La présence immédiate des choses - article ; n°14 ; vol.29, pg 179-196
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1927 - Volume 29 - Numéro 14 - Pages 179-196
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Publié le 01 janvier 1927
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Langue Français
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Extrait

Léon Noël
La présence immédiate des choses
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 29° année, Deuxième série, N°14, 1927. pp. 179-196.
Citer ce document / Cite this document :
Noël Léon. La présence immédiate des choses. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 29° année, Deuxième série, N°14,
1927. pp. 179-196.
doi : 10.3406/phlou.1927.2468
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1927_num_29_14_2468VII
LA PRÉSENCE IMMÉDIATE
DES CHOSES
Le R. P. Roland -Gosselin a bien voulu consacrer
quelques pages du Bulletin thomiste l) aux idées que j'ai
exposées tant bien que mal dans mes Notes d' Epistémo-
logie thomiste. M. Giuseppe Zamboni en a fait, de son
côté, l'objet d'un article de la Rivista di Filosofia Neo-
Scolastica 2).
Autant je suis reconnaissant aux deux savants auteurs
de l'aimable peine qu'ils ont prise pour entrer dans ma
pensée, autant je crois utile de faire ici un effort pour
éclaircir certaines divergences et pour atteindre aux préci
sions nouvelles auxquelles on me convie.
vais" pas faire de la Que le lecteur se rassure, je ne
polémique. Il me parait que M. Zamboni n'a pas toujours
exactement saisi le sens de mes Notes. Je pourrais repro
duire les phrases que j'ai écrites, les mettre en regard des
siennes ; il se dégagerait sans doute quelque lumière de
cette comparaison, mais il s'en dégagerait encore bien plus
d'ennui. Laissons ces exercices qui n'intéresseraient per
sonne et où seul l'amour-propre littéraire pourrait trouver
son compte, occupons-nous simplement de quelques ques
tions qu'on nous pose et qui nous aideront peut-êtrô à faire
1) Mai 1926.
2) Gennaio-febbraio 1926. 180 L. Noël
quelque progrès dans l'intelligence des notions essentielles
dont il s'agit.
*
* *
Nous croyons qu'une analyse reflexive, correspondant
aux exigences critiques de la philosophie moderne, doit
pouvoir retrouver les bases du réalisme de sens commun et
l'établir définitivement d'une manière absolument claire et
satisfaisante pour l'esprit. Le P. Roland-Gosselin est bien
du même avis. Il pense avec nous que « le thomisme offre
une entrée parfaiiement normale à l'étude critique de la
connaissance » et « admet une dubitatio universalis de
veritate qu'il n'est nullement téméraire d'entendre de la
mise en question de la valeur même de la connaissance ».
Il pense encore, comme nous, que, pour satisfaire à cette
mise en question c'est « un juste souci de méthode » de
« ne pas faire dépendre nos constatations premières de
notions ou de principes qui ne peuvent eux-mêmes être
pleinement justifiés sans elles, ni d'une confiance aveugle
en une faculté que l'on peut supposer faite pour voir clair
au moins en son acte propre. L'on est ainsi amené à
prendre comme point de dépari assuré de la recherche le
cogito, l'acte de penser » *).
Il y a intérêt à souligner ces tendances, car il se trouve
encore des gens pour lesquels l'étiquette « thomiste »
semble signifier je ne sais quel parti pris de ne pas philo
sopher jusqu'au bout et de ne pas être de son temps. A
l'école du Cardinal Mercier, nous avons appris à chercher
au contraire, avec une sincérité radicale, la clarté absolue
des points de départ. Il en résulte des efforts qui se conci-v
lient peu avec une vulgarisation sommaire et une utilisation
pressée des doctrines. Mais il est clair que si la renaissance
scolastique est appelée à un avenir quelconque, il faut
1) Page 80. présence immédiate des choses 18 1 La
qu'elle se tienne au niveau de la philosophie la plus rigou
reusement technique et de ses exigences les plus modernes.
