La théorie thomiste de la contingence chez Plotin et les penseurs arabes - article ; n°85 ; vol.65, pg 36-52
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1967 - Volume 65 - Numéro 85 - Pages 36-52
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Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 22
Langue Français
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Extrait

Thomas O'Shaughnessy
La théorie thomiste de la contingence chez Plotin et les
penseurs arabes
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 65, N°85, 1967. pp. 36-52.
Citer ce document / Cite this document :
O'Shaughnessy Thomas. La théorie thomiste de la contingence chez Plotin et les penseurs arabes. In: Revue Philosophique de
Louvain. Troisième série, Tome 65, N°85, 1967. pp. 36-52.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1967_num_65_85_5376La théorie thomiste
de la contingence
chez Plotin et les penseurs arabes
On a dit avec raison que, pour bien comprendre l'œuvre phi
losophique de S. Thomas d'Aquin. il fallait la considérer, non
seulement comme le fruit de l'adoption d'Aristote pour remplacer
S. Augustin ou le néoplatonisme, mais aussi comme la fusion en
un seul système des différents courants de la philosophie grecque
et de la spéculation islamique et juive, heureusement combinés
avec la pensée originale des philosophes chrétiens (1).
Cet aspect synthétique de son oeuvre apparaît clairement dans
sa façon de traiter le problème de la contingence par l'analyse
dialectique de l'essence.
Cette méthode fut employée largement avant S. Thomas par
Alfarabi et par Avicenne. Elle suppose l'œuvre antérieure de Por
phyre et de Plotin et elle dérive originellement du système logique
d'Aristote lui-même.
Le genre d'analyse qu'il emploie, bien qu'accepté et utilisé
en plusieurs occasions par la majorité des scolastiques et bon
nombre d'autres penseurs (2>, a été parfois critiqué comme impli
quant un passage illicite de l'ordre des concepts à celui de la
réalité.
Thomas d'Aquin
Pour éviter un malentendu sur sa méthode, il faut se rappeler
le sens particulier que le Docteur Angélique donne au terme a pré-
<1' F. CoPLESTON, A History of Philosophy (London, Burns and Oatea, 1950).
II. 561-63.
«*> Par exemple, SPINOZA. Ethica, Par» I, Ax. vii et Prop, xxiv, et DESCARTES,
Meditationes de prima philotophia, Med. V. théorie thomiste de la contingence 37 La
dicable » quand il parle de l'existence des êtres limités comme
attribut non essentiel.
D'après lui, un « prédicable » est une relation logique entre
deux termes universels, l'un étant le sujet et l'autre l'attribut dans
un jugement. Si le prédicat signifie ce qui n'est ni essentiel au sujet
(comme « animal » ou « rationnel » l'est à l'homme), ni convertible
avec le sujet (comme « capable de rire »), il s'y rapporte comme
un accident logique : par exemple : « un homme est assis » ou
encore « un homme existe ».
Ceci est le sens évident que le Docteur Angélique donne au
terme « accident logique » dans son traité De spiritualibus creaturis.
Dans cette oeuvre, après avoir décrit les puissances de l'âme comme
accidents ontologiques qualitatifs, il parle de l'accident « dans un
sens différent ». Il se réfère à l'un des cinq universaux traités par
Porphyre dans son œuvre sur les attributs. « Dans ce sens », écrit
S. Thomas, « l'accident n'a rien de commun avec les neuf genres
(suprêmes), mais signifie une relation accidentelle de l'attribut au
sujet » (3). Citant de nouveau Porphyre, il ajoute que, si un objet
peut être conçu adéquatement sans un certain attribut, cet attribut
est affirmé comme un accident logique ; par exemple, « blanc » s'il
est attribué à un corbeau (4).
Reprenant le problème des puissances de l'âme, S. Thomas dis
tingue les accidents liés à l'espèce, comme l'est « risibilis » (capable
de rire) pour l'homme, de ceux qui sont propres à l'individu, qu'ils
en soient inséparables, comme « masculin », ou séparables, comme
« marchant ». « Mais, conclut-il, tous les accidents ont ceci de com
mun qu'ils ne font pas partie de l'essence d'un objet et ainsi ne
figurent pas dans la définition de cet objet. On peut donc com
prendre l'essence d'une chose sans rien comprendre de ses acci
dents logiques » (5).
Dans son Commentaire des Sentences, le saint Docteur applique
implicitement la notion d'accident logique à l'acte d'existence dans
les créatures. Il s'appuie sur l'autorité d'Avicenne, qui emploie
souvent cette notion dans ses œuvres.
Puisque le nom de chaque objet devrait désigner son essence,
une créature se distingue des autres, non pas par son acte d'exister,
<*> De êpiritualibus creaturis, quaest. unica, a. 1t.
W De potentia, q. 7, a. 4, 8 et reap.
<*> De anima, a- 12, ad 7. 38 Thomas O'Shaughnessy
qui lui est accidentel, mais par son essence elle-même. En Dieu,
par ailleurs, l'existence s'identifie avec l'essence ; son- nom est donc
par excellence « Celui qui est ».
est' : ce nom, parmi tous les noms de Dieu, est 'Celui qui
celui qui lui convient le mieux. Une raison peut en être tirée des
paroles d'Avicenne. Puisque en tout être qui existe on doit consi
dérer son essence, grâce à laquelle il subsiste dans une nature déter
minée, ' chose * et lui son vient existence, de son qui essence, fait qu'il selon est Avicenne dit être en ; acte, alors le que nom le
' ' qui existe lui vient de son acte d'exister. Mais dans toute nom
créature l'essence diffère de l'existence, si bien que toute chose
créée est justement nommée d'après son essence et non du fait
qu'elle existe... Mais en Dieu l'existence est l'essence ; il s'en suit
que le nom dérivant de son existence lui est propre <6).
L'existence créée a sa source en dehors de l'essence et se com
bine à l'essence, aucune des deux n'étant produite avant leur union.
Donc, dans l'ordre logique, l'existence n'est pas une note consti
tuante de l'essence et, en conséquence, elle n'appartient pas à son
concept adéquat.
Tout ce qui n'appartient pas au concept d'une essence ... lui
vient du dehors et entre en composition avec elle, parce qu'aucune
essence ne peut être conçue dans l'esprit sans ces éléments qui
constituent ses parties. Chaque essence ... peut donc être comprise
sans que rien de son existence le soit (r>. •
Dans un autre traité S. Thomas, s'appuyant de nouveau sur
l'autorité d'Avicenne, démontre cette extériorité de l'existence à
l'essence créée par le caractère contingent de la créature. Tout ce
qu'un être reçoit d'un autre est distinct et au-dessus de sa propre
essence. Mais, d'après Avicenne, l'existence, dans la créature, est
reçue d'un autre ; elle est donc distincte et au-dessus de sa propre
nature.
Tout ce qui vient à un objet ... d'un autre, est distinct et au-
dessus de son essence. De cette façon Avicenne prouve que l'exi
stence de tout être qui n'est pas l'Etre Premier est distinct et au-
dessus de son essence, parce que tous reçoivent leur existence d'un
autre (8).
<•> In l Sent., d. 8, q. I, a. 1.
(') De ente et essentiel, c. 4.
C> De veritate, q. 8, a. 8- La théorie thomiste de la contingence 39
II est donc clair, selon le Docteur Angélique, que l'existence
est quelque chose de différent de l'essence, exception faite pour
l'être dont l'essence est précisément d'exister (9). Puisque l'exi
stence dans la créature est distincte et au-dessus de l'essence, elle
est donc, logiquement, accidentelle, car en Dieu seul il n'y a aucun
fondement réel à une composition logique.
En Dieu seul on ne trouve aucun accident qui ajouterait quelque
chose à son essence, puisque son existence est son essence... 11
n'en est pas de même pour l'ange. En plus de son essence spéci
fique, il y a en lui quelque chose d'accidentel, car l'existence de
l'ange est distincte et au-dessus de son essence ou de sa nature <10).
Mais l'existence créée, comme accident, ne doit pas être con
fondue avec les neuf genres suprêmes ou accidents ontologiques,
tels que la qualité, la quantité et la relation. Quand Avicenne et
S. Hilaire de Poitiers appellent l'existence de la créature un acci
dent, d'après S. Thomas cette appellation se réfère à l'ordre de
la prédicabilité. Ils ne parlent pas de l'ordre réel, où l'existence

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