T’es qu’une ordure
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T’es qu’une ordure

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Description

Il était une fois, Elle a commencé comme ça cette histoire, dans le passé, sans me prévenir. On m’avait demandé de la poursuivre au présent, on m’avait supplié de jouer les prophètes, on m’avait dit : « t’en fais, tu vas voir, ça va aller ! » alors j’ai parlé au futur sans même savoir conjuguer. Tu as fini par réapparaître. J'ai ouvert la porte, tu m’as lancé un regard craintif, tu voulais voir la certitude dans mes yeux. Tu souhaitais que je sois sûr de moi, j’étais déterminé. Tu as aperçu mon sourire et t’es entrée, rassurée. T’as posé tes affaires, remis en place notre photo, tes bibelots puis t’as disparu dans la salle de bain. C’était ce dont j’avais rêvé non ? On était si bien, on s’amusait, on était enfin heureux. Bon parfois, on se tailladait gentiment, mais plus par adrénaline, histoire de se sentir vivre un peu. Puis un jour, une nuit plutôt, oui une nuit, j’ai fait un cauchemar. On escaladait la plus haute des falaises, je t’ai vu dégringoler, je t’ai tendu la main et tu l’as prise, juste à temps. À ce moment-là, j’ai tout ressenti, tout saisi. Je croyais que tout ça, c’était fait pour moi, mais à ce moment, en cet instant précis où je te retenais, où tu étais à deux doigts de rejoindre le néant, j’ai pigé que je ne serai jamais prêt, que j’étais voué à l’échec. Foutue machine enrayée. Je ne suis rien d’autre et je dois l’accepter.

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Publié le 30 septembre 2013
Nombre de lectures 85
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Il était une fois,
Elle a commencé comme ça cette histoire, dans le passé, sans me prévenir. On m’avait demandé de la poursuivre
au présent, on m’avait supplié de jouer les prophètes, on m’avait dit : « t’en fais, tu vas voir, ça va aller ! » alors j’ai
parlé au futur sans même savoir conjuguer.
Tu as fini par réapparaître. J'ai ouvert la porte, tu m’as lancé un regard craintif, tu voulais voir la certitude dans mes
yeux. Tu souhaitais que je sois sûr de moi, j’étais déterminé. Tu as aperçu mon sourire et t’es entrée, rassurée. T’as
posé tes affaires, remis en place notre photo, tes bibelots puis t’as disparu dans la salle de bain. C’était ce dont
j’avais rêvé non ?
On était si bien, on s’amusait, on était enfin heureux. Bon parfois, on se tailladait gentiment, mais plus par adrénaline,
histoire de se sentir vivre un peu. Puis un jour, une nuit plutôt, oui une nuit, j’ai fait un cauchemar. On escaladait la
plus haute des falaises, je t’ai vu dégringoler, je t’ai tendu la main et tu l’as prise, juste à temps. À ce moment-là, j’ai
tout ressenti, tout saisi. Je croyais que tout ça, c’était fait pour moi, mais à ce moment, en cet instant précis où je te
retenais, où tu étais à deux doigts de rejoindre le néant, j’ai pigé que je ne serai jamais prêt, que j’étais voué à
l’échec. Foutue machine enrayée.
Je ne suis rien d’autre et je dois l’accepter. Au moment où je pense enfin être comblé, quand j’imagine avoir trouvé
chaussure à mon pied, cette pute qu’on appelle Doute, débarque de nulle part, juste comme ça, sans prévenir. Elle
s'assoit pile en face de moi et me dévisage de ses yeux de traînée. Elle attend sans bouger, me matte fuir comme un
lâche. Je finis par me vautrer, elle jouit. Je me relève, titubant comment une merde, continuant d'avancer, tant bien
que mal, elle reste immobile. Elle sait déjà qu’elle me retrouvera.
Je finirai par prendre de peur et je te laisserai pour une autre. Tu sais, le plus ridicule, c’est que lorsque je flânerai
avec celle qui te remplacera, je resongerai peut être à toi. Je te regretterai comme jamais, je voudrai t’écrire, te
revoir, t'embrasser. Je te rêverai, fantasmerai sur ton corps, tes baisers, tes mains. Sur tout ce qui veut dire toi.
Ou peut-être pas finalement. Je suis gourmand après tout.
Je pourrai tout aussi penser à toutes celles qui étaient là avant toi et que je n’ai plus maintenant. Perdu en plein
désert, entouré de mirages. Je me dirai que ça vaudrait le coup de retenter avec celle-ci ou celle-là, avant de
comprendre pourquoi j'avais fui. Je te voudrai à nouveau, tu comprends ? Je te désirerai ardemment jusqu’à ce que
tu sois mienne, puis je te fuirai à nouveau, comme un couard.
J'en rencontrerai une autre et tout se répétera telle une boucle folle. Ce sera la même rengaine qu’avec toi. Au début,
je l’embrasserai a plein bras, on fera l’amour avec rage, contre le mur, sur la table, sur le sofa. N’importe où pourvu
qu’on le fasse encore et toujours. On sentira nos corps chauds s’effleurer, nos baisers seront passion, envie et
appétence. On s’enivra de nos caresses, nos moments seront uniques, magiques et féeriques. On rigolera, on se
chamaillera, puis elle finira par s’endormir contre mon torse, comme tu le fais si souvent. Elle se réveillera avec le
sourire. Elle sera heureuse que je sois avec elle et moi, con je suis, je m’apercevrai que je ne le suis pas
vraiment. Je comprendrai qu’une fois de plus, cette attirance folle était finalement banale, que j’ai cru voir du feu ou
y’avait glace, crû à l’amour, quand ce n’était qu’indifférence.Elle aura beau se demander, mais bordel, qu’est-ce que j’ai raté ? Mais elle n’aura rien à se reprocher, tout comme
toi d'ailleurs. Le raté, c’est moi. Un homme vivant dans la profusion, dans la surconsommation de tout ce qui
l’entoure, ne sachant se satisfaire de ce qu’il a, un glouton continuellement à table, les couverts dans les mains. J’ai
beau tout avoir devant moi, j’en voudrai toujours plus. On pourra m’insulter, me dire que je suis un enfant gâté, un
mioche qui ne sait pas ce qu’il veut, un homme à femmes ou que j’ai les yeux plus gros que le chibre, mais ces gens-
là n’auront rien compris. Ce n’est pas une histoire de sexe, c’est une question d’idéal.
Doute, tout serait plus simple sans elle. Je voudrai tellement pouvoir la buter une bonne fois pour toutes.
J’avais toujours ta main dans la mienne, cela dit, je sentais qu’elle devenait un peu plus moite. À ton regard, tu
semblais te demander pourquoi je ne t’aidais pas à remonter. C’est que tu comprends, j’avais toutes ces images qui
défilaient, un kaléidoscope d’images échevelées, totalement incontrôlées.
Il était une fois, on était trois.
J’étais parvenu à partiellement chasser mes démons. Moi, père, je te jure, c’était dingue, édénique. J’ai vu ce petit
garçon sur mes genoux, je l’ai pris dans mes bras, il sentait si bon, il avait cette odeur qu’on les enfants qui viennent
de naître. Je l’ai humée de toutes mes forces. Je l’ai fait sauter. Il riait, il avait ton sourire, mais il avait mes yeux. On
était dans un salon, joliment décoré. Tu te tenais près de la porte. J’ai remarqué que tu nous regardais, tu étais
resplendissante d’amour. Tes cheveux étaient d'un blond pur totalement fantasque, tes yeux étaient bleu vif. J’avais
l’air heureux, mais ça n’était pas le cas. Je savais que tôt ou tard, je reverrais l'autre traînée. Elle me retournera le
cerveau. Le placebo ne fera plus effet. J’étais déjà rongé par la culpabilité d'actes que je n'avais pas encore commis,
condamné à te mentir, à fuir ou te tromper.
Tu sais, le plus dur n’est pas d’être un salaud, mais de réussir à vivre en l’étant.
Au début on se dit qu’on ne pourra jamais se regarder dans une glace, que ce sera insupportable et puis on finit par
supporter. La faculté de l'homme à s’adapter aux actes les plus dégueulasses défie la raison. T’imagines, je m’étais
habitué à cette vie, au fait d’être cette ordure égoïste et sans scrupule. Je n’aspire pas être ce père qui trompera son
monde. Je ne veux pas que ce petit bout de chou termine sans moi. On sait déjà que ça finira mal, on n’a pas besoin
de cette tragédie n’est-ce pas ? Je n’ai pas envie de tout reprendre à zéro avec une autre femme, avoir de nouveaux
gosses et faire comme si le nôtre n’avait jamais existé. Qui s’occupera de lui, qui le fera sauter, comme je le faisais ?
Non c’est hors de question. Je suffoquerais qu’il ait le sentiment de n’être rien, de n’appartenir à personne. Qu’il se
dise que l’une des personnes qui aient tant voulu le voir sur cette putain de terre ait fini par effacer l’ardoise et tout
recommencer sans lui.
Je t’ai encore regardé flotter dans le vide pendant un bon moment. Tu semblais avoir compris. Tes yeux étaient
incroyablement affligeants. Des larmes neurasthéniques perlaient le long de ta joue. J’aurais aimé être à ta place, tu
sais ? Pouvoir, moi aussi brandiller au gré du vent...
J’ai lâché ta main.

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