Madame Firmiani
26 pages
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Description

1831. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome I. Premier volume de l'édition Furne 1842. Qui est cette madame Firmiani pour laquelle le jeune Octave de Camps s'est ruiné ? Monsieur de Bourbonne, oncle d'Octave, monte à Paris pour découvrir qui est réellement cette femme dont la personnalité est controversée dans le tout-Paris... Extrait :  Oh ! madame Firmiani, mon cher, est une de ces femmes adorables qui servent d’excuse à la nature pour toutes les laides qu’elle a créées par erreur 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 13
EAN13 9782824710273
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
MAD AME F I RMIAN I
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
MAD AME F I RMIAN I
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1027-3
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.MAD AME F I RMIAN I
A MON CH ER ALEXAN DRE DE BERN Y ,
Son vieil ami,
DE BALZA C.
   , riches de situations ou r endus dramatiques
p ar les innombrables jets du hasard, emp ortent av e c eux leur sB pr opr es artifices et p euv ent êtr e racontés artistement ou
simplement p ar toutes les lè v r es, sans que le sujet y p erde la plus légèr e de
ses b e autés, mais il est quelques av entur es de la vie humaine aux quelles
les accents du cœur seuls r endent la vie , il est certains détails p our ainsi
dir e anatomiques dont les fibr es délié es ne r ep araissent dans une action
éteinte que sous les infusions les plus habiles de la p ensé e , puis, il est des
p ortraits qui v eulent une âme et ne sont rien sans les traits les plus
délicats de leur phy sionomie mobile  ; enfin, il se r encontr e de ces choses que
nous ne sav ons dir e ou fair e sans je ne sais quelles har monies inconnues
aux quelles président un jour , une heur e , une conjonction heur euse dans
les signes célestes ou de se crètes pré disp ositions morales. Ces sortes de
ré vélations my stérieuses étaient imp érieusement e xig é es p our dir e cee
histoir e simple à laquelle on v oudrait p ouv oir intér esser quelques-unes
1Madame Fir miani Chapitr e
de ces âmes natur ellement mélancoliques et song euses qui se nour rissent
d’émotions douces. Si l’é crivain, semblable à un chir ur gien près d’un ami
mourant, s’ est p énétré d’une espè ce de r esp e ct p our le sujet qu’il
maniait, p our quoi le le cteur ne p artag erait-il p as ce sentiment ine xplicable  ?
Est-ce une chose difficile que de s’initier à cee vague et ner v euse
tristesse qui, n’ayant p oint d’aliment, rép and des teintes grises autour de
nous, demi-maladie dont les molles souffrances plaisent p arfois  ? Si v ous
p ensez p ar hasard aux p er sonnes chèr es que v ous av ez p erdues  ; si v ous
êtes seul, s’il est nuit ou si le jour tomb e , p our suiv ez la le ctur e de cee
histoir e  ; autr ement, v ous jeeriez le liv r e , ici. Si v ous n’av ez p as
ensev eli déjà quelque b onne tante infir me ou sans fortune , v ous ne compr
endr ez p oint ces p ag es. A ux uns, elles sembler ont imprégné es de musc  ;
aux autr es, elles p araîtr ont aussi dé coloré es, aussi v ertueuses que p euv ent
l’êtr e celles de F lorian. Pour tout dir e , le le cteur doit av oir connu la v
olupté des lar mes, av oir senti la douleur muee d’un souv enir qui p asse
légèr ement, char g é d’une ombr e chèr e , mais d’une ombr e lointaine  ; il doit
p ossé der quelques-uns de ces souv enir s qui font tout à la fois r egr eer ce
que v ous a dé v oré la ter r e , et sombr e d’un b onheur é vanoui. Maintenant,
cr o y ez que , p our les richesses de l’ Angleter r e , l’auteur ne v oudrait p as
e xtor quer à la p o ésie un seul de ses mensong es p our emb ellir sa nar
ration. Ce ci est une histoir e v raie et p our laquelle v ous p ouv ez dép enser les
trésor s de v otr e sensibilité , si v ous en av ez.
A ujourd’hui, notr e langue a autant d’idiomes qu’il e xiste de variétés
d’hommes dans la grande famille française . A ussi est-ce v raiment chose
curieuse et agré able que d’é couter les différ entes acceptions ou v er sions
donné es sur une même chose ou sur un même é vénement p ar chacune
des Espè ces qui comp osent la monographie du Parisien, le Parisien étant
pris p our g énéraliser la thèse .
Ainsi, v ous eussiez demandé à un sujet app artenant au g enr e des
Positifs  : ― connaissez-v ous madame Fir miani  ? cet homme v ous eût traduit
madame Fir miani p ar l’inv entair e suivant  : ― un grand hôtel situé r ue du
Bac, des salons bien meublés, de b e aux table aux, cent b onnes mille liv r es
de r ente , et un mari, jadis r e ce v eur-g énéral dans le dép artement de
Montenoe . Ayant dit, le Positif, homme gr os et r ond, pr esque toujour s vêtu
de noir , fait une p etite grimace de satisfaction, r elè v e sa lè v r e inférieur e
2Madame Fir miani Chapitr e
en la fr onçant de manièr e à couv rir la sup érieur e , et ho che la tête comme
s’il ajoutait  : V oilà des g ens solides et sur lesquels il n’y a rien à dir e . Ne
lui demandez rien de plus  ! Les Positifs e xpliquent tout p ar des chiffr es,
p ar des r entes ou p ar les biens au soleil, un mot de leur le xique .
T our nez à dr oite , allez inter r og er cet autr e qui app artient au g enr e
des F lâneur s, rép étez-lui v otr e question  : ― Madame Fir miani  ? dit-il, oui,
oui, je la connais bien, je vais à ses soiré es. Elle r e çoit le mer cr e di  ; c’ est
une maison fort honorable . D éjà , madame Fir miani se métamor phose en
maison. Cee maison n’ est plus un amas de pier r es sup er p osé es ar chite
ctoniquement  ; non, ce mot est, dans la langue des F lâneur s, un idiotisme
intraduisible . Ici, le F lâneur , homme se c, à sourir e agré able , disant de jolis
riens, ayant toujour s plus d’ esprit acquis que d’ esprit natur el, se p enche
à v otr e or eille , et, d’un air fin, v ous dit  : ― Je n’ai jamais v u monsieur
Fir miani. Sa p osition so ciale consiste à g ér er des biens en Italie  ; mais
madame Fir miani est Française , et dép ense ses r e v enus en Parisienne . Elle
a d’ e x cellent thé  ! C’ est une des maisons aujourd’hui si rar es où l’ on
s’amuse et où ce que l’ on v ous donne est e x quis. Il est d’ailleur s fort difficile
d’êtr e admis chez elle . A ussi la meilleur e so ciété se tr ouv e-t-elle dans ses
salons  ! Puis, le F lâneur commente ce der nier mot p ar une prise de tabac
saisie grav ement  ; il se g ar nit le nez à p etits coups, et semble v ous dir e  :
― Je vais dans cee maison, mais ne comptez p as sur moi p our v ous y
présenter .
Madame Fir miani tient p our les F lâneur s une espè ce d’aub er g e sans
enseigne .
― e v eux-tu donc aller fair e chez madame Fir miani  ? mais l’ on s’y
ennuie autant qu’à la cour . A quoi sert d’av oir de l’ esprit, si ce n’ est à
é viter des salons où, p ar la p o ésie qui court, on lit la plus p etite ballade
fraîchement é close  ?
V ous av ez questionné l’un de v os amis classé p ar mi les Per sonnels,
g ens qui v oudraient tenir l’univ er s sous clef et n’y rien laisser fair e sans
leur p er mission. Ils sont malheur eux de tout le b onheur des autr es, ne
p ardonnent qu’aux vices, aux chutes, aux infir mités, et ne v eulent que des
pr otég és. Aristo crates p ar inclination, ils se font républicains p ar dépit,
uniquement p our tr ouv er b e aucoup d’inférieur s p ar mi leur s ég aux.
―  Oh  ! madame Fir miani, mon cher , est une de ces femmes adorables
3Madame Fir miani Chapitr e
qui ser v ent d’ e x cuse à la natur e p our toutes les laides qu’ elle a cré é es p ar
er r eur  ; elle est ravissante  ! elle est b onne  ! Je ne v oudrais êtr e au p ouv oir ,
de v enir r oi, p ossé der des millions, que p our ( ici trois mots dits à l’oreille ).
V eux-tu que je t’y présente  ? . . .
Ce jeune homme est du g enr e Ly cé en connu p our sa grande

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