Brésil, les dessous du miracle
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Julien Metsujin BRÉSIL - Les dessous du miracle INTRODUCTION En 1982, Ronald Reagan débarquait pour la première fois au Brésil et déclarait, devant une assemblée médusée : « Je suis ravi d'être en Bolivie! ». Plus qu'une bourde diplomatique, cette bévue est édifiante à bien des égards. D'abord parce qu'elle synthétise en quelques mots le mouvement qui s'opère au Brésil et dans le reste du cône Sud à partir des années 80, en ce sens qu'elle contient en elle le modus operandi qui caractérise fondamentalement le consensus de Washington et que l'on peut résumer ainsi : plaquer une grille de réformes concoctées par des experts du FMI à l'économie d'un pays méconnu. Ensuite, parce qu'elle met le doigt sur un phénomène contre lequel Joseph Stiglitz, véritable inside man puisque ancien économiste en chef de la Banque Mondiale, a souvent mis en garde. On pourrait le décrire comme une forme d' « anthropocentrisme économique » larvé, dans la mesure où, sans jamais dire son nom, il véhicule des grilles de lecture et des cadres de pensée induits et latents, mais qui transpirent dans ces institutions devenues véritables outils de convergence idéologique transnationale (FMI, Banque Mondiale, mais plus récemment, OMC, Commission Européenne, apparition d'une coalition technocratique : troika).

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Publié le 04 janvier 2013
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Langue Français

Extrait

Julien Metsujin
BRÉSIL
-
Les dessous du miracle
INTRODUCTION
En 1982, Ronald Reagan débarquait pour la première fois au Brésil et déclarait, devant uneassemblée médusée :« Je suis ravi d'être en Bolivie! ».
     Plus qu'une bourde diplomatique, cette bévue est édifiante à bien des égards.D'abord parce qu'elle synthétise en quelques mots le mouvement qui s'opère au Brésil etdans le reste du cône Sud à partir des années 80, en ce sens qu'elle contient en elle lemodus operandi qui caractérise fondamentalement le consensus de Washington et que l'onpeut résumer ainsi : plaquer une grille de réformes concoctées par des experts du FMI àl'économie d'un pays méconnu. Ensuite, parce qu'elle met le doigt sur un phénomènecontre lequel Joseph Stiglitz, véritableinside man puisque ancien économiste en chef de laBanque Mondiale, a souvent mis en garde. On pourrait le décrire comme une formed' «anthropocentrisme économique » larvé, dans la mesure où, sans jamais dire son nom,il véhicule des grilles de lecture et des cadres de pensée induits et latents, mais quitranspirent dans ces institutions devenues véritables outils de convergence idéologiquetransnationale (FMI, Banque Mondiale, mais plus récemment, OMC, CommissionEuropéenne, apparition d'une coalition technocratique :troika). En effet, la trinité néo-libérale imposée aux PVD et en particulier à l'Amérique Latine et à l'Afrique dans lesannées 80-90 (privatisations / dérèglementation / réduction drastique des dépenses del'Etat) via les ajustements structurels proposés par Washington aux pays fortementendettés, revient à appliquer la « médecine néolibérale » sur un patient duquel onignorerai tout du fonctionnement de l'organisme. Cette approche néolibérale fut, dans les années 1980, la résultante de la prédominance
de Reagan aux Etats-Unis et de Thatcher au Royaume-Uni. Le premier, durant sacampagne, ne se séparait jamais de son exemplaire dédicacé deCapitalisme et liberté1; laseconde, qu'on surnommaTINA2, était une adepte des thèses monétaristes exposées dansLa route de la servitude3. Relayé par ses alliés naturels les dictatures militaires, le Chili dugénéral Pinochet joua un rôle de pionnier en matière de dérégulation, privatisations etouverture au commerce international, prenant à contre pied les idées reçues qui associentquasiment toujours capitalisme sans entrave à démocratie et liberté individuelle. C'estpourtant dans des régimes de fer que l'on testa en premier les ajustements vers uncapitalisme dérégulé. Ce fut là un véritable baptême