Allemagne-Russie : les aléas d un partenariat difficile - article ; n°3 ; vol.61, pg 599-613
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Politique étrangère - Année 1996 - Volume 61 - Numéro 3 - Pages 599-613
Si les relations germano-russes demeurent assez étroites, six ans après l'unification de l'Allemagne, il n'y a pas de véritable partenariat entre les deux pays. Nonobstant F« amitié » entre Helmut Kohi et Boris Eltsine, certaines frictions ont vu le jour entre les deux gouvernements, dues au refus des autorités russes d'accorder une plus grande autonomie à la minorité allemande en Russie et de restituer les biens culturels allemands saisis par l'Armée rouge à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Moscou, de son côté, souligne le peu d'empressement des dirigeants économiques et financiers allemands à investir en Russie et voit d'un très mauvais œil les initiatives allemandes en faveur de l'élargissement à l'Est de l'Alliance atlantique.
Germany and Russia : the Ups and Downs of a Difficult Partnership, by Hans Stark
If German-Russian relations remain close, six years after German reunification, there is no real partnership between the two countries. In spite of the 'friend-ship' between Helmut Kohi and Boris Yeltsin, certain frictions have arisen hetween the two governments, as a resuit of the refusal of the Russian government to grant greater autonomy to the German minority in Russia and to return German cultural goods seized by the Red Army at the end of World War II. As for Moscow, it draws attention to the reluctance of German economic and financial leaders to invest in Russia and looks very unfavourably on German initiatives in favour of enlarging the Atlantic Alliance eastwards.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hans Stark
Allemagne-Russie : les aléas d'un partenariat difficile
In: Politique étrangère N°3 - 1996 - 61e année pp. 599-613.
Résumé
Si les relations germano-russes demeurent assez étroites, six ans après l'unification de l'Allemagne, il n'y a pas de véritable
partenariat entre les deux pays. Nonobstant F« amitié » entre Helmut Kohi et Boris Eltsine, certaines frictions ont vu le jour entre
les deux gouvernements, dues au refus des autorités russes d'accorder une plus grande autonomie à la minorité allemande en
Russie et de restituer les biens culturels allemands saisis par l'Armée rouge à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Moscou, de
son côté, souligne le peu d'empressement des dirigeants économiques et financiers allemands à investir en Russie et voit d'un
très mauvais œil les initiatives allemandes en faveur de l'élargissement à l'Est de l'Alliance atlantique.
Abstract
Germany and Russia : the Ups and Downs of a Difficult Partnership, by Hans Stark
If German-Russian relations remain close, six years after German reunification, there is no real partnership between the two
countries. In spite of the 'friend-ship' between Helmut Kohi and Boris Yeltsin, certain frictions have arisen hetween the two
governments, as a resuit of the refusal of the Russian government to grant greater autonomy to the German minority in Russia
and to return German cultural goods seized by the Red Army at the end of World War II. As for Moscow, it draws attention to the
reluctance of economic and financial leaders to invest in Russia and looks very unfavourably on German initiatives in
favour of enlarging the Atlantic Alliance eastwards.
Citer ce document / Cite this document :
Stark Hans. Allemagne-Russie : les aléas d'un partenariat difficile. In: Politique étrangère N°3 - 1996 - 61e année pp. 599-613.
doi : 10.3406/polit.1996.4564
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1996_num_61_3_4564ÉTRANGÈRE / 599 POLITIQUE
Hans Allemagne-Russie : les aléas
d'un partenariat difficile
Durant la deuxième moitié du XXe siècle, les relations germano- sovié
tiques ont joué un rôle crucial dans le contexte mouvementé de la guerre
froide suivie de l'effondrement du système communiste en Europe de
l'Est. Aussi, ne devait-on pas s'attendre, au lendemain de l'unification de l'All
emagne, à ce que les relations entre les deux pays recèlent désormais une qualité
toute particulière, étant donné la position géographique et la puissance écono
mique de l'Allemagne unie ? En 1990, ayant renoncé à « sa carte allemande » en
donnant son aval à une Allemagne unifiée et ancrée dans l'OTAN, l'URSS s'était
en effet montrée suffisamment « généreuse » pour espérer tout naturellement bé
néficier de retombées avantageuses... Ainsi, outre l'assistance financière accordée
par la RFA au lendemain de l'unification (90,3 milliards de marks entre 1990 et
1993), l'URSS de Gorbatchev a su conclure avec le gouvernement fédéral un traité
de « bon voisinage, de partenariat et de coopération » qui contient une clause de
non-agression et, surtout, de non-assistance à un agresseur de l'une ou l'autre part
ie (article 3), une clause que l'on ne retrouve pas, par exemple, dans le traité du
même type signé à Paris en octobre 1990 entre l'URSS et la France.
