La Vallée Perdue
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Description

Légende Wolgar, contée par un Sage de ce peuple.
Décrit une bribe de l'histoire de la Prophétie Perdue, et d'un des trois fragments brisés de celle-ci, rapportée en son pays par le Grand Cavalier Aälbarad.
C'est en se lançant sur les traces de ce bout de marbre gravé que Daïal Pied-Rapide, le plus grand explorateur de tous les temps, disparut subitement.
Mais son journal, retrouvé par hasard bien plus tard par le fameux Grand Cavalier Wolgar, offre des indices uniques quant au lieu où peut-être encore de nos jours, pourrait se trouver le dernier fragment de la Prophétie.

Informations

Publié par
Publié le 05 novembre 2011
Nombre de lectures 67
Langue Français

Extrait

L
A V A
LLÉE
P
ER
DUE
Contes et légendes du Monde
F.B.Inconnu
La Vallée Perdue
Le vieil homme se leva et l’assistance se fit silencieuse. L’ancêtre, malgré ses jambes tremblantes, imposait le respect. Il se dressait de l’autre côté du grand feu, et son ombre gigantesque se dessinant derrière lui semblait le faire grandir. Le vieil homme se lança alors dans son récit, d’une voix grave et solennelle, habituée à conter :
« La Prophétie fut écrite sous le règne du Roi Smaöl, mais nul ne sait qui fut l'homme qui la reçut des Dieux. Un unique évènement sûr, est que le Roi fit graver cette Prophétie sur une dalle de marbre, et qu'il l’enferma en secret dans sa plus puissante forteresse. La garde du château elle-même ne reçut nulle connaissance du trésor qu’elle protégeait, et pendant deux générations, il en resta ainsi. Cependant, un jeune soldat très curieux, avide de pouvoir et d'or, fut nouvellement recruté à la forteresse. Et plus que tout, il désirait découvrir quel objet, quel pouvoir, quelle chose fantastique pouvait bien être gardée à l'intérieur des épais murs de pierre. Le jeune homme, doué de l'art du beau parler, parvint, à l'aide de sa langue et de son imagination, à joindre auprès de lui plusieurs de ses camarades gardes. Il leur exposa son plan, et ils l’approuvèrent. Alors, un soir où la nuit était noire et la Lune elle-même s'était cachée du ciel, le petit groupe de soldats
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approcha du donjon, la plus haute des tours du château, qui leur avait été totalement interdite d'accès. Là, dans son ombre inquiétante, ils découvrirent une petite porte, camouflée dans un renfoncement de la pierre. Elle n’était ni piégée, ni verrouillée, et elle n’émit qu’un grincement mécontent lorsqu’ils l’ouvrirent. Juste derrière, un escalier en colimaçon grimpait vers la cime de la tour. Rapidement, ils s’y engagèrent, le gravirent, et en atteignirent le sommet. Une lourde porte de bois les stoppa sur l’unique palier, fermée par une épaisse barre de fer. Mais, unissant leurs forces, ils réussirent à l’ôter et ouvrir le chemin vers le trésor secret. Imaginez leur surprise lorsqu’ils poussèrent la porte, et virent la simplicité, le dénuement de la minuscule salle s’ouvrant devant eux ! Les murs étaient lisses et bruts, le mobilier inexistant. Seul un autel de pierre rustique brisait la sensation de vide se dégageant de la pièce. Leur surprise se mua en joie lorsqu’ils aperçurent la plaque de marbre magnifique qui reposait sur l’autel. Elle était de la taille environ d’un petit homme trapu, épaisse et large. Les voleurs ne prirent pas la peine d’en lire les gravures, car ils ne furent fascinés que par la beauté de la pièce. La seule valeur qu’ils en virent était celle brute, de cette matière noble qui leur apporterait une richesse incommensurable.
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Fous de joie d’avoir découvert le trésor secret du château, les voleurs s’en emparèrent, et l’emportèrent rapidement avec eux. La nuit était déjà bien avancée, et il ne fallait pas laisser le jour poindre avant d’avoir fui... Avec leur butin.
Les voleurs dévalèrent l’escalier aussi vite que la dalle de marbre le leur permettait. La descente des marches les épuisa encore plus que leur montée, à cause du poids particulièrement important de leur butin, et ses porteurs étaient exténués lorsqu’ils atteignirent le bas de l’escalier. Franchissant discrètement la porte camouflée, ils extirpèrent précautionneusement la dalle de sa prison de pierre. Presque trop grande pour être sortie en un unique morceau, elle leur causa du soucis et les retarda gravement. Alors qu’enfin le dernier d’entre eux sortait de la tour, rejoignant son ombre inquiétante, le sang des voleurs ne fit qu’un tour. Dans leur course, ils s’étaient quasiment jeté dans les bras de leurs anciens camarades. Car les soldats du château, gardiens de la Prophétie, les attendaient au pied de la tour, l’arme au clair. Aussitôt la surprise passée, le combat s’engagea, et le cliquetis des armes s’éleva dans la nuit silencieuse. Les premiers morts et blessés chutèrent dans les rangs des gardes, débordés d’abord par la contre-attaque rapide