pour les Chicago Boys qui, une fois lajunte installée, purent appliquer la brique, «el ladrillo » paquet de réformes comparableau décret en 220 lois concocté dans le salon de Goni en Bolivie et voté en 1985 comme D.S(Decreto Supremo) 21060. Le pays devint le champ d’une expérimentation ensuite exportée : Le Mexique et l’Argentine figurant parmi les élèves les plus enthousiastes, despays comme le Pérou, l’Uruguay ou l’Equateur attendant 1994, le Brésil enfin, se montrantplus réticent, mais ralliant peu à peu l'orthodoxiefriedmanienne. L'Amérique Latine servit de laboratoire avant gardiste aux économistes de l'École deChicago : la décennie 80 , la « décennie perdue » -marquée par une profonde criseéconomique, une hyperinflation dévastatrice, avec toutes les conséquences :déstructurations sociales et instabilités politiques, ainsi que la crise de la dette extérieure -écartant le sous-continent des marchés financiers, le saigna à blanc, opérant un transfertnet (négatif) de ressources financières de près de 25 milliards de dollars en moyenneannuelle, en direction du Nord. C'est dans cette conjoncture commune à quasiment tousles pays en voix de développement que le FMI et la Banque Mondiale prêtèrent de l'argenten contrepartie de réformes structurelles. Davison Budhoo, économiste en chef du FMI quirédigea le premier programme d'ajustement structurel complet en 1983, admit plus tardque «tout le travail que nous avons accompli après 1983 reposait sur le sentiment de lamission qui nous animait : le Sud devait privatiser ou mourir; à cette fin, nous avonscréé le chaos économique ignominieux qui a marqué l'Amérique Latine et l'Afrique de1983 à 1988».      Il apparaît alors cohérent d'aborder l'économie brésilienne actuelle par l'axe d'uneanalyse qui s'attacherai à envisager l'évolution des caractéristiques structurelles etconjoncturelles économiques du pays en fonction du degré de convergence oua contrario,
1 Milton Friedman -Capitalisme et liberté,19622 TINA est l'anagramme deThere Is No Alternative, autre surnom moins connu de la Dame de Fer, faisant référence àson abnégation et sa ténacité à poursuivre les réformes drastiques du Royaume-Uni. En étouffant les mouvementsouvriers et en cassant les syndicats, tout en gardant le cap des réformes, elle martèle qu'il n'y a pas d'alternative.3 Friedrich Von Hayek –La route de la servitude,1944
de divergence, des politiques publiques des administrations successives, par rapport à l'axede l'orthodoxie néolibérale que trace Washington. Autrement dit, pour dresser un bilaninformé et saisir en profondeur les effets mémoires du consensus de Washingtonaujourd'hui encore à l'oeuvre dans l'économie brésilienne, l'indice du degré denéolibéralisme dans l'économie est un vecteur qui semble cristalliser les problématiques dece pays dans la mondialisation. Car si le Brésil à été le plus lent à la conversion néolibéraleet à l'économie ouverte, c'est désormais le pôle économique leader du continent sud-américain, à l'instar de la multinationale Vale qui caracole désormais en tête du pelotondes producteurs d'acier mondiaux ou encore de l'avionneur Embraer, qui talonne lesgéants Boeing et Airbus. Dès lors, on peut se demander dans quelles mesures l'économie brésilienne actuelle estun agrégat de continuité et de rupture d'avec la période Fernando Henrique Cardoso ?Dans cette optique qui vise à tisser des ponts entre le descriptif actuel de l'économie et laprésidence antérieure de FHL, l'indice néolibéral servira de marqueur, de connecteurlogique pour mieux appréhender les continuum et les ruptures d'avec le paradigmeprécédent « FMI vs Etat endetté ».Ainsi, pour comprendre la situation économique du Brésil aujourd'hui - qui répond enpartie aux canons de la « mondialisation heureuse » décrite par Alain Minc dans lescolonnes duMonde4 il faut inéluctablement parler de la présidence de Cardozo et ensuitede celle de Lula. Cet historique donnera l'occasion de remettre au goût du jour des chiffresde « la décennie perdue », toujours cependant, dans la visée de les comparer avec ceux