Cette clause ne peut que rappeler la longue liste des traités germano-russes, à
commencer par celui signé en 1762 entre le tsar Pierre III et le roi Frédéric II (qui,
à la fin de la guerre de Sept Ans, avait sauvé la Prusse du désastre), en passant par
la convention de neutralité de Tauroggen signée entre la Russie et la Prusse un
demi-siècle plus tard, le 30 décembre 1812 (préparant le terrain à la naissance de la
Sainte-Alliance) et par le traité de réassurance de 1887 (pièce maîtresse du système
bismarckien), jusqu'au de Rapallo de 1922, complété par celui de Berlin de
1926, sans oublier le plus célèbre d'entre eux, le pacte de non- agression Molotov-
Ribbentrop du 23 août 1939 qui a permis à l'Allemagne nazie d'attaquer la
Pologne une semaine plus tard.
L'« héritage » bilatéral revient d'autant plus facilement à l'esprit que la période
de l'après-guerre froide a vu s'intensifier les liens entre Bonn et Moscou dont
témoigne toute une série de traités et de déclarations communes. Mais, à la dif
férence des périodes antérieures à la Seconde Guerre mondiale, le partenariat
germano-russe qui a vu le jour entre 1990 et 1992 n'était pas dirigé contre les
voisins européens des deux pays. La politique russe du gouvernement fédéral
s'inscrivait dans le cadre d'une stratégie paneuropéenne poursuivie à cette
époque tant par les pays de l'Europe occidentale que par les Etats-Unis :
::" Secrétaire général du CERFA (Comité d'études des relations franco-allemandes), Ifri, Paris. 600 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
renforcer les structures politiques et économiques d'un Etat russe renaissant,
afin de se prémunir contre les risques éventuels d'un retour des « incertitudes
russes », consolider les forces dites démocratiques alors au pouvoir à Moscou et
intégrer le Kremlin dans un vaste réseau de coopération internationale.
L'accord de principe sur l'unification, conclu le 16 juillet 1990 entre Helmut
Kohi et Mikhaïl Gorbatchev à Jeleznovodsk, dans le Caucase, s'inscrit ainsi dans
celui, dit « 2+4 », signé le 12 septembre 1990 à Moscou entre les deux Alle-
magnes, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l'URSS. Le
21 novembre 1990, le traité « 2+4 » a été notifié à tous les pays membres de la
CSCE, le jour même de l'adoption de la Charte de Paris. Le traité germano-
soviétique de bon voisinage, de partenariat et de coopération, signé à Bonn le
9 novembre 1990 [1], se situe, lui, dans une optique de politique à l'Est, menée
par l'Allemagne pour réorganiser ses rapports avec la Pologne, la Tchécoslova
quie et l'URSS après la fin de la guerre froide.
A cette époque, l'Allemagne occupait une place privilégiée dans la politique
extérieure soviétique, puis russe, pour des raisons, sans doute, principalement
financières et économiques [2]. En témoigne notamment le voyage de Boris
Eltsine à Bonn en novembre 1991, le premier de ses déplacements à l'étranger
après le putsch manqué contre Mikhaïl Gorbatchev durant le mois d'août 1991.
A cette occasion, les deux pays ont conclu une déclaration qui constituait une
véritable « charte des nouvelles relations germano-russes » [3]. Enfin, un an après,
en décembre 1992, Russes et Allemands ont signé une dernière série d'accords
concernant la coopération économique, les modalités de départ des troupes de
Pex-armée soviétique du territoire allemand, le statut de la minorité allemande,
la coopération culturelle et l'aide au désarmement [4].
En un peu plus de deux ans, l'Allemagne et la Russie avaient donc réussi à mettre
en place tout un réseau de traités, d'accords et de déclarations bilatéraux afin de
créer un véritable « partenariat » entre Bonn et Moscou. Mais, en dépit de toutes
ces initiatives, l'espoir probablement exagéré, né pendant les années 1991-1992, a
cédé la place à des déceptions réciproques, à des irritations croissantes et, avec le
début de la guerre en Tchétchénie en 1994-1995, à une véritable crise dans les rela
tions entre les deux pays que seule la retenue allemande (et occidentale) pendant la
campagne présidentielle russe a permis de gommer, du moins provisoirement.
Plusieurs facteurs expliquent ce changement. D'abord, après l'éclatement de
l'URSS et une première phase presque américanophile de la politique étrangère
russe (Andreï Kozyrev parle à ce propos de «période romantique ») qui prend
fin en 1993, la diplomatie du Kremlin renoue avec un langage et un comporte
ment qui rappellent plus la période de la guerre froide que celle de la « nouvelle
pensée ». Dès 1993, en effet, le gouvernement russe a réorienté sa politique
envers les Etats indépendants issus de l'ex-URSS, qualifiés d'« étranger pr

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