Béranger : les chemins vers une chanson réaliste du XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.28, pg 181-194
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1976 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 181-194
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 60
Langue Français

Extrait

Professeur Jan O. Fischer
Béranger : les chemins vers une chanson réaliste du XIXe siècle
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1976, N°28. pp. 181-194.
Citer ce document / Cite this document :
Fischer Jan O. Béranger : les chemins vers une chanson réaliste du XIXe siècle. In: Cahiers de l'Association internationale des
études francaises, 1976, N°28. pp. 181-194.
doi : 10.3406/caief.1976.1115
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1976_num_28_1_1115\Ъ\
BÉRANGER : LES CHEMINS
VERS UNE CHANSON RÉALISTE
DU XIXe SIÈCLE
Communication de M. Jan O. FISCHER
{Prague)
au XXVIIe Congrès de l'Association, le 29 juillet 1975.
En m'aidant des deux monographies que j'ai déjà consa
crées à Béranger (1), j'ai choisi de traiter le sujet suivant :
Béranger : vers une chanson réaliste du XIXe siècle. J'insiste
sur réaliste et sur XIXe siècle. Le réalisme définissant un art
capable d'exprimer une réalité sans cesse changeante et se
développant sans cesse, il serait osé de parler de réalisme
tout court : le réalisme consiste à présenter certains problèmes
typiques d'une époque. C'est ainsi que le critique allemand
Oskar Walzel a caractérisé, d'une manière lapidaire, la
chanson de Béranger :
II ne s'agit plus de grandes pensées politiques développées
d'une manière abstraite : telle était la manière de Chénier.
C'est l'individu qui est confronté avec la situation politique,
(1) Jan O. Fischer, Pierre- Jean de Béranger. Werk und Wirkung, Berhn-
RDÁ, Rutten und Loenmg, i960 (dans la чепе « Neue Beitrr ge zur Lite-
raturwissenschaft » dirigée par Werner Krauss) ; du même auteur,
Béranger, nejslavnější francouzsky písničkař (Béranger, le plus célèbre
chansonnier français), en tchèque, Praha, Svoboda, 1967.
En langue française, j'ai abordé les problèmes suivants :
— Les Luttes posthumes autour de Béranger et leur signification pour
l'histoire littéraire, in : Beitrage zur Romanischen Philologie, Berlin-RDA,
I, 1961, p 63-77 '
n° —96, Politique mars-avril et poésie 1961, p au 68-77 XIXe , siècle : le cas Béranger, in : La Pensée,
— Béranger était-il bonapartiste ?, m : Europe, n° 480-481, avril-mai
1969, p. 165-183 ,
— Lamartine et Béranger, in : Centenaire de la mort d'Alphonse de
Lamartine, Mâcon, 1970, III, p. 99-106 1 82 JAN O. FISCHER
et ce sont surtout des conséquences sociales qui sont tirées
de cette confrontation (2).
Dix ou quinze ans avant la « bataille romantique », les
chansons de Béranger (de même que les pamphlets de Cour
ier) aidaient à briser le dogme de l'académisme pseudo
classique et à appeler les choses par leur nom (3). En s' adres
sant directement au lecteur et à ses sentiments, elles rempla
çaient les interminables descriptions à la Delille par le
raccourci et l'esprit du jour. Certes, cela était plus facile
dans un « genre mineur » comme la chanson (ou le pamphlet),
un genre dont le retentissement venait d'être accru par la
Révolution.
Ce n'est pas un hasard si le plus célèbre chansonnier poli
tique dans l'Europe du xixe siècle est un Français, issu du
pays de la plus grande tradition chansonnière. La gamme de
cette tradition, difficilement concevable dans un autre pays,
comprenait un domaine vaste et souvent hétérogène, allant
de la chanson populaire à la chanson littéraire, en passant par
les genres du « Pont Neuf » ou du « vaudeville », la chanson
galante, la chanson politique de circonstance et la
révolutionnaire. Pleine de gaieté, d'esprit « gaulois » et d'es
prit plébéien, irrévérencieuse, échappant à la censure des
genres imprimés, abordant tous les problèmes, thèmes et
sentiments, de l'amour à la politique et à la guerre, la chanson
jouissait d'une grande liberté et d'un champ bien vaste.
