Ni où ni quand ni comment
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YVES BOULEGUE h I've got to go meet my nonself out in the wall 3 NI OÙ NI QUA ND NI COM ME NT 1 Peut-être voyez-vous le Géomètre ouvrir le sanctuaire et saluer le Mère des morts. – Mère, voici ma personne (il abaisse son masque d'ibis) – Maître-Tête, mon ombre (elle relève son masque de chacal) Les serviteurs versent une charretée d'âmes dans l'épurateur. La ténèbre se teinte de matières. Quelques âmes glissent sur le marbre noir. Le secrétaire de la Mort jauge cette masse larvaire. Un nodule d'énergie s'avère récupérable ; il l'extrait. – cela dépasse 14 milliards – pour lancer cent Pérégrins ? – un seul Il éteint l'épurateur, déclenche par acquit de colombe le détecteur de faucons, ouvre les verroux du Paradis. La purée des âmes s'y engouffre ; immense Alleluia ! Les serviteurs chantent l'hymne «A la rame vers l'Absolu proclame le résolu» . Personne n'y prend plaisir. Il n'y a personne. – Mère, la Grange aux dîmes est vide – vous irez arracher de quoi la remplir 2 Peut-être voyez-vous mieux, dans cetAntremonde. Maître-Tête est penché sur sa table d'opérations. A main gauche, un bi-losange de cristal.

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Publié le 28 avril 2015
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Langue Français
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Extrait

YVES BOULEGUE h I've got to go meet my nonself out in the wall3
NI NI QUA ND NI COM ME NT
1 Peut-être voyez-vous le Géomètre ouvrir le sanctuaire et saluer le Mère des morts. Mère, voici ma personne (il abaisse son masque d'ibis)Maître-Tête, mon ombre (elle relève son masque de chacal)Les serviteurs versent une charretée d'âmes dans l'épurateur. La ténèbre se teinte de matières. Quelques âmes glissent sur le marbre noir. Le secrétaire de la Mort jauge cette masse larvaire. Un nodule d'énergie s'avère récupérable ; il l'extrait. cela dépasse 14 milliards pour lancer cent Pérégrins ?un seul Il éteint l'épurateur, déclenche par acquit de colombe le détecteur de faucons, ouvre les verroux du Paradis. La purée des âmes s'y engouffre ; immense Alleluia ! Les serviteurs chantent l'hymne «A la rame vers l'Absolu proclame le résolu» . Personne n'y prend plaisir. Il n'y a personne.Mère, la Grange aux dîmes est vide vous irez arracher de quoi la remplir
2Peut-être voyez-vous mieux, dans cetAntremonde.Maître-Tête est penché sur sa table d'opérations. A main gauche, un bi-losange de cristal. Il y observe, quartier par quartier, les souterrains du sanctuaire, aménagés pour l'expérimentation des dynamozoïdes et des ténébrions. Vérification des signaux de balisage ; observation de l'effet des influorescences sur la Statue de toutes les statues, silence glacé placé en vigilance. A main droite, le miroir de la Mère des morts. Il demeure allumé sur cet ordre : «Annulez dispositions coutumières ; purgation de nature ne suffit plus ;les pères de la chaîne, ensevelis sous l'âme nulle, ont d'origine lancé la formule contre l'attache humaine :Arrachement ; nous voulons des morts en nature, pas seulement en personne ; transférez quelques ténébrions dans le Tiroir ; remettez énergiquement leurs fondations en chantier, laissez évoluer ; un cercueil d’énergie dans l’espace austère attend les cerveaux ardents aux énigmes solitaires ; carte blanche aux ténèbres»Il choisit dans le dernier tiroir un paquet de fiches noires, sans regarder les bat, les coupe, fixe la première sur le cristal, concentre un oculaire au bas de la fiche, juste sur le trou. L'âme du premier patient illumine l'écran.