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et violent des voleurs. Acharnés, ces derniers parvinrent finalement à percer une brèche dans la ligne des gardes. Les porteurs du butin s’empressèrent de s’y engouffrer, entourés de leurs camarades, dont les premiers commençaient à tomber à leur tour. Les voleurs traversaient tant bien que mal la place forte du château, ralentis par leur combat contre les soldats en armes. Partout dans la forteresse, résonnaient désormais les cris des blessés et le fracas des combats. Les gardiens de la Prophétie ne cédaient de terrain que dans la mort, mais ils étaient forcés de reculer sous les coups des voleurs, déchaînés. Très vite, le sang ruissela sur le sol de pierre, devenu extrêmement glissant. Les lames s’entrechoquaient, tandis que les voleurs armés, libres de leurs mouvements, faisaient tout leur possible afin de protéger leurs compagnons qui portaient la dalle de marbre. Le groupe de voleurs survivants était presque arrivés à la poterne de la forteresse, lorsque l’un d’entre eux s’effondra sur le sol, glissant à cause du sang qui maculait la pierre. Un second trébucha sur lui, tombant à son tour. Soudain, un bruit de bris violent stoppa tous les combats. Car la dalle de marbre, privée d’un de se porteurs, s’était brisée en trois morceaux sur le sol. Les gardes de la forteresse se ressaisirent les premiers, s’emparant d’un fragment de la Prophétie.
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Refusant de délaisser leur butin au complet, les voleurs survivants frappèrent dans les rangs adverses, ramassant au plus vite les deux autres pièces de marbre. Chanceux dans leur malheur, les voleurs, plus mobiles, parvinrent à fuir la forteresse, poursuivis de près par leurs adversaires. Ils coururent éperdument vers les montagnes et leur seule chance de salut, talonnés par les gardes qui semaient la mort parmi les quelques retardataires. Au lever du jour enfin, tandis que le soleil grimpait au-dessus des montagnes, les voleurs survivants réussirent à semer leurs poursuivants, et s’arrêtèrent.
Leur jeune chef avait survécu au combat, et portait l’un des deux fragments de la dalle. A la lumière du soleil, le marbre, brillant de tous feux, leur paraissait bien plus beau que dans l’obscurité. Une telle splendeur valait toutes les morts de la nuit... Conscient qu’il était plus sûr pour lui et ses camarades de se séparer, le jeune chef des voleurs décida de former deux groupes. Le premier descendit vers un village, plus bas au sud, qu’ils pouvaient apercevoir au loin. Le second se dirigea vers une plus grande ville, située à l’est de leur position. Nul ne sait ce qu’il advint du troisième fragment, et jamais la position de la forteresse ne fut révélée.
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Toujours est-il que les cinq voleurs partis vers le village au début de la nuit, ainsi que leur jeune chef, l’atteignirent au milieu du jour. Lorsqu’ils pénétrèrent sur la place centrale du village, elle leur parut bien vide et silencieuse, comme si une maladie mortelle avait décimé la population des environs. Le Soleil étendait ses rayons chaleureux dans la vallée, et que les voleurs, harassés de fatigue et de chaleur, n’étaient plus éloignés de sombrer dans l’inconscience. Alors, des grands cris guerriers surgirent de derrière les bâtisses, tout autour d’eux. De l’ombre, une quarantaine de villageois armés les encercla, un air de fureur inscrit sur le visage. Vaincus d’avance, ils lâchèrent la dalle de marbre posèrent leurs armes au sol. Les villageois les ligotèrent de suite, et les traînèrent au centre de la place centrale du village. Puis ils reprirent leurs activités, indifférents au sort des voleurs, qui restèrent saucissonnés là toute la journée. Torturés de longues heures le soir même, les voleurs racontèrent leurs méfaits en détail, de la manière dont ils furent transmis génération après génération. Condamnés à morts, l’ultime vision des voleurs fut celle d’un convoi mystérieux, dont le contenu scintilla sous le dernier rayon de soleil de la journée. Puis ils furent exécutés, et leurs corps rejetés à la rivière, sans cérémonie supplémentaire.
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L’histoire aurait pu s’arrêter là, si le célèbre Daïal Pied-Rapide, qui parcourut ce monde de long, de large et de travers, n’avait pas existé. Grâce à lui, nous savons où se cachait, et où peut-être se cache encore, un fragment de la Prophétie. Ainsi, du sujet qui nous concerne, son journal relate ceci :
23 mars de l’Année 1102
