Armée, pouvoir et processus de décision en Algérie - article ; n°2 ; vol.69, pg 427-439
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Politique étrangère - Année 2004 - Volume 69 - Numéro 2 - Pages 427-439
La frontière entre le politique et le militaire en Algérie est, encore aujourd'hui, plus que floue. La dualité du pouvoir remonte à la guerre de libération et aux luttes de légitimité qui divisèrent le gouvernement issu de l'indépendance. Longtemps sous la domination du parti unique, le FLN, l'Armée de libération nationale a fini par prendre le dessus dès la présidence d'Ahmed Ben Bella puis, surtout, après le putsch de Houari Boumédiène : le militaire devient alors la source du pouvoir personnel algérien. Sous Chadli Bendjedid, l'armée semble relâcher un temps son emprise et le multipartisme fait son apparition dans le pays. Mais la montée des partis islamistes est l'occasion pour l'armée de s'installer à nouveau au cœur du politique, tout en cherchant une légitimité nouvelle dans la lutte antiterroriste. Si Abdelaziz Bouteflika est le premier président que l'armée laisse aller au terme de son mandat, la Grande Muette continue de se poser en instance protectrice de la Constitution, à l'image de l'armée turque.
The Power the Army and the Decision-Making Process in Algeria by Maxime AIT KAKI Power and political decision-making process issues in Algeria remain particularly thorny subjects Indeed the political neid in this country suffers fröna an obvious deficit of differentiation and tends to be confused with the Popular national army PNA).The démocratisation which started in 1989 led the PNA to dissociate of the FLN the single party through which it reigned without division during thirty years But it ridged on powerful islamist contest Since then the PNA finished up legiti mating its return on the front of the political scene Suspected to use the islamist threat as an alibi in order not to withdraw from the political field the PNA faces sharp denigration campaign The presidential of April gave rise to the head military staff to assert the neutrality of the PNA in the choice of the candidates
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 197
Langue Français

Extrait

Aït Kaki
Armée, pouvoir et processus de décision en Algérie
In: Politique étrangère N°2 - 2004 - 69e année pp. 427-439.
Résumé
La frontière entre le politique et le militaire en Algérie est, encore aujourd'hui, plus que floue. La dualité du pouvoir remonte à la
guerre de libération et aux luttes de légitimité qui divisèrent le gouvernement issu de l'indépendance. Longtemps sous la
domination du parti unique, le FLN, l'Armée de libération nationale a fini par prendre le dessus dès la présidence d'Ahmed Ben
Bella puis, surtout, après le putsch de Houari Boumédiène : le militaire devient alors la source du pouvoir personnel algérien.
Sous Chadli Bendjedid, l'armée semble relâcher un temps son emprise et le multipartisme fait son apparition dans le pays. Mais
la montée des partis islamistes est l'occasion pour l'armée de s'installer à nouveau au cœur du politique, tout en cherchant une
légitimité nouvelle dans la lutte antiterroriste. Si Abdelaziz Bouteflika est le premier président que l'armée laisse aller au terme de
son mandat, la Grande Muette continue de se poser en instance protectrice de la Constitution, à l'image de l'armée turque.
Abstract
The Power the Army and the Decision-Making Process in Algeria by Maxime AIT KAKI Power and political decision-making
process issues in Algeria remain particularly thorny subjects Indeed the political neid in this country suffers fröna an obvious
deficit of differentiation and tends to be confused with the Popular national army PNA).The démocratisation which started in 1989
led the PNA to dissociate of the FLN the single party through which it reigned without division during thirty years But it ridged on
powerful islamist contest Since then the PNA finished up legiti mating its return on the front of the political scene Suspected to
use the threat as an alibi in order not to withdraw from the political field the PNA faces sharp denigration campaign The
presidential of April gave rise to the head military staff to assert the neutrality of the PNA in the choice of the candidates
Citer ce document / Cite this document :
Aït Kaki. Armée, pouvoir et processus de décision en Algérie. In: Politique étrangère N°2 - 2004 - 69e année pp. 427-439.
doi : 10.3406/polit.2004.1307
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2004_num_69_2_1307POLITIQUE ÉTRANGÈRE 2/2004
Maxime AIT KAKI Armée, pouvoir et processus
de décision en Algérie
La frontière entre le politique et le militaire en Algérie est, encore aujourd'hui,
plus que floue. La dualité du pouvoir remonte à la guerre de libération et aux
luttes de légitimité qui divisèrent le gouvernement issu de l'indépendance.
Longtemps sous la domination du parti unique, le FLN, l'Armée de libération
nationale a fini par prendre le dessus dès la présidence d'Ahmed Ben Bella puis,
surtout, après le putsch de Houari Boumédiène : le militaire devient alors la
source du pouvoir personnel algérien. Sous Chadli Bendjedid, l'armée semble
relâcher un temps son emprise et le multipartisme fait son apparition dans le pays.
Mais la montée des partis islamistes est l'occasion pour l'armée de s'installer à
nouveau au cœur du politique, tout en cherchant une légitimité nouvelle dans la
lutte antiterroriste. Si Abdelaziz Bouteflika est le premier président que l'armée
laisse aller au terme de son mandat, la Grande Muette continue de se poser en
instance protectrice de la Constitution, à l'image de l'armée turque.
Politique étrangère
Formellement, l'Algérie est un État démocratique, sinon le plus
démocratique, de la rive sud de la Méditerranée. À la faveur de
l'ouverture politique de 1989, il s'est doté d'une Constitution
instaurant le multipartisme et établissant des mécanismes délibératifs.
Mais s'arrêter à ce niveau de lecture, c'est occulter la survivance d'un
certain nombre de pratiques non écrites, héritées de l'ère du parti
unique, dont la prégnance est telle qu'elles tiennent lieu de coutume
ayant une portée normative, voire constituante, pour le pouvoir dans
l'Algérie d'aujourd'hui. Parmi ces pratiques, la tendance pour le
moins chronique de l'armée à interférer dans le champ politique est la
plus problématique. Elle brouille toute visibilité des lieux de pouvoir
et de prise de décision.
Maxime Ait Kaki, docteur en science politique, est actuellement journaliste. 428 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
La surpolarisation sans précédent du débat autour de l'armée, qui a
marqué la campagne présidentielle du mois d'avril 2004, montre que
la question du retrait de la Grande Muette du champ politique reste
un point délicat du processus de démocratisation en Algérie. Cette
dernière a-t-elle reconduit d'office Abdelaziz Bouteflika à la magis
trature suprême de l'Etat en le parant de la légitimité démocratique du
vote et de la pluralité des candidatures ? Une chose est sûre : la vic
toire de Bouteflika est réelle, même si son caractère écrasant (84,99 %
des suffrages exprimés) en limite quelque peu la portée démocratique.
Fort d'un ancrage social et d'importants soutiens dans l'administra
tion, compte tenu de son passé boumédiéniste, le président sortant
avait plus de chances de l'emporter face à des adversaires dépourvus
de base sociale réelle. Une autre chose est également sûre : c'est bien
la première fois que l'armée laisse un président aller au terme de son
mandat. Ces avancées, aussi modestes soient-elles, traduisent-elles
pour autant les prémices d'un retrait de l'armée du champ politique ?
L'opposition est à cet égard sceptique. À peine les résultats du scrutin
proclamés, le Front des forces socialistes (FFS) - qui a boycotté l'éle
ction - a jeté un pavé dans la mare en accusant le général Mohamed
Médiène {alias Toufik), le patron du Département du renseignement
et de la sécurité (DRS, les services secrets), d'avoir organisé une « mas
carade électorale ». Aux dires du premier secrétaire national de ce
parti, Djoudi Mammeri, « les candidats à la présidentielle ont accepté
de jouer ce scénario de Toufik, qui leur a fait croire que le scrutin
serait neutre et transparent1 ». La thèse de la « neutralité de façade »
de l'armée est également reprise par des anciens caciques du Front de
libération nationale (FLN), dont la candidature n'a pas été retenue par
le Conseil constitutionnel. Parmi ceux-là, le réformateur Mouloud
Hamrouche estime que « la candidature du président sortant ne pouv
ait pas s'envisager contre la volonté de l'armée2 ».
La réélection de Bouteflika aurait-elle fait l'objet d'un deal au sommet
de l'État alors que le chef d'état-major, le général Mohamed Lamari,
n'a cessé de répéter que l'armée « accueillera favorablement celui que
le peuple élira en 2004, même s'il s'agit d'Abdellah Djaballah, chef du
1. D. Mammeri, « Présidentielle, le FFS accuse le général Toufik », Le Matin, 13 avril 2004. Voir aussi « Les
coulisses de la présidentielle », Le Figaro, 20 avril 2004.
2. Entretien avec Mouloud Hamrouche, « La candidature du président ne pouvait s'envisager contre la
volonté de l'ANP », Le Matin, 21 avril 2004. .
POUVOIR ET PROCESSUS DE DÉCISION EN ALGÉRIE / 429 ARMÉE,
mouvement El-Islah (islamiste légaliste) » ? Un tel scénario n'est pas
invraisemblable. Compte tenu du « syndrome Milosevic » qui hante
l'armée, soupçonnée à la suite des révélations de Habib Souaïdia3 - un
officier dissident exilé en Europe — d'avoir été compromise dans des
exactions imputées aux Groupes islamiques armés (GIA), il n'est pas
exclu que le président algérien se soit vu confier pour mission d'exo
nérer cette institution de toute accusation de violation des droits de
l'homme dans le conflit civil qui a fait près de 150 000 victimes.
D'ailleurs, à plusieurs reprises, ce dernier a indiqué que « si Tribunal
pénal international (TPI) il y avait, [il] serait le premier à y compar
aître4 », une manière de se rendre solidaire de l'armée.
Alternant pha

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