du« Miracle brésilien » actuel. Plus qu'une photographie figée dans le temps, le travail viseraà dresser une juxtaposition de plusieurs photos, pourin fine saisir le mouvement, ladynamique. Cet effort rétrospectif qui s'inscrit dans une démarche chronologique,permettra de mieux digérer et intégrer les chiffres macroéconomiques à la lumière desdynamiques qui traversent l'économie politique du pays depuis les années 80. De manière dichotomique, il conviendra de se focaliser dans une première partie sur lapériode FHL pour, dans une seconde partie, se concentrer sur la période Lula.Une troisième et dernière partie tentera de joindre les deux premiers descriptifs en lesconfrontants à leurs résultats, non plus simplement sur le mode de la compétitionmondiale à l'instar desratingsmais davantage sur des politiques dont on peut désormaisavoir desfeed backpar l'utilisation d'indicateurs spécifiques, (indice de Gini, pauvretéextrême, taux d'alphabétisation...) qui révèlent en filigrane des notions d'intérêt général,de développement, de bien-être social. Cette dernière partie permettra d'appréhender
4 Alain Minc –La mondialisation heureuse, 1997
l'économie avec le développement pour savoir si, dans le cas du Brésil, le pari de lamondialisation, qui semble gagnant pour certains grands groupes, génère undéveloppement similaire dans la société entière. En effet, là où l'économie purement comptable se bornerai à cantonner la performanceéconomique du Brésil à desrankings, nomenclatures qui hiérarchisent les territoirescomme des entreprises en fonction de leur compétitivité5, l'économie du développementelle, peut assurer le relai, en proposant de relier toujours les performances économiques àleurs répercussions sociales. À rebours de l'« économie des experts » qui perd peu à peupied d'avec les réalités sociales qu'elle engendre, l'économie du développement elle, estanimée par cet enjeu de double appréhension. Ainsi, là où le «Global competitivenessreport» du Forum économique mondial (FEM) réussit à séparer, à scinder, les concepts d'économie et de développement social, en ne retenant que le caractère de la compétitionqui envisage les territoires comme des entreprises en concurrence, l'économie dudéveloppement, incarnée par exemple dans l'IDH, les recollent pour finalement peut-êtrerevenir au sens premier de la terminologieeoconomicus, qui signifie « administration biengérée » (progrès économique=progrès humain). Dans cette optique, le problème, l'enjeu qui, sinon agite la classe politique brésilienne,du moins le devrai, c'est celui qui est l'apanage de toutes les économies ouvertes engagéesdans la mondialisation : quelles sont les retombées de ces ajustements sur le grandnombre, sur l'emploi, sur le niveau de vie? Plus encore, comment faire rejaillir sur un paystout entier, une puissance économique qui s'exprime par son attractivité dans lamondialisation? Le problème affecte également la Chine, avec son choix cornélien entrecréer une vraie classe moyenne où maintenir son attractivité par une flexibilité salarialeaccrue, et même dans une certaine mesure les États-Unis.Il s'agira en fait d'explorer les coulisses du « Miracle brésilien », de ses effets surl'économie domestique du pays.
Dans un plus noble dessein, comprendre où va le Brésil, c'est comprendre où peut allerl'ensemble de l'Amérique Latine, comme puissance géopolitique et économique montante.
Car qu'on se le dise, plus féru de géographie que Reagan, le président américain RichardNixon l'avait annoncé dès 1971 :« Là où le Brésil va, l’Amérique latine ira. »
5 Il existe plusieursrankings qui hiérarchisent la performance des nations: Les plus connus sont ceux publiés par leFEM et l'IMD, une école de commerce suisse réputée. La Banque Mondiale publie aussi son indiceDoing Business(climat des affaires). Des sociétés d'assurance comme Coface calculent aussi un « risque pays ». Enfin, plusconnues, les agences de notations -Standard & Poor's, Moody's, Fitch Rating, notent des créances privés mais aussiles dettes des Etats et leurs solvabilité. (AAA, BBB...)
