Cambodge : quelle nouvelle donne ? - article ; n°4 ; vol.53, pg 943-954
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Politique étrangère - Année 1988 - Volume 53 - Numéro 4 - Pages 943-954
A New Deal for Cambodia ?, by Nicolas Regaud
Since 1987, there has been real diplomatie breakthrough on Cambodia thanks largely to increased efforts to seule the conflict by the superpowers. But optimism should not be excessive : from a military standpoint, Vietnam and Phnom Penh are in a favourable position. The Vietnamese economie crisis has not weakened the belief in the strategie unity in Indochina. The USSR has applied only limited pressure on Vietnam. The Khmer Rouge, représentative of Chinese interests, seems as difficult to deal with either militarily or politically as ever. Rivalry between factions and even within factions is still acute and does not augur well for a possible coalition government. Chances for a durable peace in Indochina remain slim.
Depuis 1987, on constate un réel blocage diplomatique au Cambodge, favorisé notamment par l'intervention plus accentuée des grandes puissances dans le règlement du conflit. L'optimisme doit cependant être tempéré : sur le plan militaire, le Vietnam et le régime de Phnom Penh restent dans une situation plutôt favorable ; au Vietnam, la crise économique n'a pas encore clairement remis en question le principe de l'unité du théâtre stratégique indechinois , l'URSS exerce des pressions sur le Vietnam mais ne peut se permettre d'a!ler trop loin ; l'hypothèque khmère rouge semble toujours aussi difficile à lever tant sur le plan militaire que politique, en tant que représentants des intérêts de la Chine populaire ; enfin, les rivalités entre factions et au sein même des factions sont encore très aiguës, ce qui augure mal d'un éventuel gouvernement de coalition. Ainsi, les chances d'une paix complète et durable en Indochine restent bien minces.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 66
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Regaud
Cambodge : quelle nouvelle donne ?
In: Politique étrangère N°4 - 1988 - 53e année pp. 943-954.
Abstract
A New Deal for Cambodia ?, by Nicolas Regaud
Since 1987, there has been real diplomatie breakthrough on Cambodia thanks largely to increased efforts to seule the conflict by
the superpowers. But optimism should not be excessive : from a military standpoint, Vietnam and Phnom Penh are in a
favourable position. The Vietnamese economie crisis has not weakened the belief in the strategie unity in Indochina. The USSR
has applied only limited pressure on Vietnam. The Khmer Rouge, représentative of Chinese interests, seems as difficult to deal
with either militarily or politically as ever. Rivalry between factions and even within factions is still acute and does not augur well
for a possible coalition government. Chances for a durable peace in Indochina remain slim.
Résumé
Depuis 1987, on constate un réel blocage diplomatique au Cambodge, favorisé notamment par l'intervention plus accentuée des
grandes puissances dans le règlement du conflit. L'optimisme doit cependant être tempéré : sur le plan militaire, le Vietnam et le
régime de Phnom Penh restent dans une situation plutôt favorable ; au Vietnam, la crise économique n'a pas encore clairement
remis en question le principe de l'unité du théâtre stratégique indechinois , l'URSS exerce des pressions sur le Vietnam mais ne
peut se permettre d'a!ler trop loin ; l'hypothèque khmère rouge semble toujours aussi difficile à lever tant sur le plan militaire que
politique, en tant que représentants des intérêts de la Chine populaire ; enfin, les rivalités entre factions et au sein même des
factions sont encore très aiguës, ce qui augure mal d'un éventuel gouvernement de coalition. Ainsi, les chances d'une paix
complète et durable en Indochine restent bien minces.
Citer ce document / Cite this document :
Regaud. Cambodge : quelle nouvelle donne ?. In: Politique étrangère N°4 - 1988 - 53e année pp. 943-954.
doi : 10.3406/polit.1988.3822
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1988_num_53_4_3822ÉTRANGÈRE I 943 POLITIQUE
Cambodge :
Nicolas REGAUD * quelle „ nouvelle « donne _. ?
Depuis l'automne 1987, le conflit cambodgien semble être entré dans
une nouvelle phase de négociation. Ce déblocage de la situation
s'est notamment traduit par les rencontres privées entre le prince
Norodom Sihanouk et Hun Sen, premier ministre du Cambodge de Phnom
Penh (RPK). Parallèlement à celles-ci, les grandes puissances, notamment
l'Union soviétique et la Chine, sont intervenues directement dans l'élabora
tion d'un règlement. Le Vietnam a fait preuve d'une conciliation nouvelle
en promettant un retrait unilatéral de 50 000 soldats du territoire cambodg
ien dès 1988. Enfin, lors de la rencontre de Bogor (Indonésie), les quatre
parties cambodgiennes du conflit et le Vietnam se sont parlés pour la
première fois en juillet 1988. Mais, après tant de rencontres, d'initiatives
politiques locales et régionales qui jalonnent un conflit vieux de neuf ans,
on peut s'interroger sur les chances réelles d'une solution politique à court
ou moyen terme. Aujourd'hui, les conditions d'un règlement du problème
cambodgien ont-elles fondamentalement changé ?
