De l Africa latino-chrétienne à l Ifriqiya arabo-musulmane : questions de toponymie - article ; n°3 ; vol.130, pg 530-549
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De l'Africa latino-chrétienne à l'Ifriqiya arabo-musulmane : questions de toponymie - article ; n°3 ; vol.130, pg 530-549

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1986 - Volume 130 - Numéro 3 - Pages 530-549
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 82
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Azedine Beschaouch
De l'Africa latino-chrétienne à l'Ifriqiya arabo-musulmane :
questions de toponymie
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 130e année, N. 3, 1986. pp. 530-
549.
Citer ce document / Cite this document :
Beschaouch Azedine. De l'Africa latino-chrétienne à l'Ifriqiya arabo-musulmane : questions de toponymie. In: Comptes-rendus
des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 130e année, N. 3, 1986. pp. 530-549.
doi : 10.3406/crai.1986.14420
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1986_num_130_3_14420COMMUNICATION
de l'africa latino-chrétienne
À iJlFRIQIYA ARABO-MUSULMANE :
QUESTIONS DE TOPONYMIE,
PAR M. AZEDINE BESCHAOUCH
L'Académie, comme personne autre en cette matière, le sait bien :
notre Maghreb d'aujourd'hui, Occident de la communauté arabe et
du monde musulman, garde, non seulement dans ses paysages, mais
encore parmi les composantes de sa vie quotidienne, des traces
stables, et par chance déchiffrables, de son appartenance à l'univers
de la latinité antique.
En confrontant les informations que nous rapportent certaines
inscriptions latines de Tunisie, la prosopographie de l'Afriquu
chrétienne, quelques chroniques ou bien des annales religieuses ou
littéraires de Ylfrïqiya, et aussi tel récit de voyageur arabe de
début du xive siècle, je voudrais présenter des exemples qui illustrent
cette réalité d'histoire culturelle. Je les ai choisis dans la toponymie
tunisienne, assuré par la sollicitude constante de M. Jacques Heurgon1
et l'obligeante attention de M. Charles Pellat2 de ne fonder mes
remarques philologiques que sur les certitudes que permet une
interprétation précise des témoignages.
I. — D'ucres à UqraS
Dans la région de Tunis, du côté de la basse vallée de la Majrada/
Medjerda (l'antique Bagrada), on a copié, il y a un siècle et demi, le
texte3 d'une dédicace à Septime Sévère, faite en 193 par une cité
pérégrine dénommée VCRES (fig. 1) :
1. Bis repetita placent. Les lecteurs des CRAI savent, depuis de longues
années, une part de ce que je dois à la sollicitude et au patronage de M. Jacques
Heurgon. Ils comprendront mon plaisir à mettre en exergue l'expression de ma
vive et affectueuse reconnaissance...
2. Qu'il me soit permis de faire remarquer que le patronage de M. Charles
Pellat — qui m'honore — ne s'explique pas seulement par sa science des questions
arabes et maghrébines. Ayant été mon professeur à l'Institut d'Études islamiques
de la Sorbonne, il a bien voulu en garder le souvenir, s'intéresser à mes recherches
toponymiques et me faire profiter de ses précieux conseils. Il m'est agréable de
lui exprimer, de nouveau, ma profonde gratitude.
3. CIL, VIII, 1170. La pierre inscrite, repérée par le voyageur anglais Gren-
ville T. Temple, en 1837, et signalée dans l'ouvrage qu'il publia en collaboration
avec le célèbre explorateur de Carthage, le consul danois C. T. Falbe ( = Relation QUESTIONS DE TOPONYMIE TUNISIENNE 531
(Musée national de Copenhague — Département du Proche-Orient
et de l'Antiquité classique — Nég. n° I) 315)
Fig. 1. — Mention, en 193, de la Civitas YCRES (= CIL, VIII, 1170).
1986 35 V
1
DE LES LA GRANDS RÉGION 01 CARREFOURS
, Si'. \K4JS tfc «fc, Mi »>&«t^A
Fia. 2. QUESTIONS DE TOPONYMIE TUNISIENNE 533
«[Imp(eratori) Caes(ari)/L(ucio) Septimio S]/eve/[ro Pert]/inaci
Aug(usto)/, [pont]if(ici) max(imo), trib(unicia)/[pot]est(ate), cos-
(uli) des(ignato) II, p(atri) p(atriae),/[ci]vitas Vcres d(ecreto)
d(ecurionum),/ p(ecunia) (publica),fecitetdedic(avit)anno/ Corneli
Anullini procos(ulis)/ c(larissimi) v(iri) et Valeri Festi leg(ati)-
eius. »
« A l'empereur César Lucius Septime Sévère, Pertinax, Auguste,
grand pontife, revêtu de la puissance tribunicienne, consul désigné
pour la seconde fois, père de la patrie ; la cité (pérégrine) d'Ucres,
en vertu d'un décret municipal et aux frais du trésor de la commune,
a fait construire (cet ouvrage) et (le lui) a dédié, en l'année du
proconsul (d'Afrique) Cornélius Anullinus, personnage de rang
clarissime, et de Valerius Festus, son légat. »
Cette pierre inscrite, aujourd'hui exposée parmi les collections
du Musée national de Copenhague, est le seul document dont on
dispose pour localiser au lieu-dit Borj Bou Jâdi, non loin de Thuburbo
minus (l'actuelle Tébourba), la civitas Vcres (fig. 2 : carte).
