Les limites linguistiques du français d après les travaux récents - article ; n°45 ; vol.9, pg 211-218
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Description

Annales de Géographie - Année 1900 - Volume 9 - Numéro 45 - Pages 211-218
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1900
Nombre de lectures 112
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Lucien Gallois
Les limites linguistiques du français d'après les travaux récents
In: Annales de Géographie. 1900, t. 9, n°45. pp. 211-218.
Citer ce document / Cite this document :
Gallois Lucien. Les limites linguistiques du français d'après les travaux récents. In: Annales de Géographie. 1900, t. 9, n°45. pp.
211-218.
doi : 10.3406/geo.1900.6238
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1900_num_9_45_6238211
II. — GÉOGRAPHIE RÉGIONALE
LES LIMITES LINGUISTIQUES DU FRANÇAIS
d'après les travaux régents
[Premier article)
(Cartes, Pl. III-VIII)
La limite linguistique des idiomes romans et germaniques a été
l'objet, depuis quelques années, de remarquables travaux qui se
complètent l'un l'autre et nous permettent de suivre dans le passé
les variations de cette frontière depuis la mer du Nord jusqu'au Mont
Rose. On trouvera la limite actuelle et, partout où il a été possible
de le faire, les limites antérieures indiquées sur les petites cartes qui
accompagnent cet article (Pl. III à V), d'après MM. Godefroid Kurth
pour la Belgique, Hans Witte pour l'Alsace-Lorraine et J. Zimmerli la Suisse1. Bien que nos autres frontières linguistiques n'aient
pas donné lieu à des études de même ordre ni de même importance,
nous avons pensé qu'il y aurait intérêt à les reproduire également
d'après les documents les plus récents et les plus dignes de créance
(Pl. VI à VIII). Ces six petites cartes permettront de se rendre compte
de l'étendue des régions où le français est en usage. Il va sans dire
qu'il s'agit ici des parlers populaires et non point de la langue savante.
En laissant en dehors Brest ou Dunkerque on ne prétend pas que le
1. G. Kurth, La frontière linguistique en Belgique et dans le Nord de la France
[Mémoires couronnés... Acad. R. Sciences, Lettres et Beaux-Arts de Belgique, collec
tion in-8, XLVI1I, Lettres, vol. I, Bruxelles, 1893; vol. II, 1898). La carte àl : 400 000
a paru en février 1900. — Hans Witte, Dus deutsche Sprachgebiet Lothringens und,
seine Wandelungen von der Feststellung der Sprachgrenze bis zum Ausgang des
■16. Jahrhunderts (Forschungen z. deutschen Landes- und Volkskunde, Vlll, fasc. 6.
Stuttgart, 1894, carte). — Zur Geschichle des Deutschtums im Elsass und im Vo-
gesengebiet (Ibid., X, fasc. 4, 1897, carte). — J. Zimmerli, Die deulsch-franzô-
sische Sprachgrenze in der Schweiz ; I. Teil, Die Sprachgrenze im Jura, in-8, Basel
und Genf, Georg, 1891, carte; II. Teil, Die im Miltellande, in den
Freiburger, Waadtliinder und Berner Alpen, ibid., 1895, carte ; III. Toil, Die Sprach
grenze im Wallis, Ibid., 1899, cartes. 212 GÉOGRAPHIE RÉGIONALE.
français y soit une langue étrangère, mais simplement qu'il ne s'y est
pas introduit de proche en proche : ce sont des îlots d'où l'ancien
idiome a été peu à peu éliminé. On ne pourrait tenir compte de cet
élément français en pays breton ou flamand qu'en dressant des cartes
statistiques, comme on l'a fait pour la Suisse % ; mais cela suppose un
recensement exact de ceux qui parlent l'une ou l'autre langue, recen
sement qui ne se fait pas chez nous et qu'il serait d'ailleurs presque
impossible de mener à bien.
L'étude des frontières linguistiques intéresse àla fois lephilologue,
l'historien et le géographe. En dehors des raisons ethniques ou poli
tiques qui ont attaché une population à tel groupe plutôt qu'à tel
autre, il est aussi des raisons de pure géographie. Ce sont ces causes
géographiques que nous voudrions chercher à dégager pour notre
frontière. Toutefois, avant d'aborder ce sujet, il nous faut rendre
compte des travaux dont nous allons faire usage, indiquer quelle
méthode les inspire et quels en sont les résultats principaux. C'est
l'introduction nécessaire à des considérations plus spéciales.
Il ne suffit pas toujours, pour tracer exactement la limite d'une
langue, d'utiliser les résultats des statistiques quand elles existent.
Si l'on veut constater quelle est vraiment la langue prédominante, il
est presque nécessaire de suivre pas à pas cette frontière. C'est ce
qu'a fait en Suisse Mr Zimmerli, pendant plusieurs campagnes suc
cessives, et il a réuni sur place la plupart des éléments de son travail,
consacré d'ailleurs à l'étude des patois autant qu'à l'histoire. En
Alsace-Lorraine la limite avait été déterminée de la même manière
par Mr C. This, dont Mr Witte n'a eu qu'à utiliser le tracé 2. Pour la
Belgique la frontière était établie avec certitude ; mais Mr Kurth a
fait tant de recherches locales qu'il s'en faut de peu qu'il ne l'ait, lui
aussi, parcourue pas à pas.
Marquer la limite .actuelle ne demande que de l'attention et de la
patience. Savoir si cette frontière s'est déplacée dans un sens ou dans
l'autre est un problème difficile et qui exige de longues recherches.
Il faut d'abord tirer parti des renseignements fournis par l'histoire,
plus rares qu'on ne s'y attendrait, car ces questions de langues, avant
qu'on y ait attaché l'idée de nationalité, n'ont pas toujours préoccupé
1. J. Zemmrigii, Verbreilung und Bewegung der Deutschen in der franzôsischen
Schweiz (Forschungen z. deutschen Landes- und Volkskunde, VIII, fasc. 5, Stuttgart,
1894, carte).
Le t. III de J. Zimmerli reproduit également la carte du Bureau statistique fédé
ral à 1 : 1 050 000 indiquant la proportion des langues parlées dans chaque district,
d'après le recensement de 1888.
2. G. This, Die deulsch-franzôsische Sprachgrenze in Lothringen (Beitrage z.
Landes- und Volkskunde von Elsass-Lothringen, I, fasc. 1, Strassburg, 1887); — Die
deutscti-franzôsische Sprachgrenze in Elsass. (Ibid., fasc. 5, 1888.) LIMITES LINGUISTIQUES DU FRANÇAIS. 213 LES
les contemporains. Il faut ensuite exhumer des Archives tous les docu
ments pouvant jeter quelque jour sur la langue alors en usage, exa
miner les noms qui figurent dans les actes, en prenant garde qu'ils
ont pu être traduits. A ces moyens d'ordre historique, il en est d'autres
empruntés à la toponymie, c'est-à-dire à l'étude des noms de lieux,
qui ont évolué, avant d'être fixés, suivant les mêmes règles que les
différents idiomes, mais qui conservent ordinairement, sous leur
forme la plus ancienne, la marque de leur origine. Cette science
des noms, longtemps considérée comme fantaisiste, a par les
progrès de la philologie acquis la méthode qui lui manquait. Elle
est devenue un instrument de recherche des plus ingénieux, et la
lecture du livre de Mr Kurth suffirait à montrer tout le parti qu'on en
peut tirer1.
Lui-même divise en deux catégories les noms de lieux: ceux qu'il
appelle les noms géographiques proprement dits, remontant en génér
al aux origines mêmes de ťhistoire, et les noms topographiques, les
lieux-dits, qu'enregistre en les déformant si souvent le cadastre.
Ceux-ci n'auraient guère été fixés qu'au xine siècle, à la même époque
que les noms de famille. Ces deux groupes ont chacun leur utilité :
les premiers nous renseignent sur la langue de ceux qui les ont créés,
et nous pouvons retrouver ainsi en Belgique et dans le Nord de la
France plusieurs couches successives de populations superposées:
(Celtes, Gallo-romains, Germains). Les seconds nous indiquent assez
bien où était la limite au moyen âge : c'est un véritable « musée
archéologique » pour les communes rurales.
Tels sont les procédés de recherche qui ont permis d'étudier les
variations de notre frontière linguistique du Nord et de l'Est.
Belgique et Nord de la France. — La limite des langues en Belgique
comprend naturellement deux parties. La limite du wallon et du fl
amand court en général de l'W. à ГЕ. Un peu au delà de la Meuse,
lorsque le wallon prend contact avec l'allemand, elle tourne bru
squement vers le S. On sait que toute la Gaule septentrionale jus
qu'au Rhin fut habitée par des populations celtiques. C'est au celtique
qu'appartiennent les plus anciens noms de cette région, en grande
majorité les noms de rivières. Elle fut ensuite presque entièrement
1. La toponymie, dit Mr Kuivni, date comme science du jour où Jacob Grimm
fit mettre au concours par l'Académie de Berlin la confection d

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