À M. Le duc de Sulli
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Description

Voyagez en lisant le poème "À M. Le duc de Sulli" écrit par Voltaire (1694-1778). "À M. Le duc de Sulli" de Voltaire est un poème classique extrait de Épîtres, stances et odes.. Profitez de ce poème en le découvrant sur cette page. Et n’oubliez pas que vous pouvez télécharger gratuitement en format PDF le poème À M. Le duc de Sulli et l’imprimer depuis chez vous !
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Langue Français

Extrait

À M. Le duc de Sulli.

J'irai chez vous, duc adorable,
Vous dont le goût, la vérité,
L'esprit, la candeur, la bonté,
Et la douceur inaltérable,
Font respecter la volupté,
Et rendent la sagesse aimable.

Que dans ce champêtre séjour
Je me fais un plaisir extrême
De parler sur la fin du jour
De vers, de musique, et d'amour ;
Et pas un seul mot du système,
De ce système tant vanté,
Par qui nos héros de finance
Emboursent l'argent de la France,
Et le tout par pure bonté !

Pareils à la vieille sibylle
Dont il est parlé dans Virgile,
Qui, possédant pour tout trésor
Des recettes d'énergumène,
Prend du Troyen le rameau d'or,
Et lui rend des feuilles de chêne.

Peut-être les larmes aux yeux
Je vous apprendrai pour nouvelle,
Le trépas de ce vieux goutteux
Qu'anima l'esprit de Chapelle :
L'éternel abbé de Chaulieu
Paraîtra bientôt devant Dieu ;
Et, si d'une muse féconde
Les vers aimables et polis
Sauvent une âme en l'autre monde
Il ira droit en paradis.

L'autre jour à son agonie
Son curé vint de grand matin
Lui donner en cérémonie,
Avec son huile et son latin,
Un passe-port pour l'autre vie.
Il vit tous ses péchés lavés
D'un petit mot de pénitence,
Et reçut ce que vous savez
Avec beaucoup de bienséance.

Il fit même un très beau sermon
Qui satisfit tout l'auditoire ;
Tout haut il demanda pardon
D'avoir eu trop de vaine gloire ;
C'était-là, dit-il, le péché
Dont il fut le plus entiché :
Car on sait qu'il était poète,
Et que sur ce point tout auteur,
Ainsi que tout prédicateur,
N'a jamais eu l'âme bien nette.
Il sera pourtant regretté
Comme s'il eût été modeste :
Sa perte au Parnasse est funeste.
Presque seul il était resté
D'un siècle plein de politesse :
On dit qu'aujourd'hui la jeunesse
A fait à la délicatesse
Succéder la grossièreté,
La débauche à la volupté,
Et la vaine et lâche paresse
A cette sage oisiveté
Que l'étude occupait sans cesse,
Loin de l'envieux irrité.
Pour notre petit Genonville,
Si digne du siècle passé
Et des faiseurs de Vaudeville,
Il me paraît très empressé
D'abandonner pour vous la ville :
Le système n'a point gâté
Son esprit aimable et facile ;
Il a toujours le même style
Et toujours la même gaîté.
Je sais que par déloyauté
Le fripon naguère a tâté
De la maîtresse tant jolie
Dont j'étais si fort entêté.
Il rit de cette perfidie,
Et j'aurais pu m'en courroucer
Mais je sais qu'il faut se passer
Des bagatelles dans la vie.


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