Le triomphe des Pointu - article ; n°1 ; vol.43, pg 153-167
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1991 - Volume 43 - Numéro 1 - Pages 153-167
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 64
Langue Français

Extrait

Monsieur Dominique Quéro
Le triomphe des Pointu
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1991, N°43. pp. 153-167.
Citer ce document / Cite this document :
Quéro Dominique. Le triomphe des Pointu. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1991, N°43. pp.
153-167.
doi : 10.3406/caief.1991.1759
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1991_num_43_1_1759LE TRIOMPHE DES POINTU
Communication de M. Dominique QUÉRO
(Paris)
au XLIIe Congrès de l'Association, le 24 juillet 1990
II n'est pas question de retracer ici en détail l'histoire
des premiers « théâtres de boulevards », ni même de tenter
un rapprochement — assez peu fondé — entre ce qu'on
appellera plus tard le « théâtre de boulevard », et les « pet
its spectacles de Paris». Ces derniers, issus des foires,
s'implantent boulevard du Temple, entre la porte Saint-
Martin et la Bastille, au cours de la seconde moitié du
XVIIIe siècle. Ils constituent une forme de théâtre « popul
aire » et commercial, condamné à plaire au public, gros
«consommateur» de pièces fabriquées presque en série,
par des auteurs d'une prodigieuse fécondité. Pourquoi,
donc, ne pas s'intéresser de plus près à une part, infime
certes, mais significative, de cet immense répertoire, trop
largement méconnu ? Ainsi doit-on pouvoir dégager cer
tains traits caractéristiques d'une production dramatique
non reconnue pour sa valeur « littéraire », et qui, de même
que le «théâtre de boulevard», a souvent «mauvaise
presse et bon public» (1). C'est pourquoi, après une évo
cation sommaire du théâtre des Variétés Amusantes, et
de l'acteur Volange qui en est la vedette, on présentera
(1) Formule empruntée à Michel Corvin, Le théâtre de boulevard, p. 3. 54 DOMINIQUE QUÉRO 1
un ensemble de pièces à succès mettant en scène les divers
membres d'une même famille — les Pointu — , avant
d'étudier plus particulièrement les modalités et les enjeux
d'une telle réussite.
Véritablement aménagés en 1753, sur ordre du prévôt
des marchands, les boulevards parisiens deviennent aus
sitôt la nouvelle promenade à la mode. Et s'il est vrai
que, d'emblée, « cela fait spectacle et presque foire » (2),
il faut attendre 1759 pour qu'aux montreurs d'animaux,
de marionnettes ou de curiosités vienne s'adjoindre la
troupe foraine de Nicolet. Ce dernier, en faisant jouer
par des acteurs de petites pièces complètes, entre les ex
hibitions des sauteurs et danseurs de cordes, fonde, à
proprement parler, le premier théâtre des boulevards,
rebaptisé en 1772 «théâtre des Grands Danseurs du Roi»,
puis, en 1791, de la Gaieté». La réunion de
l'Opéra-Comique à la Comédie Italienne, en 1762, et
l'incendie de la Foire Saint-Germain, en cette même
année, favorisent encore le développement, sur les « rem
parts », d'une véritable foire perpétuelle. Un second théâtre
y voit le jour en 1769, sous la direction du forain Audinot,
dont la troupe d'enfants assure la renommée de «l'Am-
bigu-Comique ». Mais c'est surtout après la mort de Louis
XV, en 1774, et avec le soutien du Lieutenant Général de
Police, Lenoir, que les « petits spectacles » des boulevards
prennent leur essor, en tant qu'entreprises commerciales
privées, capables de concurrencer les théâtres privilégiés.
A la Foire Saint-Laurent de 1778 s'installe ainsi un
nommé Lécluse, à la tête d'un spectacle bientôt transféré
sur les boulevards. Soumis comme ses pareils à l'obliga
tion — de plus en plus ruineuse et contraignante — de se
transporter périodiquement aux grandes foires déclinantes,
(2) Journal de Barbier, juin 1753. « La foire est sur le boulevard », constatent
encore les personnages d'un opéra-comique qui, dès 1753, porte à la scène la
