Armand Silvestre Souvenir des Girondins Le Parnasse contemporain : Recueil de vers nouveaux, Alphonse Lemerre (Slatkine Reprints), 1869-1871 (1971) (pp. 180-180).
SOUVENIR DES GIRONDINS
Les Titans sont tombés : — dans l’air silencieux Leur sang pur monte encore, &, comme une fumée, Emporte dans les cieux leur âme consumée Des rêves éternels qu’ils avaient pris aux cieux.
La terre, maternelle aux cœurs audacieux, Sur ses enfants meurtris lentement s’est fermée ; Mais, pour longtemps tari, son flanc capricieux Tira de leur semence une race pygmée,
Du corps de ces lions un peuple de fourmis. Et nous n’osons nommer nos pères endormis, Plus près d’être des dieux que nous d’être des hommes !
Et nous traînons si bas leur souvenir puissant, Qu’à nous voir le porter, on ne sait si nous sommes Les vers de leurs tombeaux ou les fils de leur sang.