Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ 1998-2002) 1Par Ginette Paquet et Denis Hamel Un avenir rêvé pour Dominique… Afin de faire ressortir les orientations de santé publique que suggère cette étude, laissons aller notre imagination en nous représentant, pour chaque problème de santé ou de développement examiné, la famille idéale, que l’on pourrait aussi nommer résiliente par excellence, pour un bambin d’environ 4 ans vivant au bas de l’échelle sociale depuis sa naissance. Cet enfant fictif vulnérable sur le plan socioéconomique s’appellera Dominique. Si Dominique avait été allaité pendant au moins six mois et si sa famille avait bénéficié du soutien émotif ou instrumental des grands-parents, il courrait les mêmes risques que les enfants de milieux privilégiés d’être hospitalisé au moins une nuit. Cependant, pour que ces deux facteurs protecteurs agissent pleinement, Dominique devrait vivre dans une famille où il y a deux parents et sa mère serait en très bonne santé et immigrante. Pour que Dominique présente les mêmes risques de faire des crises d’asthme que les autres enfants de milieux favorisés, il devrait vivre dans une maison exempte de fumée secondaire et avoir une mère en très bonne santé. Ajoutons que pour permettre l’action optimale de ces facteurs de protection, Dominique devrait être une fille. Quant aux risques que Dominique présente un surplus de poids, seul le fait de vivre ...
Étude longitudinale du développement desenfants du Québec (ÉLDEQ 1998-2002)
Par Ginette Paquet et Denis Hamel1
Un avenir rêvé pour DominiqueAfin de faire ressortir les orientations de santé publique que suggère cette étude, laissonsaller notre imagination en nous représentant, pour chaque problème de santé ou dedéveloppement examiné, la famille idéale, que lon pourrait aussi nommer résiliente parexcellence, pour un bambin denviron 4 ans vivant au bas de léchelle sociale depuis sa naissance. Cet enfant fictifvulnérable sur le plan socioéconomique sappellera Dominique.Si Dominique avait été allaité pendant au moins six mois et si sa famille avait bénéficié du soutien émotif ou instrumentaldes grands-parents, il courrait les mêmes risques que les enfants de milieux privilégiés dêtre hospitalisé au moins une nuit.Cependant, pour que ces deux facteurs protecteurs agissent pleinement, Dominique devrait vivre dans une famille où il y adeux parents et sa mère serait en très bonne santé et immigrante.Pour que Dominique présente les mêmes risques de faire des crises dasthme que les autres enfants de milieux favorisés, ildevrait vivre dans une maison exempte de fumée secondaire et avoir une mère en très bonne santé. Ajoutons que pourpermettre laction optimale de ces facteurs de protection, Dominique devrait être une fille. Quant aux risques queDominique présente un surplus de poids, seul le fait de vivre dans une famille comportant deux parents pourrait lesdiminuer sans parvenir à les rendre aussi bas que ceux des enfants vivant dans des familles de position sociale élevée.Par comparaison avec les autres enfants de milieux favorisés, Dominique ne présenterait pas davantage de risques davoirdéveloppé des comportements hyperactifs et inattentifs sil avait été allaité au moins quatre mois. Toutefois, pour que cefacteur déploie son plein potentiel de protection, Dominique devrait être une fille, vivre dans un quartier sécuritaire pourles enfants où il y a de lentraide et surtout dans une famille où il y a peu de pratiques parentales coercitives. Sa mèreserait en très bonne santé et il ny aurait pas de fumée secondaire dans sa maison. De même, Dominique aurait les mêmesprobabilités dêtre allé chez le pédiatre que les enfants de milieux favorisés, sil vivait avec ses deux parents biologiques.Pour que cela devienne réalité, ses parents devraient avoir reçu du soutien instrumental ou émotif des grands-parents et safamille devrait comporter au moins deux autres enfants. De plus, sa mère serait immigrante et naurait pas consommédalcool pendant la grossesse.Aucun facteur ne semble en mesure dégaliser socialement les risques de carie dentaire pour Dominique. Seule lafréquentation de la garderie pourrait réduire sa probabilité davoir des caries dentaires. De plus, par comparaison avecles autres enfants de position sociale élevée, Dominique naurait pas moins souvent visité le cabinet du dentiste, silétait un enfant unique. Cela sappliquerait dautant plus sil fréquentait un jardin denfants ou sil participait à desactivités éducatives et si sa mère était née au Québec.
petite enfance exerce des effets à long terme sur la santé6.On porte ainsi un intérêt aux conditions de défavorisation
général une exposition à des conditions socialesdéfavorables pendant ladolescence et leur vie de jeuneadulte. Cette trajectoire sociale conduit à une augmentationdes risques de maladies autour de la quarantaine et de lacinquantaine. Dans ce contexte, on peut penser, tout commeWillms7, que lélaboration de politiques publiques visant àréduire les inégalités sociales en santé doit, de touteévidence, sappuyer sur les efforts de recherche ayant pourbut de «discerner les risques et les facteurs de protection quimodifient ou modèrent le gradient socioéconomique, ou quiont un impact sur les résultats sociaux et sanitaires en sus deseffets associés au statut socioéconomique ».La poursuite de lÉLDEQ nous procure ici une remarquableoccasion de travailler en ce sens. Ainsi, tout en scrutantlévolution de la situation sociale et sanitaire des tout-petitsdu Québec, nous allons vérifier si les liens observés entre laposition sociale des familles et certains indicateurs de lasanté et du développement des enfants se maintiennentaprès avoir pris en compte les effets de plusieurs facteurs etcaractéristiques. Dans un deuxième temps, nousexaminerons si linfluence de la position sociale sur la santédes jeunes enfants peut sestomper en présence de facteursde protection. Nos analyses ont donc pour but didentifierdes facteurs qui pourraient déjouer linfluence néfaste deladversité sur le développement des enfants et ainsipermettre des avancées dans les interventions en santépublique dans les milieux défavorisés.
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La relation entre la santé de lindividu et le statut minorités défavorisées8. Alors, les conditions du maintiensocioéconomique a une longue histoire. Au début, on dune bonne santé, comme les causes les plus généralesinsistait sur linfluence du revenu ou, plus généralement, de sa dégradation pourraient trouver une part importantesur celle de la pauvreté et des mauvaises conditions de vie. de leur explication dans un ensemble de facteursCependant, au cours des vingt dernières années, dautres psychosociaux inégalement répartis comme : le sentimentaspects du statut socioéconomique, en particulier la classe davoir une emprise sur sa destinée, le sentiment desociale, ont retenu lattention. Cela sexplique notamment participer pleinement à la vie sociale ou encore lepar le fait quau-dessus dun certain seuil de revenu où la sentiment que sa propre vie est compréhensible oupauvreté, au sens dune pénurie des biens de base, ne peut contrôlable. Ainsi, la position sociale dun individu dans lesplus être invoquée, il faut se tourner vers « quelque chose sociétés avancées ne se définirait pas, à prime abord, parde sous-jacent » qui non seulement médiatiserait la relation une capacité matérielle de satisfaire des besoins de baseentre le statut socioéconomique et la santé, mais exercerait (sauf pour une frange de la population tout en bas de laaussi une puissante influence sur celle-ci. Ce quelque chose hiérarchie sociale), mais sarticulerait davantage autourserait directement en relation avec la position hiérarchique dune capacité de participer pleinement à la vie sociale etquoccupent les individus dans la société et, de ce fait, davoir un contrôle sur sa destinée.exercerait une influence sur tous et pas uniquement les
La position sociale et la santé
Cfédoaammmilleesledisspeonsfaannttsdunneacncaèissseéngtalpaausxrdeassnosurcdeessparticipe à la production des inégalités sociales de santé. Àléchelle internationale, plusieurs études longitudinalesviennent confirmer leffet du statut socioéconomique de lafamille sur la santé des enfants ainsi que sur les parcourssanitaires des individus à long terme. Prenons lexemple duQuébec. Nos travaux antérieurs réalisés avec les données delÉLDEQ ont permis de constater quà la fin desannées 1990, le fait quun bambin québécois denviron29 mois vit depuis sa naissance au sein dune famille situéeau bas de léchelle sociale accroît son risque davoir unesanté précaire2. Dautres ont montré quen dépit dunediminution considérable de la mortalité périnatale,néonatale et infantile au Québec depuis les vingt-cinqdernières années, la mortalité ftale et infantile demeureétroitement liée au niveau de scolarité de la mère3. SelonChen et ses collègues4: «Si les taux de mortalité pour chaqueniveau de scolarité étaient aussi faibles que pour le niveau descolarité le plus élevé, le nombre de morts ftales etinfantiles diminuerait denviron 20 % ».Les analyses au cur du présent fascicule sinscrivent dansce courant détudes qui traitent des influences de latrajectoire de vie sur la santé. Ces travaux soutiennentquune exposition cumulative et différenciée aux environ-nements dommageables ou favorables à la santé serait leprincipal déterminant des variations observées5. On se doitdinsister particulièrement sur linfluence des premièresannées de vie, compte tenu des preuves de plus en plusnombreuses que lenvironnement durant la grossesse et la
Est-ce que la santé des enfants denviron 4 ans estliée à la position sociale de leur famille?Comme il fallait sy attendre, plus la position sociale des lhyperactivité/inattention, la non-consultation de pédiatre, lafamilles est élevée, meilleure est la santé des tout-petits (pour cariedentaire et la non-consultation de dentiste sontplus de détails concernant la mesure de la position sociale positivement associés à la faible position sociale des famillesvoir encadré 1). Les résultats présentés à la figure 1 montrent (pour une description des indicateurs de santé et deen effet que lhospitalisation, lasthme, lembonpoint, développement retenus, voir le tableau A.1 en annexe)9.Encadré 1La mesure de faible position sociale persistanteLa mesure de faible position sociale persistante utilisée dans ce fascicule est basée sur le statut socioéconomique (SSE) desfamilles pour les quatre premiers volets de lenquête10. À laide de cet indice, nous avons créé un indicateur de la présence11persistante des familles dans le groupe socioéconomique le plus faible à tous les volets de lenquête .Cet indicateur de faible position sociale persistante, quant à la scolarité, au revenu et à la profession des parents, se définitainsi : la position sociale maximum atteinte par une famille à lun des volets de lenquête. En fait, pour quune famille soitclassée de position sociale faible persistante, il faut quelle demeure parmi le groupe socioéconomique inférieur pour tousles volets de lenquête. Par exemple, si une famille se trouve dans le groupe socioéconomique moyen (groupe 2)12 aupremier volet de lenquête (1998), mais dans le niveau inférieur (groupe 1) à tous les autres volets, elle se verra attribuerune position sociale moyenne (groupe 2) lors des analyses13. Il importe de souligner que lutilisation dun indicateur aussiexigeant fait en sorte que nos résultats sous-estiment vraisemblablement les liens entre la faible position sociale de lafamille et la santé.Voici comment se répartissent les familles québécoises selon la position sociale la plus élevée atteinte depuis la naissancede lenfant : 17 % des familles se trouvent dans la catégorie de faible position sociale; 52 % des familles sont dans la catégorie de position sociale moyenne; 31 % des familles font partie de la catégorie supérieure.Figure 1Prévalence de certains indicateurs de la santé et du développement des enfantsdenviron 4 ans selon la position sociale de la famille, Québec, 1998-200280Position sociale faiblePosition sociale moyenne69706460PTootsiatlionsocialeélevée60595450 48 50 53454240 36 38313030 26 2622 232023192115 14 15 14 141010 80Hospitalisation Asthme Embonpoint Hyperactivité Non-consultation Carie dentaire Non-consultationInattention d'un pédiatre d'un dentisteSource : Institut de la statistique du Québec,ÉLDEQ, 1998-2002.Volume 3, Fascicule 4, Juin 2005 Page 3
Quelle est la contribution nette de la position socialede la famille à la santé des jeunes enfants?
Comme la santé des enfants nest pas exclusivementdéterminée par la position sociale quoccupe leur famille,nous avons également examiné les liens entre la positionsociale des familles et les facteurs de risque et de protectionreconnus, ainsi quavec de nombreuses caractéristiques (desprécisions concernant certains facteurs explicatifs et deprotection sont présentées au tableau A.2 en annexe). Lesrésultats obtenus à partir danalyses bivariées (données nonprésentées) montrent une distribution sociale inégale, et ce,pour tous les volets de lenquête. En fait, plus la positionsociale des familles est faible, plus la prévalence dunemajorité de facteurs de risque augmente.On peut donc se poser la question suivante : si dans toutesles classes sociales, il y avait par exemple la mêmeproportion de tout-petits ayant été allaités, denfants vivantdans des familles monoparentales ou denfants dont lesparents fument à la maison, pourrait-on encore observer desdifférences de santé selon la position sociale de la famille?Cest dans le but de contrôler les effets de cescaractéristiques et de ces facteurs que des analysesmultivariées ont été effectuées. À laide de modèles derégression logistique, nous avons cherché à cerner leffet netde la position sociale de la famille sur les différences desanté observées chez les enfants, une fois considérés certainsfacteurs de risque ou de protection ainsi que certainescaractéristiques. Enfin, rappelons que lutilisation dunindicateur de faible position sociale persistante, sévèrecomme le nôtre, fait en sorte que nos résultats sous-estiment
probablement les liens entre la faible position sociale de lafamille et la santé des enfants.LhospitalisationQuand les effets dun ensemble de facteurs et decaractéristiques sont pris en compte, les résultats indiquentun lien affaibli entre lhospitalisation et la position socialede la famille, bien quon observe une tendance dans lesens attendu à lavantage des enfants favorisés. Cela dit, lefait pour des bambins denviron 4 ans de vivre depuis leurnaissance au sein dune famille située au bas de léchellesociale accroît leur risque denviron 41 %14 davoir séjournéau moins une nuit à lhôpital comparativement auxbambins de position sociale élevée (tableau A.3). En plusdun faible statut socioéconomique, dautres facteursaugmentent la probabilité des tout-petits de passer aumoins une nuit à lhôpital : vivre dans une famillemonoparentale à au moins un des volets, ne pas avoir étéallaité pendant au moins six mois et avoir une mère nonimmigrante et qui déclare ne pas être en très bonne santéà au moins un des volets.Regardons maintenant ce que révèle lexamen des effetsmodifiants, cest-à-dire la présence de facteurs en mesurede modifier lassociation entre lhospitalisation et laposition sociale de la famille (pour plus de détailsconcernant la méthode, voir encadré 2).
Encadré 2Lanalyse des effets modifiantsPour détecter les effets modifiants de certaines variables, des interactions doubles entre la position sociale et lesvariables potentiellement modifiantes sont introduites dans lanalyse15. Ces effets sont vérifiés en ajoutant lesinteractions une à la fois. Une interaction statistiquement significative (le seuil est fixé à 10 %) indiquerait dembléela présence dun effet modifiant. On sintéresse surtout à la partie de linteraction touchant les deux groupesextrêmes. À moins davis contraire, les valeurs p présentées au bas des figures représentent les niveaux designification observés pour cette partie de linteraction. Cependant, puisque la puissance de ces tests estrelativement faible compte tenu de la taille de léchantillon dans certains sous-groupes et de la sévérité delindicateur de faible position sociale persistante, nous avons aussi construit et testé certains contrastes bien définisen utilisant les termes dinteraction. Cela avait pour but didentifier de nouvelles pistes de réflexion pourlintervention. Notre attention sest dirigée vers les facteurs pour lesquels la relation entre la position sociale etlindicateur de santé ou de développement est presque inexistante pour certains sous-groupes alors que pourdautres, elle semble persister, une fois les autres facteurs de contrôle pris en compte.