3L'âme descend les degrés. Ombre, caresse cynique derrière les yeux. Sur le dernier palier, collée à la paroi humide, oubli traqué, elle se recroqueville dans son suaire. Au dos de celui-ci d'improbables lettres l'identifient : SNP1. Sur la porte entr'ouverte elle voit se dandiner une pancarte... la peur l'empêche de déchiffrer. Derrière cette porte, une véritable salle d'attente ; il n'y a rien, il y a la noirceur de l'attente. A la longue dans cette nuit rougeâtre elle distingue des tapisseries de vers luisants, de nombres luisants ? ils glissent sans ordre apparent ; pourtant le regard intime saisit indiciblement... Parfois leurs colonnes éclairent un champ trop réel : poussière poussière cueillers de bois livres moisis mobilier carcéral couloirs trapus quasimodo là-bas disposés en araignée. Mais nulle présence hostile, pas de diable, aucun rat. SNP1 se tasse encore, se palpe un peu sous la stupeur, sans douleur, palpe le peu qui figure son corps (il lui vient un premier mot : « encorps! encorps! », pourquoi pas) . Ventre jambes poitrine visage, elle vérifie, ne comprend pas, recommence, se dit : tâter en faisant le signe de croix. Non, aucunes sensations, les parties molles ont disparu ? Coupées, les fleurs mammaires. La voix lui dit : ils t'ont changé de service. Elle se relève et descend dans la salle attendre la consultation . Un second patient la bouscule quand elle atteint l'unique chaise mais il l'installe, barbare affable, sur ses genoux : ici Radio-Providence, radio provende d'évidences, l'amour fait la chair et la chair fait la mort mais la volupté sans remords mord l'illimité ! Je m'appelle Je-m'appelle (je suis sourd),
4et toi petit lapin pâle mine de paladin sous les palplanches de la mine, montre-moi ta fiche toute nue. Ils t'ont laissé un nom ? même pas le petit ? tu pleures, moi aussi, regarde mes larmes luisantes le long des murs, ah! tu as remarqué jj'ai dit moi jje jj'ai dit jje va savoir combien de fois, ici Radio-Providence, ça fonctionne mieux qu'on ne le croit, allons ne te dégage pas... Il veut la ressaisir mais son bras reste figé dans le possible, la main est coupée. Il lèche son moignon : j'aurais préféré que ce soit la langue Depuis la voûte inaccessible l'ovule de ténèbre les ausculte.
5GRADUEL DE MAITRE-CIMETIERE Entrée dans la pénombre : 2h.07' Entrée dans l'ombre : 3h.25' SNP 1,2,3 Seul le troisième s'aventure au-delà de la salle commune. L'anesthésie allégée permet de réduire au supportable les premiers malaises encourus sous les radiations. Ils se sot attribués, lapsus, se sont attribués des presque-noms ;troublée ou non l'identité réclame des hommagesSNP1 : Sein   SNP2 : Radio-Providence (« voicivoici M , aux grands bois sur la tête, non tant pour ravir les biches que pour cultiver la connaissance ; en été mes disciples en recueillent les minuscules oranges ; en automne mes bois redessinent leurs lignes et leurs ondes ; en hiver les abbayyes - hymnénoptères religieusement fidèles -dans toutes oreilles accordées en testent l’harmonie, et c'est le printemps!, elles rapportent à mes bois en fleurs mille e tre, mille e tre suggestions nouvelles »)SNP3 : N'Ombre La stupeur tarde à s'intérioriser. Troubles de la perception. Les laisser rêver ? Le matériau absorbant réagit de façon convenable sous la haute pression de radiations. Le rayonnement des voûtes quelque peu transformé en chaleur et phosphorescence assure l'habitabilité de la crypte ; il y pousserait des orchidées. Risques de destruction limités à l'improvidenciable.
6Immersion de SNP4 à 3h.46' (angle 60°) Emersion à 4h.55' (angle 260°) Le quatrième SNP flaire, dégage, brise les incaméras n°7, 12, 17, 127,172, 217, 1727 (performance inférieure à l'attente). Plaques noosensibles en bon état. Le sujet tenait à se faire appeler «L'Homme» ; après critique collective s'est décidé pour Mi-Homme. Fouille sauvage du terrier. Les commodités disposées pour un séjour individualisé dans les galeries basses sont saccagées ; les ustensiles indispensables déménagés dans la salle commune. La peur innée du labyrinthe l'emporte sur la défiance réciproque. Rarement une parole à voix haute. Chuchotements tremblés, souffles semi-articulés... leurs langues couvent des œufs de serpents... (ou seulement des points de suspension)
7EXPOSITION DE N'OMBRE sur l'émusion noo-sensible ...toute phosphorescence éteinte au fond des limbes, les n'ombres luisants s'éveillent, recommencent à tourner, tricoter un temps errant miroir miroir... au noir de la lune que voit le chien hurlant échapp échapp échappé des folies humaines, la mâchoire en rocs, les yeux flagellés, roulant à pleins poumons sa solitude fugi fugimunicative, au noir de la lune que ne veut plus voir l'alpenstock enraciné dans le ruminant chalet...insensiblement leur masse se fragmente, deux clignotements, soudain deux mots fugitifs : Toi Seul. les autres disent : Rien vu, non. ...écho néant dans le canyon...vie fut magie dans l'argile, écu d'écume, écume salaire du sperme, t'offre un corps petit écoulement sablo sablonnnnnneux, désolé d'être insaisissable, horloge parlante au-dessus des gargouillis, faut-il s'étonner que nous, devenus ces... qu'avons nous volé pour avoir tous un membre tranché ? à nouveau la nuit totale, j'oblige les comateux à me suivre devant l'escalier, la vermine divine nous attend, elle s'anime en nous sentant. Radio déchiffre des hiéroglyphes dans leurs mouvements, soudain deux clignotements, fulgurations d'un sens aussitôt gâté est-ceARME ? ANIME ? AIME ? ABIME ?...
