Le célibataire à l épicerie
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Le célibataire à l'épicerie

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Dans la série di célibataire, cette fois un rallye dans une épicerie

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Publié le 01 juillet 2012
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Langue Français

Extrait

3-Le célibataire à l’épicerie.
Dès le premier pas dans ces vastes super marchés, je dois faire face à mon
premier dilemme.
Le panier d’épicerie! D’abord se présente à vous, le super jumbo. Celui dans lequel nous
pouvons entrer, un hippopotame, deux gorilles et quatre lemmings, en autant qu’ils se tassent
bien dans les coins du panier.
Souvent l’alternative, en plastique jaune pissenlit ou bleu écrasé s’empile les uns dans les
autres, tout près de la caisse de service. Le fameux panier à main. Celui dans lequel après y
avoir placé un litre de lait et une pomme de salade, il vous faut inventer une stratégie funeste
pour y insérer les pauvres saucisses à hot dog.
Il existe bien maintenant ces nouveaux paniers d’épicerie, ceux qui ressemblent à une formule
un. Rapides, fougueux, étroits et malléables dans les courbes, l’idéal pour le célibataire que je
suis. Ni trop gros, ni trop petit. Oui, idéal! Idéal, mais toujours absent.
Et pourtant! Je jette un regard dans les allées et je ne vois que ceux-là.
Là, le gros avec la bedaine, il va mettre sa caisse de bière sous le chariot et un TV Dinner
dans le panier. L’autre, le yuppie. Les lunettes fumées accrochées dans son faux toupet,
poussant, son chariot sans regarder où il va, beaucoup plus intéressé à surveiller si tout le
monde l’a bien vu. Cliss, il n’y a encore rien dans son panier.
Deux jeunes femmes, chacune avec un beau chariot, mon chariot. Et dans chacun des paniers,
un enfant. De plus, pensez-vous qu’elles avancent? Ben, non! Elles discutent en plein milieu
de l’allée, pendant que leurs progénitures essaient d’atteindre, avec leurs petites menottes, les
serviettes sanitaires sur les tablettes.
Il y a aussi le punk, vêtements cloutés, ancres à bateaux accrochées aux oreilles, cheveux arc-
en-ciel, suivis impérativement par le gérant du super marché. Son panier regorge de trois
pommes et trois conserves de manger de chien. Ce qui explique le cabot, d’une race et couleur
incertaines, attaché au rack à bicycle à l’entrée de l’épicerie.
Évidemment, il y a le jeune couple d’amoureux qui en possède un. Les mains enlacées sur le
poussoir du chariot. Les yeux globuleux d’amour, ils déambulent devant le comptoir des
viandes, le bonheur accroché aux chevilles. Il me rendre presque jaloux! Non de leur ivresse
amoureuse, mais de leur beau petit chariot.
Soudain, un hurluberlu, la tuque sur la tête, nous sommes quand même en juin, se présente au
comptoir, décharge ses denrées sur le tapis roulant de la caissière et délaisse mon chariot.
Celui qui sera mien dans quelques secondes.
L’hésitation de ma joie me fut fatale. Une veille dame, surprenante dans son agilité, s’empare
de
MON CHARIOT
. Des idées de meurtre me passent par la tête. Je fomente déjà des idées
de kidnapping de mémé, dans le rayon des surgelés, lorsqu’elle passe devant moi et me
décroche le plus beau sourire enjôleur de la journée, après tout il n’est que neuf heures trente
du matin. J’abdique, fais demi-tour et vais déjeuner au restaurant.
Mademoiselle, une omelette, s'il vous plaît.
Le célibataire et l’épicerie, suite et fin.
Bon, ce matin ouverture du frigo. Constat, un vieux pamplemousse, tout
rabougri, presque gêné d’exister. Chose d’autant plus curieuse que je ne
mange pas de pamplemousse. Un autre mystère de la vie que la faim