PLAN
I. 1980-1990 : La «  décennie perdue  » / 1990-2000 : la réformeA)La décennie perdue, dette et hyperinflation.B) La rénovation : ouverture à l'international, privatisations, croissance lancée : FernandoCollor de Mello.C) L'ajustement structurel : privatisations, dette, austérité : Fernando Henrique Cardoso.
II. 2000-2010 : «  Le miracle brésilien  »A) Les années Lula : la troisième voix, l'expansion dans la mondialisation.B) L'après Lula : Dilma Roussef.
III. Un bilan économique et social contrastéA)Les sans-terre » et les « sans-toit aux » portes de Sao Paulo«B)Le pari de la classe moyenne est t-il gagné?
I
1980-1990 : LA « DÉCENNIE PERDUE » / 1990-2000 : LA RÉFORME
A/ La décennie perdue, dette et hyperinflation
La spirale de la dette... L’endettement de l’Amérique latine atteignait 42 milliards de dollars en 1972 : il étaitde l’ordre de 500 milliards de dollars en 1996 et de 706 milliards en 1999. Jusqu’à la findes années 70, les banques privées, la Banque mondiale et les gouvernements du Nord ontmené une politique active de prêts à bas taux d’intérêt. Pour les pays du Sud il était alorstentant de s’endetter à taux intéressants : leurs revenus d’exportation croissaient et leurpermettaient d'être solvable. Pour les pays du Nord, il s’agissait avant tout de recycler lessurplus pétroliers. Baisse des revenus d’exportation, hausse des taux d’intérêt, arrêt desprêts bancaires, la crise de l’endettement se manifeste pour la première fois en1982 lorsque le Mexique suspend unilatéralement le paiement des intérêts de sa dette. Nepouvant plus rembourser, le Brésil cherche à obtenir des rééchelonnements(étalement desremboursements sur une période variant de dix à vingt ans) auprès du Fonds monétaireinternational (FMI), de la Banque mondiale, des clubs de Paris (regroupant lesgouvernements du Nord créanciers) et de Londres (réunissant les banques privées duNord). Ces derniers consentent de nouveaux crédits conditionnés à l’application de plansd’ajustement structurel. Réduction drastique des dépenses sociales, accélération desprivatisations, déréglementation des conventions de travail, augmentation du chômage,développement de la pauvreté…
 En juin 1984, le groupe de Carthagène (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie,Equateur, Mexique, Pérou, Uruguay, Venezuela, République dominicaine) mit l’accent surla nécessité d’une approche politique de la question de la dette au niveau international : lavaleur cumulée des créances extérieures de l’Amérique latine était supérieure à la moitié deson produit intérieur brut. Un an plus tard, le plan Baker (du nom du secrétaire d’étataméricain au Trésor) envisagea d’apporter sur trois ans une quarantaine de milliards dedollars d’argent frais à 15 pays très endettés. Sa théorie du désendettement par lacroissance (basée sur la réduction de l’inflation, le renforcement du rôle des institutionsfinancières internationales et la hausse des prêts des banques privées) se traduisit par unéchec cuisant mais atteignit son objectif réel : gagner du temps en faisant miroiter unesortie de crise excluant toute action concertée des pays latino-américains. On put croirel’heure de celle-ci venue à Punta del Este, en 1986. Les chefs d’état du continentexprimèrent leur refus de sacrifier paix sociale et stabilité politique sur l’autel duremboursement. Dans les faits, ils se montrèrent cependant incapables d’adopter uneposition commune et chaque pays négocia par la suite de manière bilatérale, espérant ainsitirer son épingle du jeu. En 1989, le plan Brady proposa un échange des créances bancairescontre des titres garantis par le Trésor américain, à condition que les banques réduisent lemontant des créances et qu’elles remettent de l’argent dans le circuit. Les paysbénéficiaires s’engageaient pour leur part à consolider une partie de leur dette et à signer...des programmes d’ajustement structurel avec le FMI. Le problème était ainsi réglé pour lesbanques et... repoussé pour les débiteurs. La croissance des économie latino-américaines,dans les années 90, a fait oublier le fardeau de la dette. Pourtant - entraînant des coupesclaires dans les dépenses sociales, dégradant les conditions de vie des populations etfreinant leur développement - , la région a payé 749 milliards de dollars entre 1982 et 1996pour son seul service (les intérêts), c’est-à-dire plus que la dette totale accumulée. La dettedevait atteindre 706 milliards de dollars en 1999, nécessitant 123 milliards de dollars pourle paiement de son service.
L'hyperinflation... L'autre versant de la décennie morose économiquement, c'est celui de l'hyperinflation.Elle s'exprime graduellement mais de manière pérenne dans le temps. Elle a pourfondements une forte tradition d’indexation des salaires sur les prix et un déséquilibrebudgétaire structurel persistant. Au cours des années 1970, le pays reçoit une aideextérieure sous forme de prêts, qu’il faut ensuite rembourser aux pays créanciers. Ce sontainsi 4 à 5% du PNB qui sont absorbés, et qui font défaut aux investissements. Cette dette
est essentiellement publique, et le budget se trouve en déficit chronique. La tentation estalors grande de compenser par la planche à billets, ce qui ne manque pas de produire leseffets habituels. L’indice des prix croît ainsi graduellement, doublant chaque année, et letaux d’inflation s’accélère (100% en 1981, 100% en 1982, 138% en 1983), puis passe de1984 à 1986 à 192%, 226%, 147% et 228%. Ensuite, la machine devient incontrôlable, etl’hyperinflation culmine en 1990 à un taux de 30.377%!
Bien évidemment, les gouvernements successifs tentent de stopper cette spirale infernaleavec des plans et des changements de monnaie. Les plus marquants sont d’abord le plancruzado en 1986: le cruzado remplace le cruzeiro, qui est utilisé depuis 1946 en place dutrès ancien real. Outre le changement de monnaie, ce plan instaure un blocage des prix.Mais il est un peu tard, et l’hyperinflation se poursuit. Un nouveau plan en 1987, puis leplan « été » en 1990, tout aussi inefficaces, car la multiplication de ces plans ont un effetpervers: les acteurs économiques, dans la crainte d’un nouveau blocage des prix, anticipentles hausses, ce qui fait plus qu’entretenir l’inflation. Ceux qui le peuvent sortent leurscapitaux du pays, et les autres n’ont pas intérêt à conserver cette monnaie et dépensentdonc au plus vite. Une nouvelle difficulté vient se greffer sur l’inflation: les impôts, étantcalculés sur les revenus de l’année précédente, sont payés avec une monnaie très dévaluée,et cette crise fiscale creuse davantage encore le déficit budgétaire.
B/ La rénovation : ouverture à l'international, privatisations, croissance lancée : Fernando Collor de Mello.
Pourtant, cette décennie 80 voit cohabiter deux dynamique à priori antagoniste mais qui,après réflexion, participe d'un même mouvement. En effet, en même temps que l'onconstate l'explosion de la dette et de l'inflation, on voit simultanément à l'oeuvre despolitiques contra-cycliques, conjoncturelles donc, et des politiques institutionnelles,structurelles donc, pour tenter de corriger les tendances macroéconomiques anxiogènes.D'abord paradoxale, cette simultanéité d'hyperinflation et de dette d'avec les remèdesdrastiques pour les combattre n'est en fait que le résultat des effets différés du processusde dette: Le travail fait par le président Fernando Collo de Mello pour enrayer la spirale dela dette et endiguer l'inflation galopante ne portera ses fruits que plus tard. C'est un travailde long terme qui ne correspond pas aux logiques court-termistes des agendas politiques.
Son mandat fut marqué par la privatisation de l´économie brésilienne, son ouverture sur lemonde, la lutte contre l'inflation et la réduction de la dette publique. Cette modernisation
industrielle, obtenue à marche forcée, a placé l'économie du Brésil à la 10e place dans lemonde.
C/ L'ajustement structurel : privatisations, dette, austérité : Fernando Henrique Cardoso.
