Le trésor monétaire de Breuvery-sur-Coole (Marne) - article ; n°3 ; vol.133, pg 811-823
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1989 - Volume 133 - Numéro 3 - Pages 811-823
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 78
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Michel Dhénin
Le trésor monétaire de Breuvery-sur-Coole (Marne)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 133e année, N. 3, 1989. pp. 811-
823.
Citer ce document / Cite this document :
Dhénin Michel. Le trésor monétaire de Breuvery-sur-Coole (Marne). In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 133e année, N. 3, 1989. pp. 811-823.
doi : 10.3406/crai.1989.14799
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1989_num_133_3_14799COMMUNICATION
LE TRÉSOR MONÉTAIRE DE BREUVERY SUR COOLE (MARNE),
PAR M. MICHEL DHÉNIN
La Bibliothèque nationale, grâce à l'aide de M. Robert Maxwell,
président directeur général de Maxwell Communications, a pu
préempter en vente publique1, à Drouot-Montaigne, le 4 octobre
1989, la totalité du trésor carolingien de Breuvery-sur-Coole2 :
quatorze deniers du vme siècle. Pour être parfaitement exact,
précisons que ce trésor comptait à l'origine 15 deniers ; mais l'un
d'entre eux a disparu au nettoyage.
Le trésor, découvert dans une tombe en 19123, fut publié en 1920
par Emile Schmit4, conservateur honoraire du musée de Châlons-
sur-Marne, avec pour illustration de bons dessins au trait ; il tomba
dans l'oubli5, réapparaissant quarante ans plus tard dans les mains
de M. Etienne Page, expert : M. Jean Lafaurie put l'examiner et le
mouler pour en obtenir des photographies ; il ne put mener à bien son
acquisition par la Bibliothèque nationale. En 1968, parut dans une
revue anglaise un article de M. D. M. Metcalf6, qui reprenait l'illu
stration d'É. Schmit. Après qu'une des pièces ait figuré avec photo
graphie dans une publication suisse en 1977, sous la signature de
1. Cette vente, celle des collections de feu M. Etienne Page, numismate
professionnel (1908-1988), était organisée par MeB A. Ader, R. Ader, J.-L. Picard
et J. Tajan, avec le concours de Mlle, MmeB et MM. les experts J. Vinchon,
F. Berthelot-Vinchon, A. Vinchon, M. Kampmann, C. Kampmann, E. Bourgey
et S. Bourgey.
2. Marne, arrondissement de Châlons-sur-Marne, canton d'Ëcury-sur-Coole.
3. Il s'agissait de la tombe d'un homme de très haute taille, près de 2 m ; le
reste du matériel consistait en un couteau et une pierre à aiguiser rectangulaire
en diorite.
4. Emile Schmit, « Contribution à l'étude de la numismatique carolingienne,
découverte à Breuvery, canton d'Écury-sur-Coole (Marne) », Association fran
çaise pour l'avancement des sciences, comptes rendus de la 44e session, Strasbourg,
1920, p. 596-603.
5. En particulier il ne figure pas dans l'ouvrage de H. H. Vôlckers, Karolin-
gische Munzfunde der Fruhzeit (751-800), Pippin, Karlmann, Karl der Grofie
(I und II Mùnzperiode), Gôttingen, 1965, ni dans le livre de K. F. Morrisson et
H. Grunthal, Carolingian coinage, New York, 1967, ni non plus dans l'article de
P. Grierson, « Money and coinage under Charlemagne », in Karl der Grosse, I,
Dûsseldorf, 1966, p. 501-536. On le trouve dans l'ouvrage de J. Duplessy, Les
trésors monétaires médiévaux et modernes découverts en France, t. I, 751-1223,
Paris, 1985, p. 40, n° 56.
6. D. M. Metcalf, « Pre-reform coins of Charlemagne from the grave-flnd at
Breuvery », The Numismatic Circular, LXXVI, 1968, p. 150-154. 812 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
IMPHY
DIJON
Fia. 1. — Les trésors de la lre partie du règne de Charlemagne. TRÉSOR MONÉTAIRE DE BREUVERY-SUR-COOLE 813 LE
Me Colin Martin7, toutes les monnaies purent enfin être reproduites
photographiquement, dans un article de M. J. Lafaurie, en 19878.
Ce trésor était donc constitué de quinze deniers carolingiens du
vme siècle : ce chiffre peut sembler petit, et pourtant le trésor de
Breuvery-sur-Coole est pour cette période précise, en importance
numérique, le second trésor jamais découvert en France. Les autres
sont au nombre de quatre seulement : le trésor de Chézy-sur-
Marne9 compte trois deniers connus ; le trésor de Dijon, tout récem
ment publié par M. M. Bompaire10, comporte quatre monnaies ; celui
trouvé dans le Jura, qu'étudia M. J. Lafaurie11, en compte sept ;
seul celui d'Imphy (Nièvre), dispersé au xixe siècle12, sort du lot
avec ses cent pièces (fig. 1).
Le trésor de Breuvery-sur-Coole compte onze deniers au nom
de Charles : CAROLVS, et trois deniers au nom de Louis : LVDOV-
VICVS ; le type des pièces de Charles, avec toujours au droit CARO/
LVS en deux lignes (avec la ligature AR, à une exception près, qui
porte CAR /LVS), et leur poids (de 1,09 g à 1,36 g) les range dans la
seconde classe définie par P. Grierson13, c'est-à-dire la seconde phase
du monnayage de Charlemagne, qui débute vers 770 et se termine
avec la réforme de 793, qui ordonnera la frappe de deniers plus lourds,
portant le célèbre monogramme de Charlemagne. Les pièces au
nom de Louis doivent également être datées de cette époque, leur
poids (1,17 g à 1,25 g) est explicite ; plus précisément leur émission
se situe entre 781, date du couronnement de Louis comme roi
d'Aquitaine (à trois ans) et 785, date de son retour à la Cour (fig. 2).
Le trésor de Breuvery doit donc être daté de 781 /793. Seul un examen
minutieux des monnaies et leur datation aussi exacte que possible
à l'intérieur des séries émises dans le même atelier peuvent permettre
une datation plus précise de ce trésor.
7. Colin Martin, « Denier de Charlemagne frappé à Genève », Gazette suisse de
numismatique, XXVII, 1977, p. 68-69.
8. Jean Lafaurie, « Frappes monétaires de Metz et de sa région aux ve et
ixe siècles », Actes du Colloque autour d'Hildegarde (troisième épouse de Charle
magne), 1987.
9. Aisne, arrondissement de Château-Thierry, canton de Charly-sur-Marne.
J. Lafaurie, « Trésor de monnaies carolingiennes découvert dans le Jura », Centen-
nial publication of the American Numismatic Society, New York, 1958, p. 409, note 7.
10. Côte-d'Or, chef-lieu de département. M. Bompaire et G. Depierre, « Le
trésor carolingien de Dijon, rue du Chapeau-Rouge », Bulletin de la Société fran
çaise de numismatique, mai 1989, p. 577-581.
11. Lieu inconnu. J. Lafaurie, « Trésor de monnaies carolingiennes découvert
dans le Jura », Centennial publication of the American Numismatic Society, New
York, 1958, p. 407-415.
12. Nièvre, arrondissement et canton de Nevers. A. de Longpérier, « Cent
deniers de Pépin, de Carloman et de Charlemagne, découverts près d'Imphy en
Nivernais », Revue numismatique, 1858, p. 202-262, pi. XI-XIII.
13. P. Grierson, « Money and coinage under Charlemagne », in Karl der Grosse,
I, Dûsseldorf, 1966, p. 501-536, sp. p. 506, tabl. I. 10 11 TRÉSOR MONÉTAIRE DE BREUVERY-SUR-COOLE 815 LE
Les deniers de Charlemagne du trésor de Breuvery portent le nom
de six ateliers différents : Dorestadt, Strasbourg et Melle sont
représentés par deux monnaies (il y a en outre un denier qui porte le
nom de Melle, mais que l'on doit exclure de la production régulière
de cet atelier) ; Chartres, Lyon et Genève ne comptent qu'une seule
monnaie. Un denier ne peut être localisé.
Dorestadt était un port situé sur les bouches du Rhin et d'une
extrême importance aux vme et ixe siècles. Les fouilles de ce site
(Wijck-bij-Duurstede, Pays-Bas) ont d'ailleurs fourni nombre de
monnaies carolingiennes et même trois trésors14. Les deux deniers de
cet atelier du trésor de Breuvery sont différents : les coins de droit
sont assez similaires, mais l'un présente l'amorce de déformation
symétrique de la ligature AR, qui deviendra très caractéristique des
produits de cet atelier et surtout des imitations nordiques qui en
furent faites. C'est pourtant cet exemplaire qui a le revers le plus
correct : COC (les C couchés)/STAT au-dessus d'une hache ; en effet
le second exemplaire porte COC (les C couchés)/TAS, et un point
figure à côté de la hache, symbole de l'atelier (ou de la région, car
elle apparaît avec d'autres légendes). Des monnaies de Dorestadt
ont figuré dans de nombreux trésors ou ont été trouvés isolément ;
certaines ont une légende plus correcte : DOR/STAD ou STAT,
d'autres portent deux points à côté de la hache ; mais on trouve aussi
bien STAD que ST

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