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En premier lieu, on constate que parmi les enfants quinont pas été allaités pendant au moins six mois, linfluencede la position sociale sur la probabilité davoir séjourné aumoins une nuit à lhôpital est forte, alors quelle se dissipechez ceux layant été (figure 2). Concrètement, pour lesenfants ayant été allaités pendant six mois, linfluence dustatut socioéconomique sur la probabilité davoir séjournéau moins une nuit à lhôpital depuis leur naissance nesemble pas jouer. Il est à noter que, peu importelappartenance sociale, les probabilités davoir étéhospitalisé une nuit sont plus faibles dans ce groupe quedans les familles où lenfant na pas été allaité pendant aumoins six mois.Figure 2Comparaison des liens entre la position sociale de lafamille et l'hospitalisation de lenfant selon le moded'alimentation et la présence ou non du soutien desgrands-parents, Québec, 1998-20021,8 ,7 1,6*1 *1,6 1,4* 1,4* 41,4 1,2 1, 1,31,21 0 1,0 0,9 1,0 1,0 1,0,0,80,60,40,20,0Non Oui Non OuiAllaitement pendant 6 mois Soutien des grands-parentsPosition sociale faible Position sociale moyenne Position sociale élevée Rapportsde cotes significatifs au seuil de 5 %.*Interactions : Allaitement p = 0,10; Soutien des grands-parents p = 0,20.Source : Institut de la statistique du Québec,ÉLDEQ, 1998-2002.Maintenant, bien que linteraction ne soit passtatistiquement significative au seuil retenu, nous avonsprocédé à lexamen des contrastes quant au soutieninstrumental et émotif reçu des grands-parents. Même si lataille de léchantillon et la sévérité de notre indicateur defaible position sociale persistante ne nous permettent pasdobtenir le seuil de signification statistique souhaité, lesdonnées observées vont tout de même dans le sens attenduet offrent une piste dintervention : le soutien instrumentalet émotif des grands-parents. Ce dernier pourrait atténuerla relation entre lhospitalisation de lenfant pour au moinsune nuit et la position sociale quoccupe sa famille. Endautres mots, dans les familles défavorisées où les grands-parents apportent leur soutien, la faible position socialeaurait un impact plus modeste sur la probabilité davoir étéhospitalisé, une fois pris en compte lensemble des autresfacteurs. Ces résultats révèlent le potentiel de protection dedeux facteurs : lallaitement maternel pour une périodedau moins six mois, dune part, et, dautre part, le rôlebénéfique possible du soutien des grands-parents.
Les crises dasthmeNos résultats montrent quen contrôlant leffet de certainsfacteurs, lassociation entre la position sociale et laprobabilité de subir une crise dasthme pour les tout-petitsest amenuisée, au point de devenir non significative sur leplan statistique, même si lon observe toujours unetendance dans le sens attendu (tableau A.3). Ainsi, lesenfants de familles se situant au bas de léchelle socialedepuis leur naissance ont environ 47 % plus de probabilitésdavoir une crise dasthme que leurs pairs issus de famillesfavorisées, lorsque lon tient compte des effets de certainsfacteurs de risque, de protection ou démographiques.Lexamen des effets modifiants nous apprend ce qui suit(figure 3). Pour les enfants qui vivent dans une famille defaible position sociale depuis la naissance, la probabilitéplus élevée davoir subi une crise dasthme sestompequand ceux-ci vivent dans une demeure où il ny a pas dechien ni de chat. En pratique cela signifie que, dans lesfamilles où il ny a pas de chat ni de chien, les tout-petitscourent les mêmes risques élevés davoir une crisedasthme indépendamment de leur appartenance sociale,une fois pris en compte lensemble des autres facteurs.Figure 3Comparaison des liens entre la position sociale de lafamille et les crises dasthme selon la présence dechiens ou de chats à la maison et lexposition à lafumée secondaire au domicile, Québec, 1998-20023,53,1*3,02 5 2,4*,2,1*2,01,5 1,4 1,4 1,41,0 1,1 1,0 1 1,2 01,0 ,0 1,0,50,0Oui Non Oui NonChien ou chat au domicile Fumée secondairePosition sociale faible Position sociale moyenne Position sociale élevée* Rapportsde cotes significatifs au seuil de 5 %.Interactions : Chien ou chat p = 0,03; Fumée secondaire p = 0,18 pourle test si la différence entre les positions sociales moyenneet faible est égale pour les enfants exposés et non exposés.Source : Institut de la statistique du Québec,ÉLDEQ, 1998-2002.Compte tenu des résultats provenant dautres études, nousavons, une fois de plus, examiné les contrastes concernantla « présencede fumée secondaire dans la maison » et la« santé perçue de la mère » (données non présentées) bienque les tests dinteractions naient pas donné de résultatsstatistiquement significatifs. Les tendances observées nousamènent à penser que les désavantages liés à la positionVolume 3, Fascicule 4, Juin 2005 Page 5
sociale de leur famille pourraient samenuiser pour lesenfants vivant dans une maison où il ny a pas de fuméesecondaire ou encore pour ceux vivant avec une mère sedéclarant en bonne santé.Ainsi, sur le plan de la santé, deux autres facteurs sontsusceptibles de rendre un peu plus égaux socialement lesenfants denviron 4 ans : la non-exposition à la fuméesecondaire et une mère en très bonne ou en excellentesanté. Par ailleurs, précisons que labsence de chiens ou dechats dans la maison familiale semble faire perdre auxenfants favorisés leur position avantageuse quant au faiblerisque de subir une crise dasthme. En milieu favorisé, lefait pour un enfant en bas âge davoir un chat ou un chienpourrait être bénéfique pour le développement de sonsystème immunitaire. Un tel effet a déjà été observé dansdautres études longitudinales16.LembonpointEn ce qui a trait au surplus de poids, on observe quuneposition sociale faible persistante ainsi quune positionsociale moyenne demeurent significativement associées àune probabilité plus élevée davoir un surplus de poids àlâge de 3 ans ou 4 ans, après avoir pris en compte leffetde certains facteurs (voir le tableau A.3). Les tout-petitsvivant dans des familles de faible niveau socioéconomiqueont une probabilité de près de 42 % plus grande deprésenter de lembonpoint par comparaison avec lesenfants évoluant dans un milieu favorisé. En plus dunfaible statut socioéconomique ou dun statut moyen, le faitde vivre dans une famille monoparentale augmente laprobabilité des jeunes enfants de présenter delembonpoint. Après avoir procédé à lexamen des effetsmodifiants, on constate que peu importe le type de famille(données non présentées) lassociation observée entre laposition sociale et lembonpoint persiste. Selon nosrésultats, aucun des facteurs que nous avons analysés nesemble en mesure de protéger les jeunes enfants vivant aubas de léchelle sociale du risque accru davoir un surplusde poids. À titre dexemple, nous avons vérifié les effets dupoids à la naissance, du temps passé à regarder latélévision ou encore de celui dévolu à lordinateur, en plusdexaminer quelques indicateurs pertinents traitant decertains aspects de lalimentation des enfants.Lhyperactivité/inattentionLes données présentées au tableau A.3 montrent que lelien entre la position sociale de la famille et les problèmesdhyperactivité/inattention chez les enfants est considéra-blement affaibli quand on tient compte dautres facteurs,bien que lon observe tout de même une tendance àlavantage des enfants de position sociale élevée. En effet,
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outre linfluence du statut socioéconomique, dautresfacteurs augmentent la probabilité dêtre perçu par samère comme étant hyperactif-inattentif : être un garçon,vivre dans une famille où il y a des pratiques parentalescoercitives et de la fumée secondaire, avoir une mère quidéclare ne pas être en très bonne ou en excellente santé,ne pas avoir été allaité pendant au moins quatre mois etvivre dans un quartier perçu comme étant dangereuxpour les enfants et où il y a peu dentraide.En effectuant des analyses stratifiées, on constate que lesdonnées observées vont dans le sens habituel : le lien entredes comportements hyperactifs et inattentifs rapportés par lamère et la position sociale sestompe pour les enfants qui ontété allaités pendant au moins quatre mois (figure 4). Bienque linteraction ne soit pas jugée significative sur le planstatistique, une piste de réflexion pour lintervention en santépublique peut être dégagée. En effet, pour les enfants ayantété allaités pendant au moins quatre mois, linfluence duniveau socioéconomique sur la probabilité davoir descomportements hyperactifs et inattentifs ne semble plusjouer. Cela signifie que, peu importe lappartenance sociale,les probabilités dêtre hyperactif pourraient être plus faiblesdans ce groupe que dans les familles où lenfant na pas étéallaité pendant au moins quatre mois. Ces résultats segreffent à dautres déjà observés qui tendent à confirmer lepotentiel de protection dun allaitement qui dure au moinsquatre mois pour les tout-petits vivant au bas de léchellesociale depuis leur naissance.Figure 4Comparaison des liens entre la position sociale de lafamille et lhyperactivité/inattention selon le modedalimentation, Québec, 1998-20021,8 1,6* 1,6*1,61,4,11,21,2 1,0 1 1,01,00,80,60,40,20,0Non OuiAllaitement durant au moins 4 moisPosition sociale faible Position sociale moyenne Position sociale élevée* Rapportsde cotes significatifs au seuil de 5 %.Interaction : p = 0,22 pour le test si la différence entre les positionssociales moyenne et faible est égale pour les allaités et lesnon allaités.Source : Institut de la statistique du Québec,ÉLDEQ, 1998-2002.
