Les « sinopie » récemment découvertes sous les mosaïques de l abside de Saint-Apollinaire-in-Classe, à Ravenne - article ; n°1 ; vol.118, pg 97-110
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Les « sinopie » récemment découvertes sous les mosaïques de l'abside de Saint-Apollinaire-in-Classe, à Ravenne - article ; n°1 ; vol.118, pg 97-110

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1974 - Volume 118 - Numéro 1 - Pages 97-110
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Giuseppe Bovini
Les « sinopie » récemment découvertes sous les mosaïques de
l'abside de Saint-Apollinaire-in-Classe, à Ravenne
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 118e année, N. 1, 1974. pp. 97-
110.
Citer ce document / Cite this document :
Bovini Giuseppe. Les « sinopie » récemment découvertes sous les mosaïques de l'abside de Saint-Apollinaire-in-Classe, à
Ravenne. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 118e année, N. 1, 1974. pp. 97-
110.
doi : 10.3406/crai.1974.12967
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1974_num_118_1_12967« SINOPIE » DE SAINT-APOLLINAIRE-IN-CLASSE 97 LES
COMMUNICATION
LES « SINOPIE » RÉCEMMENT DÉCOUVERTES
SOUS LES MOSAÏQUES DE L'ABSIDE
DE SAINT-APOLLINAIRE-IN-CLASSE, A RAVENNE,
PAR M. GIUSEPPE BOVINI.
Le grand archevêque de Ravenne, Maximien — qui eut la chance
de lier son nom à la consécration de la célèbre église de Saint-Vital —
consacra aussi, une année plus tard, et plus précisément le 9 mai 549,
l'imposante basilique de Saint-Apollinaire-in-Classe. La dénominat
ion « in Classe » dérive — comme on le sait — de celle du proche
oppidum Classis, créé en fonction du fameux port fondé par Odavia-
nus Augustus pour abriter l'une des deux grandes escadres navales
romaines. Et ce fut parmi les habitants de ce castrum — en majorité
marins et marchands — que saint Apollinaire, le premier évêque
de Ravenne, apporta d'Antioche la foi nouvelle, le réconfort de sa
parole évangélisatrice.
La basilique érigée en l'honneur de saint Apollinaire se dresse
à cinq kilomètres environ du centre de Ravenne. Elle se trouve
aujourd'hui assez loin de la mer, qui autrefois en était toute proche.
On l'aperçoit de loin en raison de sa masse imposante et surtout de
son robuste campanile (datant peut-être de la fin du xe siècle),
qui a une forme cylindrique caractéristique.
C'est Julianus Argentarius, un riche banquier privé, — qui avait
déjà financé la construction de Saint-Vital — qui pourvut aux frais
considérables de celle de l'église, commencée sous l'épiscopat
d'Ursicinus.
L'intérieur de l'église, vaste, solennel et aéré, produit une impres
sion profonde et frappe particulièrement par l'ampleur considérable
de la nef centrale, le long de laquelle s'alignent deux rangées de
magnifiques colonnes de marbre, provenant des ateliers du Procon-
nèse. Ces sont surmontées par des chapiteaux corinthiens
aux feuilles d'acanthe « gonflées par le vent ».
Mais ce qui requiert davantage l'attention du visiteur de la basi
lique, c'est très certainement la vaste étendue des surfaces de
mosaïques qui, à la façon d'un somptueux manteau polychrome,
revêtent l'arc triomphal et la demi-coupole de l'abside (fig. 1).
Toute la décoration des mosaïques n'appartient cependant pas à la
même période.
La partie supérieure de l'arc triomphal remonterait, selon certains
savants — comme par exemple Toesca — au vne siècle ; d'autres
cependant, par exemple Galassi, sont d'avis de le dater du ixe siècle. Fig. 1. — Ravenne, Saint-Apollinaire-in-Classe. Mosaïques de l'arc triomphal et de la conque absidale. LES « SINOPIE » DE SAINT-APOLLINAIRE-IN-CLASSE 99
Mais ce qui maintenant nous intéresse, c'est surtout la décoration
de la demi-coupole absidale, qu'on peut, sans doute, attribuer à
peu près au milieu du vie siècle. La composition, fondée sur l'accord
d'un petit nombre de couleurs fraîches, peut facilement se diviser
en deux zones.
Au centre de la zone supérieure, au milieu d'un ciel d'or, domine
un grand disque qui contient une croix, constellée de pierres pré
cieuses et entourée de quatre-vingt-dix-neuf étoiles d'or et d'argent.