8constante fureur de Mi-Homme, obligation de creuser creuser décreuser percreuser, arraché qu'il fut à une étude sur les rats-taupes, j'en porte le poids, le sexe tranché n'excuse pas les bras, anacreuser catacreuser métacreuser, il faut voir creuser des manchots, mais un mur percé n'est pas une ouverture nouveaux couloirs incolores, galeries de passé, boyaux, baillements d'éther boueux, ouvrez le planétarium entre la vie et la mort, l'un des boyaux chute dans une oubliette, les autres ramènent le touriste fatigué au caveau central ; nous ne faisons qu'élargir un chemin de Jérusalem, mes désirs absolus ont assez subi l'épreuve du labyrinthe Mi-H et Radio descendus visiter l'oubliette. Sein et moi (moi... confuse imprécise présence d'âme indétectable repli en l'absence même même de l'âme ?) restons dans la salle. La nuée noirâtre qui emplit d'ordinaire la voûte se teinte de brun, les ténèbres irradient le sang et à partir de ce moment nos membres mutilés nous font souffrir et désirer danse des vers gigotements accélérés envoûtements trémulations grouillements multicolores des pulsions ressuscitées, elle y cède la première, jette son suaire roule à terre, corps couvert de pièges fantômes, pièges à verge, aimants, signaux déclencheurs de volupté, ses seins fantômes brillent, aveuglent de souvenirs cuisants ma virilité, un cri qui n'est pas ma voix, c'est la voix de ma chienne : Redonne-moi la chair ! elle me mord les jambes, me renverse sur elle et nos corps, nos chairs ? vont se coaguler lorsqu'elle saisit ma verge spectrale mais c'est de ma gorge que jaillit un geyser de verbe séminal sur sa poitrine incorporelle.... désirozoïdes ! ils bouillonnent, attisent des énéides, hydrogènent mille mille têtes cactées qui spiralisent et s'espadonnent dans l'espace mental !
9elle hurle et chasse ma vie mon outre-vie qui sème à millions des vers galants radiants qui la mordent, la traversent, giclent sur les murs, se vrillent partout s'insinuent jusqu'aux voûoûtes à l'assaut des luisants répons des ténèbres là-haut ils s'éveillent se secouent clignotent, défient les flots vivants ; les deux flux se malaxent fusionnent, ignoble grouillement d'étoiles ; vers vie brève vers mort lente s'apparient explosent s'engluent scintillent autour au-dessous au-dedans de nous mais trop vite trop d'éclats, magnificences dans les brisures, esquilles verbes, ébats affolés, quand nous déchiffrons parmi d'exécrables visages, scotomes scintillants vomissant jusqu'à la conscience sans pitié ces anxiovalences : A  AM(B)O ORD RE SA(L)UT AMB GOUI bene ambula!un saut dans tous les sens ? est-ce un non-sens la notion de tous les sens a-t-elle... raison attelle sur la fracturede conscience raison atèle en suspension dans la canopée mentale mais il lui manque le pouce, le sens sur le pouce voilà la vérité saute dans l'ordure ou abîme toi dans l'ordre ou aime l'ordure c'est le salut ou sans balancer entre ordre et ordure pousse l'obscur dans les deux sens, âme carcan de l'abîme l'important c'est le saut de l'obscur dans le sens, peut-être, pourtant mes lèvres diront l'inverse, le secret en ce point c'est de faire un feu de sens dans les trous de la parole révélée et en ce poinct peut-estre y en aura, prisoniers es prisons Royaux de Purge, qui diront le vray desirer mais non selon les articles qui auoyent esté accordez par le dernier Edict, et dira le Concile qu'ils sont pertinaces, qu'ils s'opinastrent en vn erreur dont ils sont convaincus & que partant il faut proceder par le glaiue, hélas quand le ciel donnera-t-il la grande paix à l’ombre
10mentale qui rôde et s’ensanglante, qui s'amenuise et s’oublie dans son crâne trop petit, quand lui donnera-t-il la multiple clarté dans l'unique mémoire qui enjambe les étoiles ? le saut dans l'ordre ordurier sauve l'obscur ambivalent, que de trous tout de même, si le mystère au moins connaissait notre langue, avec si peu d'éléments faire la cuisine du sens... et malgré tout nous resterons inexcusables car le verbe se sera révélé j'entend la voix rêveuse d'une pierre dans le moulin à météores : « plus jamais la chute des corps! les masses courberont l'espace mousse et leurs âmes glisseront sur les pistes... » ; voici le temps d'une chute de la lumière, j'ai perdu mon âme avoue la parole révéléeEXPOSITION DE MI-HOMME (sa projection spectrale sur l'émulsion noosensible commence un mouvement en spirale vers l'intérieur)...mots semés de vers sémanticides, nous stagnons dans une salle de désanimation, intestin de la mort constipée, fiente immatèrielle sans appui de volonté, merde un refuge pour réfléchir ! ...ma mémoire contient un cachot bien pire, dans mon pays le Cachot horrible chien d'arrêt se mettait en chasse dès la nuit tombée... la raison sous le rabot, l'intuition dans le politiquereliquaire je me nourrissais des seules racines qui poussent dans
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