Le P. Roland-Gosselin pense encore, comme nous, que
l'analyse fondamentale qui servira d'entrée à la philosophie
doit être « soigneusement distinguée de l'étude proprement
métaphysique de la connaissance, celle qui a jusqu'à nos
jours à peu près exclusivement préoccupé les philosophes
de l'Ecole ». Nous avons appelé cette analyse » épistémo-
logique •> afin de la distinguer de la théorie"- ontologique »
de la connaissance. Il s'agit, dans la première, de savoir ce
que nous connaissons, il s'agit dans la seconde de savoir
ce qui doit se passer en nous pour que nous connaissions
ce que nous connaissons.
De cette analyse épistémologique, telle que nous l'avons
comprise, le P. Roland-Gosselin résume admirablement les
étapes et nous avons plaisir à le citer afin de situer exacte
ment les points qui restent à débattre :
« 1° La pensée, en acte de juger, saisit sur le fait la
conformité de son jugement à l'objet appréhendé, tel qu'il
est au moins pour la pensée ; 2° cette conformité, on la
constate indépendante des dispositions individuelles du
sujet ; elle est objective, de cette objectivité impersonnelle
-qui ne préjuge pas encore la réalité des choses ; 3° mais
cette objectivité apparaît à son tour a la réflexion comme
nécessairement identique à la réalité elle-même ; de telle
sorte que l'esprit se saisit lui-même en possession* du réel
présent à sa pensée sans intermédiaire et qu'il n'est pas
besoin d'autres démarches pour établir la réalité de l'objet;
4° s'il s'agit cependant de réalités qui ne sont pas saisies
directement par la pensée, le principe de causalité devient
nécessaire pour affirmer leur existence ; mais ce n'est là
qu'une étape secondaire de la recherche épistémologique ;
l'essentiel est acquis dès que se trouve constatée la réalité
de l'objet immédiatement présent ; 5° une étude, propre
ment critique et non plus épistémologique, comparera les
jugements et les constructions du sens commun ou des L. Noël 182
diverses sciences au réel immédiatement appréhendé, afin
de voir s'il a été correctement exprimé et afin d'ordonner
entre eux, comme il convient, les aspects multiples et par
tiels de la réalité livrés à la pensée par ses différentes
facultés d'appréhension w1).
A la troisième étape, qui est évidemment la plus import
ante, il semble au R. P. Roland-Gosselin que la notion
d'une présence immédiate du réel ne saurait guère être
établie par voie d'analyse et qu'elle nous entraîne, bon gré
mal gré, en pleine métaphysique.
Est-ce bien sûr ? Le mot « immédiat » exclut simple
ment la présence d'intermédiaires entre les deux termes
d'une relation. Mais de quels intermédiaires s'agirait-il,
ici, lorsqu'on parle de connaissance? Sans doute, pour que
l'analyse épistémologique puisse les exclure, il faut qu'ils
soient de ceux qu'une réflexion de l'esprit sur son acte peut
faire constater. Il ne s'agit pas, évidemment, d'intermé
diaires ontologiques. La conscience ne saurait les atteindre
s'ils existent, elle ne saurait donc déclarer qu'ils n'existent
pas. Mais n'oublions pas que la réflexion qui nous intéresse
est un retour de l'esprit sur l'acte du jugement. C'est ce
retour, sommaire et implicite, qui fonde la légitimité du
jugement spontané et qu'il s'agit de reprendre en termes
explicites quand on fait de l'épistémologie. Or, dans le
jugement, il y a, entre l'activité de l'esprit et les choses,
des intermédiaires dont nous avons bien conscience puisque"
c'est cette activité môme qui les pose. Ces intermédiaires,
ce sont les concepts formels et distincts qui constituent les
prédicats des jugements.
Dans ces concepts, l'intelligence essaye de se dire à elle-
même ce que sont les choses, mais aussitôt ils deviennent
pour elle comme un substitut des choses, non pas un sub
stitut inconscient comme peut l'être la similitude ontolo
gique qui nous fait connaître, mais un substitut parfaite-
1) Page 81. La présence immédiate des choses 183
ment conscient. Ce sont des « représentations » mais qui
toutes supposent une <• présentation » primitive à laquelle
elles se réfè

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