Ministère Italien de l’Enseignement Public (Ministère de l’Instruction)Commission sur laLangueInternationale (appelée espéranto) Décrert interministériel - 29 avril / 5 octobre 1993ETUDE * Rome,le 22 décembre 1993* Publié au Bolletinno Ufficiale del Ministero della Publica Istruzione, (Bulletin Officiel de l’Enseignement Public), n° 21-22, 25 mai - 1er juin 1995, pp 7-43.R é s u m éINTRODUCTION1. LA LANGUE INTERNATIONALE 1.1. Les reconnaissances officielles 1.2. La langue internationale comme enseignement d’orientation aux langues 1.2.1. Quelques expériences pédagogiques 1.3. Conclusions2. LES PROPOSITIONSBIBLIOGRAPHIEINTRODUCTIONLes données sur l’enseignement des langues étrangères, comme son introduction récente dans les écoles élémentaires, démontrent que cet enseignement risque de devenir tout simplement l’enseignement / l’étude de la langue anglaise. Comme on peut le remarquer dans la rapport “Iniziative di monitoraggio sulla riforma della scuola elementare” (Initiatives de pilotage dans la réforme de l’enseignement élémentaire) émanant du Ministère de l’Enseignement italien (p.6), 73% des classes, dans lesquelles a été mis en route l’ensei-gnement de la deuxième langue, ont opté pour l’anglais.Les artifices mis en oeuvre pour éviter cette prise en compte réductrice et dangereuse de ...
Lesartificesmisenoeuvrepourévitercettepriseencompteréductriceetdangereusedel’enseignement/ l’étude des langues étrangères n’ont pas servi à grand chose. Sans parler des problèmes difficilement solublesconcernantl’emploidesprofesseursd’autreslangues,ilenrésultequ’onobserve: -Unedénaturationdel’accèshumanisteetculturel,enfonctiondesinclinationsdechacun,àl’étuded’unelangueétrangère(lequelimpliquel’initiationauxcoutumes,auxmoeurs,àlacultured’unpeuple),sousle prétextedela“nécessité”d’apprendrecettelanguelàetpasuneautre. -La méconnaissance et la négation de fait des principes directeurs du plurilinguisme de la Communauté Européenne;principesqui,àl’évidence,vulafaçondontilssontactuellementsuivis,favorisentunmono-linguisme et particulièrement le monolinguisme anglophone. Par ailleurs, l’étude poussée de plusieurs langues étangères ne garantit pas la communicatin internationale de tout individu avec tous; alors qu’au contraire cela devrait être assuré comme un droit de tout citoyen européen à sa sortie de l’école obliga-toire. -Unesérieusemiseendangerd’extinction,commerésultantedumonolinguisme,delalanguematernelleelle-même.Eneffetunelanguesetrouveplacéeenconditiond’extinctiondèsl’instantoù,danslesécoles élémentairesdupeuplequilaparle,onfavorisel’enseignementd’unelangueétrangère,sousl’argumentquelalanguequiestetquiresteravalableestl’anglais,àl’exclusiondetouteautreycomprislalanguenationaleelle-même.Danscesconditions,l’anglaisnepeutquedominerlalanguenationaleetparcon-séquent accéder au rang de première langue. De fait, entre une langue en pleine ascension, présentée commelangueduprésentetdufutur,etunelangueendécadence,présentéecommelanguedupassé,c’estforcéméntlapremièrequisortiravictorieuse.
Sansallerjusqu’àuntelnombre,sansqu’ilsoitbesoinderechercheapprofondie,onpeuténumérerune centainedelangues.Lalistequisuitestpluscourte,carellenevaquejusqu’à1914,maiselleattestedéjà l’intense activité de création de langues entre 1879 - date de l’invention du “Volapük” - et 1914. Dans le détail, en l’espace des 14 premières années de ce siècle, on dénombre dans la liste, certainement très imcomplètequisuit,plusdedeuxlangueschaqueannée: 1858, Cosmogossa ; 1868, Universalglot ; 1879, Volapük ; 1883, Weltsprache ; 1887, Balta ; 1887, Lingvo
Maisencored’autreslangues,d’origineethniquenaturelle,etentantquephénomènessociaux,quandlebesoin s’en faisait sentir, ont subi une formation planifiée et, dans une certaine mesure, artificielle: l’in-donésien,lenorvégienofficieletl’hébreu-lalangued’Israël-;maisencoredeslanguescommel’allemandlittéraire,l’italien,lesouahéli,etaussilefrançaisetl’anglais,àcertainsmomentsdeleurhistoireaucours dessiècles,sesontformésdemanièreartificielle.
Ilestintéressantd’observerquel’idéede“LinguaUniversalis” afaitsonapparitionaumomenthistoriquedeladécadencedulatincommelanguevéhiculairedeséliteseuropéennes,etqu’elles’estincarnéedansde nombreuxprojetsenunautremomenthistorique,quandlefrançais-quiavaitprislaplacedulatin-commençaitlui-mêmesadécadencedanscemêmerôle.Danslesdeuxcas,onnotecettedémarcheversune solutionradicaledesproblèmesdelacommunicationinternationale,etdansledeuxièmecasondiscerneun lien étroit entre l’apparition du “phénomène espéranto” et des états-nations: l’idée même de langue internationaleapparaîtcommeuneréponseàladivisiondel’Europeennations(etenlangues).
Autreremarque:ilsemblequelenombredelanguesconstruitesaugmented’autantplusqu’ons’approche de la première guerre mondiale, comme si les projets s’étaient efforçés de détourner la catastrophe qui s’annonçaitàl’horizonpolitique.
C’esten1887 queZamenhof,quiestnéen1859,publiesonpremierpetitlivresurcequ’ilappelle“ Lingvo Internacia” : le mot Doktoro Esperanto est le pseudonyme qu’il prend pour signer son texte. Deux ans plustardapparaîtlapremièrerevue “LaEsperantisto” ;en1894Zamenhofpublieundictionnaire,puisun recueild’exercices,etfinalement,en1905,apparaîtle “FundamentodeEsperanto” ,untextequirésume