nouvelle « folie du jour ». LE TRIOMPHE DES POINTU 155
le «Théâtre du sieur de l'Ecluse», devenu dès juillet 1779
«Spectacle des Variétés Amusantes» (3), donne ses r
eprésentations tantôt dans sa salle de la rue de Bondy,
près du boulevard Saint-Martin, tantôt dans celle de la
Foire Saint-Germain ou celle de la Foire Saint-Laurent.
Se produire dans ces deux dernières n'implique d'ailleurs
pas que la première reste fermée,et il arrive souvent aux
comédiens d'enchaîner jusqu'à trois séances par jour, sur
deux scènes différentes (4). Au reste, bien avant qu'il ne
mette un terme à ses déplacements en se fixant au Palais-
Royal — le premier janvier 1785 — , ce petit spectacle
«des foires et des boulevards » jouit déjà d'un immense
prestige, et n'a aucun mal à faire suivre son public. Car
tout le monde s'accorde pour reconnaître l'extraordinaire
« affluence des spectateurs aux Théâtres des Boulevards »
(5), et plus particulièrement aux Variétés Amusantes,
« où tout Paris court en foule » (6).
Une telle popularité s'explique, dans une large mesure,
par le prodigieux succès d'un acteur de génie, Volange,
lancé en juin 1779 par son interprétation du personnage
de Janot, dans une petite pièce de Dorvigny intitulée Les
battus paient l'amende (7). Si Taconet avait été naguère
l'acteur le plus célèbre du boulevard du Temple — où il
excellait, chez Nicolet, dans les rôles de savetier — , Vo
lange devient sans conteste le nouveau favori d'un public
unanime. Désigné le plus souvent du nom du niais qu'il
incarne « avec la plus grande vérité », le « Roscius de la
Foire» passe alors pour «l'homme de la nation» (8),
(3) Cf. L.H. Lecomte, Histoire des théâtres de Paris — Les Variétés Amus
antes, Paris, Daragon, 1908.
(4) Quand l'Opéra — installé Porte Saint-Martin à partir de 1781 — défend
à son humble voisin de jouer les jours où lui-même ouvre au public, les
Variétés Amusantes doivent se contenter des seuls tréteaux forains.
(5) Mercure de France, 13 janvier 1781.
(6) Almanach littéraire ou Etrennes d'Apollon, 1780, p. 230.
(7) In Théâtre du xviw siècle, éd. J. Truchet, tome 2 (1974).
(8) Formules empruntées à Grimm, Corr. litt., t. XII, p. 253 et p. 379. 1 56 DOMINIQUE QUÉRO
admiré à la Cour comme à la Ville, et par la «bonne
compagnie » comme par le peuple. De sa renommée t
émoignent les multiples représentations des Battus paient
l'amende, puis des suites qui lui sont données (9). S'illus-
trant dans ces pièces écrites, comme beaucoup d'autres,
à son intention, Volange reste pour plusieurs années l'i
ndispensable et prestigieuse tête d'affiche des Variétés Amus
antes (10). Sa courte escapade à la Comédie-Italienne
(11) entraîne d'ailleurs une relative désaffection du public
pour ce qu'on nomme encore, à la veille de la Révolution,
«la salle de Janot» (12). Le génial «histrion» est donc
irréductiblement associé à un théâtre et à un personnage.
Mais on parle même, de manière plus générale, de « l'idole
des Boulevards » (13), les « planches » de ces derniers étant
définies, dans un raccourci non moins révélateur, comme
«celles qui portent Jeannot» (14). Ainsi retrouve-t-on,
dans ces « petits spectacles » dont Volange est l'emblème,
un des traits majeurs du futur «théâtre de boulevard»,
qui doit tant, par essence, à l'interprétation et au jeu
d'acteurs-vedettes, adulés par le public comme de vérita
bles monstres sacrés.
Si éclatant soit-il, le «triomphe de Janot» (15) ne doit
pourtant pas faire oublier les autres grands rôles dont
s'est nourrie la carrière de ce comédien exceptionnel, à
commencer par les divers membres de la famille Pointu.
Délaissant les « Grands Danseurs » de Nicolet, dont il
était depuis plus de dix ans le fournisseur attitré, Beaunoir
(16) fait une entrée remarquée aux Variétés Amusantes
(9) Janot

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