Le problème philosophique des attributs de Dieu et leur valeur normative pour l action - article ; n°38 ; vol.53, pg 165-196
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1955 - Volume 53 - Numéro 38 - Pages 165-196
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Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 18
Langue Français
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Joseph Rauwens
Le problème philosophique des attributs de Dieu et leur valeur
normative pour l'action
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 53, N°38, 1955. pp. 165-196.
Citer ce document / Cite this document :
Rauwens Joseph. Le problème philosophique des attributs de Dieu et leur valeur normative pour l'action. In: Revue
Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 53, N°38, 1955. pp. 165-196.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1955_num_53_38_4546Le problème philosophique
des attributs de Dieu
et leur valeur normative pour Faction
II suffit de parcourir les répertoires bibliographiques récents
de la philosophie pour constater que le traité classique De divinis
nominibus n'a guère retenu l'attention des philosophes au cours
de ces dernières années (1). Faut-il rappeler que les Arabes ne
comptaient pas moins de quatre-vingt-dix-neuf attributs ration
nels déclarés valables et aptes à dévoiler la nature intime de
Dieu ? Doit-on blâmer les agnostiques respectueux qui réprouvent
cette audace métaphysique ? S. Thomas, il est vrai, à la suite de
S. Augustin et du Pseudo-Denys, traitait le problème avec plus
de réserve. Mais évoquer les origines historiques et l'inspiration
augustinienne du traité, c'est en même temps ressusciter les graves
questions posées au sujet du néoplatonisme des Pères. Instinctiv
ement, la conscience moderne se sent en défiance vis-à-vis des
systèmes qui ont fait trop d'emprunts aux métaphysiques des
essences, et l'on n'est pas prêt à pardonner tout de suite aux
(1) II convient cependant de signaler l'essai du P. A. GRÉGOIRE, Immanence
et Transcendance, Questions de Théodicée, Bruxelles, 1939, qui se signale par
la rigueur de ses exigences critiques, ainsi que les 2 volumes publiés par le R. P.
E. GlSQUlÈRE, Detts Dominus, Praelectiones Theodiceae, Paris, 1950, dont l'abon
dante documentation tranche sur celle des manuels récemment publiés ou réédités.
Nous n'avons pas tenu compte des remous suscités par K. Barth, depuis 1918,
autour de la théologie naturelle. Ces controverses, qui opposent théologiens catho
liques et protestants, débordent évidemment les limites de notre enquête. Elles
visent en fait beaucoup moins une critique interne du traité, que le problème de
l'accord possible entre les exigences de la philosophie et l'attitude religieuse
impliquée dans l'acte de foi. Joseph Rauwens 166
penseurs du moyen âge leur spiritualité de moines ou leur sym
pathie assez sensible pour un idéal de vie contemplative: quae
sursutn sunt quaerite, non quae super terrarn.
Le moment est venu, non pas de renoncer au bénéfice d'une
attente eschatologique ni à l'idée d'un au-delà de l'histoire, mais
de se sentir surtout responsable des affaires du temps présent.
De très bons ouvrages, consacrés au problème philosophique de
l'existence de Dieu, ont permis d'approfondir les méthodes de la
métaphysique et de sauver l'affirmation de Dieu de la contra
diction (2). Que la métaphysique s'en tienne là et qu'elle s'estime
heureuse. La conscience accrue âe la dimension historique des
choses aurait pu facilement tourner en catastrophe et déboucher
sur l'absurdité d'un relativisme sans issue. L'essentiel étant acquis,
l'accessoire peut attendre. On réexaminera plus tard le problème
de la nature de Dieu, lorsque les circonstances seront à nouveau
favorables à l'essor d'une réflexion pacifique et détendue.
Qu'on y voie un progrès ou une menace, le fait est là:
l'homme d'aujourd'hui ne veut plus attendre ou imaginer la fin
des temps ; il veut la faire. Par ailleurs, cette volonté d'émanci
pation ne résout pas tous les problèmes. Si l'on veut apprendre
aux hommes à maîtriser leur destinée, à décider de l'avenir, il
semblerait au moins requis qu'on leur explique, non seulement
ce qui est ou ce que l'on peut faire, mais surtout ce qu'il faut
faire. Or, pour le moment, la phénoménologie se récuse, se dé
clarant incompétente pour déduire de ses analyses les impératifs
éthiques qui s'imposent. Plutôt que de s'en tenir au caractère
abstrait et universel des morales toutes faites (3), certains ont pré-
(2) Citons, parmi les ouvrages récents: J. DEFEVER, La preuve réelle de Dieu,
Bruxelles, 1953; P. FoNTAN, Adhésion et Dépassement, Louvain, 1952. Pour plus
de détails, on se reportera aux comptes rendus critiques de la Revue Thomiste.
Voir notamment: J.-H. NICOLAS, Chronique de philosophie, dans le n° I de 1954,
pp. 166 sq.
(i) « Les morales métaphysiques, écrit M. Gusdorf, préconisent une libération
qu'elles recherchent dans l'absence au monde et à soi-même, dans la déper
sonnalisation de l'homme. Morale platonicienne ou stoïcienne, morale chrétienne,
morale kantienne, dominées toutes par l'idée que le lieu authentique de l'homme,
la chère patrie ne se trouve pas ici-bas, mais dans un ailleurs, dans un arrière-
monde, dans un autre monde, que chacun définira selon ses préférences. Exot
ismes. Morales pour tous et pour personne. Chacun peut s'y reconnaître de tout
temps à jamais. Seulement, pour revêtir l'homme nouveau, prêché par le meta- Le problème des attributs de Dieu 167
féré mettre l'accent sur l'obéissance de l'individu à un appel
positif et actuel de Dieu, dont la conscience est seule juge. Mais
peut-on ignorer le caractère aventureux d'une « éthique de situa
tion » qui ne s'articulerait plus à une science préalable des
règles objectives de la morale ?
Ce sera donc le but de cet article de montrer, dans le cadre
des questions entrevues, qu'il n'est pas sûr que les projets de la
théologie naturelle soient aussi désintéressés qu'on veut bien le
dire, qu'il est moins sûr encore qu'une déduction des attributs de
Dieu telle que S. Thomas la propose, ait partie liée avec une phi
losophie des essences, et que, en fin de compte, l'effort réalisé
pour enrichir les thèses thomistes en cette matière est peut-être
susceptible d'apporter un commencement de réponse aux requêtes
légitimes d'une « éthique de situation ». En esquissant ainsi la
structure générale du traité de théodicée, nous risquons de mettre
vivement en lumière des lacunes graves et inévitables. Il n'en
sera que plus facile de juger s'il faut, dès l'abord, rejeter l'hypo
thèse que nous proposons ou si, au contraire, elle vaut d'être plus
amplement développée.
MÉTAPHYSIQUE GÉNÉRALE ET THÉODICÉE
II ne serait pas impossible de s'accorder sur les mobiles véri
tables qui commandent le problème philosophique de la nature
de Dieu si l'on acceptait de reconnaître, une fois pour toutes, les
implications réciproques qui relient la métaphysique générale et
la théodicée. Il n'y a pas si longtemps que — Dieu sait pour
quelles raisons — on séparait encore les deux traités, au point de
n'en confier souvent l'enseignement qu'à des « spécialistes » autor
isés (4). Cette façon de préférer l'approfondissement et le détail
physicien, il a fallu dépouiller le vieil homme, l'homme charnel et quotidien,
avec ses joies et ses peines, avec ses préoccupations, terre à terre, le seul homme
auquel nous ayons vraiment affaire, chez les autres et en nous-même, dans le
développement de notre existence concrète d'homme du XX* siècle.
Il y a donc lieu de craindre que les grandes métaphysiques n'aient pris le
change, comme déjà Nietzsche le leur reprochait. Les systèmes classiques réalisent
peut-être la sublimation d'une impuissance ou d'une fuite >. Traité de l'existence
morale, Paris, 1949, pp. 25-26.
<*' Les Institutiones metaphysicae generalia du P. DESCOQS datent de 1925; 168 Joseph Rauwens
des analyses, au détriment de l'unité organique de l'ensemble,
a plutôt desservi les matières étudiées. Outre que ce n'était pas
la façon de faire de S. Thomas, on voit assez mal l'intérêt d'une
étude de « l'être en générai » qui n'aboutit pas, par une série
d'approches concrètes, à c

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