Le Paysan
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Charles Robinot-Bertrand — Le Parnasse contemporain, IILe PaysanDes ombres de la nuit la campagne est voilée.Nul astre aux cieux. Le vent d'automne dans les boisPasse, souffle et murmure, et remplit la valléeDe ...

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Charles Robinot-BertrandLe Parnasse contemporain, II Le Paysan
Des ombres de la nuit la campagne est voilée. Nul astre aux cieux. Le vent d'automne dans les bois Passe, souffle et murmure, et remplit la vallée De sifflements pareils à de lugubre voix.
Malheur au vagabond qui, malade et sans gîte, Par ce tempe lamentable erre loin des hameaux ! Malheur au sein pensif où la douleur s’agite, Et qui veille écoutant la plainte des rameaux
L'ombre s'étend profonde. En vain le cri sonore Du coq, ardent guetteur de nuit, prédit le jour ; Au brumeux orient aucun rayon encore : Le monde est ténébreux comme un cœur sans amour.
Mais que font les clameurs du vent et la nuit sombre Au rude défricheur du sol, au paysan ? Le paysan sommeille, enveloppé par l'ombre, Dans la sécurité dont il est l'artisan.
L'ombre lui dit : — Je mis la paix, la récompense Des devoirs accomplis et de l'âpre labeur ; L'oubli des maux passés, c'est moi qui le dispense. Le grave paysan de l'ombre n'a point peur.
Voyez ! avant le jour le voilà qui s’éveille. Il va vers le forer ou sous la cendre, dort Le reste d’un tison recouvert de la veille : De la cendre, à son souffle, un jet de flamme sort.
La flamme éclate et brille, et l'âtre s'illumine ; Et lui, prés du loyer crépitant et joyeux, Recueilli, vers le monde inconnu qu’il devine II élève en priant son cœur religieux.
Il prie : en doux espoirs abonde sa prière. — Si j'ai failli, dit-il, mon Dieu, pardonne moi. Et Dieu se communique à son esprit sincère. O paysan mon cœur ému prie avec toi
La prière a rendu pure son âme forte ; D'un morceau de pain noir il a fait son repas ; De l'antique logis ouvrant l'étroite porte, A présent vers l'étable il dirige ses pas.
Les grands bœufs, à genoux au milieu de la crèche, Mêlaient aux bruits de l'air leur long mugissement ; II pose devant eux l'herbe tendre et l'eau fraîche, Puis il lie à leur front le joug solidement.
Il les conduit alors à la dure journée, Et, pendant qu'il chemine il chante un gai refrain ; Et la charrue, avant que l'aube ne soit née, A plongé dans le sol son éperon d'airain.
Le pauvre paysan poursuit sa tache austère Sous les pleurs du matin et sous le froid brouillard ; Mais qu’importe ? le soc aigu fouille la terre Où la blonde moisson ondulera plus tard
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