La Psychologie scientifique est-elle systématique ? - article ; n°64 ; vol.42, pg 572-584
14 pages
Français

La Psychologie scientifique est-elle systématique ? - article ; n°64 ; vol.42, pg 572-584

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
14 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1939 - Volume 42 - Numéro 64 - Pages 572-584
13 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 9
Langue Français

Extrait

Arthur Fauville
La Psychologie scientifique est-elle systématique ?
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 42° année, Deuxième série, N°64, 1939. pp. 572-584.
Citer ce document / Cite this document :
Fauville Arthur. La Psychologie scientifique est-elle systématique ?. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 42° année,
Deuxième série, N°64, 1939. pp. 572-584.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1939_num_42_64_3986La Psychologie scientifique
est-elle systématique ?
Wundt, le fondateur de la psychologie nouvelle, avait l'am
bition de construire une science à la fois systématique et expéri
mentale, et ses gros traités présentent à première vue ces deux
caractères. Cependant les prétentions de Wundt n'étaient qu'en
partie justifiées : système et expériences ont dans ses travaux des
relations qu'il importe de préciser.
On peut tout d'abord remarquer que le système n'est pas
basé sur l'expérimentation. Ses parties principales dérivent de la
philosophie associationniste anglaise, philosophie empirique sans
doute mais non expérimentale : c'est de là que viennent la con
ception de l'analyse psychologique, la conception du parallélisme
psychophysique, la théorie générale de l'association. Certaines
notions sont empruntées à la philosophie allemande : la notion
de l'« aperception » est de Herbart.
D'autres parties du système sont originales mais tirées de
l'observation personnelle non instrumentale : la théorie tridimen
sionnelle du sentiment a été formulée d'abord et soumise plus
tard au contrôle expérimental qui d'ailleurs ne lui fut pas favo
rable.
Wundt emprunta à la physiologie et à la physique sa tech
nique et certains problèmes expérimentaux.
Les recherches expérimentales trouvent dans le système un
cadre favorable à leur exposé, mais il serait inexact de penser
qu'elles en résultent, qu'elles le vérifient ou même qu'elles pré
sentent avec lui une relation nécessaire. Les recherches sur les
temps de réaction, qui dérivent des recherches sur l'équation per
sonnelle, s'encadrent bien dans la conception du parallélisme
psychophysique : en même temps que l'on fait des observations
introspectives, on se livre à des mesures de durée par des mé
thodes physiques; il est commode de considérer ces deux espèces psychologie scientifique est-elle systématique ? 573 La
de données comme parallèles ; cela n'est cependant pas nécess
aire et ces expériences ne peuvent pas prétendre vérifier la con
ception théorique.
Les expériences enrichissent le système d'exemples concrets
et de détails précis ; que l'on songe aux études expérimentales
sur l'« aperception ».
Les systèmes associationnistes anglais prétendent exposer une
psychologie complète et fournissent des cadres pour l'étude de
tous les aspects de la vie mentale. La psychologie expérimentale
présente la même tendance. Si Wundt a interdit à la méthode
introspective l'étude des processus supérieurs, ses élèves ne furent
pas aussi prudents et les tentatives de l'école de Wurtzbourg pour
étudier expérimentalement la pensée et la volonté aboutirent à des
résultats malheureux qui jetèrent le discrédit sur la méthode intro
spective en général.
Dans le domaine de la perception, le système de Wundt ne
parvint pas à résoudre convenablement les problèmes fondament
aux que pose l'organisation spatiale et temporelle. Une percept
ion n'est pas une simple mosaïque de sensations ; elle est orga
nisée, elle présente un dessin qui est donné aussi immédiatement
que les sensations et qui est dans une certaine mesure indépen
dant de celles-ci, puisqu'il peut subsister alors que les sensations
changent. On dira qu'il existe des « qualités formelles », mais que
