Les sœurs apothicaires en France aux XVIIe et XVIIIe siècles - article ; n°312 ; vol.84, pg 131-135
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1996 - Volume 84 - Numéro 312 - Pages 131-135
5 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 57
Langue Français

Extrait

Marie-Claude Dinet-Lecomte
Les sœurs apothicaires en France aux XVIIe et XVIIIe siècles
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 84e année, N. 312, 1996. pp. 131-135.
Citer ce document / Cite this document :
Dinet-Lecomte Marie-Claude. Les sœurs apothicaires en France aux XVIIe et XVIIIe siècles. In: Revue d'histoire de la
pharmacie, 84e année, N. 312, 1996. pp. 131-135.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1996_num_84_312_6174DE LA PHARMACIE HOSPITALIERE - FRANCE 131 HISTOIRE
Les surs apothicaires en France
aux XVIIe et XVIIIe siècles
Marie-Claude DINET-LECOMTE
Amiens, FRANCE
Aux confins de l'histoire rel Rappelons d'abord que les soeurs
igieuse, hospitalière et médicale, les apothicaires appartiennent à des com
soeurs apothicaires n'ont jamais fait munautés religieuses qui exigent de
l'objet d'une étude approfondie en leurs membres les trois vux tradi
raison de la rareté ou de l'insignifiance tionnels d'obéissance de chasteté et de
apparente des sources à leur sujet. Il pauvreté. Conformément à la réhabili
est vrai qu'en dehors des règlements, tation des uvres voulue par le
des comptes et des délibérations des Concile de Trente, la plupart des
grands Hôtels-Dieu, très peu de docu congrégations hospitalières ajoutent
ments permettent de restituer d'une un quatrième vu spécial de charité
façon satisfaisante ce monde méconnu envers les pauvres considérés comme
des soeurs apothicaires à l'époque « les membres souffrants de Jésus-
moderne. Cependant, le double regard Christ ».
que nous portons depuis des années Le terme générique de « surs »
sur les hôpitaux de l'Ancien Régime et recouvre une très grande variété de sur les congrégations caritatives qui statuts. Parmi la vingtaine de congréles desservent nous invite à reconsidé gations qui se consacrent en priorité rer leur rôle au sein de l'hôpital l. à soigner les pauvres malades des Comment et jusqu'où ces femmes
Hôtels-Dieu, on distingue plusieurs peuvent-elles exercer leur art en
types de famille en fonction de la filiaconformité avec leur condition et la
tion spirituelle et de la nature des règle, sans déplaire aux autorités
vux. C'est pourquoi on réserve l'apmédicales très imbues de leur supérior
pellation de « religieuses » à toutes celité ? Voilà une marge de manuvre
les qui ont prononcé des vux fort étroite où certaines surs à la per
solennels, qu'elles soient cloîtrées ou sonnalité et aux compétences très
non. Dans cette première catégorie où marquées n'entendaient pas se laisser
la vie contemplative a autant d'imporenfermer !
tance que la vie active, les religieuses Sachons en conséquence démêler
de Saint-Augustin sont prépondérantavec prudence les motifs de friction
es et fières de perpétuer la tradition qui ont tendance à s'accumuler à la
fin du XVIIIe siècle pour montrer que augustinienne dans des communautés
le débat ne peut se réduire au simple devenues autonomes. La plupart de
nos exemples proviennent des comet pernicieux procès d'incompétence,
entretenu durablement à l'égard de ces munautés de l'Hôtel-Dieu de Paris et
femmes afin de les discréditer et de d'Hôtels-Dieu provinciaux (Meaux,
les chasser des hôpitaux. Soissons, Blois...). 32 ACTES DU XXXIP CONGRÈS INTERNATIONAL D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE 1
Très proches des religieuses bureau de l'hôpital et le supérieur
augustines à bien des égards, les Hosp ecclésiastique dans des conditions peu
italières de la Charité Notre Dame, avantageuses pour les surs ; l'exem
ple de Brest desservi par les Filles de celles de la Miséricorde de Jésus à
Dieppe, celles de Saint-Joseph à la la Sagesse témoigne déjà d'un souci
Flèche, de Saint- Alexis de Limoges... excessif de rentabilité.
sont d'authentiques religieuses, S'ajoutent à ces contraintes, celles
convaincues que la vocation hospital de l'emploi du temps rigoureusement
