Temples et tombeaux de l Inde et du Cambodge - article ; n°1 ; vol.123, pg 40-53
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1979 - Volume 123 - Numéro 1 - Pages 40-53
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Filliozat
Temples et tombeaux de l'Inde et du Cambodge
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 123e année, N. 1, 1979. pp. 40-
53.
Citer ce document / Cite this document :
Filliozat Jean. Temples et tombeaux de l'Inde et du Cambodge. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres, 123e année, N. 1, 1979. pp. 40-53.
doi : 10.3406/crai.1979.13561
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1979_num_123_1_13561COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 40
COMMUNICATION
TEMPLES ET TOMBEAUX DE L'iNDE ET DU CAMBODGE,
PAR M. JEAN FILLIOZAT, MEMBRE DE L' ACADÉMIE.
L'étude des temples de l'Inde a été inaugurée ici par le comte de
Caylus décrivant en 17681 le temple de Cidambaram d'après des
informations données par le chevalier Durocher de la Périgne.
Caylus, dans l'ignorance de la chronologie, assimilait les tours de
ce temple aux pyramides d'Egypte. Encore en 1822, Langlès trou
vait aux constructions égyptiennes et indiennes des analogies,
purement matérielles il est vrai, et Champollion, à la même époque,
apprenait le sanskrit au cours de Chézy au Collège de France. En
tous cas c'est Langlès qui a présenté le premier recueil d'architecture
indienne dans les deux grands volumes de ses Monuments anciens et
modernes de VHindoustan2. Depuis lors nombre de ces monuments,
principalement des temples, ont été décrits, mais on s'est attaché
surtout aux plus anciens, ou à leurs ruines, à leur structure, à leur
épigraphie, abondante et précieuse, et à leur art. On a souvent
relevé les légendes traditionnelles qui les concernaient, mais on a
généralement négligé ou pas eu la possibilité de connaître la théorie
et la pratique des cultes qui s'y sont déroulés ou s'y déroulent
toujours.
Pourtant c'est cette théorie qui commande la pratique et, tout
d'abord, le parti architectural adopté par les constructeurs. Cette
théorie ne peut être révélée que par la littérature qui en traite
spécialement ou par la tradition indienne vivante, non par l'aspect
extérieur des monuments ou la connaissance générale de la culture
classique du pays.
Au Cambodge et dans toute l'étendue de l'ancien empire khmer,
couvrant en dehors du Cambodge actuel, la Thaïlande, le Laos et
le Sud-Viêtnam, les temples des religions brahmanique et boud
dhique importées de l'Inde sous diverses formes ne sont pas de
simples répliques de modèles indiens. Quelles que soient leurs simi
litudes de structures, d'iconographie et de décoration avec ces
derniers, leur art est original et la production artistique khmère ne
peut jamais être confondue avec l'indienne. Il en est de même dans
1. Histoire de l'Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XXXI
(1768) p. 41-47.
2. Paris, 1822. TEMPLES ET TOMBEAUX DE L'iNDE ET DU CAMBODGE 41
les autres pays anciennement indianisés de l'Asie du Sud-Est, dans
l'ancien royaume de Campa, absorbé par le Vietnam actuel, et en
Indonésie. Mais c'est au Cambodge que l'architecture religieuse
brahmanique a connu son plus prestigieux développement avec une
multiplicité d'édifices religieux qui dépassent en volume et en
splendeur même la plupart de ceux de l'Inde.
Là, aussi bien que dans l' Inde, une chronologie relative des monu
ments peut s'établir par leur comparaison et la constatation de
l'évolution des motifs, tandis qu'une absolue est souvent
fournie par les inscriptions.
En ce qui concerne le Cambodge et le royaume de Campa, l'épi-
graphie a été dans son ensemble publiée et traduite par quatre de
nos anciens confrères Barth et Bergaigne, Louis Finot et, tout près
de nous, George Cœdès. Ils ont pu établir l'histoire politique et
découvrir la culture littéraire du pays, mais ils n'ont pas connu l'Inde
directement et, la concernant, ils ont disposé seulement de la litt
érature sanskrite ancienne. C'est un indianiste indien, rallié à nos
études et à notre pays, M. Kamaleswar Bhattacharya, qui a pu
tracer, en 1961, le tableau des Religions brahmaniques dans l'Ancien
Cambodge, d'après l'épigraphie et l'iconographie.
