient êtr e p aré es quand elles sont affublé es
d’un châle et d’un b onnet  ; elles achètent annuellement deux chap e aux,
mais après de mûr es délibérations, et se les font app orter de Paris p ar
o ccasion, elles sont g énéralement v ertueuses et bavardes.
A utour de ces éléments princip aux de la g ent aristo cratique se gr oup ent
deux ou tr ois vieilles filles de qualité qui ont résolu le pr oblème de
l’immobilisation de la cré atur e humaine . Elles semblent êtr e scellé es dans les
maisons où v ous les v o y ez  : leur s figur es, leur s toilees font p artie de
l’immeuble , de la ville , de la pr o vince  ; elles en sont la tradition, la
mémoir e , l’ esprit. T outes ont quelque chose de raide et de monumental, elles
3La femme abandonné e Chapitr e
sav ent sourir e ou ho cher la tête à pr op os, et, de temps en temps, disent
des mots qui p assent p our spirituels.
elques riches b our g e ois se sont glissés dans ce p etit faub our g
SaintGer main, grâce à leur s opinions aristo cratiques ou à leur s fortunes. Mais,
en dépit de leur s quarante ans, là chacun dit d’ eux  : ―  Ce p etit un tel
p ense bien  ! Et l’ on en fait des députés. Généralement ils sont pr otég és
p ar les vieilles filles, mais l’ on en cause .
P

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