Grâce à une autre pierre, provenant de Rome4, nous apprenons
que cette ville était, au tout début du ve siècle, le siège d'un évêché.
Les « Actes de la Conférence de Carthage en 411 » le confirment5,
puisqu'ils mentionnent l'évêque donatiste qui la représentait :
Vitalis, sans lui donner cependant de compétiteur catholique. Pour
leur part, les Actes du concile réuni à Carthage en 419 nous font
connaître6 le nom de l'évêque catholique d' Vcres, présent à la pre
mière, puis à la seconde session de ce concile : c'était Quodvultdeus7 .
Enfin, il semble assuré, d'après les états de l'Église d'Afrique en
l'an 484, que l'évêque catholique Exitiosus, qui se trouvait, à cette
date, exilé en Corse8, fût bien celui d' Vcres9.
En raison du silence des textes après le ve siècle et de l'absence de
fouilles archéologiques sur le site de Borj Bou Jâdi, l'on pense, géné
ralement, que la ville romaine a disparu, vers la fin de l'Antiquité10.
d'une excursion de Bône à Guelma et à Constantine, Paris, 1838, p. 35), a été
transportée au Danemark : cf. CIL, VIII, p. 931, xliii. Je l'ai, récemment,
retrouvée parmi les collections du Musée national de Copenhague, où elle figure
sous le n° d'inventaire ABb 150.
4. I.C.V.R., n.s., II, 4499 (= Diehl, I.L.C.V., 2144) ; cf. A. Mandouze, Proso-
pographie de l'Afrique chrétienne (303-533), Paris, 1982, p. 1161, s.v. Victor 22.
5. Gesta conlationis Carthaginiensis, I, 207, 1. 141, dans Corpus Christianorum,
ser. lat., CXLIX A (éd. S. Lancel), 1974, p. 154.
6. Concilia Africae (A. 345-A. 525), dans Corpus Christianorum, ser. lot.,
CXLIX (éd. C. Munier), 1974, p. 150, 152, 154 ; 229 et 234.
7. Cf. A. Mandouze, Prosopographie, p. 952, s.v. Quodvultdeus 13.
8. Notitia provinciarum et civitatum Africae anno 484, dans C.S.E.L., 7, p. 118 1
Proc, 26.
9. Verensis est une graphie sans doute fautive pour Vcrensis : cf. A. Mandouze,
Prosopographie, p. 379, s.v. Exitiosus 3.
10. De façon générale, il y a là un vaste champ d'étude, en raison surtout des
coupures, le plus souvent illusoires, introduites dans l'histoire et la topographie COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 534
Pourtant, tel n'est pas le cas.
Un célèbre recueil maghrébin de notices biographiques, les
Tabaqât11 — « Classes des savants de VIfriqiya » (son auteur, Abù-1-
'Arab, un descendant d'une grande famille de Kairouan, est mort
en 333 de l'Hégire — en 944/945) nous présente, dans ses dernières
pages consacrées aux savants de la ville de Tunis, un personnage
dénommé Hisâm ben al-Halil12, dont l'origine et l'époque sont fort
précieuses pour notre propos. L'identification de ses maîtres13 et
de ses disciples14 en sciences religieuses nous assure, en effet, qu'il
vivait encore vers 200 de l'Hégire, c'est-à-dire autour de l'année 816.
Mais surtout son biographe précise qu' « il est originaire d'une
localité de la campagne de Tunis qui s'appelle Uqras. »15 II s'agit,
bien évidemment, de notre antique VCRES et il n'est pas douteux
que ce toponyme était encore en usage au ixe siècle, sous l'Emirat
aghlabide.
II. — Le nom de Membressa a persisté jusqu'au xixe siècle.
Avec les historiens de la Seconde Guerre mondiale, les gens qui,
en Tunisie et en France, ont survécu aux malheurs de ces années
des villes de l'Afrique mineure, entre l'Antiquité romano-byzantine et la pre
mière période arabo- musulmane (vne-xie siècles).
Sur cette question, voir les approches lumineuses de notre ami P. A. Février,
Permanence et héritage de l'Antiquité dans la topographie des villes de l'Occident
durant le haut Moyen Âge, dans Topografla urbana e vita cittad

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