La physique aristotélicienne et la philosophie - article ; n°49 ; vol.39, pg 5-26
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1936 - Volume 39 - Numéro 49 - Pages 5-26
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Publié le 01 janvier 1936
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Langue Français
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Extrait

Auguste Mansion
La physique aristotélicienne et la philosophie
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 39° année, Deuxième série, N°49, 1936. pp. 5-26.
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Mansion Auguste. La physique aristotélicienne et la philosophie. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 39° année,
Deuxième série, N°49, 1936. pp. 5-26.
doi : 10.3406/phlou.1936.2956
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1936_num_39_49_2956La physique aristotélicienne
et la philosophie^
Avant d'entamer l'exposé des conceptions d'Aristote sur la
nature de la physique et autres sciences connexes, ainsi que sur
les rapports de ces disciplines avec la philosophie, il y a lieu de
vider d'abord, de façon au moins sommaire, une question préjud
icielle, — provoquée par les travaux de W. Jaeger : existe-t-il
sur le point en litige une doctrine aristotélicienne ne varietur,
ou ne faut-il pas plutôt distinguer diverses positions d'Aristote
en la matière, — positions déterminées par l'évolution même de
sa pensée ? — II serait évidemment hors de propos ici de discuter
par le détail le problème de l'évolution d'Aristote. Mais en quelque
mesure qu'on l'admette ou qu'on la rejette, il y a moyen de faire
usage de ses écrits principaux sans avoir en pratique à tenir grand
compte de cette évolution. Les traités que nous possédons, voire
les parties dont ils sont composés, sont sans doute de dates assez
diverses et dès lors ces traités ou ces parties de traité portent tou
jours jusqu'à un certain point la marque de l'époque à laquelle ils
virent le jour et trahissent le stade d'évolution auquel en était
arrivée à ce moment la pensée de l'auteur concernant des pro
blèmes déterminés. Mais, en même temps, tous ces traités — la
réunion de morceaux de dates diverses au sein d'un même traité
suffirait à le prouver, — ont subi de nombreuses retouches. Celles-
ci, à leur tour, appartiennent sans doute à des périodes success
ives, constituant, de la part de l'auteur, autant de mises au point
nouvelles de ses travaux antérieurs. Il en résulte que les traités,
— tels que nous les possédons — , rendent en gros la pensée
(*' Cet article et les trois suivants reproduisent le texte des rapports présentés
au cours de la première des deux Journées d'études de Louvain, le 24 septembre
1935. Les rapports de la seconde journée seront publiés dans le fascicule de mai.
Sur les Journées d'études, voir laReoue néoscolastique de novembre 1935, pp. 546-49. 6 A. Mansion
d'Aristote, au terme de son évolution, — si évolution il y eut, —
et répondent aux conceptions de sa pleine maturité, vers la fin de
son dernier séjour à Athènes. De là l'impression d'unité dans la
doctrine, qu'y avaient trouvée à bon droit un Zeller et d'autres
historiens de son époque. Cette unité est bien réelle ; elle est celle
de la pensée définitive, ou à peu près, du philosophe ; elle n'exclut
pas une évolution antérieure, dont les traces peuvent parfaitement
être décelées dans les traités mêmes où cette unité se fait jour,
mais où elle est le résultat de remaniements, qui en beaucoup de
cas ne laissent pas d'être assez apparents et n'ont pas effacé en
tièrement les restes d'une doctrine antérieure.
Il est tout naturel, quand on n'a pas à faire l'histoire détaillée
de la pensée d'Aristote, de prendre cette pensée à son point
d'aboutissement, — telle que, dans l'ensemble, ses écrits nous la
présentent dans l'état où ils nous sont parvenus. Et c'est à cela
que nous nous en tiendrons, — avec d'autant plus de raison que
pour le problème général, qui fait l'objet de cette étude, nous
aurons à nous appuyer presque exclusivement sur la longue série
des traités physiques, — plus de la moitié de l'œuvre d'Aristote
parvenue jusqu'à nous, — série à laquelle les considérations qui
précèdent s'appliquent de manière encore plus adéquate qu'à
d'autres ouvrages du même auteur.
