Des commentaires d Aristote par Themistius ? - article ; n°12 ; vol.71, pg 669-680
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1973 - Volume 71 - Numéro 12 - Pages 669-680
The quotations from Themistius found in John Philiponus' commentary In De Anima correspond very badly with the text of the paraphrase of Themistius' In De Anima which is known to us. A precise comparison of the corresponding texts leads us to suppose that, besides the paraphrases, Themistius also composed real commentaries on Aristotle which have not come down to us. Furthermore, this hypothesis is confirmed by a piece of evidence from Photius.
Les citations de Themistius qu'on trouve dans le commentaire In De Anima de Jean Philopon se rapportent très mal au texte de la paraphrase In De Anima de Themistius que nous connaissons. Une comparaison précise des textes correspondants nous fait supposer que Themistius a composé, outre les paraphrases, de vrais commentaires d'Aristote qui ne nous sont pas parvenus. Cette hypothèse est d'ailleurs confirmée par un témoignage de Photius.
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Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 44
Langue Français

Extrait

Carlos Steel
Des commentaires d'Aristote par Themistius ?
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 71, N°12, 1973. pp. 669-680.
Abstract
The quotations from Themistius found in John Philiponus' commentary In De Anima correspond very badly with the text of the
paraphrase of Themistius' In De Anima which is known to us. A precise comparison of the corresponding texts leads us to
suppose that, besides the paraphrases, Themistius also composed real commentaries on Aristotle which have not come down to
us. Furthermore, this hypothesis is confirmed by a piece of evidence from Photius.
Résumé
Les citations de Themistius qu'on trouve dans le commentaire In De Anima de Jean Philopon se rapportent très mal au texte de
la paraphrase In De Anima de Themistius que nous connaissons. Une comparaison précise des textes correspondants nous fait
supposer que Themistius a composé, outre les paraphrases, de vrais commentaires d'Aristote qui ne nous sont pas parvenus.
Cette hypothèse est d'ailleurs confirmée par un témoignage de Photius.
Citer ce document / Cite this document :
Steel Carlos. Des commentaires d'Aristote par Themistius ?. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 71,
N°12, 1973. pp. 669-680.
doi : 10.3406/phlou.1973.5759
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1973_num_71_12_5759Des commentaires cf Aristote
par Themistius ?
Dans le grand commentaire sur le De Anima de Jean Philopon
(et du pseudo-Philopon pour le IIIe livre), il y a quatre passages où
l'opinion de Themistius est mentionnée (1). De ce célèbre philosophe-
rhéteur du IVe siècle nous possédons encore — à côté d'une collection
de discours — des paraphrases de cinq écrits d' Aristote, parmi le
squelles la Par. in De Anima (2). Dans l'apparat critique de son édition
de Philopon, M. Hayduck renvoie le lecteur pour les citations de
Themistius au texte de cette paraphrase. Néanmoins, après avoir
comparé avec soin les citations chez Philopon et les passages parallèles
dans ce texte de Themistius, nous doutons fort que le commentateur
Alexandrin s'y réfère vraiment. Nous supposons plutôt qu'il a trouvé
l'opinion de Themistius non dans la Paraphrase, mais dans un comment
aire sur le De Anima du même auteur. Voici les résultats de notre
étude comparative.
Les deux premières citations se trouvent dans l'exposé sur le
toucher. En étudiant le toucher, dit Aristote, on se heurte dès le début
à deux difficultés : 1° Le toucher est-il un sens unique ou comprend-il
plusieurs sens sous une même dénomination ? — 2° Quel est l'organe
spécifique du toucher ? Est-ce la chair elle-même ou un organe inté
rieur? {De An., II, 11). Dans un long exposé qui précède l'analyse
du texte d' Aristote, Jean Philopon examine amplement les deux
questions. En ce qui concerne la première aporie, Aristote nous donne
deux arguments qui semblent démontrer que le toucher n'est pas un
sens unique. D'abord (A), chaque sens ne paraît avoir pour objet
spécifique qu'une seule paire de qualités opposées; p. ex. pour la vue
(x) Joannis Phïloponi In Aristotelis De Anima libros commentaries,. Éd. M. Hay-
dtjck. C.A.G. XV, Berlin 1897, pp. 408, 25 (+ 409,3; 410,1.35); 418,25; 450,9.19;
508, 20 (+ 514,29).
(2) Themistii In libros Aristotelis De Anima Paraphrasis. Éd. R. Heinzb. C.A.G.
V, 3, Berlin 1899. 670 Carlos Steel
l'opposition du noir et du blanc, pour l'ouïe celle de l'aigu et du doux,
etc. Par contre dans le tangible on peut discerner plusieurs oppositions :
le chaud et le froid, le sec et l'humide, le dur et le mou et d'autres
encore. Il faudrait donc en conclure qu'il y a autant de sens tactiles
que d'oppositions tangibles. A cette difficulté on pourrait répondre
que les autres sens comprennent eux aussi plusieurs oppositions;
ainsi nous percevons par l'ouïe non seulement l'aigu et le grave de
la voix, mais aussi son intensité ou sa faiblesse, sa douceur ou sa
rudesse. — On pourrait cependant alléguer un autre argument (B) :
pour les autres sens on peut toujours désigner un objet spécifique
commun, le son pour l'ouïe, la couleur pour la vue, etc., tandis que
pour le toucher n'apparaît pas clairement quel pourrait être son objet
commun. Il semble donc qu'Aristote laisse ici en suspens la question
de savoir si le toucher est un sens unique. Cependant, la thèse démontrée
plus loin qu'il n'y a pas plus de cinq sens implique que le toucher
est un sens unique (3). Cela n'est pas l'opinion de Themistius selon
Philopon; il pense que les arguments cités par Aristote en faveur
de la pluralité du toucher sont irréfutables et il en accepte donc la
conclusion : le toucher comprend une pluralité de sens tactiles (4).
En effet, même Aristote ne cherche plus à trouver une réplique au
dernier argument (B), et s'il essaie d'ébranler le premier (A), c'est
par un vrai sophisme qu'il le fait (1. 29 : èao(j>iaaro Se rniâs). Quand
il dit que chaque sens sauf le toucher ne comprend qu'une seule oppos
ition, il entend par là évidemment une seule opposition de sensibles
propres (ISiœv alaôrjTœv). Ensuite en voulant invalider cet argument,
il affirme que les autres sens peuvent discerner eux aussi plus d'une
paire de qualités opposées : l'ouïe n'a pas seulement pour objet l'aigu
et le grave, mais aussi le grand et le petit. Mais là se trouve précisément
le sophisme : ravra 8è Xéyœv irapaXoy lierai rj/jiâç (1. 34) ! Le grand et
le petit font en effet partie des «sensibles communs» (koivôjv) (5).
Pour que son raisonnement fût valable, Aristote aurait dû montrer
que les autres sens ont eux aussi plusieurs oppositions de sensibles
propres. « Voilà ce qu'affirme Themistus ! » Philopon n'accepte pas
cette interprétation : il objecte à Themistius que sans le savoir il a
(3) Cf. Philop., In D.A., 417, 13-18.
(4) Cf. 408, 25 s. : ô Se deploriés (f>rjaiv àXvrovs fièv ravras eîvai, tû> Svti yàp ov fiiav
eîvcu, àXXà TrXelovs alodrjoeis rrjv à^-qv. ravras c.-à-d. les argumentations en faveur de la
pluralité du toucher (imxeîp^areis : cf. 1. 27).
(5) Cf. Aeist., De An. III, 1-425 a 16. commentaires d1 Aristote par Themistius ? 671 Des
lui-même employé un sophisme dans sa critique : rjyvorjoe Se iavrov
TTapaXoyLadfjievos (6). Tout ce passage où est présentée l'argumentation
de Themistius (408, 25-409, 3) est introduit par o Se defiiarios (f>rjat ...
et conclu par ravra fiev ovv 6 OefxiaTios ; le 0^cti est encore repété
en 27, 29 et 34. Il semble donc que Philopon veuille nous rendre les
paroles de Themistius assez littéralement. Comparons maintenant ce
« testimonium » avec le texte de Themistius dans la Paraphrase qui
traite des mêmes problèmes, p. 76, 14-36. Après avoir présenté la
difficulté et la solution suggérée par Aristote, l'auteur y ajoute une
remarque plus personnelle : cette explication n'est pas suffisante
— ovk a7TO)(pa)VTcos) car le grand et le petit sont des (ov% iKavrj
sensibles communs à tous les sens, tandis que les multiples qualités
contraires aperçues par le toucher lui sont propres. On remarquera
la ressemblance quant à la doctrine entre ce texte et la citation chez
Philopon : l'argumentation d' Aristote n'est pas valable puisqu'il y a
une transition injustifiée des sensibles propres aux sensibles com
muns (7). Cependant il est invraisemblable que Philopon se réfère
au texte de la Paraphrase. 1° Même si nous admettons qu'il rend la
pensée de Themistius assez librement, il est curieux que nous ne
retrouvions aucun terme spécifique dans les deux textes : par ex.
àXvrovs (1. 25) oaXevcrai (11. 28 et 36) iaocf)laaTo (1. 29) et irapaXoyi^erai
(1. 35) chez Philopon, ou î/cai/17 et àTToxpwvrtos chez Themistius. 2° La
critique de l'opinion d' Aristote est beaucoup plus explicite et vive
dans le texte de Philopon : la solution proposée par Aristote n'y est
plus caractérisée comme « insuffisante », mais comme « un faux raisonne
ment » par lequel Aristote veut nous tromper. 3° Nulle part dans la
Paraphrase Themistius ne dit qu' Aristote renonce à chercher une
réponse au deuxième argument qui lui semble irréfutable. 4° L'opinion
de Themistius est beaucoup plus tranchée chez Philopon : il y affirme
clairement que le toucher comprend plusieurs sens (8). Tout cela nous
fait donc supposer que Philopon a c

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