ière ne peut s'épanouir que dans un établi en fonction de la règle, de la
cadre conventuel. Les tâches les plus répartition et de la rotation des offices
rudes les attendaient du côté des hôpi entre les différentes surs. Celui de la
taux à relever ou à créer dans le dénue sur apothicaire ne fait jamais l'objet
ment le plus total comme cela fut le d'une longue description; au mieux,
cas pour les hospitalières de Dieppe apprend-t-on dans un état du person
appelées à Québec et pour celles de la nel dressé à l'Hôtel-Dieu de Blois, en
Flèche, menacées à Montréal par les 1685, que « deux religieuses (augusti
Iroquois ! nes) sont occupées à l'entretien de la
pharmacie, ayant à faire des emplâtBeaucoup plus connues que les
religieuses hospitalières, les surs de res, des onguents, des huiles, des
charité qui se sont multipliées sur le graisses, des miels, des eaux, des
modèle des Filles de la Charité de sirops, des électuaires, la confection
Saint-Vincent de Paul incarnent le de poudres, d'infusions, de sucre de
grand élan caritatif en faveur des peti réglisse, plus la vente et la distribution
tes villes et des bourgades délaissées des remèdes... Une seule domestique
les aidant depuis 40 ans » 3. mais aussi pour gouverner de gros
Hôtels-Dieu comme celui d'Angers où Au hasard des comptes et des dél
l'une des 25 surs reçut en 1682 la ibérations de l'Hôtel-Dieu de Paris, on
charge de l'apothicairerie. Sans deve découvre que la sur Claude de
nir aussi importantes et centralisées Sainte-Marie, Mère cheftaine de l'apo
par les Filles de la Charité ou les Filles thicairerie a calculé et signé le mont
de la Sagesse, plusieurs de ces congré ant de ses achats effectués en 1679
gations placées sous la juridiction ou qu'une autre a présidé à l'agrandi
épiscopale ont pu rayonner au-delà de ssement et à l'équipement du labora
leur diocèse d'origine comme les toire en 1738 en faisant installer une
surs de Sainte-Marthe de Beaune, les grosse presse, trois coquemars, un de Sainville ou celles de Saint- nouvel alambic... 4.
Joseph du Puy 2. Consignés sur le vif, ces éléments
Enfin, les Hospitalières de Lyon éparpillés ont l'avantage de les
et les officières de l'Hôpital Général surprendre en pleine action et de révé
de Paris constituent des organisations ler qu'elles occupent un poste plus
important qu'il n'y paraît. En tant originales, mi-laïques, mi-religieuses.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, beau que chef d'office, elles assument des
responsabilités techniques mais aussi coup d'hôpitaux (Hôtels-Dieu d'abord,
administratives et religieuses, hôpitaux généraux ensuite) renoncent
au personnel laïc pour faire appel aux conscientes de l'autorité morale qu'el
congrégations hospitalières réputées les exercent.
plus sûres, disponibles et peu coûteus En dépit de l'infinie variété des
es. Des contrats d'installation sont situations, il s'avère que la plupart des
alors conclus devant notaire entre le surs apothicaires, formées d'une DE LA PHARMACIE HOSPITALIERE - FRANCE 133 HISTOIRE
façon très empirique, finissent par trices et d'excellentes gestionnaires
acquérir une solide expérience et une qui méritent « l'honneur et respect »
véritable autonomie par rapport au (art. 6 du règlement du 6-7-1772). Res
corps médical. Une jeune fille qui ponsables de leur office, elles partici
montre un grand intérêt et des talents pent à la bonne marche de
particuliers pour la pharmacie est tout l'établissement même si elles n'ont pas
de suite remarquée et confiée à la accès à la maîtrise. Remettre en cause
Mère apothicaire. Au terme d'une lon leur fonction ne pouvait susciter que
gue initiation, fondée principalement des conflits et réveiller de vieilles quer
sur l'observation ou à partir de stages elles.
intensifs offerts aux jeunes augustines Dans la société chicanière d'An
de province à l'Hôtel-Dieu de Paris, les cien Régime, il était inévitable que des
nouvelles recrues sont en mesure de surs apothicaires fussent la cible de
remplacer avantageusement leurs critiques et de procè

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