A la chasse aux vieux démons : la France et l Allemagne unie - article ; n°3 ; vol.56, pg 715-721
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Politique étrangère - Année 1991 - Volume 56 - Numéro 3 - Pages 715-721
Si les relations franco-allemandes traversent une situation difficile, c'est peut-être à cause des médias et des intellectuels. Même la classe politique française n'est pas étrangère. Mais cela semble davantage dû aux changements intervenus en Europe depuis deux ans et dont les répercussions politiques pour la France sont loin être acceptées par tout le monde. L'unification allemande s'est déroulée d'une manière démocratique et pacifique, ce qui explique l'attitude en somme très positive des Français par rapport à cet événement. Les relations franco-allemandes n'ont pas souffert de cette nouvelle donne.
Pandora's Bow Re-opened ? France and Re-unified Germany, by Ingo Kolboom
The idea that Franco-German relations are going through a difficult period may be a création of the media and intellectuals, and to a lesser extent French politicians. The fact is that it is difficult for some people to corne to terms with the political repercussions for France of the changes which have been taking place in Europe over the past txvo years. But German reunification was achieved in a democratie and peaceful fashion and the overall French reaction is positive. Franco-German relations have not in fact deteriorated.
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Kolboom
A la chasse aux vieux démons : la France et l'Allemagne unie
In: Politique étrangère N°3 - 1991 - 56e année pp. 715-721.
Résumé
Si les relations franco-allemandes traversent une situation difficile, c'est peut-être à cause des médias et des intellectuels.
Même la classe politique française n'est pas étrangère. Mais cela semble davantage dû aux changements intervenus en Europe
depuis deux ans et dont les répercussions politiques pour la France sont loin être acceptées par tout le monde. L'unification
allemande s'est déroulée d'une manière démocratique et pacifique, ce qui explique l'attitude en somme très positive des Français
par rapport à cet événement. Les relations franco-allemandes n'ont pas souffert de cette nouvelle donne.
Abstract
Pandora's Bow Re-opened ? France and Re-unified Germany, by Ingo Kolboom
The idea that Franco-German relations are going through a difficult period may be a création of the media and intellectuals, and
to a lesser extent French politicians. The fact is that it is difficult for some people to corne to terms with the political repercussions
for France of the changes which have been taking place in Europe over the past txvo years. But German reunification was
achieved in a democratie and peaceful fashion and the overall French reaction is positive. Franco-German relations have not in
fact deteriorated.
Citer ce document / Cite this document :
Kolboom. A la chasse aux vieux démons : la France et l'Allemagne unie. In: Politique étrangère N°3 - 1991 - 56e année pp. 715-
721.
doi : 10.3406/polit.1991.4063
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1991_num_56_3_4063ÉTRANGÈRE I 715 POLITIQUE
POINTS DE VUE
Ingo KOLBOOM la A , la France _ chasse et aux l'Allemagne vieux demons unie
en « Choisir premier notre lieu, conduite l'idée envers que nous l'Allemagne, nous faisons c'est choisir, de la
France ».
Pierre Viénot, Incertitudes allemandes, 1931.
Si les relations franco-allemandes traversent une situation difficile, c'est
peut-être à cause des médias et des intellectuels. Depuis l'accession au
pouvoir de François Mitterrand il y a 10 ans, les journaux ne cessent,
à intervalles réguliers, de prédire une période de gel entre la France et
l'Allemagne, voire même le « retour des démons », selon la formule
employée au printemps 1990 par le philosophe vedette Bernard-Henri
Lévy [1]. Récemment encore, le remplacement de Michel Rocard par Edith
Cresson a donné lieu à des spéculations pessimistes quant à la prétendue
germanophobie de la nouvelle venue de Matignon. Mais, aucun de ces
oiseaux de mauvais augure n'apprécie qu'on leur rappelle leurs comment
aires d'hier quelques semaines plus tard.
Or, contrairement à la communication difficile entre intellectuels et médias
des deux côtés du Rhin, les relations politiques et économiques franco-
allemandes s'avèrent solides et fructueuses. Et ceci malgré toutes les diver
gences propres à la nature de la coopération entre deux Etats différents.
Comme nous avons pu le constater à maintes reprises, l'Europe communaut
aire est loin d'être la dernière à profiter de cette coopération. Même la
tentation germanophobe de la gauche parisienne ne peut résister à cette
logique inhérente à la coopération franco-allemande, grâce, peut être, à une
raison d'Etat rendant l'entente entre les deux pays de plus en plus indispen-
* Directeur du Centre de recherche France-Allemagne de la Deutsche Gesellschaft fur Auswàr-
tige Politik. 716 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
sable. Ce dilemme s'est clairement présenté à l'heure de l'unification all
emande. Jamais depuis 1949, les rapports franco-allemands n'ont été soumis
à si rude épreuve. En effet, l'unification a mis fin à 40 ans de politique
française vis-à-vis de l'Allemagne en changeant les règles du jeu de la
coopération politique. Or, grosso modo, Paris et Bonn ont mieux digéré
cette affaire que prévu — ce qui ne veut pas dire que tout ira désormais
pour le mieux.
Pourquoi l'attentisme français ?
Malgré l'appui de principe donné par l'Elysée à l'unité allemande, on peut
s'interroger sur le bien-fondé de l'attitude gouvernementale face aux événe
ments d'outre-Rhin, ne serait-ce que par rapport aux propres intérêts de la
France. De nombreuses voix se sont faites entendre en France, reprochant
au gouvernement son attentisme au lieu de soutenir une unité devenue
inéluctable, afin de mieux faire prévaloir les intérêts véritables de l'Hexa
gone. Il est donc parfaitement légitime de constater que le Paris officiel a
laissé passer de nombreuses occasions de marquer de son empreinte une
Europe en pleine évolution politique. Hésitante, prudente, voire fidèle à
une vision bien conservatrice de « l'équilibre européen », la France n'a pas
su jouer le rôle international auquel elle aspirait [2] sans pour autant
négliger le rôle joué par Paris en faveur des Douze (ne serait-ce qu'en
réaction à l'unification). Il serait donc exagéré de reprocher au gouverne
ment d'avoir partagé le sentiment de panique propagé par une bonne partie
des médias, voire d'avoir tenté de retarder le processus de l'unification [3].
Même les voyages controversés de François Mitterrand à Kiev et en RDA,
en décembre 1989, ne justifient pas une telle interprétation. D'ailleurs,
pourquoi le président de la République aurait-il dû être plus favorable à
l'unité allemande que l'élite politique et intellectuelle ouest-allemande elle-
même ? Celle-ci, à laquelle s'est joint le candidat à la chancellerie du SPD,
a en effet regardé avec un malaise croissant l'effondrement de la RDA. Ne
parlons pas des états d'âme allemands d'aujourd'hui, à l'heure des sacri
fices.
L'attitude gouvernementale s'explique plus facilement eu égard au contexte
et aux contraintes de la politique française. Paris est en effet tout particuli
èrement concerné par le tournant politique international qu'implique l'unité
allemande. Confrontée de nouveau, et pour la première fois depuis 1945, à
un voisin allemand souverain et égal en droits, la France ne jouit plus vis-à-
vis de la RFA du rôle de puissance protectrice découlant du statut quadrip
artite. Le rôle de la France n'est plus celui d'une « ex-grande puissance à
la recherche d'un nouveau dessein » ; son rang en Europe et dans le monde
ne peut donc plus être le même. Depuis la déclaration de New York, du
1er octobre 1990, mettant fin aux droits et aux responsabilités des 4 puis
sances, les attributs statutaires de la France ne sont plus que ceux qui
découlent de son armement nucléaire et de son siège permanent au Conseil
de Sécurité des Nations Unies. Cette nouvelle donne constitue un défi
considérable pour la classe politique française, étant donné sa sensibilité
particulière à l'égard du statut et au rang de la France.
La scission de l'Allemagne a en effet été l'une des bases du bon fonctionne
ment des rapports franco-(ouest)allemands, qui reposaient implicitement sur POINTS DE VUE I 717
la taille réduite et le statut international particulier de la RFA. Les relations
franco-allemandes auraient pu ne pas résister à l'épreuve du rétablissement
de l'unité et de la pleine souveraineté allemandes. Cet événement a donc
nécessité une révision fondamentale de la politique française vis-à-vis de
l'Allemagne, dans la mesure où celle-ci reposait sur la stratégie de l'ancrage
de l'Allemagne à l'Ouest. Or, cette stratégie de contrôle de la RFA par le
biais de l'intégration occidentale nécessitait le maintien du statu quo d'après-
guerre ; la politique d'intégration de Paris n'était donc pas exempte « d'ar
rière-pensées ». Certes, la France n'a jamais été hostile à l'unité allemande,
comme certains l'ont prétendu. Mais elle était peu favorable à toute
modification du statut européen de l'Allemagne qui mettait fin à la limita
tion de la souveraineté de l'Allemagne de l'Ouest. La politique française à
l'égard de la RFA &#

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