C'est par la poésie et la tragédie des sentiments que les
chansons folkloriques font le procès de leur époque (4).
(2) Oskar Walzel, dans sa préface aux Œuvres de Chamisso (Chamissos
Werke, Stuttgart, Deutsche Natwnal-Literatur, t. 148, p cv).
(3) Retenons l'anecdote racontée par Sainte-Beuve (article sur Béran
ger dans les Portraits contemporains) : « Un académicien poète, à qui
Béranger, encore inconnu, parlait un jour de ses idylles et du soin qu'il
y prenait de nommer chaque objet par son nom sans le secours de la
Fable, lui objectait : « — Mais la mer, par exemple, la mer, comment
direz-vous ? — Je dirais tout simplement la mer — Eh quoi ? reprit
l'académicien qui n'en revenait pas, Neptune, Thétis, Amphitrite, Nérée,
de gaieté de cœur vous retranchez tout cela ? — Effectivement, ajouta
Béranger »
(4) « Elles ont ... été composées par des hommes bien situés sur la
terre, ceux qu'on nomme les humbles, ceux qui sont à la source de la
vie unanime (. ) Peu de chose les a distraits de leur vie épuisante Mais
ce peu : l'aube, l'amour et le sentiment de l'injustice, a fait naître des BÉRANGER ET LA CHANSON RÉALISTE 183
L'amour du détail concret et des circonstances précises ont
toujours caractérisé la poésie française depuis ses origines (5).
Le sentiment profond, loin d'être exprimé par des clichés
tout faits, est toujours reflété d'une manière immédiate dans
une situation concrète de la vie : on pourrait citer des cen
taines d'exemples, à partir de Jean Renaud ou de La Pernette,
pour indiquer ce que c'est que montrer les choses, et non pas
simplement les nommer.
Lorsque Béranger commence à écrire des chansons, c'est
la « poésie légère », le « vaudeville » des Caveaux, Collé avec
ses chansons grivoises, Panard, qui sont ses prédécesseurs
immédiats (6). Leurs couplets ne manquaient pas d'esprit,
et quelquefois même de courage ; mais, si la base de la chan
son populaire est l'image, ces couplets étaient basés sur
le mot, sur un cliché verbal. Une idée spirituelle ne fait pas
défaut à ces couplets, qui jouent gaiement avec elle. Mais
le principe de leur structure n'est qu'un jeu de mots concerté
d'avance, auquel des idées et des situations diverses ne sont
accrochées qu'après coup. (On pourrait analyser, à titre
d'exemples, Le Jeune et le vieux ou Cahin-Caha de Panard.)
On ne fait que répéter des mots-clichés, sans présenter de situa
tions qui provoqueraient une émotion ou donneraient à
rire (7). Pour Béranger, il s'agissait, à l'opposé de ce qu'il
poètes. Ces poètes ne sont pas perdus. У Ils retrouvent l'espoir de tous, ils
en sont le moteur. » (Paul Eluard, Première Anthologie vivante de la
poésie du passé, I, 1951, p. 13 )
(5) « Ces différentes situations, quelque analogues qu'elles soient à
celles que nous avons signalées à l'étranger, sont plus nettes, plus déter
minées, plus riches de circonstances précises ( .) Notre, poésie loin de fuir
les détails précis et quelquefois choquante, les affectionne, et «emble
ainsi directement inspirée par une réalité toute voisine » (A Jeanroy,
Les Origines de la poésie lyrique en France au Moyen Age, 2e éd., 1904,
p. 216)
(6) « Béranger reprend et transforme la chanson, le genre le plus popul
aire, celui où le peuple de France avait mis son lyrisme simple, et qui
avait été dévié de son esprit premier par les différents Caveaux qui se
succédèrent depuis 1729 » (M. Souriau, Histoire du Romantisme en France,
1927, t 1-2, p 90).
(7) Béranger lui-même a écrit, sur ce type de chanson, dans Ma Bio
graphie : « C'est plutôt le vaudeville, où l'auteur procède par couplets
reliés seulement par quelque dicton proverbial ou même par un mot mis
en refrain » Et, dans les Notes biographiques et littéraires accompagnant
ses Œuvres posthumes : « Panard est un des noms que les chansonniers
ont dû répéter le plus souvent Le premier peut-être il a soumis la chanson
à une correction étudiée et à une grande richesse de rimes II a commencé JAN O. FISCHER 184
critique chez Panard, de faire de la chan

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