Souvenir des Alpes
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Description

Alfred de Musset — Poésies nouvellesSouvenir des Alpes Fatigué, brisé, vaincu par l'ennui,Marchait le voyageur dans la plaine altérée,Et du sable brûlant la poussière dorée Voltigeait devant lui. Devant la pauvre hôtellerie, Sous un vieux pont, dans un site écarté, Un flot de cristal ...

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Langue Français

Extrait

Alfred de MussetPoésies nouvelles
 Fatigué,brisé, vaincu par l'ennui, Marchait le voyageur dans la plaine altérée, Et du sable brûlant la poussière dorée  Voltigeaitdevant lui.
 Devantla pauvre hôtellerie,  Sousun vieux pont, dans un site écarté,  Unflot de cristal argent  Caressaitla rive fleurie.
 Deuxoisillons, dans un pin d'Italie,  Ensautillant s'envoyaient tour à tour Leur chansonnette ailée, où la mélancolie  Jasaitavec amour.
 Pendantqu'une mule rétive Piétinait sous le pampre où rit le dieu joufflu,  Sanstoucher aux fleurs de la rive, Le voyageur monta sur le pont vermoulu.
Là, le coeur plein d'un triste et doux mystère,  Ils'arréta silencieux,  Lefront incliné vers la terre ; L'ardent soleil séchair les larmes de ses yeux.
 Aveugle,inconstante, ô fortune!  Suppliceenivrant des amours!  Ote-moi,mémoire importune,  Ote-moices yeux que je vois toujours !
Souvenir des Alpes
 Pourquoi,dans leur beauté suprême,  Pourquoiles ai-je vus briller ?  Tune veux plus que je les aime,  Toiqui me défends d'oublier !...
Comme après la douleur, comme après la tempête, L'homme supplie encore et regarde le ciel,  Levoyageur, levant la tête, Vit les Alpes debout dans leur calme éternel,
 Et,devant lui, le sommet du mont Rose, Où la neige et l'azur se disputaient gaiement ;  Siparmi nous tu descends un moment, C'est là, blanche Diane, où ton beau pied se pose.
Les chasseurs de chamois en savent quelque chose,  Lorsque,sans peur, mais non pas sans danger, A travers la prairie au matin fraîche éclose, On les voit, l'arme au poing, dans ces pics s'engager.
Pendant que le soleil, paisible et fort à l'aise, Brûle, sans la dorer, la cité milanaise, Et dans cet horizon, plein de grâce et d'ennui, S'endort de lassitude à force d'avoir lui,
La montagne se montre: - à vos pieds est l'abîme ; L'avalanche au-dessus. - Ne vous effrayez pas ; Prenez garde au mulet qui peut faire un faux pas. L'oeil perçant du chamois suspendu sur la cime, Vous voyant trébucher, s'en moquerait tout bas.
Un ravin tortueux conduit à la montagne. Le voyageur pensif prit ce sentier perdu ; Puis il se retourna. - La plaine et la campagne,  Toutavait disparu.
Le spectre du glacier dans sa pourpre pâlie,  Derrièrelui s'était dressé. Les chansons et les pleurs et la belle Italie  Devenaientdéjà le passé.
Un aigle noir, planant sur la sombre verdure Et regardant au loin, tout chargé de souci, Semblait dire au désert: Quelle est la créature
 Quivient ici ?
 Byron,dans sa tristesse altière,  Disaitun jour, passant par ce pays: « Quand je vois aux sapins cet air de cimetière,  Celaressemble à mes amis. »
 Ilssont pourtant beaux, ces pins foudroyés,  Byron,dans ce désert immense ; Quand leurs rameaux morts craquaient sous tes pieds,  Toncoeur entendait leur silence.
Peut-être en savent-ils autant et plus que nous, Ces vieux êtres muets attachés à la terre, Qui, sur le sein fécond de la commune mère, Dorment dans un repos si superbe et si doux.
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