L'arrivée de FHL à la tête du Brésil signe l'adhésion officielle du Brésil aux thèsesnéolibérales. Bien que se réclamant de la social démocratie, le gouvernement de Cardosoprit des mesures économiques dictées par la refonte budgétaire et monétaire de son pays,comme la privatisation de maintes entreprises publiques ou l'expansion de la politiqueéconomique d'ouverture du pays au capital étranger, établie par ses prédécesseurs à partirdu commencement des années 1990.
 Certains observateurs tirent un bilan négatif de sa politique économique. Selon eux, Lerésultat a été le plus profond processus de dénationalisation de l'économie brésilienne en500 ans d'histoire, la multiplication de la dette publique de 78 à 890 milliards de reals en 8ans (de 30,5 à 55,57 % du PIB), la croissance de la charge tributaire de 27,90 % à 36 % duPIB, la dette avec le FMI (maintenant intégralement payée) arrivée à 40 milliards dedollars, les réserves internationales ont été coupées de 51,8 milliards à 37 milliards dedollars, le salaire minimum a pris sept ans pour bondir de 100 à 200 reals, et ont été créés,pour une population de plus de 160 millions d'habitants, une moyenne de seulement100 000 nouveaux emplois par an, avec un résultat négatif de 8 milliards de dollars dans lecommerce international. Au contraire, certains ont une vision très positive du bilan du mandat Cardoso. Ainsi,l'économiste américain Jeffrey Sachs estimait en 2004 qu'« une grande partie du mérite duredressement du Brésil revient non à Lula mais à son prédécesseur Fernando HenriqueCardoso, président du Brésil de 1995 à 2000. FHC a apporté, à mes yeux, quatrecontributions majeures :Premier point : « la justice économique, pour les Brésiliens africains et les Brésiliensautochtones, qui ont longtemps fait l'objet de discriminations. L'éducation publiquedevient accessible à tous. »Deuxième point : le savoir et l'innovation. Par exemple, selon Jeffrey Sachs, « grâce auxréformes lancées par FHC, les taux d'inscription dans les établissements d'enseignementsecondaires ont grimpé en flèche, passant de 15 % en 1990 à 71 % en 2000. » De même, larecherche et développement a-t-elle été accrue.
Troisième point : l'ouverture de l'économie brésilienne au monde. Selon Jeffrey Sachs,« le taux exportations/PNB est passé de 8 % en 1990 à 13 % en 2001. »Quatrième point : « le Brésil se concentre sur la santé et la productivité de ses citoyens. »Jeffrey Sachs explique par exemple que « les taux de mortalité des jeunes enfants [ont]nettement chuté, passant de 60 pour 1000 en 1990 à 36 ‰ en 2001. », mais ceciparallèlement à la baisse du taux de natalité (2,7 enfants par femme en 1990, 2,2 en 2001).Par conséquent, « les pressions exercées par l'accroissement démographiques'affaiblissent, permettant ainsi de renforcer solidement sur le long terme ledéveloppement du Brésil. »
II
2000-2010 : LE MIRACLE BRÉSILIEN
A/ Les années Lula : la troisième voix, l'expansion dans la mondialisation.
En 2000, l’hebdomadaire britanniqueThe Economistinterroge :« Pouvez-vous donner lenom d’une multinationale brésilienne ? Difficile, non ? Plus encore que de nommer unBelge célèbre. »Pourtant, onze ans plus tard, c'est bel et bien le Brésil qui est passé 6èmepuissance mondiale, devant la patrie de ce journal...le Royaume-Uni.
Les experts de la Banque mondiale prédisent que, d’ici à 2014, l économie brésiliennepourrait atteindre la cinquième place (actuellement occupée par la France). Et, au beaumilieu de la débâcle financière, c’est le Brésil qui prête 14 milliards de dollars au FMIquand l’économie américaine entame sa descente aux enfers. Au Brésil ? Tout va bien,merci. Le président Luiz Inácio Lula da Silva estime que son pays« vit un momentmagique.» En effet, après une hausse de 5,67 % du produit intérieur brut (PIB) en 2007,
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