sont ces « qualités formelles » pour une psychologie analytique ?
Il est difficile de les concevoir comme des processus élémentaires
et de les ranger à côté des sensations. Si elles ne sont pas des pro
cessus élémentaires, elles n'ont pas de place dans les cadres du
système.
En même temps que Wundt élaborait son système, se déve
loppait en Autriche et en Allemagne du Sud la psychologie de
l'Acte. A son origine se trouve le problème des rapports de la
psychologie avec les autres disciplines et spécialement de la avec la logique. Ce système donne à ce problème
une réponse plus profonde que celle de Wundt. Les objets dont
la psychologie doit s'occuper sont des actes : l'acte de percevoir,
de sentir, de juger, de décider, etc. Mais ces actes, et c'est là
leur caractère fondamental, sont incomplets, ils se réfèrent à un
objet qu'ils contiennent intentionnellement. Ce système de l'Acte
ne prétendait pas être entièrement expérimental ; il utilisait lar- 574 A. Faucille
gement la simple observation empirique et il n'eut avec l'expé
rimentation que peu de rapports.
La psychologie de la Forme, qui naquit en 1912 des expé
riences réalisées par Wertheimer avec la collaboration de Kôhler
et de KofFka, présente sur le système de Wundt une supériorité
marquée.
Si ce système subit des influences philosophiques, influence
du pragmatisme de James, de Bergson, de Dewey, influence plus
immédiate de la phénoménologie, il ne fut pas comme celui de
Wundt emprunté à des systèmes philosophiques, mais il fut éla
boré au cours d'expériences stroboscopiques. Wertheimer observa
le caractère d'unité de l'illusion de mouvement et cela malgré la
multiplicité des excitants ; il en tira la notion de forme psychique.
Il est vrai que von Meinong avait décrit d'une manière très pré
cise les caractères des structures psychiques en se basant sur de
simples observations empiriques.
La conception de l'unité organisée de la perception permett
ait de donner à l'embarrassant problème de l'organisation tem
porelle et spatiale la solution satisfaisante que n'avait pu trouver
la psychologie de Wundt.
Bientôt Wertheimer, Koffka et Kôhler prétendirent élaborer
une générale, non plus limitée aux seuls problèmes
s' étendant à tous les domaines de la psyde la perception, mais
chologie, et même une théorie scientifique générale, utile aux
biologistes et aux physiciens. Chez ces derniers la théorie nouvelle
obtint très peu de succès. S'il était peut-être utile d'insister auprès
des biologistes sur le caractère d'unité de l'organisme, depuis long
temps les physiciens, tout en utilisant les notions analytiques de
molécule, d'atome, d'électron, de force, considéraient des en
sembles plus ou moins étendus et complexes et employaient pour
cela des concepts d'une précision bien supérieure à celle des con
cepts de structure.
En psychologie le système nouveau rencontrera aussi des dif
ficultés sérieuses.
Il y a d'abord la masse considérable de recherches utilisant
la méthode des tests et notamment des tests d'intelligence. Dire,
comme le prétend Kôhler (1), que ce sont là des données de por-
l1) KôHLER, W., Gestalt Psychology, New York, Horace Liveright, 1929,
46-50. psychologie scientifique est-elle systématique ? 575 La
tée exclusivement pratique, sans valeur pour la solution des pro
blèmes scientifiques, est une proposition commode mais peu satis
faisante. Une psychologie qui se prétend générale, devrait arriver
à systématiser toutes les données importantes des recherches expé
rimentales. Prétendre que les caractères de structure de la per
ception sont des faits plus fondamentaux que les données que
l'on possède sur les variations, le développement de l'intelligence
mesurée par les tests est une affirmation gratuite, exprimant les
intérêts particuliers de certains chercheurs.
Dans le domaine de l'apprentissage, à côté des expériences
originales de Kôhler, il y a nombre d'autres recherches, notam
ment celles de Thorndike et de Pavlov. Remarquons que les
résultats, obtenus par ces deux derniers auteurs, présentent une
richesse et une pr&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents