Les rapports universel-individuel dans la logique du basho de Nishida - article ; n°1 ; vol.97, pg 30-56
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1999 - Volume 97 - Numéro 1 - Pages 30-56
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Publié le 01 janvier 1999
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Langue Français
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Jacynthe Tremblay.
Les rapports universel-individuel dans la logique du basho de
Nishida
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 97, N°1, 1999. pp. 30-56.
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Tremblay. Jacynthe. Les rapports universel-individuel dans la logique du basho de Nishida. In: Revue Philosophique de
Louvain. Quatrième série, Tome 97, N°1, 1999. pp. 30-56.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1999_num_97_1_7134rapports universel-individuel Les
dans la logique du basho de Nishida
Introduction
Le jugement a ceci de caractéristique que le particulier (tokushu),
c'est-à-dire le sujet grammatical (shugo), est subsume dans l'universel
(ippanshà), c'est-à-dire le prédicat grammatical (jutsugo). L'individuel
(kobutsu) ou Yupokeimenon aristotélicien ne peut, quant à lui, être
l'objet d'une connaissance conceptuelle.
Nishida estime que la logique du sujet d'Aristote est insuffisante. Il
apporte une contribution importante et originale au problème des relations
entre l'individuel et l'universel en affirmant qu'il est possible, grâce à sa
logique du basho {bashoteki ronrï) (lieu), de parvenir à une véritable
connaissance de l'individuel en lui-même. La connaissance conceptuelle
de l'individuel, impossible chez Aristote, devient possible grâce à un type
d'universel qui, loin de s'opposer à l'individuel, l'englobe et le déter
mine. Cet universel, dont l'individuel est l' auto-détermination, est l'uni
versel concret hégélien. Le texte suivant montrera que la philosophie de
Nishida est une dialectique du basho {bashoteki benshôhô) dans laquelle
l'universel concret, qui est ultimement le néant absolu (zettai mu), est le
basho de l'individuel et permet de le connaître en lui-même.
1 Point de départ de la théorie nishidienne de l'individuel: la
logique du sujet d'aristote
De l'avis de Nishida, Aristote est le premier philosophe à avoir mis
au jour la connaissance. Le monde, tel que conçu par lui, a un caractère
logique ou discursif; en fait, la réalité ne peut être saisie que par le lan
gage. Connaître est définir; autrement dit, une chose est l'objet de clas
sifications générales universelles1. Nishida, et avant lui Hegel, critique
1 Les dernières œuvres d'Aristote présentent un connaître pratique que Nishida
néglige pour privilégier le connaître théorique. Il ne reconnaît pas ce que d'autres voient Universel et individuel dans la logique du basho de Nishida 31
l'épistémologie d'Aristote sous deux aspects: d'abord, la capacité du
langage et de la définition de saisir la réalité telle qu'elle est, est extr
êmement réduite puisque la chose elle-même demeure inconnue. En effet,
il n'y a pas de connaissance théorique de l'individuel mais seulement de
l'universel. Cette absence de connaissance de chez Aristote
est le point de départ de la logique du basho de Nishida. Le deuxième
aspect est le suivant: en mettant l'accent sur le plan conceptuel de la
connaissance, Aristote subordonne l'existence à la prédication et utilise
la seconde pour exprimer la première. Dès lors, l'essence d'une chose
est confondue, toujours de l'avis de Nishida, avec son existence indivi
duelle.
Si Nishida fait débuter sa logique du basho avec la question de
l'individuel chez Aristote, sa perspective est entièrement différente.
Aristote, en effet, ne s"est pas questionné sur la connaissance de l'indi
viduel en tant qu'individuel, bien qu'il y ait cherché dans l'individuel le
fondement du vrai. Sujet qui ne peut pas devenir prédicat chez Aristote,
l'individuel est chez Nishida un individuel agissant, extrême limite d'un
universel. Ce que déplore, en fin de compte, c'est qu 'Aristote
n'ait pas considéré l'individuel comme une chose qui se meut vraiment.
La philosophie grecque associait en effet la vraie réalité à ce qui trans
cende le temps et est éternel, et liait l'imperfection à ce qui se meut dans
le temps. De plus, ce qui change était fondamentalement inconnaissable.