 « Les villageois ont été fort sympathiques, mais je ne peut m’empêcher de repenser à ce qu’ils m’ont interdit de faire. Ils m’ont raconté la légende de la Prophétie brisée, bien connue de nos bardes impériaux, et m’ont même permis d’aller visiter les ruines de la forteresse où la fameuse dalle de marbre fût enfermée. Mais ils m’ont formellement interdit de porter mes pas vers le sud. Du moins, comme ils le déclarèrent eux-mêmes, si je ne souhaitais pas mourir tragiquement. Enfin, je crois que la curiosité sera trop forte. Quant au nom du village, ils n’ont hélas pas voulut me le dire. Bien heureusement, j’eus l’occasion dans ma jeunesse d’apprendre à séduire les femmes. L’une d’elle, que je rendis sûrement un peu amoureuse, m’a donné le nom de ce petit hameau : Collace. J’en ai donc déduit que la forteresse où fut gardée la Prophétie était celle du Grand Guerrier Hamïal.
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Définitivement, je vais me rendre vers le sud. Tant pis pour les interdictions des villageois. Si c’est là que fut caché l’un des fragments, alors c’est là que je dois chercher. »
24 mars de l’Année 1102
« Je pénètre dans un bosquet d’arbre, peu étendu, formé par le regroupement près d’un cours d’eau de plusieurs essences végétales épineuses et feuillues. Assez hétéroclite, ce mélange peu commun d’arbres d’espèces très différentes aurait sûrement fait plaisir aux elfes, nos anciens alliés disparus. Un ruisseau, qui prend visiblement sa source au pied des végétaux du bosquet, serpente dans les plaines, vers l’est. Son lit est plus large que le cours de son eau, ce qui signifie qu’il doit être environ deux fois plus large lors de la saison des pluies. Il faudra que je visite et questionne les paysans du coin, si mes recherches n’aboutissent pas ici. Une fois sous le couvert de la cime verdoyante des arbres, je découvre en son centre un amoncellement de roches basaltiques, formant une petite caverne, d’où jaillit le fin ruisseau. L’entrée de cette grotte est formée de deux énormes rochers, jaillissant à la perpendiculaire, sur lesquels repose une troisième roche, plate, servant de couvre-chef à l’ensemble.
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Très honnêtement, le tout ressemble fortement à un porche, comme les nains seuls savent en faire d’aussi majestueux et imposants.
Il se met soudain à pleuvoir, et je vais m’abriter dans la grotte en attendant que les cieux se calment. La caverne est plus profonde qu’elle ne le laisse imaginer de prime abord. La cavité s’enfonce sous terre bien plus loin que mon regard, rapidement stoppé par les ténèbres. J’entends le clapotis doucereux de l’eau qui ruisselle tranquillement à mon côté. J’avance en tâtonnant dans l’obscurité envahissante, attiré par un point lumineux devant moi, alors qu’au dehors la pluie se déchaîne. Je descends ainsi sur une bonne centaine de mètres, suivant l’unique chemin qui m’est offert. La pente est douce, la hauteur me permet de tenir aisément debout, mais je ne peux m’empêcher de m’interroger sur la façon dont remonte l’eau. Ce doit être un puissant enchantement ou quelque autre sorcellerie dans le genre, car je n’ai encore jamais vu de torrents remonter les montagnes! Et les Dieux me sont témoins que j’ai pourtant vu un nombre immesurable de torrents ! Perdu dans mes pensées, fatigué par ma journée de marche, je m’assieds un peu dans l’ombre. Je prends bien garde à ne pas mouiller mes vêtements dans le
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ruisseau, dont l’eau sans doute glacée m’aurait gelé sur place, puis sort une cuisse de poulet de ma besace. Elle m’avait été gentiment offerte par un villageois, cadeau prétexte lui permettant de me prier instamment de détourner mon chemin. Mon repas terminé, j’adosse ma tête sur la paroi froide et réfléchis à ce que j’ai appris ces derniers temps. Ayant fait de l’ordre dans mes idées, je me relève, pris d’une vigueur nouvelle, plus désireux que jamais de découvrir l’origine de cette lumière, sur laquelle je porte maintenant mon regard.
Plusieurs dizaines de minutes ont du passer, et il ne me reste plus que quelques mètres à parcourir. Alors enfin je saurais ce qui se cache derrière cette vive lueur ! En quelques minutes, c’est chose faite, et je reste alors ébahi devant le spectacle qui m’attend. Une immense caverne, creusée dans la roche, s’étend devant moi. Elle est traversée par le ruisseau, ici jusqu’à cinq fois plus large qu’à la surface au moins. Mes yeux, encore habitués à l’obscurité, sont éblouis, et ont peine à regarder vers le haut plafond de cette cavité gigantesque, en quête de l’origine intrigante de cette lumière. Je patiente quelques minutes, impatient, et une fois mes yeux habitués à la quantité de lumière, je les relève vers le sommet de cette imposante caverne. Un trou, ou un puits, je ne puis dire, est percé dans la roche,
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