Blondel et la dialectique du Désir - article ; n°12 ; vol.71, pg 681-697
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Description

Revue Philosophique de Louvain - Année 1973 - Volume 71 - Numéro 12 - Pages 681-697
Après avoir indiqué combien le thème du désir est au cœur de la problématique philosophique moderne et contemporaine, l'auteur en démarque la position blondélienne pour souligner son originalité. Le Désir selon Blondel constitue le dynamisme originaire de l'être; il n'en finit jamais de se ressourcer au plus profond de ses enracinements. Il surgit de l'inadéquation entre le pensé et le pensant, le voulu et le voulant. Source du penser et du vouloir, le désir est encore et surtout à l'origine de leur union, c'est-à-dire de l'action qui est force d'accomplissement dans l'inachèvement reconnu. L'auteur illustre ceci en examinant la position du problème de Dieu dans la philosophie de Blondel.
Having noted the extent to which the theme of desire is at the heart of the debate in modern and contemporary philosophy, the author marks out the position of Blondel with a view to emphasizing his originality. According to Blondel, Desire constitutes the original dynamism of being ; it never ceases to feed itself from the deepest of its roots. It arises from the discrepancy between the object which is thought and the thinking being, the object willed and the being which wills. Desire, the source of the acts of thinking and willing, furthermore and especially grounds their union, — that is to say, grounds the action which is the force of accomplishment in the recognised incompletion. The author illustrates this point by examining the position of the problem of God in the philosophy of Blondel.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Lacroix
Blondel et la dialectique du Désir
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 71, N°12, 1973. pp. 681-697.
Résumé
Après avoir indiqué combien le thème du désir est au cœur de la problématique philosophique moderne et contemporaine,
l'auteur en démarque la position blondélienne pour souligner son originalité. Le Désir selon Blondel constitue le dynamisme
originaire de l'être; il n'en finit jamais de se ressourcer au plus profond de ses enracinements. Il surgit de l'inadéquation entre le
pensé et le pensant, le voulu et le voulant. Source du penser et du vouloir, le désir est encore et surtout à l'origine de leur union,
c'est-à-dire de l'action qui est force d'accomplissement dans l'inachèvement reconnu. L'auteur illustre ceci en examinant la
position du problème de Dieu dans la philosophie de Blondel.
Abstract
Having noted the extent to which the theme of desire is at the heart of the debate in modern and contemporary philosophy, the
author marks out the position of Blondel with a view to emphasizing his originality. According to Blondel, Desire constitutes the
original dynamism of being ; it never ceases to feed itself from the deepest of its roots. It arises from the discrepancy between the
object which is thought and the thinking being, the object willed and the being which wills. Desire, the source of the acts of
thinking and willing, furthermore and especially grounds their union, — that is to say, grounds the action which is the force of
accomplishment in the recognised incompletion. The author illustrates this point by examining the position of the problem of God
in the philosophy of Blondel.
Citer ce document / Cite this document :
Lacroix Jean. Blondel et la dialectique du Désir. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 71, N°12, 1973.
pp. 681-697.
doi : 10.3406/phlou.1973.5760
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1973_num_71_12_5760Blondel et la dialectique du Désir
Le thème du désir est sans doute devenu le plus commun dans
la pensée et l'existence contemporaines. Il inspire la philosophie et
la vie, il tente d'unir la psychanalyse et la politique. On fait parfois
remonter cette attitude à Freud. Mais si le freudisme voit bien dans
la libido l'essence du désir, à son égard il est plutôt répressif. Celui
qui a écrit que « le déplaisir était la seule mesure éducative » et que
l'analyse n'annihile pas les résultats du refoulement, mais lui substitue
une « condamnation par les plus hautes instances psychiques » (*),
était moins l'homme de la satisfaction des désirs que de leur répression.
Ce qui explique par exemple qu'un philosophe comme Deleuze et un
psychanalyste comme Guattari aient pu s'unir, dans leur Anti-Œdipe,
pour critiquer Freud et célébrer, contre lui, les « machines désirantes ».
Continuant sur sa lancée, Guattari, dans Psychanalyse et Transversalité,
dénonce le clivage entre ce qui serait du ressort d'une critique théorique
pure et l'activité analytique concrète des sciences humaines : il demande
qu'on attache la même importance à une définition d'Antonin Artaud
qu'à une autre de Descartes et que l'on introduise dans la psycho
thérapie institutionnelle une véritable machine à produire et à énoncer
le désir. Ce qui est essentiellement reproché à Freud est de maintenir
le sujet personnel et même, en un certain sens, de l'étendre jusqu'à
l'inconscient; au-delà de la psychanalyse, ce qu'on veut atteindre
et marquer, c'est la place des désirs en quelque sorte sans sujet dans
le champ social. Ne dit-on pas aussi que, depuis 1968, deux hommes
ont marqué, de façon irréversible, la jeunesse contemporaine : Herbert
Marcuse et Wilhelm Reich? Marcuse, si bien discuté dans l'ouvrage
de Perroux : François Perroux interroge Herbert Marcuse qui répond
(Aubier) défend un style de vie « érotico-esthétique » et soutient qu'est
(*) Ce texte est la reproduction d'une conférence prononcée le 31 mars 1973 à
l'Institut Supérieur de Philosophie de l'Université Catholique de Louvain, dans le cadre
des journées d'inauguration du Centre d'Archives Maurice Blondel. Le recueil de toutes
les interventions faites à ces journées peut être obtenu chez l'éditeur de la Revue.
(x) Cinq Psychanalyses, p. 191. 682 Jean Lacroix
raisonnable ce qui produit la satisfaction et l'apaisement. Wilhelm
Reich réconcilie le principe de plaisir et le principe de réalité en faisant
du premier la source du second et, à partir de son étude sur le rôle
primordial de l'orgasme dans le maintien d'une bonne santé physique
et psychique, invente Y Économie sexuelle qui fonde la vie libre sur
l'orgasme, si l'on entend par là tout ce qui est plaisant et spontané,
ce qui entraîne la satisfaction du désir. Dans ces perspectives le désir
se caractérise par une double opposition. D'abord il conteste toute
répression ou contrainte. L'erreur traditionnelle est celle d'une maîtrise
de soi obtenue par la lutte contre les désirs. Le mécanisme répressif
n'est jamais intérieur, mais toujours intériorisé. Il vient de la société,
de la famille, du milieu, des valeurs traditionnellement transmises,
des systèmes politiques et économiques, d'une fausse conception de
la société humaine. C'est dans le groupe, et avec le groupe, comme
chez Fourier, qu'il faut réaliser cette subjectivité inconsciente qu'est
le désir. Toute la question est de savoir comment un groupe peut
porter son propre désir, le mettre en connexion avec les désirs d'autres
groupes et ceux des masses. Ce qui entraîne une seconde opposition,
qu'on pourrait appeler contestation de la raison au sens traditionnel,
du Logos. La régulation intellectuelle n'est pas naturelle, c'est un
article d'importation. En parlant de l'âge de raison, en intériorisant
progressivement dans l'être de l'enfant ce qu'on pourrait appeler
une raison sociale, on limite, appauvrit ou tue le désir. Le règne du
désir est la fin du règne de l'intelligence ou de la raison, si l'on entend
par là une certaine rationalité ou intellectualité qui trouve sa pleine
réalisation dans le positivisme. Pour Marcuse, le pire ennemi d'Éros
c'est Logos. Si le désir est bien subjectivité inconsciente, ce n'est plus
la conscience intellectuelle ou (et) morale qui doit dominer.
Cette expression même de inconsciente est carac
téristique. Elle résume diverses influences. Une grande partie de la
phénoménologie contemporaine avait abouti à un sujet transcendantal
ou à un sujet épistémologique, en tout cas à un sans désir. La
voie était alors ouverte, et ceux qu'on appelle assez mal structuralistes
l'ont suivie, pour montrer que le sujet pur de la phénoménologie
était parcouru par un système de désirs qui s'échangent à son insu.
Cette attitude se développe de plus en plus. Elle est logique. Admettre
un sujet libre et conscient, c'est presque inévitablement supposer
ou poser une personne, relativement maîtresse de ses désirs, ne s'identi-
fiant pas absolument à eux, capable au moins de les juger et de les Blondel et la dialectique du Désir 683
orienter. C'est pourquoi on parle moins de sujets désirants que de
machines désirantes. Gkiattari, pour en revenir à lui, ne discute pas
de l'identité personnelle. Mais, lorsqu'il affirme que « nous sommes
tous des groupuscules », il veut dire que l'individu lui-même fourmille
de "vies multiples, qu'il est un «groupuscule» ou, si l'on préfère, une
puissance schizophrénique. La vraie question dès lors n'est plus
proprement celle du désir. On n'a pas attendu Freud pour en com
prendre l'importance. Sans remonter à l'Éros platonicien ou à cette
aspiration aristotélicienne de chaque être et du monde entier vers une
forme plus parfaite, il faudrait souligner le rôle de l'appétit dans la
philosophie scolastique, du désir chez tous les grands cartésiens,
du désir de l'autre dans la dialectique hégélienne. Un philosophe
actuel du désir, Robert Misrahi, dans un récent ouvrage sur Le désir
et la réflexion dans la philosophie de Spinoza, ouvrage discutable quant
à l'interprétation du spinozisme, mais toujours su

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