Dans cette perspective, V upokeimenon aristotélicien, substance inchan
gée et fixe, est la mesure de tout changement.
En se conformant à la tendance parménidienne vers ce qui est
fixe, éternel et inchangé, Aristote mit l'accent sur les prédicats univers
els et surmonta ce qui passe en trouvant l'universel dans le particulier,
mettant ainsi l'accent sur la saisie de l'essence. Il accorda au nous le
plus haut pouvoir et associa l'individuation non pas aux aspects for
mels de la substance mais à la ulè. Cette matière inintelligible est
l'individuel comme individuel, séparé de ses formes predicatives uni
verselles. Ainsi, l'individuel ne peut être connu par lui-même, mais
uniquement à titre d' «intersection» de ses prédicats universels.
D'ailleurs, connaître une chose n'est rien d'autre que lui attacher des
prédicats universels; de l'individuel, on ne peut connaître que des pré
dicats universels.
chez Aristote, à savoir l'accentuation de la réalité de l'individuel, mais insiste sur
l'emphase mise par Aristote sur l'universel. 32 Jacynthe Tremblay
Le jugement, forme fondamentale de la connaissance conceptuelle,
comprend un sujet et un prédicat. Sa forme standard est le jugement sub
somptif, qui reprend un sujet grammatical sous un prédicat universel. On
trouve divers degrés de généralité parmi les prédicats, qui sont toujours
non-individuels. Le sujet grammatical est quant à lui indépendant et lieu
d'attache des prédicats. Dans le jugement subsomptif, pourtant, le sujet
du jugement n'est pas un particulier mais déjà un universel puisque la
définition implique la relation espèce-genre et que tout langage est uni
versel. Dans ces conditions, le jugement subsomptif consiste à subsumer
un universel moins général dans un universel qui l'est davantage. Etant
donné que le jugement consiste dans des relations entre universels,
l'individuel concret ou Y upokeimenon ne peut être le sujet grammatical
d'un jugement subsomptif, même s'il est entendu que le jugement
reprend ce qui est donné dans l'intuition. En ce sens, toute connaissance
conceptuelle de l'individuel est impossible.
Nishida considère que Y upokeimenon lui-même doit changer.
Autrement dit, «le véritable individuel doit être un individuel agissant»
et le temps doit être la «forme de l' auto-détermination de l'être». Sont
donc impliquées dans le changement véritable et la modification du sujet
ou upokeimenon, et celle du prédicat du jugement. L'arrière-fond de la
continuité n'est plus une substance fixe mais le «soi-comme-
conscience» dans le temps.
Le problème ici est qu'il est difficile de concevoir comment le soi
comme conscience peut être un upokeimenon. Habituellement, Y upokei
menon désigne l'individuel aristotélicien, alors que le soi comme
conscience indique le sujet connaissant, qui tente de connaître Y upokei
menon. Comment Nishida fait-il le passage du sujet grammatical
(shugo), compris comme upokeimenon et qu'il s'agit de connaître, à un
soi ou sujet connaissant compris comme arrière-fond de la continuité?
Il y a ici un changement important d'attitude philosophique puisque
Nishida passe du plan objectif de la connaissance à son plan subjectif
(shukanteki). Ce faisant, il ne vise rien d'autre que l'éveil à soi (jikaku).
On ne peut pas déterminer suffisamment le phénomène du changement
au niveau de l'universel du jugement, qui est le premier universel de la
logique du basho de Nishida. Une connaissance véritable du phénomène
du changement requiert une attention à l' arrière-fond du plan objectif du
monde. Upokeimenon ou substance sans changement chez Aristote, cet
arrière-fond de la continuité (ou du phénomène du changement) n'est
autre, pour Nishida, que le soi comme conscience, qui permet la Universel et individuel dans la logique du basho de Nishida 33
connaissance ou la détermination suffisante de ce qui change. Le chan
gement ne pouvant être déterminé dans le cadre du monde objectif ou
dans le cadre des catégories de Y upokeimenon, il doit y avoir passage à
la conscience. Ce qui implique la modification radicale du sujet gram
matical ou upokeimenon. Du point de vue du 

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