Une réponse positive à cette question est conditionnée par au moins cinq
facteurs :
— L'impasse militaire au Cambodge a-t-elle convaincu les Vietnamiens et le
régime khmer pro vietnamien, qu'il n'y avait pas d'autre issue au conflit
qu'un règlement politique ?
— Le Vietnam, affaibli économiquement, sinon en totale banqueroute, isolé
sur le plan diplomatique, donnera-t-il enfin la priorité au développement de
son économie ? Dans ce cas, il négocierait le retrait de ses troupes du
Cambodge contre la fin de son isolement économique et financier.
— L'URSS, certes pressée de normaliser ses relations politiques avec la
Chine populaire et soucieuse, depuis 1986, de se désengager des pièges
militaires et des gouffres financiers dont le Vietnam est un exemple frap
pant, peut-elle faire pression sur celui-ci pour qu'il retire ses troupes du
Cambodge ?
— La Chine, dont l'aide militaire conditionne un retour au pouvoir des
Khmers rouges, peut-elle lever cette hypothèque autrement qu'en paroles ?
— Norodom Sihanouk, dépositaire de la légitimité historique du Cambodge,
pourrait-il être vraiment l'homme de la situation, leader acceptable par
* Attaché de recherches à la Fondation pour les études de défense nationale, Paris. 944 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
toutes les parties, d'un Cambodge neutre et non aligné, mais aussi démocrat
ique et ouvert ?
Malheureusement les réponses à ces questions ne sont pas toutes positives,
et les obstacles sur la route menant à la paix restent nombreux et parfois
insoupçonnés.
Le conflit militaire : un bilan incertain
Depuis 1979, l'Armée populaire du Vietnam (APVN) et les Forces armées
de la République populaire du Kampuchea (FARPK) doivent faire face à la
menace permanente que font peser les trois mouvements de la résistance l.
En 1984-1985, lors de la traditionnelle offensive de saison sèche, les Vietna
miens avaient cru pouvoir affaiblir durablement la résistance en détruisant
tous ses camps à la frontière khméro-thaïlandaise. S'il est certain que le
FNLPK dirigé par Son Sann, déjà miné par des querelles intestines, ne s'est
jamais remis de ce revers militaire, les deux autres mouvements ont profité
de la perte de ces camps frontaliers qui avaient tendance à immobiliser les
combattants, pour renforcer la pénétration des guérilleros profondément à
l'intérieur du pays.
Depuis lors, la résistance semble avoir opéré cette mutation tactique en
menant des actions de guérilla dans plus de la moitié des provinces du pays,
en mettant en place un réseau logistique efficace, et surtout peut-être en
renforçant l'action politique et psychologique auprès de la population. De
leur côté, les Vietnamiens appliquaient une nouvelle stratégie militaire de
contrôle de l'espace territorial et humain. Ainsi, dès 1984, fut mis en œuvre
le « plan K 5 » (Ke Hoach 5) [1] destiné à lutter contre les infiltrations de
la résistance et à empêcher la population de lui venir en aide. Ce plan
s'articule en cinq points : destruction des bases frontalières ; fermeture de la
frontière khméro-thaïlandaise ; destruction des forces de la guérilla ; sécur
ité de la population, isolée de la résistance ; mise sur pied d'une armée
cambodgienne capable d'assurer la relève.
Le premier objectif a été atteint en 1984-1985. En vue du second objectif,
dès janvier 1984, la population civile cambodgienne a été mobilisée pour
des « travaux de défense de la patrie » (Polakan Kapie Mitophwri). Quatre
types de travaux d'intérêt stratégique ont été retenus : construction de
palissades ou d'ouvrages de défense autour des villes ou villages peu
« sûrs » ; deforestation des zones-refuge de la résistance, le long des voies
ferrées, des routes et des rivières navigables ; construction de nouvelles
routes, surtout dans la région frontalière, lesquelles ont beaucoup contribué
au succès des offensives vietnamiennes de saison sèche ; construction de
digues et fossés le long de la frontière thaïlandaise (couloir déforesté, miné,
piégé et doublé d'une route stratégique).
L'efficacité de ce dispositif est difficile à mesurer, mais on sait que la
résistance rencontre de plus en plus de difficultés à pénétrer au Cambodge
et subit de lourdes pertes, notamment en raison des mines. Toutefois, les
factions nationalistes bénéficient fréquemment de la complicité de certaines
1. L'Armée nationale sihanoukiste (ANS) dirigée par le prince Ranariddh ; le Front national
de libération du peuple khmer (FNLPK) de l'ancien premier ministre Son Sann et dont les
forces sont dirigées par le général Sak Sutsakhan ; l'Armée nationale du Kampuchea démocrat
ique (ANKD), l'armée khmère rouge, dirigée officiellement par Son Sen depuis la semi-
retraite de Pol Pot. NOUVELLE DONNE AU CAMBODGE ? I 945
unités des FARPK qui les laissent franchir la frontière. Sur le plan de
l'organisation militaire, on aurait pu croire un moment que l'APVN allait se
ra

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