Au croisement de ses bras, un médaillon représente la tête du Christ.
Le bras supérieur de la croix est surmonté du mot grec IX0YC,
tandis que, en bas, au pied de la croix, on lit l'inscription salvs
mvndi.
Ce grand disque est surmonté des bustes de Moïse et d'Élie, qui
surgissent d'une foule de nuages stylisés : leur présence témoigne de
façon fort claire — bien que l'artiste se soit servi du symbole de la
croix — que nous sommes en présence de la scène de la Transfigura
tion du Christ. Font également partie de cette scène les trois agneaux
candides situés deux à droite et un à gauche du registre inférieur,
le museau tourné vers la croix. Ils symbolisent les Apôtres qui furent
présents au prodigieux événement sur le mont Thabor : Pierre,
Jacques et Jean.
Dans la zone plus basse de la cavité absidale s'étend une large
vallée verte fleurie, garnie de petits rochers sombres, ourlés de blanc,
et égayée par une abondance d'herbes, de buissons et de plantes,
parmi lesquels on reconnaît également le pin, l'arbre qui, aujour
d'hui encore, caractérise le paysage des environs de Ravenne ; à ce
propos nous pouvons rappeler la « foresta » (c'est-à-dire la pinède)
« spessa e viva » (épaisse et vive) que Dante et Byron ont chantée.
Au centre de ce paysage, caractérisé par un vert tendre, se dresse,
grandiose, hiératique et solennelle, la figure de saint Apollinaire,
qui par-dessus sa tunique blanche porte la chasuble sacerdotale,
ornée de nombreuses abeilles d'or symbolisant l'éloquence. Le pre
mier évêque de Ravenne est représenté les bras levés et ouverts, en
orant, c'est-à-dire qu'il est en train d'adresser ses prières à Dieu pour
qu'il concède la grâce céleste aux fidèles, confiés à ses soins : ceux-ci
sont figurés par douze agneaux blancs qui se dirigent vers lui.
C'est pour cette raison que la composition semble inspirée des
derniers mots du sermon que saint Pierre Chrysologue prononça à
Ravenne, dans la première moitié du ve siècle, en l'honneur de saint
Apollinaire : Ecce vivit, ecce ut Bonus Pastor suo medio assistit in
grege (Voici celui qui vit, voici le Bon Pasteur qui assiste le troupeau
qui l'entoure).
Nous avons un écho exact de ces termes dans deux mots de l'an
cienne prière récitée à Ravenne, où les fidèles, s'adressant à saint 100 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Apollinaire, se déclaraient oves gregis lui (brebis de ton troupeau).
Ici, je devrais entrer vraiment in médias res, c'est-à-dire dans le vif
de ma communication.
Mais, puisque récemment une grande partie de la grandiose
composition de l'abside de Saint- Apollinaire-in-Classe fut détachée
du mur, en nous faisant connaître la technique de cette mosaïque,
il est nécessaire que j'ouvre une parenthèse pour montrer brièvement
ce qu'on connaissait sur ce sujet jusqu'à aujourd'hui.
Lorsque M. Gino Chierici restaura l'octogone de Saint-Aquilin
à Milan — qui fait partie du complexe monumental de San Lorenzo
Maggiore, datant de la fin du ive siècle ou du début du ve — et
souleva la mosaïque de la demi-voûte de l'abside de gauche, il enleva
ce qui, sur la surface, avait été complété en fresque. Il fut alors
possible de bien voir les « sinopie » situées au-dessus (c'est-à-dire les
esquisses sommaires à la terre de Sinope) et de se rendre compte de
ce que devait être l'achèvement de la scène, parce que ces esquisses
servaient certainement à guider le praticien pour la transposition
en mosaïque. On put ainsi reconnaître la partie postérieure des
chevaux du quadrige, lancé en marche dans le ciel, voir une roue du
char et reconnaître, plus bas, la figure d'un berger au repos.
Il y a environ quarante ans que M. Biagetti détacha — aux fins
de consolidation — quelques surfaces de la mosaïque de l'arc triom
phal de la basilique de Sainte-Marie-Majeure à Rome, qui remonte
au deuxième quart du ve siècle, au temps du Pape Sixte III. En
enlevant la partie qui représente la vision de saint Joseph (figuré
à côté de sa maison) on a pu observer que sur la couche de mortier
située au-dessous, l'esquises préliminaire, tracée avec la pointe du
pinceau, était différente, puisque le long du côté de l

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