Le problème historique qu'il convient d'examiner en premier
lieu, est celui de la distinction de la philosophie et de la science
d'après Aristote ; cette étude nous permettra immédiatement de
situer la physique, telle qu'il l'entend, dans l'ensemble de nos
connaissances. On considérera à part la question de droit : les
vues théoriques qu'il aurait professées à ce sujet ; — et la ques
tion de fait : les manières diverses dont il aurait traité de pro
blèmes que, de nos jours, on regarde comme des problèmes re
spectivement philosophiques et scientifiques ; — et la séparation
que, dans la pratique, il aurait mise entre différents exposés, con
cernant un même objet matériel, suivant le caractère propre de
l'étude portant sur cet objet.
Pour le premier point, nous devons nous en rapporter aux
grandes divisions du savoir théorétique, divisions bien connues
d'ailleurs et donnant lieu à une classiftcation générale des sciences,
basée sur les trois ordres d'abstraction. — Or, ce qui frappe im
médiatement lorsqu'on examine ces divisions au point de vue qui La physique aristotélicienne et la philosophie 7
nous occupe, c'est que toute distinction entre science et philoso
phie en est, du moins au premier abord, complètement absente.
Les dénominations de çiXoaoçîa et èTuaTYJjnq-science, sans être rigo
ureusement synonymes, y sont employées indifféremment pour dé
signer les mêmes disciplines. Et ce n'est pas que nous ayons affaire
à une division portant exclusivement sur le domaine proprement
« philosophique », car on nous cite comme échantillons du savoir
mathématique : l'arithmétique et la géométrie, déjà constituées
comme sciences indépendantes, dès avant Aristote, et sous une
forme qui, depuis lors, n'a pas été fondamentalement modifiée.
Encore moins pourrait-on imaginer que dans cette division génér
ale du savoir il s'agirait, de façon exclusive, d'une classification
des <( sciences » au sens étroit du mot, puisque cette
aboutit à la métaphysique, discipline philosophique par excellence,
dite à ce titre : philosophie première, — et aussi plus brièvement :
philosophie tout court. — La conclusion qui se dégage ainsi de ce
premier examen des vues théoriques d'Aristote sur les divisions du
savoir, est bien nette et d'ailleurs entièrement négative : pas trace
de distinction chez lui entre ce que nous appelons, en les disti
nguant l'une de l'autre, philosophie et science.
Pourtant, des considérations qui appuient ces divisions sché
matiques, — la scolastique, — ou plutôt, la scolastique moderne,
— a retenu une distinction qui lui a servi à établir celle qu'elle a
mise entre le domaine purement scientifique et le domaine phil
osophique proprement dit. Cette distinction est celle des causes pro
chaines ou immédiates et des causes dernières (ou bien premières)
et dès lors médiates. Toute science, èTUaTYJ^Y], au sens large et aris
totélicien du mot, comprenant aussi et même avant tout les diverses
branches philosophiques, — toute science étant une connaissance
par les causes, la distinction mentionnée à l'instant peut trouver
son application, semble-t-il, à propos de n'importe quel objet,
dont il est loisible de rechercher les causes de l'un ou de l'autre
ordre. Aucune difficulté ne surgira ici du fait qu'il faut prendre le
mot cause, lui aussi, dans un sens très large, suivant lequel il dé
signe tout ce qui peut de quelque manière rendre raison de l'objet
considéré : la cause entendue de cette manière est, semble-t-il,
toujours ou bien la raison après laquelle il n'y a plus moyen d'en
chercher une autre ; ou bien celle qui permet ou postule une r
echerche ultérieure dans la même ligne.
Seulement quand on examine l'usage qu'a fait Aristote de cette 8 A. Mansion
distinction des causes prochaines et dernières, on s'aperçoit qu'elle
ne fonde pas chez lui la différence entre les sciences et la philo
sophie, mais qu'elle lui sert avant tout à séparer de toutes les autres

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