La lecture à portée de main
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Publié par | bibebook |
Publié le | 14 janvier 2013 |
Nombre de lectures | 793 |
EAN13 | 9782824710587 |
Licence : |
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Langue | Français |
Extrait
CHARLES BA U DELAI RE
LES F LEU RS DU MAL
BI BEBO O KCHARLES BA U DELAI RE
LES F LEU RS DU MAL
1861
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1058-7
BI BEBO OK
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AR CHARLES BA U DELAI RE SECON DE ÉDI T ION A
UGMENT ÉE DE T REN T E-CI NQ POÈMES NOU V EA UXP
P ARIS
POU LET -MALASSIS ET DE BROISE, ÉDI T EU RS
97, RU E DE RICH ELI EU , ET P ASSA GE MI RÈS, 36
1861
T ous dr oits réser vés
1U POËT E IMP ECCABLE
A U P ARF AI T MA GICI EN ÈS LET T RES F RANÇAISESA A MON T RÈS-CH ER ET T RÈS- V ÉN ÉRÉ
MAI T RE ET AMI
T H ÉOP H I LE GA U T I ER
A V EC LES SEN T IMEN TS
DE LA P LUS P ROFON DE H UMI LI T É
JE DÉDI E
CES F LEU RS MALADI V ES
C. B.
2A U LECT EU R
, ’, le p é ché , la lésine ,
O ccup ent nos esprits et travaillent nos cor ps,L Et nous alimentons nos aimables r emords,
Comme les mendiants nour rissent leur v er mine .
Nos p é chés sont têtus, nos r ep entir s sont lâches ;
Nous nous faisons p ay er grassement nos av eux,
Et nous r entr ons g aiement dans le chemin b ourb eux,
Cr o yant p ar de vils pleur s lav er toutes nos taches.
Sur l’ or eiller du mal c’ est Satan T rismégiste
i b er ce longuement notr e esprit enchanté ,
Et le riche métal de notr e v olonté
Est tout vap orisé p ar ce savant chimiste .
C’ est le Diable qui tient les fils qui nous r emuent !
A ux objets répugnants nous tr ouv ons des app as ;
Chaque jour v er s l’Enfer nous descendons d’un p as,
Sans hor r eur , à trav er s des ténèbr es qui puent.
Ainsi qu’un débauché p auv r e qui baise et mang e
Le sein marty risé d’une antique catin,
Nous v olons au p assag e un plaisir clandestin
3Les fleur s du mal
e nous pr essons bien fort comme une vieille orang e .
Ser ré , four millant, comme un million d’helminthes,
D ans nos cer v e aux rib ote un p euple de D émons,
Et, quand nous r espir ons, la Mort dans nos p oumons
D escend, fleuv e invisible , av e c de sourdes plaintes.
Si le viol, le p oison, le p oignard, l’incendie ,
N’ ont p as encor br o dé de leur s plaisants dessins
Le cane vas banal de nos piteux destins,
C’ est que notr e âme , hélas ! n’ est p as assez hardie .
Mais p ar mi les chacals, les p anthèr es, les lices,
Les sing es, les scor pions, les vautour s, les ser p ents,
Les monstr es glapissants, hurlants, gr ognants, ramp ants,
D ans la ménag erie infâme de nos vices,
Il en est un plus laid, plus mé chant, plus immonde !
oiqu’il ne p ousse ni grands g estes ni grands cris,
Il ferait v olontier s de la ter r e un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;
C’ est l’Ennui ! — l’ œil char g é d’un pleur inv olontair e ,
Il rê v e d’é chafauds en fumant son houk a.
T u le connais, le cteur , ce monstr e délicat,
— Hy p o crite le cteur , — mon semblable , — mon frèr e !
4Pr emièr e p artie
SP LEEN ET I DÉAL
5I
BÉN ÉDICT ION
, dé cr et des puissances suprêmes,
Le Poëte app araît en ce monde ennuyé ,L Sa mèr e ép ouvanté e et pleine de blasphèmes
Crisp e ses p oings v er s Dieu, qui la pr end en pitié :
— « Ah ! que n’ai-je mis bas tout un nœud de vipèr es,
P lutôt que de nour rir cee dérision !
Maudite soit la nuit aux plaisir s éphémèr es
Où mon v entr e a conçu mon e xpiation !
Puisque tu m’as choisie entr e toutes les femmes
Pour êtr e le dég oût de mon triste mari,
Et que je ne puis p as r ejeter dans les flammes,
Comme un billet d’amour , ce monstr e rab ougri,
Je ferai r ejaillir ta haine qui m’accable
Sur l’instr ument maudit de tes mé chancetés,
Et je tordrai si bien cet arbr e misérable ,
6Les fleur s du mal I
’il ne p our ra p ousser ses b outons emp estés ! »
Elle ravale ainsi l’é cume de sa haine ,
Et, ne compr enant p as les desseins éter nels,
Elle-même prép ar e au fond de la Géhenne
Les bûcher s consacrés aux crimes mater nels.
Pourtant, sous la tutelle invisible d’un Ang e ,
L’Enfant déshérité s’ eniv r e de soleil,
Et dans tout ce qu’il b oit et dans tout ce qu’il mang e
Retr ouv e l’ambr oisie et le ne ctar v er meil.
Il joue av e c le v ent, cause av e c le nuag e ,
Et s’ eniv r e en chantant du chemin de la cr oix ;
Et l’Esprit qui le suit dans son pèlerinag e
P leur e de le v oir g ai comme un oise au des b ois.
T ous ceux qu’il v eut aimer l’ obser v ent av e c crainte ,
Ou bien, s’ enhardissant de sa tranquillité ,
Cher chent à qui saura lui tir er une plainte ,
Et font sur lui l’ essai de leur fér o cité .
D ans le p ain et le vin destinés à sa b ouche
Ils mêlent de la cendr e av e c d’impur s crachats ;
A v e c hy p o crisie ils jeent ce qu’il touche ,
Et s’accusent d’av oir mis leur s pie ds dans ses p as.
Sa femme va criant sur les places publiques :
« Puisqu’il me tr ouv e assez b elle p our m’ador er ,
Je ferai le métier des idoles antiques,
Et comme elles je v eux me fair e r e dor er ;
Et je me soûlerai de nard, d’ encens, de my r rhe ,
D e g énufle xions, de viandes et de vins,
Pour sav oir si je puis dans un cœur qui m’admir e
Usur p er en riant les hommag es divins !
Et, quand je m’ ennuierai de ces far ces impies,
Je p oserai sur lui ma frêle et forte main ;
Et mes ongles, p ar eils aux ongles des har pies,
Saur ont jusqu’à son cœur se fray er un chemin.
Comme un tout jeune oise au qui tr emble et qui p alpite ,
J’ar racherai ce cœur tout r oug e de son sein,
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