SEULS AUX MAINS DE LA SOUFFRANCE ET DE LA DÉTRESSE
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SEULS AUX MAINS DE LA SOUFFRANCE ET DE LA DÉTRESSE Mon petit passage à l’hôpital m’a permis de faire quelques observations pas trop banales. En fait, plus précisément sur la proportion de personnes âgées aux nombres des patients admis aux urgences. Je n’ai pas de statistiques à ce sujet, mais visiblement les gens âgées sont plus présentes dans les urgences des hôpitaux. Simplement dû au fait que leur situation de santé est plus précaire que les autres groupes d’âges? Peut-être. Toutefois cette observation amène aussi à une autre qui est de constater que ces personnes sont seules. Je veux dire que la plupart des patients des autres groupes d’âge sont accompagnés lorsqu’ils se rendent à l’urgence. Bien d’autres paramètres viennent aussi donner une couleur à mes observations, mais je les considère mineurs comparativement. Il y a le fait que les personnes âgés utilisent plus souvent les services ambulanciers pour se rendre à l’urgence sans que leur état ne le justifie vraiment (il n’y a pas de risques urgents à leur santé). Les gens des autres groupes d’âges sont dans la vie « active » et sont bien entourés de gens de leur famille immédiate. Soit le conjoint, le parent ou l’enfant accompagne les personnes souffrantes aux urgences. La solitude qui se pointe le nez dans la réalité de la société via le système de santé peut probablement être justifiée par le fait que les enfants de ces personnes sont occupés.

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Publié le 01 février 2014
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Langue Français

