Le roi de Perse habite, inquiet, redouté, En hiver Ispahan et Tiflis en été ; Son jardin, paradis où la rose fourmille, Est plein d'hommes armés, de peur de sa famille ; Ce qui fait que parfois il va dehors songer. Un matin, dans la plaine il rencontre un berger Vieux, ayant près de lui son fils, un beau jeune homme. — Comment te nommes-tu ? dit le roi. — Je me nomme Karam, dit le vieillard, interrompant un chant Qu'il chantait au milieu des chèvres, en marchant ; J'habite un toit de jonc sous la roche penchante, Et j'ai mon fils que j'aime, et c'est pourquoi je chante, Comme autrefois Hafiz, comme à présent Sadi, Et comme la cigale à l'heure de midi. — Et le jeune homme alors, figure humble et touchante, Baise la main du pâtre harmonieux qui chante Comme à présent Sadi, comme autrefois Hafiz. — Il t'aime, dit le roi, pourtant il est ton fils.