Les fleurs du mal
235 pages
Français

Les fleurs du mal

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
235 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Œuvre majeure de Baudelaire, publiée le 25 juin 1857 et rééditée en 1861, Les Fleurs du mal sont l’une des œuvres les plus importantes de la poésie moderne, empreinte d’une nouvelle esthétique où la beauté et le sublime surgissent, grâce au langage poétique, de la réalité la plus triviale. L'œuvre exerça une influence considérable sur Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé ou encore Arthur Rimbaud. Le 7 juillet, la direction de la Sûreté publique saisit le parquet pour « outrage à la morale publique » et pour « outrage à la morale religieuse ». Baudelaire et ses éditeurs sont condamnés à une d’amende, ainsi qu'à la suppression de six pièces (sur les cent que compte le recueil), pour délit d’outrage à la morale publique.

Informations

Publié par
Publié le 14 janvier 2013
Nombre de lectures 793
EAN13 9782824710587
Licence : En savoir +
Paternité, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français

Extrait

CHARLES BA U DELAI RE
LES F LEU RS DU MAL
BI BEBO O KCHARLES BA U DELAI RE
LES F LEU RS DU MAL
1861
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1058-7
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LES F LEU RS DU MAL
AR CHARLES BA U DELAI RE SECON DE ÉDI T ION A
UGMENT ÉE DE T REN T E-CI NQ POÈMES NOU V EA UXP
P ARIS
POU LET -MALASSIS ET DE BROISE, ÉDI T EU RS
97, RU E DE RICH ELI EU , ET P ASSA GE MI RÈS, 36
1861
T ous dr oits réser vés
1U POËT E IMP ECCABLE
A U P ARF AI T MA GICI EN ÈS LET T RES F RANÇAISESA A MON T RÈS-CH ER ET T RÈS- V ÉN ÉRÉ
MAI T RE ET AMI
T H ÉOP H I LE GA U T I ER
A V EC LES SEN T IMEN TS
DE LA P LUS P ROFON DE H UMI LI T É
JE DÉDI E
CES F LEU RS MALADI V ES
C. B.
2A U LECT EU R
   , ’, le p é ché , la lésine ,
O ccup ent nos esprits et travaillent nos cor ps,L Et nous alimentons nos aimables r emords,
Comme les mendiants nour rissent leur v er mine .
Nos p é chés sont têtus, nos r ep entir s sont lâches  ;
Nous nous faisons p ay er grassement nos av eux,
Et nous r entr ons g aiement dans le chemin b ourb eux,
Cr o yant p ar de vils pleur s lav er toutes nos taches.
Sur l’ or eiller du mal c’ est Satan T rismégiste
i b er ce longuement notr e esprit enchanté ,
Et le riche métal de notr e v olonté
Est tout vap orisé p ar ce savant chimiste .
C’ est le Diable qui tient les fils qui nous r emuent  !
A ux objets répugnants nous tr ouv ons des app as  ;
Chaque jour v er s l’Enfer nous descendons d’un p as,
Sans hor r eur , à trav er s des ténèbr es qui puent.
Ainsi qu’un débauché p auv r e qui baise et mang e
Le sein marty risé d’une antique catin,
Nous v olons au p assag e un plaisir clandestin
3Les fleur s du mal
e nous pr essons bien fort comme une vieille orang e .
Ser ré , four millant, comme un million d’helminthes,
D ans nos cer v e aux rib ote un p euple de D émons,
Et, quand nous r espir ons, la Mort dans nos p oumons
D escend, fleuv e invisible , av e c de sourdes plaintes.
Si le viol, le p oison, le p oignard, l’incendie ,
N’ ont p as encor br o dé de leur s plaisants dessins
Le cane vas banal de nos piteux destins,
C’ est que notr e âme , hélas  ! n’ est p as assez hardie .
Mais p ar mi les chacals, les p anthèr es, les lices,
Les sing es, les scor pions, les vautour s, les ser p ents,
Les monstr es glapissants, hurlants, gr ognants, ramp ants,
D ans la ménag erie infâme de nos vices,
Il en est un plus laid, plus mé chant, plus immonde  !
oiqu’il ne p ousse ni grands g estes ni grands cris,
Il ferait v olontier s de la ter r e un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde  ;
C’ est l’Ennui  ! — l’ œil char g é d’un pleur inv olontair e ,
Il rê v e d’é chafauds en fumant son houk a.
T u le connais, le cteur , ce monstr e délicat,
— Hy p o crite le cteur , — mon semblable , — mon frèr e  !
4Pr emièr e p artie
SP LEEN ET I DÉAL
5I
BÉN ÉDICT ION
,    dé cr et des puissances suprêmes,
Le Poëte app araît en ce monde ennuyé ,L Sa mèr e ép ouvanté e et pleine de blasphèmes
Crisp e ses p oings v er s Dieu, qui la pr end en pitié  :
— « Ah  ! que n’ai-je mis bas tout un nœud de vipèr es,
P lutôt que de nour rir cee dérision  !
Maudite soit la nuit aux plaisir s éphémèr es
Où mon v entr e a conçu mon e xpiation  !
Puisque tu m’as choisie entr e toutes les femmes
Pour êtr e le dég oût de mon triste mari,
Et que je ne puis p as r ejeter dans les flammes,
Comme un billet d’amour , ce monstr e rab ougri,
Je ferai r ejaillir ta haine qui m’accable
Sur l’instr ument maudit de tes mé chancetés,
Et je tordrai si bien cet arbr e misérable ,
6Les fleur s du mal I
’il ne p our ra p ousser ses b outons emp estés  !  »
Elle ravale ainsi l’é cume de sa haine ,
Et, ne compr enant p as les desseins éter nels,
Elle-même prép ar e au fond de la Géhenne
Les bûcher s consacrés aux crimes mater nels.
Pourtant, sous la tutelle invisible d’un Ang e ,
L’Enfant déshérité s’ eniv r e de soleil,
Et dans tout ce qu’il b oit et dans tout ce qu’il mang e
Retr ouv e l’ambr oisie et le ne ctar v er meil.
Il joue av e c le v ent, cause av e c le nuag e ,
Et s’ eniv r e en chantant du chemin de la cr oix  ;
Et l’Esprit qui le suit dans son pèlerinag e
P leur e de le v oir g ai comme un oise au des b ois.
T ous ceux qu’il v eut aimer l’ obser v ent av e c crainte ,
Ou bien, s’ enhardissant de sa tranquillité ,
Cher chent à qui saura lui tir er une plainte ,
Et font sur lui l’ essai de leur fér o cité .
D ans le p ain et le vin destinés à sa b ouche
Ils mêlent de la cendr e av e c d’impur s crachats  ;
A v e c hy p o crisie ils jeent ce qu’il touche ,
Et s’accusent d’av oir mis leur s pie ds dans ses p as.
Sa femme va criant sur les places publiques  :
« Puisqu’il me tr ouv e assez b elle p our m’ador er ,
Je ferai le métier des idoles antiques,
Et comme elles je v eux me fair e r e dor er  ;
Et je me soûlerai de nard, d’ encens, de my r rhe ,
D e g énufle xions, de viandes et de vins,
Pour sav oir si je puis dans un cœur qui m’admir e
Usur p er en riant les hommag es divins  !
Et, quand je m’ ennuierai de ces far ces impies,
Je p oserai sur lui ma frêle et forte main  ;
Et mes ongles, p ar eils aux ongles des har pies,
Saur ont jusqu’à son cœur se fray er un chemin.
Comme un tout jeune oise au qui tr emble et qui p alpite ,
J’ar racherai ce cœur tout r oug e de son sein,
7

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents