Juifs et Judaïsants dans l Afrique romaine. Remarques onomastiques - article ; n°1 ; vol.17, pg 209-229
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Description

Antiquités africaines - Année 1981 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 209-229
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 77
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Yann Le Bohec
Juifs et Judaïsants dans l'Afrique romaine. Remarques
onomastiques
In: Antiquités africaines, 17,1981. pp. 209-229.
Citer ce document / Cite this document :
Le Bohec Yann. Juifs et Judaïsants dans l'Afrique romaine. Remarques onomastiques. In: Antiquités africaines, 17,1981. pp.
209-229.
doi : 10.3406/antaf.1981.1078
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/antaf_0066-4871_1981_num_17_1_1078Antiquités africaines
t. 17, 1981, p. 209-229
JUIFS ET JUDAISANTS DANS L'AFRIQUE ROMAINE
REMARQUES ONOMASTIQUES*
par
Yann LE BOHEC
II ne saurait être question de faire ici un travail analogue à ceux d'H.-G. Pflaum sur Cirta et Castellum
Celtianum 1 ou de M.R. Etienne sur Pompéi 2 : la chronologie est difficile à établir (souvent nous n'avons
que la seule paléographie) ; il n'y a pas assez de noms, et leur nombre total, c'est-à-dire le total de la
population juive, est impossible à déterminer. Aussi ne peut-on faire une étude de romanisation ; il convient
donc de s'imposer des buts plus modestes.
Pourtant, certains spécialistes ont fait quelques remarques concernant l'origine, la culture, la vie
religieuse et le rang social des Juifs d'Afrique d'après leurs noms ; et surtout, ces spécialistes se sont montrés
* Abréviations utilisées.
Bechtel, P. = Bechtel (F.), Die historischen Personnamen der Griech. b.z. Kaiserzeit, 1917, 1964, XVI - 637 p.
Cooke, N.S. = Cooke (G.A.), A Text-Book of North Semitic Inscriptions, 1903.
De Vit, L. = de Vit (V.), Totius latinitatis lexicon.
De Vit, O. = de Vit (V.), Totius onomasticon, 1858-1887, 4 vol.
/./. Afr. = Le Bohec (Y.), Inscriptions juives et judaïsantes de Γ Afrique romaine.
Kajanto, C. = Kajanto (1.), The Latin Cognomina, 1965, 418 p. 5. = (I.), Supemomina, 1967, 115 p.
Noth, P. = Noth (M.), Die Israelitischen Personnamen... 1928.
Ryckmans, S.S. = Ryckmans (G.), Les noms propres sud-sémitiques, 3 vol., 1934.
Solin, E. = Solin (H.), Beiträge zur griechische Eigennamen in Rom.
Th.L.L. = Thesaurus Linguae Latinae.
Thieung, H. — Thieung (W.), Der Hellenismus in Kleinafrika, 1911 et 1964.
Turner, A. = Turner (N.), An Index to Aquila. Vetus Testamentum, suppl. 12, 1966, XII - 331 p.
1 Pflaum (H.-G.), Remarques sur l'Onomastique de Castellum Celtianum, Rom. Forschung in Niederösterreich, III,
1956, p. 126-151 ; Remarques sur l'onomastique de Cirta, Limes-Studien, 1958, p. 96-133. L'Afrique romaine, 1978, p. 87-112
et 161-198.
2 Etienne (Κ.), La dénomination latine d'après les inscriptions électorales de Pompéi. Acta of the Vth International
Congress of Greek and Latin Epigraphy, 1971, p. 229-234. 210 Y. LE BOHEC
en désaccord : P. Monceaux 1 avait bien vu l'appartenance bourgeoise d'une minorité, minorité qui
était soumise aux influences culturelles du milieu africain. En 1967, M.E. Frézouls 2 a insisté sur ce dernier
aspect. Il y a néanmoins deux points sur lesquels P. Monceaux a été critiqué : à partir de quelques noms
nouveaux, le P.J. Ferron 3 a cru pouvoir nier l'origine orientale de ces Juifs, qui ne seraient que «des
Berbères judaïsés», et les différences régionales soulignées par l'illustre savant.
Ce débat mérite d'être repris. Cela est possible car nous avons un milieu homogène, — Juifs
et Judaïsants — , et une documentation homogène également, assez largement populaire et tardive, pour
autant qu'on puisse le savoir. En outre, il est possible de comparer nos résultats avec ceux d'autres sources,
archéologiques et littéraires notamment. Cela a paru utile car de nouveaux noms ont été connus depuis
la trentaine que possédait P. Monceaux, et la science onomastique a fait de notables progrès depuis lors 4.
Il ne peut donc s'agir d'une étude de romanisation dans les limites d'une cité, mais de l'examen d'un
groupe social à travers un échantillon.
La logique commande d'abord de faire une liste des personnes considérées. Quelques-unes nous sont
connues par des sources littéraires. Nous laissons de côté trois personnages 5 : Glaphyra, l'éphémère
épouse de Juba II, la fille du roi de Cappadoce, que sa position sociale et historique met à part ; le poète
Commodien, dont on avait supposé qu'il était un Judaïsant déçu, ce qui expliquerait sa haine des Juifs
(cet argument ne semble pas décisif) ; enfin, la célèbre Kahenna, héroïne berbère dont on a écrit qu'elle
aurait professé la foi juive 6, car, outre l'élément légendaire de ce récit, il faut tenir compte du fait que
son nom nous a été livré arabisé, et du fait qu'elle est trop tardive pour notre enquête. Il nous reste ici
neuf noms : le premier est celui d'un évêque judaïsant condamné par s. Augustin 7, Aptus ; le second,
celui du chef d'une synagogue 8 ; le troisième, celui d'un roi berbère de l'Aurès — et ceci n'est pas sans
faire penser à la Kahenna — cité par Procope 9 et dont le nom, Judas, avait été mal lu jusqu'à ce que
C. Courtois nous le restitue 10 ; les six autres sont des rabbins cités dans le Talmud 11.
1 Monceaux (P.), Les colonies juives dans Γ Afrique romaine, Cah. Tun., t. 18, 1970, p. 18.
2 Frézouls (E.), Une synagogue juive attestée à Volubilis, op. cit. n. 2, p. 209, p. 290-291.
3 Ferron (J.), Un hypogée juif, Cah. Byrsa, t. 6. 1956, p. 117 ; cf Robert (J. et L.), Bull. Epigr. (R.E.G.), 1962, 372.
4 Nous pensons aux travaux de Thylander, I. Kajanto et H. Solin, pour l'essentiel, outre les études d'H.-G. Pflaum et
R. Etienne citées supra n. 1 et 2, p. 209.
5 Sur Glaphyra : Zonaras, Ann., VI, 2 ; Thieling (W.), Der Hellenismus in Kleinafrika, p. 19 et Hirschberg (H.Z.),
A History of the Jews in North Africa, I, 1974, p. 27. Sur Commodien : Monceaux (P.), Histoire littéraire de Γ Afrique chrétienne
III, p. 462.
6 Mercier (E.), R.S.A.C., t. 12, 1868, p. 254 ; Monceaux (P.), Cah. Tunisie, t. 18, 1970, p. 12 ; Hirschberg (H.Z.),
Ouvr. cité, p. 88 sqq. ; sur la Kahenna comme chrétienne : Dufourcq (Ch.-E.), Rev. Hist., t. 240, 1968, p. 299-302 et Occident
et Orient au Xe s., IXe Congrès de la Soc. Médiévistes, 1979, p. 213 et n. 19 ; Talbi (M.), Cah. Tunisie, t. 19, 1971, p. 42-43.
7 S. Augustin, Ep., CXCVI, 16.
8 Acta Marcianae, 4.
9 Procope, Β. V, II, XIII, 16.
10 Courtois (C), Les Vandales et V Afrique, p. 341 et n. 7.
11 Cahen (Α.), Les Juifs de l'Afrique septentrionale, R.S.A.C, t. 11, 1867, p. 113 et n. 1 ; Monceaux (P.), Cah. Tun.,
p. 9 et n. 29 ; Neubauer (Α.), La Géographie du Talmud, 1868, p. 400-418. Voir en outre I.J.Afr., n. 3, p. 165 : Strack
et Billerbeck, et n. 4 : Hirschberg, p. 28 et 48-49. JUIFS ET JUDAÏSANTS DANS L'AFRIQUE ROMAINE 211
Origine Remarque RÉFÉRENCES Nom
— évêque judaïsant ; Aptus Tozeur s. Augustin, Ep., 196, 16
— début Ve s.
Cesaree archisynagogus Acta Marcianae, 4. Budarius
laudas = Judas — roi judaïsant ; Aurès Procope, B.V., II, XIII, 16.
— c. 535.
Carthage — rabbin ; Aba T.J., Demaï, V, 2.
— fin IIIe s.
— rabbin ; Ada Carthage T.B., Berakoth, V, 2.
— fin IIIe s.
— rabbin ; Aha Carthage T.B., Baba Kamma, 114 b.
— fin IIIe s.
— rabbin ; Akiba Afrique T.B., Rosh Hashana, 26 a.
— fin IIIe s.
(Hirschberg, p. 28 : Trajan)
— rabbin ; Hana Carthage T.B., Baba Kamma, 114 b.
— fin IIIe s.
— rabbin ; Isaac Carthage T.B., Berakoth, 29 a & IV, 7.
— fin IIIe s.
Si les textes littéraires nous font connaître neuf noms, les inscriptions sont plus prodigues, puisqu'elles
nous livrent quatre-vingt-seize personnes. Il est inutile de refaire ici la preuve du caractère juif ou judaïsant
des documents considérés, de justifier les dates (celles qui ne sont données qu'en raison de critères paléo
graphiques sont suivies d'un point d'interrogation) : il suffit de renvoyer à l'étude précédente. Cela permet
d'établir une liste de cent six noms.
TABLEAU RÉCAPITULATIF
Nom Origine Date RÉFÉRENCE
Fin IIIe s. 1. Aba Carthage T.J., Demaï, V, 2.
IVe s. Thaenae I.J. Afr., 7. 2. Abedo
Fin IIIe s. 3. Ada Carthage T.B., Berakoth, V, 2.
IVe s. Sirte /./. Afr., 2. 4. Agag
IIIe s. Carthage 5. Άγάπις, υιός Άννιανοΰ /./. Afr., 25.
Νευθηνοΰ
6. ADL ( = Adel) Carthage LJ.Afr., 111.
Fin IIIe s. 7. Aha Carthage T.B., Baba Kamma, 114 b.
Fin IIIe s. (Trajan ?) 8. Akiba Afrique T.B., Rosh Hashana, 26 a. 212 Y. LE BOHEC
Nom Origine Date Référence
9. Alexander Carthage /./. Afr., 38 a.
Fin IVe - début Ve s. 10. Amaronus Naro /./. Afr., 15.
11. Ampliatus Carthage /./. Afr., 37.
12. Αναν Tripoli /./. Afr., 6.
IIIe s. ? Carthage 13. Άννιανος Νευθήνος /./

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