Extrait

SEULS AUX MAINS DE LA SOUFFRANCE ET DE LA DÉTRESSE
Mon petit passage à l’hôpital m’a permis de faire quelques observations pas trop banales.
En fait, plus précisément sur la proportion de personnes âgées aux nombres des patients admis aux urgences. Je n’ai pas de statistiques à ce sujet, mais visiblement les gens âgées sont plus présentes dans les urgences des hôpitaux. Simplement dû au fait que leur situation de santé est plus précaire que les autres groupes d’âges? Peut-être.
Toutefois cette observation amène aussi à une autre qui est de constater que ces personnes sont seules. Je veux dire que la plupart des patients des autres groupes d’âge sont accompagnés lorsqu’ils se rendent à l’urgence.
Bien d’autres paramètres viennent aussi donner une couleur à mes observations, mais je les considère mineurs comparativement. Il y a le fait que les personnes âgés utilisent plus souvent les services ambulanciers pour se rendre à l’urgence sans que leur état ne le justifie vraiment (il n’y a pas de risques urgents à leur santé). Les gens des autres groupes d’âges sont dans la vie « active » et sont bien entourés de gens de leur famille immédiate. Soit le conjoint, le parent ou l’enfant accompagne les personnes souffrantes aux urgences.
La solitude qui se pointe le nez dans la réalité de la société via le système de santé peut probablement être justifiée par le fait que les enfants de ces personnes sont occupés. Le travail, les exigences de leur quotidien, les enfants en bas âges qu’ils ont eux-mêmes ainsi que les pressions d’ordres économiques et j’en passe empêchent souvent les gens de s’occuper de leur vieux parents. Bien souvent, ces vieillards n’annoncent même pas à leur famille qu’ils se rendent à l’hôpital. Il y a même des familles qui se font surprendre au téléphone par l’annonce du décès d’un de leurs proches.
Tout ceci est un tout de même un triste constat bien évidemment. Je ne cherche pas à condamner qui que ce soit. Je ne fais que relever une réalité qui est loin de notre regard si on est en santé et ou que nous n’ayons pas affaire au système de santé.
Néanmoins je ne peux m’empêcher d’y penser. Je porte donc ma réflexion sur la vie en générale. La vie contemporaine vis-à-vis la vie avant, à une autre époque. Comment « dealaient » ces gens avec cette réalité de la maladie c’est la question qui m’intéresse.
Tout d’abord il faut je crois jeter un œil sur le train de vie de ces gens. La nature de l’existence d’une bonne partie de la population était rurale. Et pour ceux qui vivaient à la ville étaient quand même animé par les valeurs de la vie rurale. Les gens qui vivaient de la terre suivaient les saisons et adaptaient leur quotidien à cela. La nature de leur travail était saisonnière. Les exigences du fonctionnement de l’entreprise familiale étaient réparties à des moments précis de l’année. Préparer les champs, semer, entretenir la terre,
récolter, préparer à la conservation etc. étaient sectionnés en parties au long de l’année. La précarité de ce genre d’existence exigeait aussi une collaboration et des liens plus étroits entre les personnes d’une même communauté. Fallait-il qu’un malheur vienne s’abattre sur certains de ces membres que les autres accouraient par solidarité à la rescousse pour sauver la mise.
Même au sein de la famille immédiate lorsque la maladie frappait il n’y avait d’autre choix que de mettre la main à la pâte pour assurer le fonctionnement de la « machine » de la maison. Le plus courant, du moins le plus évoquant pour tous était les femmes qui accouchaient à la maison. Cela nécessitait l’aide de plusieurs personnes en commençant par la sage-femme. Puis les sœurs et les tantes et même les enfants s’affairaient à prendre soin de la maison au lieu de la mère qui était bien occupé à une autre tâche. Il en était de même lorsqu’un père s’effondrait sous le poids de la maladie ou d’un accident de travail. La participation des autres hommes n’était pas une chose mise en doute, cela allait de soi.
De plus, les personnes âgées vivaient au sein de la famille active. Donc les soins à prodiguer à ces personnes étaient généralement confiés à la mère active du groupe familiale. Advenant le cas où une personne devait être hospitalisée il n’était pas question qu’elle se retrouve seule. Elle était généralement accompagnée par un membre de sa famille immédiate. Les tâches ordinaires de cette personne devenaient la charge des autres membres de la famille. Bien évidemment je généralise. Je suis sûr que les sœurs qui s’occupaient du système de santé pourraient me révéler une tout autre réalité. Cependant demeurons dans la généralité pour les besoins de mon exposé.
Alors que se passe-t-il de nos jours? Quelle différence dans l’organisation du travail et de la famille fait en sorte que les personnes les plus fragiles de notre société se retrouvent
seules face à leur souffrance? Parce que souffrance il y en a ou je devrais peut-être dire détresse. Physique puis psychologique. Ces personnes se trouvent dans un endroit inconnu, dans une situation de souffrance physique sans la moindre idée de comment fonctionne le système de santé. Ils arrivent aux urgences croyant bien être prises en charge sur le moment tous leurs problèmes seront réglés. Hélas! La réalité les frappe de plein fouet. Ils sont casés dans des corridors sans aide, sans explications autre que les besoins du moment de la part du personnel qui en ont déjà plein les bras. Ces personnes âgées ne comprennent pas leur propre souffrance ni ce qui va advenir d’eux. En plus de leur souffrance physique ils sont en proie à l’ignorance et l’infantilisation généralisée du personnel hospitalier. Le personnel croyant à tort que la désorientation systématique et l’ignorance dont sont victimes les patients pour un état de débilité qui les rend aussi intelligents que des enfants. Pourtant ces personnes n’ont juste pas été éduquées comme nous l’avons été. Je porte peut être un jugement sévère sur le personnel, mais c’est ce que j’ai pu constater de visu. Certes plusieurs des personnes âgées qui arrivent aux urgences sont atteint de maladies mentales qui les diminue mentalement, mais ce n’est j’ose le croire pas la majorité.
Je fus par moment attristé par le sort réservé à ces personnes. Même les confidences de certains membres du personnel sont venues appuyer le fait que certaines personnes atteintes d’Alzheimer en autres ne se débattent guère lorsqu’ils sont casé dans les corridors et attendent hors des délais raisonnables des soins qui ne viennent pas. Seules sans l’accompagnement de personne, elles sont faciles à oublier.
Oui oubliées aussi par les membres de leur propre famille qui ont mieux à faire que de venir les accompagner aux urgences pendant des périodes interminables. Toutefois cette famille est-elle capable de cet accompagnement? C’est une bonne question qui mérite une réflexion. La vie et ses exigences accaparent tout le temps disponible. Pourtant nous avons bien du temps devant nous à nous divertir, à nous reposer etc. Nous n’avons juste plus ce réflexe de support communautaire tel qu’il existait dans la société d’avant. L’argent achète tout beaucoup diraient. Est-ce vraiment le cas? Là encore pour consacrer une partie de nos ressources financières déjà maigre à la prise en charge des personnes vieillissantes de nos familles nécessitent cette conscience de la nécessité justement. Cette conscience qui nous suggère que si un est dans le malheur, ce même malheur peut aussi nous frappé. Nous ne nous voyons plus à travers l’autre. Nous ne voyons que notre propre personne, notre propre réalité. Nous sommes devenus individualistes et égoïstes. Dur constant j’en conviens, mais constat tout de même.
Ce délaissement par égoïsme est surement aussi le fait que nous réalisons à travers la souffrance de l’autre la possibilité qu’elle ne nous atteigne nous. Nous préférons nous en tenir loin tout comme nous nous tenons loin de la mort qui est maintenant une grande inconnue. La dure réalité de ce constant est qu’un beau jour nous serons à notre tour étendu sur une civière dans un corridor d’hôpital et attendrons nous aussi qu’on s’occupe de nous. Nous serons nous aussi bien derrière en connaissance technologique dans le domaine de la santé donc nous serons nous aussi ignorants de ce qui se passera. Nous souffrirons atrocement de douleurs physiques et bien évidemment le personnel fera de son mieux pour s’occuper de nous. Notre détresse psychologique sera à son comble lorsque nous sentirons seuls à notre tour, laisser pour compte en attendant si nous sommes chanceux que la mort vienne nous délivrer de cet enfer organisé.
Je suis triste par ce que même moi j’ai de la misère à donner, à conscientiser la douleur et la détresse des autres si je n’y suis pas confronté. J’ai été témoin d’elle et je l’oublierai de sitôt que quitterai cet environnement. Néanmoins nous avons tous le devoir de nous intéresser à notre système de santé et surtout à notre rapport avec la souffrance. Mieux encore nous avons à jeter un œil critique sur nos valeurs de société et sur l’organisation de notre travail, sur la génération de nos revenus et notre relation avec les autres. Nous avons le devoir de nous poser la question à savoir si l’autre devrait avoir un peu plus d’importance qu’il en a maintenant dans notre existence.
Je lève tout de même mon chapeau au personnel de notre système de santé qui pour la plupart se donne à fond pour le bien être des gens et ce à tous les niveaux d’interaction ainsi qu’aux bénévoles qui donnent leur temps pour soulager un tant soit peu la détresse des gens victimes de la solitude et de la détresse.
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