En outre, la fondation, en 1955, de l'Institut français d'indologie
à Pondichéry, nous a placés au cœur d'une des régions de l'Inde où
s'est le plus fidèlement perpétuée la tradition de la théorie et de la
pratique religieuses en vigueur sur place, et qui a été le modèle
de celle du Cambodge ancien.
En effet, aux époques où se sont établies puis ont longtemps
fructifié les relations de l'Inde avec l'Extrême-Orient, les litt
ératures védique et classique en sanskrit ont bien été apportées
dans l'Empire khmer, mais non pas seules. Elles ne réglaient plus,
même dans leur contrée d'origine, les techniques religieuses. C'est
la littérature sanskrite dite des Âgama, ou « Traditions », qui
était en vigueur et c'est elle qui a commandé les constructions et les
rituels et c'est aussi la littérature tamoule des mêmes époques qui
peut nous instruire des idées du temps.
Référence est faite aux Âgama çivaïtes dans les inscriptions sans-
krites du pays khmer, notamment à un texte aujourd'hui perdu
dans sa teneur primitive, le Pdramesvara. Cet âgama est cependant
représenté dans nos collections par un Matangapdramesvara qui
vient d'être édité à Pondichéry par M. N. R. Bhatt, membre de
l'École française d'Extrême-Orient. Il est mentionné avec une
Éivasamhitâ dans une inscription du temple de Banteay Srei (fig. 1),
datée d'avril-mai 9673, puis dans une inscription, non datée mais
3. G. Cœdès, Inscriptions du Cambodge, 1, p. 147 sq. (stance XXX). COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 42
Fig. 1. — Banteay Srei (967 AD, Cambodge).
Fig. 2. — Halebid (xne siècle, Karnataka). TEMPLES ET TOMBEAUX DE L'iNDE ET DU CAMBODGE 43
que la paléographie place au xiie-xine siècle, celle de Kapilapura,
dite d'Angkor Vat parce que trouvée non loin du monument, lequel
est de la première moitié du xne siècle, et auquel elle ne se rapporte
d'ailleurs pas4. C est aux textes de ce genre et à toute la littérature
afférente, qui est considérable, qu'on doit demander l'explication
de beaucoup de faits archéologiques et de données épigraphiques.
Sans eux il a fallu faire des hypothèses qui sont vaines aujourd'hui.
De grandes similitudes de structures apparaissent dans les
temples brahmaniques où s'accomplissent les cérémonies ordinaires
qu'ils soient indiens ou cambodgiens (fig. 2). Les temples se signalent
par des tours qui sont tantôt celles du sanctuaire, ou de plusieurs
sanctuaires groupés, et qui portent le nom de prâsâda en sanskrit
(prononcé prâsât en khmer), tantôt celles qui surmontent les portes
des enceintes et qu'on appelle gopura. Mais celles qui contiennent
les sanctuaires sont les prâsâda. Ces sanctuaires sont les cellules
qui s'ouvrent à leur base. On les nomme garbhagrha ce qui signifie
littéralement « maison d'embryon », c'est-à-dire « matrice », et ils
sont les appartements intérieurs du dieu représenté par une image
ou par un symbole. Dans le cas où Dieu est éiva, ce symbole est le
linga qu'on considère généralement, et souvent avec raison, comme
un symbole phallique mais qui, dans la religion des Âgama çivaïtes,
est essentiellement le symbole de l'être infini de éiva, l'Être transcen
dant, unique substrat de toute existence et manifesté dans ce monde
sous des formes concrètes multiples. La légende de l'origine du
linga, légende qui remonte à l'antiquité, veut que les dieux Brah-
man et Visnu, eux-mêmes formes cosmiques de Siva spécialisées
dans l'agencement et la conservation du monde, aient vu apparaître
une colonne dont ils n'ont pas pu reconnaître les extrémités et d'où
éiva s'est montré à eux. C'est cette colonne infinie qui est figurée
par le linga, dont le nom d'ailleurs veut dire « signe » ou « symbole ».
Les tours-sanctuaires, quand elles ne sont pas

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