Factum du procez d’entre messire Jean et dame Renée
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Variétés historiques et littéraires, Tome IVFactum du procez d’entre messire Jean et dame Renée.vers 1620Factum du procez d’entre messire Jean et dame Renée.Quicquid tentabat dicere versus erat.S. D. In-8.1De Mesme , à toy-mesme semblablePour la justice inviolable,Et vous, les anges du conseilDe vostre Mesme non pareil,Il vous faut la verité dire.Il est vray que nostre messire,Clerc alors, alors escolier,Laïque alors et seculier,Je ne sçay pas en quelle année,Des mains de madame RenéeA reçeu la somme de tant,Mais sans luy demander pourtant.Comme il se plaignoit à sa tante,Sa compagne, outre son attente,Avec des escus intervint,Dont il en prit environ vingt.Eust-il refusé leur bel offre ?Elles en ont d’autres au coffre !…Les plus reformez sont vaincus2Par le blond lustre des escus .Vrai est que par obeissanceIl leur en fit recognoissance,Et vray qu’en l’obligationIl a mis la conditionDe ne payer qu’au prealableIl n’eust moyen. Au cas semblable,Il est très veritable encorQue la dame, en livrant cest or,L’asseura que de la ceduleNe s’ensuivroit poursuite nulle,Et qu’elle en soit prise à serment :Il ne ment, pour luy, nullement.Et toutesfois dame Renée,Contre la parole donnée,À tout propos, mal à propos,Ne le laisse point en repos.À peine est-il seur en l’eglise,3Où les criminels ont franchise .Elle en veut, il n’a pas de quoy.Necessité n’a point de loy.Messire Jean est pauvre prestre.Riche de rien l’on ne peut estre.Il n’a ...

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Variétés historiques et littéraires, Tome IV Factum du procez d’entre messire Jean et dame Renée. vers 1620
Factum du procez d’entre messire Jean et dame Renée. Quicquid tentabat dicere versus erat. S. D. In-8.
1 De Mesme, à toy-mesme semblable Pour la justice inviolable, Et vous, les anges du conseil De vostre Mesme non pareil, Il vous faut la verité dire. Il est vray que nostre messire, Clerc alors, alors escolier, Laïque alors et seculier, Je ne sçay pas en quelle année, Des mains de madame Renée A reçeu la somme de tant, Mais sans luy demander pourtant. Comme il se plaignoit à sa tante, Sa compagne, outre son attente, Avec des escus intervint, Dont il en prit environ vingt. Eust-il refusé leur bel offre ? Elles en ont d’autres au coffre !… Les plus reformez sont vaincus 2 Par le blond lustre des escus. Vrai est que par obeissance Il leur en fit recognoissance, Et vray qu’en l’obligation Il a mis la condition De ne payer qu’au prealable Il n’eust moyen. Au cas semblable, Il est très veritable encor Que la dame, en livrant cest or, L’asseura que de la cedule Ne s’ensuivroit poursuite nulle, Et qu’elle en soit prise à serment : Il ne ment, pour luy, nullement. Et toutesfois dame Renée, Contre la parole donnée, À tout propos, mal à propos, Ne le laisse point en repos. À peine est-il seur en l’eglise, 3 Où les criminels ont franchise. Elle en veut, il n’a pas de quoy. Necessité n’a point de loy. Messire Jean est pauvre prestre. Riche de rien l’on ne peut estre. Il n’a rente ny revenu, Gros benefice ny menu ; Il n’a pas mesme une chapelle : 4 5 Au blanc il est, blanc on l’appelle: De tout il est destitué : 6 Il n’est pas mesme habitué. 7 Bien est vray que dame Simonne A cure pour qui la sermonne ; Mais ce n’est pour luy ses morceaux,
C’est aux Angevins et Manceaux : Sur Monstreuil Bellay son attente Encore incertaine est flotante ; Sur la Flocelière il ne peut, Le marquis toutesfois le veut. Dès qu’il aura le benefice, Le moindre annuel ou service, Il luy promet de s’acquitter. Soy-mesme il veut s’executer. Si la fortune n’en envoye, Il ne sçait point un autre voye. Ses escoliers sont enlevez Par les jesuites arrivez. 