La non-consultation dun pédiatreparents biologiques séparés semble faire perdre aux jeunesUnepositionsocialeinférieuredemeureliéeàuneseoncfiaanltesélleesvéaevqauntaangteàslaasfsréoqciuéesntàatiuonnedfaunmilpléedidaetrep.ositionprobabilité plus forte de ne pas avoir consulté un pédiatreentre la naissance et lâge denviron 3 ½ ans. LeLa présence de caries (réparées ou non)tableau A.3 révèle la persistance de ce lien particulier entrele fait de ne pas avoir consulté un pédiatre aux quatre Après avoir pris en compte leffet de plusieurs facteurs depremiers volets de lenquête et la position sociale risque ou de protection ou certaines caractéristiques, unequoccupe la famille depuis la naissance de lenfant, même position sociale faible persistante demeure significa-lorsque sont pris en compte les effets de plusieurs facteurs tivement associée à un risque considérablement accruet caractéristiques. En fait, comparativement à leurs pairs davoir des caries (réparées ou non) durant la petiteissus dun milieu favorisé, les enfants de faible position enfance(tableau A.3). Le fait quun bambin vit depuis sasociale ont un risque accru denviron 34 % de nêtre jamais naissance au sein dune famille située au bas de léchelleallés chez un pédiatre. Cela étonne un peu, car on a vu, sociale accroît son risque denviron 112 % davoir destout le long de létude, quun état de santé précaire est caries,comparativement à ses pairs issus dun milieudavantage le lot des tout-petits de faible position sociale. favorisé. En plus dun faible statut socioéconomique, unEn plus dun faible statut socioéconomique, dautres autre facteur augmente la probabilité des tout-petitsfacteurs augmentent la probabilité des tout-petits de ne pas davoir des caries : ne pas fréquenter une garderie.avoir été vus par un pédiatre dans les douze mois Voyonsmaintenant ce que révèle lexamen de facteursprécédant chacun des volets de lenquête : ne pas recevoir susceptibles de modifier ce lien. En fait, pour les enfantsde soutien des grands-parents, vivre dans une famille de de 4 ans vivant dans une famille de position socialetrois enfants et plus, avoir une mère non immigrante et qui inférieure depuis leur naissance, aucun des nombreuxa consommé de lalcool pendant la grossesse. facteurs analysés napparaît en mesure de les protéger dela probabilité élevée davoir des caries (données nonOn a de plus observé la présence de facteurs en mesure de présentées).modifier ce lien. En effectuant les analyses stratifiées, onremarque que parmi les tout-petits dont les parents se sontLa non-consultation dun dentisteséparés, le lien entre la non-consultation dun pédiatre et laposition sociale se dissipe (figure 5). Au Québec, pour les enfants de moins de 10 ans, la plupart des services dentaires sont gratuits, cest-à-direFigure 5 r noComparaison des liens entre la position socialepnaoyséasnpaalysestirnedirqéugeinmteqpuuublnicedpoassitsiuornanscoec-iamlealiandfiéer.ieOurre,de la famille et la non-consultation dun pédiatreest liée à une probabilité élevée de ne pas avoir consultéselon la présence des deux parents biologiques,un dentiste avant lâge denviron 4 ans. Le tablea A.3Québec, 1998-2002u3,0révèle la persistance du lien entre la non-consultation2,5*dun dentiste et la position sociale quoccupe la famille2,5depuis la naissance de lenfant, même lorsque sont pris2 2,0*en compte les effets des facteurs potentiellement,01,51,3confondants. Entre lâge denviron 2 ½ ans et 4 ans, les1,01,0 0,8 1,0enfants défavorisés socialement ont un risque de près de48 % plus grand de ne pas avoir été conduits chez le0,5dentiste comparativement aux enfants provenant dun0,0milieu favorisé. En plus dun faible statutNon Ouisocioéconomique, certains facteurs augmentent laFamille intacteprobabilité des tout-petits de ne pas avoir été vus par lePosition sociale faible Position sociale moyenne Position sociale élevéedentiste : être un enfant unique, ne pas fréquenter un* Rapports de cotes significatifs à unau seuil de 5 %.jardin denfants ou ne pas participer à des activitésISnoteurracceti:oIn:titput=de0,l0a8st.atistiqueduQuébec,ÉLDEQ, 1998-2002.éducatives et avoir une mère immigrante. nsOn remarque en outre la présence de deux facteurs enCela signifie que les enfants dont les parents biologiques mesure de modifier ces liens : être un enfant unique etont cessé de vivre ensemble entre la naissance et lâge vivre dans une famille dont les parents biologiques sontdenviron 3 ½ ans présentent les mêmes probabilités de ne séparés. Dune part, nos résultats révèlent que les enfantspas avoir consulté un pédiatre, peu importe le niveau nayant ni frère ni sur courent les mêmes risques élevéssocioéconomique de leur famille. Le fait davoir des de nêtre jamais allés chez le dentiste, peu importe leVolume 3, Fascicule 4, Juin 2005 Page 7
niveau socioéconomique de leur famille (figure 6). Alorsque si les enfants vivent dans une famille de trois enfants etplus, plus la position sociale est faible, plus le risque de nepas aller chez le dentiste augmente. De sorte, que le faitdêtre un enfant unique semble faire perdre lavantagedont bénéficie les enfants favorisés en matière deconsultation précoce dun dentiste.Figure 6Comparaison des liens entre la position socialede la famille et la non-consultation dun dentisteselon le nombre denfants et la présence des deuxparents biologiques, Québec, 1998-20023,53,1*3,0 2 7*,2,51,9*2,0 1,7* 5*1,5 1,1,0 1,2 1,2 1,11,0 1,0 1,0 1,0 0,8 1,0 1,00,50,01 2 3 et + Non OuiNombre d'enfants Famille intactePosition sociale faible Position sociale moyenne Position sociale élevée* Rapportsde cotes significatifs au seuil de 5 %.Interactions : Famille intacte p = 0,01; Nombre denfants p = 0,05.Source : Institut de la statistique du Québec,ÉLDEQ, 1998-2002.Dautre part, pour les enfants dont les deux parentsbiologiques ne vivent plus ensemble, linfluence de laposition sociale ne joue pas sur la probabilité de ne jamaisavoir consulté un dentiste avant lâge denviron 4 ans(figure 6). Les enfants qui vivent dans une famille dont lesparents biologiques sont séparés courent donc les mêmesrisques peu importe le niveau socioéconomique de leursparents. Il en va autrement pour les enfants dont la familleest intacte : la probabilité de ne pas avoir effectué unevisite chez le dentiste durant la petite enfance estétroitement liée à la position sociale de la famille puisqueplus la position sociale de la famille est faible, plus laprobabilité de ne pas avoir consulté un dentiste augmente.En réalité, pour les enfants favorisés, avoir des parents quisont séparés semble leur faire perdre les atouts conféréspar la position sociale élevée de leur famille.Des pistes pour lintervention en contexte devulnérabilitéAvant de poursuivre, il importe de rappeler certaines limitesde notre étude. La taille de léchantillon, la faibleprévalence de problèmes de santé et de développementparmi les jeunes enfants, contrairement à une cohorte
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composée de personnes âgées, de même que la sévéritéde lindicateur de faible position sociale persistante utiliséfont en sorte que lon nobtient pas toujours des seuilsirréprochables de signification statistique. Néanmoins, ennous inspirant de résultats obtenus avec dautres étudeslongitudinales, nous sommes persuadés que lÉLDEQprocure une occasion inouïe de déceler des facteurs quipourraient diminuer linégalité sociale des jeunes enfantsdevant la santé, car, à l'échelle du Québec, nous pouvonsmaintenant décrire les changements qui surviennent dansla vie des tout-petits et de leur famille entre la naissance etl entrée à lécole.En bref, nos résultats indiquent que pour un bambindenviron 4 ans, vivre depuis sa naissance au sein dunefamille située au bas de léchelle sociale quant au revenudu ménage, au niveau de scolarité des parents et auprestige de leur profession accroît dans la plupart des cassa probabilité davoir une santé et un développementcompromis. Par exemple, lorsque lon tient compte desautres facteurs liés au surplus de poids, le risque quil soitaux prises avec de lembonpoint durant ses premièresannées de vie augmente de près de 42 % par rapport àdes enfants provenant dun milieu aisé. Comparativementà ses pairs issus dun milieu favorisé, il a égalementenviron 112 % plus de risques davoir des caries. On aaussi observé que les tout-petits de 4 ans provenant dunmilieu social défavorisé étaient conduits chez le pédiatre oule dentiste moins fréquemment que les enfants évoluantdans un milieu favorisé : un risque de non-consultationplus grand denviron 34 % pour le pédiatre et de près de48 % pour le dentiste.Certes, pour réduire les inégalités sociales de santé, il fautdiminuer les inégalités socioéconomiques au sein de lasociété québécoise. Toutefois, dici latteinte de cenécessaire objectif, la présente étude révèle certainesorientations à donner aux interventions en santé publiquedestinées aux populations vulnérables. Nous avons eneffet levé le voile sur certains facteurs ou caractéristiquesqui pourraient expliquer les liens observés entre laposition sociale défavorable de la famille et les problèmesde santé ou de développement, alors que dautresfacteurs pourraient déjouer ladversité. À la lumière deces résultats, voici quelques pistes de réflexion pourlintervention dans un contexte de vulnérabilité.Tout en adoptant une attitude non culpabilisante etrespectueuse des familles appartenant à un milieu socialdifférent, lensemble des intervenants devrait promouvoir etsoutenir lallaitement maternel en milieu défavorisé, car cedernier peut protéger la santé des enfants de faibleposition sociale. En témoignent les résultats portant surlhospitalisation et, dans une moindre mesure sur le plan