m’empêche de résoudre dans l’immédiat.
Regard, sur ma montre. Sept heures quarante-cinq du matin. Une idée germe dans ma tête.
Mes neurones font le party dans le haut de la calotte, heureux de participer à la prise de
décision.
Bang! Dix minutes après, je suis aux portes de mon super marché préféré. Je fais la file
indienne, attendant l’ouverture. Comble de bonheur, je suis le premier. En fait, je suis seul!
Mon rêve va se réaliser. A moi, à moi, mon chariot tant désiré!
J’y entrevois déjà plein de potentialités palpitantes, j’extrapole ma félicité, j’ai les mains
moites, l’impatience me titille tous les sens. (Mon Dieu, je dérape)
Par chance, le cliquetis des clefs dans la serrure me ramène à la réalité. Je pénètre! Je ressors
au dehors, pour pouvoir pénétrer à nouveau. Bref, ils sont là! Enchâssés les uns dans les
autres, tels des wagons à la suite d’une locomotive.
J’en prends un. L’extase. Mon panier, mon panier!
L’ego gonflé à bloc, le regard goguenard, j’entreprends mon chemin de croix au travers des
allées de l’épicerie, imitant la démarche de mister Bean.
Première station, les fruits et légumes.
Ah! Ces couleurs, ces arômes et surtout ces rondeurs orgueilleuses et un tantinet insultantes
qui me rappellent quelque chose. J’en choisis, deux. Deux fruits. Deux pamplemousses que je
dépose, dans mon panier, de façon bien symétrique, prenant soin de bien les installer dans
l’angle de mon regard.
Ensuite, une banane que je place entre les deux fruits. Le résultat est surprenant.
J’halète déjà. Ne sachant plus, si mon excitation vient de la possession de mon panier ou bien
de l’image que j’ai devant les yeux.
Deuxième station, la poissonnerie. Je passe tout droit. Pas question de sentir le regard
moqueur de ces poissons, aux corps rigides de froid, couchés sur leur lit de glace.
Troisième station. Je rencontre Marie Madeleine, une ancienne voisine qui s’approche de moi
un peu comme si elle voulait m’essuyer la figure. Je vois bien ces yeux, allés de mes
emplettes à ma braguette. Mais, elle n’a aucune chance avec moi. Elle vient tout juste de fêter
son soixante-douzième anniversaire.
Quatrième station. L’eau de Javel. Je cherche ma liste d’épicerie. Oubliée. Je suis parti
beaucoup trop vite ce matin. Tiens! C’est le silence complet au camp de vacances des
neurones. Je n’achète pas.
Cinquième station. Monsieur Net. Mon ami, mon complice des tâches ménagères. Je
l’embarque dans mon petit chariot, prenant bien soin de ne pas défaire mon œuvre d’art.
Sixième station. La grosse madame. Celle qui vous fait goûter à tout. Celle qui est maquillée
plus que nature et vous accueille avec son sourire Colgate. Tiens, ce matin, elle fait la
promotion d’une nouvelle sorte de cornichon.
Attentif à ces explications, j’ai pris bien soin, cette fois de me mettre entre elle et mon chariot.
Elle m’explique que c’est un nouveau produit du Mexique, une sorte de croisement entre un
cornichon et un piment mexicain. Tiens, donc!
Elle m’offre de goûter.
Porque no ?
Le feu. Huit heures vingt du matin, avec le feu dans la bouche.
Paniqué, je regarde sur son présentoir, j’y aperçois un verre d’eau à moitié plein. Est-ce le
sien? On s’en fout royalement. J’ingurgite le tout, afin de noyer la combustion.
Je pars en direction des caisses, sans dire le moindre mot à la grosse. Quoi? Elle n’y a pas
goûté à ses produits.
Je paye mes tristes emplettes, deux pamplemousses, une banane et une bouteille de monsieur
Net.
Évidemment, je n’ai pas eu le temps d’acheter des œufs.
J’arrête déjeuner au restaurant.
Mademoiselle, une omelette, s’il vous plaît.
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