8 Il n’a plus ny landis, ny toiles, Ny chandelles : il lit aux estoiles. Un petit clerc des Bernardins, Attentif après ses jardins, Perd la memoire de l’année ; Un autre à demy l’a donnée. Celuy qui payoit pour Renaut En Champagne a gaigné le haut ; L’un est allé moisne se rendre, L’autre ne veut plus rien apprendre ; La maille il n’a pas de Maillé, D’en avoir il n’est pas taillé. Il n’est plus de galand au monde ; Un autre plus ne le seconde ; 9 Il n’est plus d’abbé de Tyron Qui le retienne en son giron. Un seul moyen luy reste à vivre : Au libraire il revoit un livre Et violente son humeur Pour corriger un imprimeur, Et c’est où la demanderesse Pour avoir de l’argent s’adresse. Quel besoin qu’il vint un huyssier Encor, appellé Menecier, Luy signifier la requeste ? Il a bien autre affaire en teste : Il soigne à la correction De l’espineuse impression ; 10 Il veille après le Sainct-Gregoire; Il perd le manger et le boire ; L’Aristophane qu’il traduit Interrompt son repos la nuict : Liber encor est à la porte, Qui de ses feuillages apporte. Les escoliers chomment après, Et les imprimeurs sont tous prests De faire de nouveaux dimanches, Donnant au Blanc des formes blanches. Colas le Duc, à Laon, d’ailleurs, Emporte ses habits meilleurs, Et son argent ; il le fait courre Pour essayer à le recourre ; Il faut qu’à son autre garçon Il face rendre sa leçon ; Le Clerc le presse de sa rime ; Il n’a pas encore dit Prime, Il n’a pas dit son chapelet, Comment aller au Chastelet ? Sans paroistre à l’heure assignée, Il consent que dame Renée 11 Se paye sur Pierre le Lon. Or il est à la paye long. Plus, il luy cede une autre somme 12 Que luy doit Freval, pareil homme, Et les mois de son escolier ; Il l’avoit jà dit à Choulier, Qui n’a laissé de le poursuivre ; Mais sans plaider il ne peut vivre.
Quand au payement de tous frais, Despens, dommages, interests, De leurs nullitez il proteste, Puisqu’il a rendu manifeste À Choulier, et puis au sergent, Qu’il cedoit l’arrest de l’argent. Quant à l’usuraire demande, Elle en devroit payer l’amende. Au quatorzième chant royal, Tout usurier est desloyal, L’on doit fuir sa compagnie : Un saint canon l’excommunie. Vous avez au bon droit esgard. Cependant, Messieurs, Dieu vous gard ! Vous mesme à nul autre semblable Pour la justice inviolable, Et vous, les anges du conseil, De vostre Mesme nompareil.
Perdere scit, donare nescit.
1. Claude de Mesme, comte d’Avaux, alors conseiller au grand conseil.
2. Les écus d’or, valant trois livres.
3. Le plupart des églises de Paris étoient lieux d’asile. L’enclos du Temple, le Louvre, avoient aussi ce privilége.
4. « On dit d’un homme : Il est réduit aubâton blanc, ou absolument réduit au blanc, quand il est devenu extrêmement pauvre et misérable… » (Leroux,Dict. comique.)
5. C’étoit le surnom, et non pas sans doute le nom, du pauvre prêtre messire Jean. On lui avoit donné ce sobriquet pour faire de lui l’homonyme de Jean le Blanc. La plaisanterie étoit assez sacrilége, appliquée à un prêtre : car on sait que, dans les pasquils irreligieux, c’est l’hostie qu’on personnifioit sous le nom de Jean Le Blanc. V.Légende véritable de Jean le Blanc, 1677, in-12, pièce comprise dans le cabinet jésuitique.
6. On appeloithabituéun prêtre qui s’attachoit volontairement au service d’une paroisse et qui y alloit dire la messe.
7. Par dame Simonne Messire Jean n’entend-il pas parler de l’Église, de qui l’on n’obtenoit des bénéfices que moyennant finances, ce qui constituoit le crime de simonie?
8. V., sur ce cadeau qu’à certain jour les élèves faisoient aux maîtres, la note d’une des pièces précédentes, p. 41.
9. Philippe Desportes, qui, enrichi par la muse, avoit sans doute pris en pitié et protégeoit le pauvre prêtre poète. Il étoit mort en 1606, c’est-à-dire quelques années avant l’époque où cette pièce dut être écrite.
10. Il s’agit ici, sans doute, de l’édition des Lettres et autres ouvrages de saint Grégoire de Nysse, que le P. Fronton du Duc donna à Paris en 1615, 2 vol. in-fol.
11. Imprimeur parisien, l’un de ceux dont messire Jean devoit corriger les épreuves, ainsi qu’il vient de le dire. C’est en effet vers cette époque, en 1618, qu’il imprimoit. V. La Caille, p. 228.
12. Jean de Fréval, imprimeur du même temps. V. La Caille, p. 234.
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