statistique, ceux concernant lhyperactivité/inattention. Uneattention spéciale devrait également être accordée auxfamilles monoparentales ainsi quà celles dont les parentssont eux aussi nés au Québec, les résultats ayant montréleffet net de ces deux facteurs sur la propension à avoir étéhospitalisé. On devrait aussi mettre en uvre des actionsqui encouragent le resserrement des liensintergénérationnels, puisque laide instrumentale ouémotive fournie par les grands-parents a été reconnuecomme pouvant protéger la santé de leurs petits-enfantsdésavantagés. Retenons aussi que les programmes desanté publique visant à améliorer la santé des mères vivanten milieu défavorisé sont susceptibles de faire dune pierredeux coups : sauvegarder aussi celle de leurs enfants.Des actions non culpabilisantes visant à éliminer la fuméesecondaire dans les maisons devraient également savérerbénéfiques pour protéger de lasthme les tout-petitsdéfavorisés. De plus, souvenons-nous que le tabagisme estassocié au risque accru de comportements hyperactifs etinattentifs. Pour les crises dasthme et pourlhyperactivité/inattention, les garçons présentent une plusgrande vulnérabilité que les filles. Il importe aussi de savoirque la plus grande prévalence de comportementshyperactifs et inattentifs rapportés parmi les enfants defaible niveau socioéconomique est également associée àdes pratiques parentales coercitives, au fait de vivre dansun quartier dangereux pour les enfants avec peu dentraideet au fait davoir une mère qui déclare ne pas être en trèsbonne santé à au moins un des volets de létude.Dautre part, lors de lélaboration de programmes de santépublique visant à prévenir lembonpoint ou la cariedentaire, une attention particulière devrait être accordéeaux familles de faible niveau socioéconomique, puisquequil semble fort difficile de contrer linfluence deladversité. Pour le surplus de poids, les jeunes enfantsvivant dans une famille monoparentale devront égalementrecevoir une attention singulière. Alors que pour laprévalence de la carie dentaire, les familles dont lesenfants ne vont pas à la garderie nécessitent un suivispécifique. D'ailleurs, il faut accroître sensiblement lesefforts visant à encourager les parents de faible positionsociale à conduire précocement leurs enfants au cabinet dudentiste. Pour la non-consultation du dentiste en milieudéfavorisé, on devra accorder une attention particulièreaux familles ayant trois enfants et plus, où la mère estimmigrante et où les bambins ne fréquentent pas unegarderie ou ne sont pas insérés dans dautres activitéséducatives structurées.Enfin, mentionnons que pour les enfants vivant dans desfamilles aisées au plan socioéconomique, certains facteurspeuvent leur faire perdre les avantages en matière de santé
propres à leur position sociale élevée. Ainsi en est-il desenfants dont les parents ont vécu une séparation(consultation dun pédiatre ou dun dentiste), des famillesqui nont pas de chien ni de chat (asthme) ou encore decelles ayant un seul enfant (consultation dun dentiste).Pour conclure, il nous semble fondamental dinvestirauprès des enfants défavorisés à un âge précoce. À linstarde James J. Heckman17, prix Nobel de scienceséconomiques, nous soutenons que cest pendant la petiteenfance que les citoyens du Québec devraient recevoirlinvestissement par habitant le plus important. Une tellevolte-face doit servir en priorité les très jeunes enfants defamilles défavorisées. Dans un contexte de rareté deressources sur le plan financier, il nous sembleindispensable dimplanter des programmes de santépublique qui sadressent en priorité aux clientèlessusceptibles den tirer les plus grands bénéfices. Espéronsque les facteurs de protection de la santé des tout-petitsvivant au bas de léchelle sociale, mis au jour par nostravaux, trouvent un écho de façon prioritaire dans lesfuturs programmes de santé publique du Québec. Ainsi, encontrant une certaine fatalité sociale et sanitaire, onpourrait réduire de beaucoup les inégalités sociales desanté à lâge adulte.
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Annexes
Tableau A.1Description des indicateurs de santé et de développement de lenfant retenusIdnedidcéavteeluorpdpeesmaennttéetVoletsDescriptiondelindicateurHospitalisation1998à2002AdedpmuiisssisoannàailsshaônpcitealpouraumoinsunenuitAsthme1999à2002PdrésevnolceetsdceonccriesrensésdasthmeàaumoinsunesIndice de masse corporelle (IMC) calculé àEmbonpoint2001 ou 2002* partir du poids et de la taille de lenfant entenant compte du sexe et de lâge de cedernier**Valeurs supérieures à 5 sur léchelleHyperactivité/inattention2000à2002lsthaynpdearradcitsiévieté/in(adtetenti0onààau10m)oinsmeusnurdantesvolets concernésNon-consultation duuNnond-ecsonvsoulltetastiocndunéspédiatreàaumoinsn1998 à 2001 contre consultationpédiatredunpédiatreàtoonucselrensvoletsCarie dentaire2002 Présence de caries quelles soient réparées ounondNeonntictoensultatiodun2000vdNoeolnentti-ssctoencàsounalctuaetrimnoéonsinsdcuounnntrdeedsevcnootilnsttsesultaàtiotnousdluenssn, 2001 et 2002e* Dans le cas où les données du volet 2002 ne sont pas disponibles, nous utilisons les données du volet 2001.** LIMC a été calculé en tenant compte des critères élaborés par Cole et ses collègues : T.J.COLE,M.C.BELLIZZI,K.M.FLEGAL, et W.H.DIETZ (2000). « Establishing a standard definition for child overweight and obesity worldwide :international survey »,British Medical Journal ,vol.320, no 7244, p. 1240-1243.Source : Institut de la statistique du Québec,ÉLDEQ, 1998-2002.